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dimanche, 26 mars 2006

Rétifs aux réformes...

Ca fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de J.M.Sylvestre et de son obsession des réformes.
Eh bien, figurez-vous que ce chantre de l'"ownership society" fait des émules jusqu'aux plus hauts niveaux de l'Etat.

Comme tout un chacun j'ai entendu parler du CPE, auquel mon âge canonique me permet d'échapper au profit du CNE, qui propose la même chose mais aux plus de 26 ans...
Ce CPE, donc, avancée phénoménale du droit du travail, n'est pas sans rappeler l'époque bénie de la reine Victoria, dont la pratique sociale était si attrayante que, sans elle, les travaux de l'économiste Karl Marx ne seraient qu'une thèse de plus sur les étagères de la Bodleïan, célèbre bibliothèque de l'Université d'Oxford.
Outre le fait que si un employeur n'est pas fichu de savoir en moins de deux ans si un employé lui convient, c'est assez inquiétant pour l'avenir d'une boîte qui doit compter sur le discernement de son patron, il est tout aussi inquiétant de lui permettre de jeter quelqu'un en ayant aucun compte à rendre, sauf à sa conscience,
et il n'est pas garanti qu'il en ait une...
Pour en revenir au CPE, on nous a donc ressorti la sempiternelle chanson sur "ce peuple qui refuse toute réforme et est assis sur ses avantages acquis" selon la formule consacrée.
Aucun ne s'est demandé quelles réformes seraient acceptables pour les habitants d'un pays qui est tout de même dans le peloton de tête du PIB par habitant (on nous a même fait le coup de "la Chine qui nous a dépassé" en oubliant que le PIB/habitant est de 4500$ en chine contre 28000 $ en France, et les écarts de revenus en Chine sont autrement importants qu'en France où ces écarts augmentent depuis 25 ans ).
Bref, aucun des brillants cerveaux qui nous gouvernent ne s'est rendu compte que si "réforme" veut dire retour à marche forcée vers le XIX ème siècle, il y a peu de chances que le bon peuple qui crée ces richesses soit enthousiaste.
Qui peut sérieusement, hormis un actionnaire ou un fonds de pension américain, acquiescer à la diminution de la protection sociale ?
Qui, à part les mêmes, peut envisager joyeusement d'être jeté du jour au lendemain de son travail selon l'humeur de l'employeur ?
Qui peut croire que c'est bon pour l'entreprise et son personnel, direction comprise, d'exiger de l'investissement un rendement 15% dans un pays dont le taux de croissance est de 1.5% ?
Qui peut croire nos économistes quand ils affirment que "le salaire minimum est un frein à l'emploi." ?
Il n'y a d'ailleurs, à ma connaissance, aucun texte qui interdise de payer au delà du SMIC, ce qui rend encore plus inqiétante cette remarque et la "réforme en question".
Ils font pourtant des efforts louables pour nous les faire accepter, ces fameuses réformes...
Hormis notre Premier Ministre, qui est persuadé que le Parlement est fait pour s'asseoir dessus, des chefs d'entreprise passent régulièrement à la télévision ou nous causent dans le poste pour nous expliquer leur douloureuse condition de patron, pleurent sur les risques qu'ils prennent pour entasser des milliards d'euros alors qu'ils seraient vachement plus tranquilles à la place de ces fainéants d'employés qui font rien qu'à prendre des RTT pour manifester.

En fait, ils nous accusent tous de frilosité et de manque de courage alors qu'ils n'ont même pas le cran de nous annoncer clairement qu'ils veulent retourner à l'époque bénie (pour eux) des Maîtres de Forges et du patron de droit divin, époque où un "bon" gouvernement (surtout pas le front populaire) pouvait renvoyer les gens au travail au bout du fusil...
Nos élus nous accusent de manque de courage alors que ce sont eux qui manquent de c... !
Ils se font élire sur des programmes qu'ils n'appliquent pas et appliquent des programmes pour lesquels ils n'ont pas été élus.
Ce n'est pas nouveau, mais le sommet est atteint depuis 2002, où J.Chirac, élu avec 82.6% des suffrages, en déduisit que la France était chiraquienne alors qu'elle voulait en majorité évincer Le Pen...
Avec sa formation, en arriver à confondre un succès contre l'extrême droite avec le triomphe de la droite ultralibérale, c'est une insulte à la qualité de l'enseignement de l'ENA...
Finalement, c'est eux qui devraient être réformés...

samedi, 11 mars 2006

les paradis artificiels...

