lundi, 22 janvier 2024
Devoir de Lakevio du Goût No 183
Hopper ne rime manifestement pas avec « hoper »…
Je suppose que vous en étiez déjà aperçus.
Indécis ce matin, je vous propose de choisir entre ces deux œuvres, celle qui illustre le mieux l’idée que vous vous faites de la solitude.
Dites la solitude.
Comme tout le monde vous en avez connu les heurs, heureux ou malheureux j’en suis sûr.
À lundi…
Je me suis accoudé au comptoir à côté d’elle.
Elle semblait seule et désabusée, contemplant ses ongles vernis comme si elle venait de faire leur connaissance.
Elle n’avait pas encore touché sa tasse de café.
Moi non plus, pas plus joyeux qu’elle.
C’est ça ! Nous n’étions pas joyeux !
Pour elle je ne sais pas mais j’avais quant à moi mille raisons de traîner mon vague à l’âme.
Ce n’était pas une question de fortune, non.
Plutôt une question de « bonne fortune », le genre de bonne fortune qui met fin à un célibat devenu pesant.
Les seules voix que j’entendais après une journée de travail inintéressant dans un bureau où je travaillais seul étaient celles de la radio de la cuisine le matin avant de partir et celle de la télévision le soir pendant que je dînais.
La seule personne face à mon assiette était celle qui racontait des inepties sur l’écran.
Je n’ai pas même fini mon assiette, laissant plus de la moitié d’une pizza à la pâte ramollie.
Je me suis levé, poussé par une envie irrépressible de voir de « vraies gens », des gens qui parlent, qui sont vivants, qui ne me donnent pas l’impression d’être coincé sur une île déserte animée par la télévision ou la radio.
Le bar à l’angle de la rue, deux « blocks » plus loin était éclairé.
J’y suis entré et ai immédiatement été attiré par la chevelure de la seule femme du bar.
Elle semblait s’ennuyer autant que moi.
J’ai regardé devant elle et ai dit au barman « Moi aussi un café s’il vous plaît. »
Elle s’est tournée vers moi, j’ai incliné la tête et levé brièvement mon feutre en guise de salut.
Elle a incliné les yeux, accueillant poliment mon salut et acceptant de facto que je lui adresse la parole.
Ça m’était resté, ces façons « homme du monde » malgré les revers de fortune qui m’avaient coûté mon couple et mes avoirs…
Après quelques minutes de conversation plus chuchotée que parlée, nous avons échangé un regard qui disait clairement que nous étions d’accord pour faire disparaître un moment cette désastreuse sensation de solitude qui nous habitait.
Il fallait évidemment y mettre encore un moment les formes, histoire de n’être pas que des bêtes cherchant le réconfort dans un lit.
Au dernier moment, allongée sur mon lit, elle s’est ravisée.
Il était à la fois trop tôt et trop trad.
Ce qui protégeait sa vertu avait été trop vite éloigné pour qu’en perde une miette.
Elle s’est retournée en disant « Non… Non… Pas maintenant, pas aujourd’hui… Ne m’en veux pas, je n’ai pas la tête à ça. »
Plus désolé que frustré je suis resté assis sur le lit pendant qu’elle se tournait, priant sûrement que je n’abuse pas de la situation.
Je n’en ai pas abusé, nous étions simplement aussi seuls, elle moi, que lorsque que je suis entré dans le bar.
Nous étions seuls, encore seuls, mais dans la même pièce.
Mais à quoi rêvions nous ?
À nos âges nous savions pourtant qu’un moment dans un lit peut être agréable mais ne vainc pas la solitude, la vraie.
J’ai posé le bouquin que j’avais ouvert quand elle s’est tournée, aussi désespéré que quand j’avais abandonné mon reste de pizza...
11:57 | Commentaires (20)
vendredi, 19 janvier 2024
183 ème Devoir de Lakevio du Goût.
Hopper ne rime manifestement pas avec « hoper »…
Je suppose que vous en étiez déjà aperçus.
Indécis ce matin, je vous propose de choisir entre ces deux œuvres, celle qui illustre le mieux l’idée que vous vous faites de la solitude.
Dites la solitude.
Comme tout le monde vous en avez connu les heurs, heureux ou malheureux j’en suis sûr.
À lundi…
10:24 | Commentaires (7)
mardi, 16 janvier 2024
Solidarité
Heure-Bleue et moi sommes allés hier déjeuner dans un café qu’on aime bien.
Ils y font des « œufs mayo » que j’aime beaucoup car ils sont comme ceux de ma jeunesse, c’est-à-dire avec une mayonnaise qui n’est pas blanche et fade ni ne sort d’un seau aux normes UE.
