samedi, 23 mars 2024
Le nom de la rosse...
Hier soir nous avions dîné puis, la lamentable vacuité des programmes de la télé nous ayant dissuadé de la regarder, nous avons pris chacun notre bouquin.
Je lis quant à moi selon une méthode de fainéant.
Un livre chouette mais nécessitant un minimum d’effort.
Puis un livre nul mais nécessitant un effort minimum.
Le second me repose du premier.
Le premier me donne l’impression d’être intelligent une fois que je l’ai lu.
Le second me donne l’impression d’être très intelligent dès le premier paragraphe.
Hier soir, donc Heure-Bleue a pris son livre et a commencé à lire.
Un truc sérieux sur une poétesse et écrivaine américaine qui s’est suicidée à l’âge de trente et un ans.
Un truc hyper sérieux quoi car elle est bien, elle…
Un moment, la lumière de mes jours me tapote le bras.
- Minou ?
- Mmmhh ?
- C’est quoi un gypaète ?
- Un piaf, genre charognard du Moyen Orient.
- Comment tu sais ça ?
- Ben
« L’ibis rose et le gypaète
Au blanc plumage, aux serres d’or. »
- C’est de qui ?
- Théophile Gautier, « Émaux et camées »…
- Alors là, Minou, tu me fais peur ! Tu n’es vraiment pas loin de lâcher la rampe !
- Pourquoi ça ?
- Tu es le seul mec de ton âge ans que je connaisse qui, à onze heures du soir, quand on lui demande « c’est quoi un gypaète ? » peut te le dire et citer Théophile Gautier en exemple. Ça sent Alzheimer, ça…
J’ai d’abord été content qu’Heure-Bleue ne passe pas de temps au lit avec d’autres mecs de mon âge pour vérifier leurs connaissances, des qui en plus connaissent les gypaètes.
Mais du coup ça m’a rappelé quelques questions que je me pose souvent.
Quel est le sens qu’on donne à un souvenir ?
Que suscite-t-il le plus ?
Du regret ?
Du remords ?
Une impression de manque ?
Ou simplement la sensation d’entassement dans une mémoire parfois vague des évènements qui surviennent dans notre vie.
Encore une question sans réponse sur le tas de questions qui me tracassent de temps à autre…
13:55 | Commentaires (11)
vendredi, 22 mars 2024
189ème Devoir de Lakevio du Goût.
08:53 | Commentaires (7)
lundi, 18 mars 2024
Devoir de Lakevio du Goût No 188
Pourquoi cette salle est-elle si déserte ?
Que s’est-il passé au château de Stokesay ?
Pourtant, on dirait bien qu’il y a peu quelqu’un était dans cette salle, il a laissé des saletés par terre.
Que s’est-il passé ?
J’ai peut-être une idée, mais vous ?
On verra bien lundi si vous avez une idée de ce qui est arrivé…
Ce matin-là, je regardai la cheminée éteinte et froide.
Je me demandai comment j’allais pouvoir débarrasser ces tombereaux de cendre quand un minuscule escargot glissa le long d’un chenet.
Je le pris délicatement entre le pouce et l’index et le retournai.
Le gastéropode semblait encore bien vivant et je me demandais comment il avait pu survivre.
Parce que, mine de rien, la braise et l’escargot ne font pas bon ménage...
Il était habillé d’une jolie coquille jaune, une de ces coquilles qui sont soulignées d’un trait brun tout du long.
Cette magnifique illustration du « conchoïde de Nicomède » me tracassa néanmoins.
Comment avait pu survivre la bestiole dans cet enfer ?
Je l’ai posée sur le pas de la porte pour lui rendre la liberté et l’oubliai.
Mon dernier geste fut de passer doucement le bout l’index sur le haut de la coquille.
C’est là que j’ai senti une modification de la sensation du toucher.
Alors que j’avais posé l’index sur une surface dure et légèrement striée, ladite surface s’était muée en une surface douce et unie, légèrement veloutée, un peu comme une pêche.
« L’escargot » n’en était plus un !
Il grandissait démesurément, enfin, démesurément…
Il atteignait la taille d’un être humain.
Je me suis éloigné prudemment tandis que je voyais devant moi un corps parfait.
Une jolie, très jolie femme aux traits vaguement grecs me regardait avec une gourmandise dont je ne suis pas sûr qu’il s’agît d’affection.
Elle se mit à parler en grec ancien, un souvenir scolaire me revint qui me poussa à fuir.