Je vous fais part d'une nouvelle qui devrait bouleverser les foules.
J'ai passé le précédent week-end aux urgences de l'hôpital Tenon.
Ca vous la coupe, hein ?!
C'est là que j'ai pu apprécier tout le sel des dernières modifs de la loi en matière de santé publique.
Les gens qui vous accueillent sont absolument charmants, stressés et surbookés mais charmants. Ils font vraiment tout ce qu'ils peuvent pour vous aider. Petit problème: Ils peuvent peu. De suppressions de lits en réductions de personnel, ils vous donnent ce qu'ils peuvent: Leur humanité, leur compétence, leur dévouement aux gens qu'ils reçoivent.
Les locaux ressemblent assez à la Cour des Miracles: Exigus, cinq brancards dans une salle minuscule, si serrés qu'ils empêchent les internes de circuler convenablement entre eux.
Mais bon, il y a un progrès indéniable: Le traitement de la douleur.
Il faut avouer que des avancées considérables ont été faites en la matière, si, avec les modifications de la protection sociale, on laissait les gens souffrir il y aurait une révolution.
Qu'on les renvoie chez eux sans les soigner en attendant la libération d'un lit, soit, mais qu'on les renvoie chez eux souffrant, c'est un coup à faire écharper le ministre de la santé par les familles du patient !
Bref, après que Douce Moitié eût expliqué mon cas (bien incapable de l'expliquer moi-même, plié que j'étais sur mon lit de douleur), un interne me fit injecter un anti-douleur quelconque. Il revint un quart d'heure plus tard pour savoir comment je me sentais.
- Comment noteriez vous votre douleur ?"
- Entre insupportable et... insupportable !
- Une notre entre 0 et 10 !
- Ben...12 !
- Bon, on va vous injecter 2 mg de morphine, ça devrait aller mieux d'ici 5 minutes...
Le charmant interne revient au bout de 10 minutes et me pose la même question;
Votre serviteur lui sert la même réponse.
Tout cela jusqu'à ce que l'on m'injecte 14 mg de morphine...
Et là, surprise: Je n'ai plus mal !
Mais, car il y a un mais, la morphine a des effets secondaires qui poussent à se demander pourquoi il existe un marché illégal du produit.
Des vomissements tels qu'on pourrait revendre sa bassine au forum des halles !!
La prochaine fois, je délaisserai le haricot au profit d’une boîte Tupperware, c’est plus pratique pour la revente…
J'avais entendu parler de la morphine comme d'un produit qui vous faisait voyager, "au Pérou" disaient les uns, "le pied" disaient les autres. En fait, d'expérience, on est "dans le pâté" !
On déjante complètement, on fait et dit des trucs tout à fait hors de nature avec ce qu'on fait habituellement. On est malade, on vomit, on est persuadé que le médecin qui s'occupe de vous va vous tirer votre pyjama pour le vendre.
Bref, les paradis artificiels, c'est l'enfer...
En conclusion, je veux qu’on me plaigne !

dimanche, 26 février 2006

Piratage de cortège. Cortège de pirates ?

J'irais bien à la manifestation aujourd'hui.
Manifestation à la mémoire de ce gamin assassiné parce que le mythe du Juif usurier, donc riche reste bien ancré dans le (manque de ) cervelle d'une majorité.
Une majorité qui trouve plus confortable de rester enfermée dans des préjugés soigneusement entretenus plutôt que se renseigner sur des faits avérés. On n'ira pas jusqu'à lui demander de se cultiver.
Donc, disais-je, j'irais bien participer à cette manif, mais quelques petites choses me gênent.
La présence de Nicolas Sarkozy déjà, que je trouve bien mal placé pour parler de lutte contre le racisme alors que sa lutte contre l'immigration clandestine se traduit immédiatement par des contrôles au faciès.
Un ministre de l'Intérieur qui trouve efficace l'idée de marquer dès la crèche "la tendance au comportement déviant" des enfants.
Un ministre de l'Intérieur qui trouve séduisante l'idée d'inclure dans le repertoire des délinquants leur origine et leur religion.
Ce fut fait il y a quelque temps, on vit ce que cela donna...
Et puis l'idée de défiler à la mémoire d'Ilan Halimi (serait pas un peu juif celui-là ?), entre Le Pen et son alter ego en bas de soie me dérange beaucoup (que ceux qui croient reconnaître de Villiers se taisent, il pense ne pas être d'extrême droite).
Je m'imagine assez mal marcher aux côtés de gens qu'on entend penser d'ici "Mais qu'est-ce que c'est que ces nègres et ces bougnoules qui viennent assassiner nos youpins ?!"
De gens qui répandent l'idée que l'immigration d'Africains, ou pire encore, de Nord-Africains, est responsable de la délinquance.
De gens qui répandent l'idée que les "droits-de-l'hommistes", le complot judeo-maçonnique et le cosmopolitisme sont responsables de la fameuse "décadence" dont ils nous rebattent les oreilles.
Bref, j'irais bien manifester, mais je me rappelle ma dernière manif.
C'était en octobre 1980, suite à l'attentat à la synagogue de la rue Copernic, là où "ce lâche attentat aurait pu tuer des Français innocents".
Lors de cette manif, je me rappelle la demande du type de la LICRA, à court de slogan.
Je lui propose alors le titre du Libé du jour: "Nous sommes tous des Juifs Français" et cet abruti de me répondre "Ben...Euhh...ça m'fait un peu ch... pasque chuis pas juif".
Donc, entre des mouvements anti-racistes qui ne le sont pas vraiment et des mouvement racistes qui font semblant de ne pas l'être, je n'ai pas l'impression d'avoir ma place.

