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mercredi, 08 août 2012

Et puis que...

Borgne peut-être mais pas aveugle et même avec un regard assez acéré pour ce genre de chose, je remarquai de suite que c’était une jolie fille aux yeux clairs et aux cheveux châtains.
Ô merveille, elle évitait aussi cette coiffure que je détestais chez mes sœurs, coiffure dite « choucroute ».
A la maison, cette « choucroute » faisait des histoires depuis quelque temps.
Parce que la « choucroute », c’est assez aisé à faire, il suffit de crêper les cheveux et de les recouvrir avec des cheveux « normaux », c'est-à-dire épargnés par l’embrouillamini du dessous.
En revanche, le décrêpage donnait lieu à des grincements de dents, de mes sœurs piaillant « ça tire ! », de ma mère qui passait son temps à nettoyer les brosses et ramasser les cheveux par terre puis de mon père qui passait trop de temps à son goût à déboucher l’évier…
Et puis je trouvais ça assez laid. Voilà.

Cette jeune fille avait des cheveux souples, mi-longs, atteignant tout juste ses épaules et sacrifiait tout de même à la mode de la frange.
J’avais, quant à moi la chance d’avoir pu convaincre ma mère que pour le lycée, sa coupe préférée pour les garçons, coupe dite « court devant, ras derrière et bien dégagé autour des oreilles », ne convenait pas.
Je n’avais donc pas les cheveux longs, la mode « beatnik » n’était pas encore de mise, mais je n’avais pas non plus la coupe « bidasse » défaut rédhibitoire chez tout garçon à la recherche de l’âme sœur.
J’avais déjà beaucoup de sœurs, manquait encore l’âme…
En revanche,
les séquelles de mon expérience aérospatiale m’avaient laissé avec un je ne sais quoi de flou dans la direction du regard.
Il me fallait donc détourner rapidement l’attention vers d’autres aspects de mon intéressante personne.
J’en gardai l’habitude du badinage…
Cette jeune fille, qui me dit s’appeler Danièle, « avec un « e » accent grave ! » insista-t-elle, me regardait franchement et avait quant à elle ce regard pers auquel je n’ai jamais pu résister.
Ce regard chez les femmes, m’attire encore et toujours aujourd’hui…
Quant à sa peau, que voulez-vous que je vous dise, elle avait la peau d’une jeune fille de quinze ans qui ignorait l’existence du mot « acné », et même qu’il pût y avoir des boutons sur une peau…
D’une pâleur et d’une transparence qui me donnent encore chaud aujourd’hui.
A y réfléchir, dès que l’œil et la peau féminins s’éclaircissent, je ne peux résister…
Et, le sort faisant merveilleusement les choses, elle avait un visage aux traits aigus, au nez aquilin et à la bouche délicate, véritable cerise pâle que j’eus envie de croquer sur le champ.
En garçon bien élevé, je me gardai bien de me ruer comme un affamé et laisser le champ libre à mes envies.
De fait, je me disais surtout que, mat de peau, noir de cheveux, l’œil brun et le regard quelque peu divergent, je n’avais aucune chance d’intéresser cette jeune fille et encore moins d’être aimé d’elle.
Avec un discernement plutôt rare chez moi qui n’ai pas peur de grand’ chose, je me disais que mes chances de succès étaient plus que maigres voire inexistantes.
Devant nos cafés qui refroidissaient, je regardais une merveille.
Et celle qui m’attendait au Sacré-Cœur m’était totalement sortie de l’esprit...

Commentaires

ça! alors! tes connaissances sur la "choucroute " m'épatent!
Et quelle description dithyrambique!? (là, il doit y avoir une faute, tant pis!) celle-ci t'a vraiment marqué! Elle avait l'air très jolie!
A ce moment de l'histoire, j'ai envie de te dire: allez! courage! fonce!
Est-ce ce qui s'est passé? Raconte......

Écrit par : emiliacelina | mercredi, 08 août 2012

J'espère que celle du Sacré- Coeur ne t'attend plus.

Écrit par : mab | jeudi, 09 août 2012

Comment ça tu avais oublié ton RDV...c'est pas sympa, surtout que tu n'avais pas de potable!!!!!!!!!!!j'espère qu'elle ne t'a pas attendu...je viens de lire le 7 et le 8 août...je file plus haut j'espère qu'il y a la suite, je retombe dans nos années 60...ça c'est bon, j'adore...

Écrit par : mialjo | vendredi, 10 août 2012

Ca s'appelle poser un lapin...

Écrit par : ange-etrange | dimanche, 12 août 2012

"je me gardai bien de me ruer comme un affamé et laisser le champ libre à mes envies"

C'est fou le nombre de choses auxquelles on renonce ou qu'on se garde de faire, par éducation. Quand je vois une personne aux lèvres pleines, c'est exactement la pensée qui me traverse l'esprit.

Très jolie description, j'ai l'impression d'y être!

Écrit par : Livfourmi | vendredi, 28 septembre 2012

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