« Tu ne m’échapperas pas ! » Voilà ce qu’elle disait !
Elle se lança à ma poursuite en riant de bon cœur ce qui m’inquiéta encore plus.
Près de la porte qui eût dû me permettre de lui échapper, elle bondit et me fit choir.
Elle referma sur moi ses bras, qu’elle avait fort doux.
Elle me sourit gentiment, approcha sa bouche de mon visage, j’entrouvris les lèvres, attendant un baiser qui promettait d’être inoubliable.
Elle glissa les lèvres vers mon cou. Je sentis le bout de sa langue me chatouiller puis ses lèvres se poser.
Elle ouvrit la bouche, j’étais plein d’espoir quand je sentis ses dents.
Puis il y eut ce gargouillis et cette impression de chute.
J’eus à peine le temps de penser « M… Une lamie ! La s… ! »
08:39 | Commentaires (16)
vendredi, 15 mars 2024
188ème devoir de Lakevio du Goût
18:58 | Commentaires (9)
lundi, 11 mars 2024
Devoir de Lakevio du Goût No187
Aujourd’hui, nous sommes le 8 mars.
C’est la « Journée Internationale des droits des femmes ».
« Et alors ? » me direz-vous.
Eh bien, j’ai là une image qui montre que ce n’est pas gagné d’avance pour toutes.
Où qu’elles soient.
Il y a même des endroits où « c’est leur fête » tous les jours.
Je me demande si tous se souviennent d’où ils viennent ?
Je me demande si tous se rappellent ce qu’ils doivent à celles qui les entourent ?
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Bon, j’espère que nous nous lirons lundi…
J’ai refermé mon canard, scandalisé par la photo d’Afghanes emmurées vivantes et ai regardé autour de moi.
Le bus était quasiment plein, une dame qui semblait épuisée s’est assise face à moi.
C’était une Arabe, était vêtue d’un manteau qui avait connu des jours meilleurs et portait un voile sur la chevelure.
Il était tard, environ vingt heures trente et, tandis que mon épouse et moi allions passer la soirée chez les enfants, la dame semblait rentrer du travail.
Tout le monde dans le bus semblait pester contre l’attente interminable des bus.
J’ai demandé à la dame si elle avait attendu longtemps le bus.
- Non, pas tellement…
- Mais il est tard, vous revenez du travail ?
- Oui, et la journée a été longue…
- Vous commencez tôt ?
- Pas tant que ça mais je dois prendre le bus avant six heures.
- Mais ça vous fait des journées de près de quinze heures !
- Je n’ai pas le choix…
- Vous faites quoi ? Excusez-moi si je suis indiscret…
- Je suis « aide à la personne ».
- Et vous travaillez quinze heures ?
- Non, je travaille quatre heures par jour mais dans beaucoup d’endroits différents.
- Et vous ne pouvez pas regrouper les heures dans des lieux proches les uns de autres ?
- Non, ils ne veulent pas…
- Comment préparent-ils votre tournée ?
- Je téléphone quand j’ai fini chez la personne et ils me disent où aller.
- Mais cette façon de traiter les gens est indigne !
- Que voulez-vous, je dois travailler, j’ai deux enfants…
Je me suis demandé combien de personnes étaient ainsi exploitées de cette façon, les obligeant à être hors de chez elles quinze heures par jour pour quatre heures de travail rémunérées au SMIC.
J’ai regardé les chiffres fournis par la DARES.
Il y a près de deux millions de personnes dans ce cas, se levant à cinq heures du matin et revenant vers vingt heures pour toucher environ 737 € chaque mois.
Ce sont en majorité des femmes, souvent seules avec des enfants, qui subissent ce qu’on peut considérer comme des conditions de travail indignes.
C’est le 8 mars qu’on devrait rappeler le principe de l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes !
Il me semblait que la Constitution elle-même interdisait les discriminations de ce genre.
Manifestement ce qui fut écrit il y a soixante-quatorze-ans, malgré des rappels fréquents reste lettre morte.
Alors Mesdames, pour arriver à vos fins, il ne vous reste qu’à remettre au goût du jour et dire à vos mecs, vos copains, vos amants, la pièce qu’écrivit Aristophane il y a vingt-cinq siècles et où Lysistrata fait prêter ce serment à Kaloniké « Et je ne lèverai point au plafond mes jambes chaussées à la perse… »
08:03 | Commentaires (14)