Bon, l’œuf en question a un côté œuf de colibri mais on ne peut tout avoir…
Nous sommes revenus à la maison par un froid si froid qu’on aurait dit un froid non seulement glacial mais polaire et j’ai passé une commande à Monop’.
Ce matin, la lumière de mes jours, alors que nous rangions les courses reçues dont un « réassor » de sel et de poivre, m’a demandé si nous stockions comme faisait ma mère en cas de tensions internationales.
Je me suis rappelé la solidarité entre locataires j’en vins à penser à la vie des immeubles où nous habitions quand nous étions petits.
Elle et moi avions des amis chez qui nous allions et des amis que nous ne voyions qu’a l’école ou sur le chemin de la maison.
Très rarement nos parents, jamais en réalité, ne voyaient les parents de ces amis.
Dans mon coin de vers la Porte de Clignancourt de quand j’étais môme, nous manquions de tout sauf de voisins.
Mes parents eux, « copinaient » vaguement avec quelques-uns.
Notre palier, au quatrième et dernier étage, comptait trois portes.
Enfin, quatre avec la porte derrière laquelle nous n’avons jamais su ce qu’il y avait.
Il y avait trois portes de logement, donc.
Immédiatement à droite de la nôtre, il y avait « le père B. », ancien comptable de son état et que sa solitude poussait à boire sa retraite.
Il eut de sévères engueulades avec ma mère car il se saoulait uniquement au vin rouge et ma mère détestait les mauvaises surprises.
Du genre, au départ pour l’école « Beeeuuuaaarrkkk ! Maman ! Le père B. a encore dég… euh… vomi devant chez lui ! »
Le problème était que nos portes étaient contiguës et à angle droit et donc « devant chez lui », c’était exactement pareil que « devant chez nous ».
À part « le père B. » que mon père, voyant sa porte ouverte, découvrit un jour étendu raide mort dans son entrée, nous avions des voisins que mes parents aimaient bien, les S.
Comme rien n’est parfait, ils avaient un fils, Serge, qui ne nous aimait pas trop et à qui on le rendait bien.
Madame S. était une femme très gentille, très brune et très frisée et son mari arrivait souvent le soir chez nous en disant « Gaby, t’aurais pas une cigarette ? J’ai oublié les miennes au boulot. »
Ça durait généralement jusqu’à ce que mon père lui tende une cigarette en disant « Tu m’en passeras une demain ? Tu dois bien en avoir vingt cartouches au boulot maintenant… »
Monsieur S. faisait un peu la gueule et ça lui passait quand madame S. donnait en douce un paquet de cigarettes à ma mère mais le message passait et monsieur S. offrait une cigarette à mon père quelques soirs de suite…
C’était encore une époque où les voisines, majoritairement « sans profession », c’est-à-dire s’échinant à s’occuper des gosses et à en faire des humains civilisés, se rendaient volontiers service.
Que ce soit pour emprunter un œuf, de l’huile ou de la moutarde.
Parfois du lait, su sucre ou de la farine les jours où l’ambiance était aux gâteaux.
En revanche tout le monde craignait la décision stupide du colinot.
Tout le monde, quelle que soit la profondeur de la dèche ou l’ignorance culinaire, savait que colinot était synonyme de mayonnaise.
Et la mayonnaise du 21 du mois allait mettre à contribution la moitié de l’immeuble…
Une chose toutefois ne manquait jamais.
Tout l’immeuble connaissait un dicton dont personne n’avait vérifié le bien-fondé mais que tous respectaient au pied de la lettre : « Plus de sel, plus de sous ! »
Le manque de sous était fréquent et n’attendait pas la fin du mois pour se faire sentir. On est venu emprunter du poivre à ma mère, des câpres à madame M., des œufs à madame S.
Après dix-sept ans de résidence dans cet immeuble, je n’ai pas souvenir de quelqu’un ayant emprunté du sel.
Manque de sous souvent, manque de sel jamais...
Quoique put en penser ma mère, il n’y a jamais eu tant de différence qu’elle croyait entre des immeubles de petites gens des années cinquante ou soixante, qu’ils fussent arabes, italiens ou gaulois…
15:06 | Commentaires (7)
lundi, 15 janvier 2024
Devoir de Lakevio du Goût No 182
Je suis sûr que vous connaissez tous cette rue.
Quand on est place Constantin Pecqueur – j’en garde le souvenir d’une veste monumentale… - et qu’on remonte un peu ce bord de la Butte, on arrive dans une rue célèbre dans le monde entier.
La photo est prise quand on arrive là où on voit la vigne qui donne la piquette, tout aussi célèbre, de la butte.
Sur la gauche, vous verriez au croisement le « Lapin agile » lui aussi célèbre.
Si vous me disiez ce que vous pensez de cette rue, d’abord quelle est-elle.