samedi, 18 février 2006

Vous avez dit intello ?

Hier soir, vendredi donc, poussé par une soif inextinguible d'étendre ma culture, je me suis complu à voir -j'allais écrire regarder mais ce serait mentir- la série policière du vendredi soir sur A2.
Eh bien, non seulement je me suis complu à regarder une m..., mais encore j'ai eu du mal à la comprendre.
Là, il était question d'une jeune femme, commissaire de police de son état, allant mener une enquête en Belgique.
On se demande pourquoi, d'abord a-t-on le droit de piétiner les plates-bandes des flics belges, ensuite, n'a-t-on pas assez de crimes et délits chez nous qu'on éprouve le besoin d'aller en chercher chez nos voisins ?
Après de vagues soubresauts qu'on aurait beaucoup de mal à prendre pour des péripéties, l'épisode se termine par la victoire du Bien sur le Mal (incarné par un flic belge...) et notre commissaire en larmes après rendu son insigne et son arme.
Elle avait gagné la bataille mais perdu une amie, coupable de trucs indéfendables qu'elle défendit tout de même.
Imbécile que je suis, je crus, bien après avoir éteint le téléviseur, qu'elle pleurait son amie.
Un retour sur la dernière scène et un éclair de lucidité me firent comprendre brutalement qu'elle pleurait, non la perte d'une amie, mais la perte d'un avenir radieux de fonctionnaire, exempt d'ANPE, d'ASSEDIC et débouchant sur une retraite précoce et quasiment dorée. La perte d'un beau métier où la bavure vous valait un séjour dans un commissariet de province, où la vie est plus calme, au lieu d'un licenciement pour faute lourde...

jeudi, 16 février 2006

Malheur à celui par qui le scandale arrive...

Un des slogans qui fleurissaient sur les murs de 68 disait "Il est plus facile de militariser un civil que de civiliser un militaire."
Ce me semblait assez vrai.
Aujourd'hui, je me demande si, en plus, le civil au pouvoir n'est pas un militaire déguisé.

Hier soir, le petit écran qui me renseigne (du moins je l'espère) sur ce qui s'est passé dans le monde s'est laissé aller à montrer des photos qui en disent long sur l'aspect humain de l'humanité...
On se doute bien, l'Histoire le montre, que s'il y a conflit, il y a bavures et je ne suis du genre à faire des histoires pour rien.
Mais tout de même, un pays dont je ne citerai pas le nom pour éviter de faire de la peine à Donald Rumsfeld, un pays qui nous explique qu'il existe pour faire régner la morale, progresser la liberté et répandre la démocratie dans le monde de brutes dans lequel nous vivons, vient de nous montrer, photos à l'appui, qu'il peut y avoir des excès regrettables dans la lutte contre l'obscurantisme, la dictature et les entraves à la loi du marché.

Certes, on peu s'attendre à tout, surtout au pire, d'une société qui exclut d'une école primaire, pour harcèlement sexuel, un gamin de six ans car "il a touché la peau d'une camarade de classe" et qui, en même temps, ne regrette des bavures commises par son armée que leur diffusion dans la presse.

L'embarras tout relatif du porte-parole de la Maison Blanche ajouta au mien.
J'ai l'impression désagréable que JC, a été mal compris en disant "Malheur à celui par qui le scandale arrive." (Matthieu ch XVIII, v 7).

A moins que je ne fasse preuve d'une candeur coupable...