Si, dans vos pensées, vous y mettiez les mots :
- Fatidique
- Mère
- Planche.
- Noce.
- Aïeule
- Pantre
- Claquée.
Tous ces mots sont tirés d’une chanson immortalisée par nombre de chanteurs, ,pas tous français.
Vous avez évidemment le droit de la citer intégralement mais ce serait bien si vous en tiriez un récit autre.
J’espère qu’on se lira les uns les autres lundi…
Le touriste, avec son air de petit bourgeois céda à l’invite et s’assit sur le tabouret.
Le dessinateur malhabile du crayon mais habile du bagout avait senti le « pantre » dans ce bonhomme un peu intimidé de se retrouver là, sur une des petites places parmi les plus connues du monde.
Bien sûr, il y avait la place Saint Pierre à Rome, Alexander Platz à Berlin, la Place Wenceslas à Prague et d’autres, immenses ailleurs mais aucune ne semblait avoir cet attrait qui faisait venir de partout ceux qui cherchaient « la romance ».
Aahhh Paris ! « Paris is so romantic ! » clamaient les prospectus des agences étrangères.
Le « pantre », lui sagement assis sur son tabouret attendait avec confiance que l’arnaqueur ait fini de griffonner sur sa feuille de Canson un portrait dont il ne savait pas encore, au moment fatidique de sortir son portefeuille, que sa mère ni son aïeule ne reconnaîtrait leur fils ou petit-fils dans ce gribouillis infâme.
« L’artiste » décolla l’œuvre de la planche et la tendit au malheureux qui s’extasia de se découvrir soudain des yeux bleus et le cheveu dru du jeune homme qu’il aurait pu être si une alopécie précoce ne l’avait dégarni et les yeux d’Espagnol hérités de sa mère n’avaient été noirs comme du charbon…
Il sortit son portefeuille, en tira un billet de cinquante €uros, le « rapin », en commerçant avisé garda la main tendue et de l’autre leva trois doigts, faisant grimper l’addition à deux cents €uros d’un seul geste.
Gêné, le touriste se sentit grugé mais ne voulant passer pour un pingre, « allongea les biftons » suivant les conseils de la foule.
Devant la somme bêtement claquée, le touriste, qui n’était pas à la noce ce jour là, ramassa la feuille, la plia sans précaution et la glissa dans son manteau.
En Auvergnat pas très avisé, il grommela « je t’en foutrais moi, du « so romantic » moi… Fumiers de Parigots ! »
Puis, faisant contre très mauvaise fortune mauvais cœur, il pris à gauche et descendit un morceau de rue jusqu’à la rue des Saules.
Ah ! Là au moins le nom lui disait quelque chose.
Rasséréné il la descendit, vit une maison rose sur laquelle était écrit « Au Lapin Agile », ça au moins il connaissait.
Du moins de nom…
Sur sa gauche, un mur décoré de vigne vierge l’attira.
Et cette plaque émaillée bleue disant « Rue Saint Vincent » lui remit en mémoire cette chanson que même sa mère, retraitée à Saint Chély d’Apcher, maison de retraite des bougnats parisiens, connaissait sur le bout du doigt.
Soulagé de « deux cents balles » par un vieux titi pas vraiment parisien, le moral lui revint avec les paroles fredonnées par sa mère.
Elle avait sous sa toque d’martre
Sur la Butte Montmarte
Un p’tit air innocent.
Elle s’app’lait Rose elle était belle
A sentait bon la fleur nouvelle
Rue Saint Vincent.
L’Auvergnat repensa alors au « rapin » et se dit alors qu’il aurait bien aimé lui aussi « d’un coup de surin lui trouer le ventre »…
11:00 | Commentaires (15)
vendredi, 12 janvier 2024
182ème Devoir de Lakevio du Goût
Je suis sûr que vous connaissez tous cette rue.
Quand on est place Constantin Pecqueur – j’en garde le souvenir d’une veste monumentale… - et qu’on remonte un peu ce bord de la Butte, on arrive dans une rue célèbre dans le monde entier.
La photo est prise quand on arrive là où on voit la vigne qui donne la piquette, tout aussi célèbre, de la butte.
Sur la gauche, vous verriez au croisement le « Lapin agile » lui aussi célèbre.
Si vous me disiez ce que vous pensez de cette rue, d’abord quelle est-elle.
Si, dans vos pensées, vous y mettiez les mots :
- Fatidique
- Mère
- Planche.
- Noce.
- Aïeule
- Pantre
- Claquée.
Tous ces mots sont tirés d’une chanson immortalisée par nombre de chanteurs, ,pas tous français.
Vous avez évidemment le droit de la citer intégralement mais ce serait bien si vous en tiriez un récit autre.
J’espère qu’on se lira les uns les autres lundi…
17:09 | Commentaires (9)