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mercredi, 20 décembre 2023

A bout de souffle...

« C’est quoi être vieux ? »
Au début tu te dis que quand ouvrant les yeux chaque jour,  c’est quand l’environnement est moins net que la veille, tu n’arrives plus à lire le titre des bouquins posés sur l’étagère à plus de trois mètres de ton oreiller.
Tu te rappelles alors qu’il y a cinq ou six ans à tout casser, en attendant le bus à la station Félix Faure, tu lisais l’heure sur le clocher de l’église de Colombes.
Distance ? Neuf-cent-cinquante mètres !
Évidemment tu te dis ça in petto pour ne pas réveiller celle dont tu as la chance de partager la couche ce qui est super pratique l’hiver même si elle a toujours trop chaud et te chasse à coups de pied.
Puis, alors que la journée commence, grise comme la saison, tu lis tes mails.
Dans la nuée de ceux qui te proposent un bonheur bizarre pour un peu moins de 99.99€, un expéditeur attire ton attention.
Celui du fils d’une amie.
Un fils qu’on a connu quand il était étudiant.
Un fils dont on a appris qu’il faisait « son service national à l’étranger ».
Un fils qui a aujourd’hui cinquante-sept ans.
Un fils qui nous a envoyé un mail alors qu’on savait à peine qu’il était à Paris pour voir sa mère.
Nous avions vu sa mère il y a quelques mois, grignotée par un crabe particulièrement goinfre.
Puis, pour éviter de lui coller en plus un Covid que nous avions attrapé, nous ne nous parlions plus qu’au téléphone.
Puis, les réponses au téléphone venant de l’hôpital, d’une voix faible, et nous donnant des explications fumeuses, nous nous sommes dit « Mauvais plan, ça… »
De fait, « Madame de B. » que les lectrices de nos blogs connaissent, était en train de « lâcher la rampe ».
M’est revenu cette question posée de temps à autre « C’est quoi être vieux ? »
Eh bien le mail reçu avant-hier disant « Madame de B. » s’est éteinte paisiblement à l’hôpital le 14 décembre. » répond à la question.
« C’est quoi être vieux ? »
« Eh bien, c’est quand on connaît plus de morts que de vivants… »
Nous finissons par avoir beaucoup de relations au « Père Lachaise ».
Là où repose maintenant « Madame de B. »…

mardi, 19 décembre 2023

Devoir de Lakevio du Goût No 181

Devoir de Lakevio du Goût_181.jpg

Tandis que je cherchais une image parmi les peintres du XIXème siècle, cette toile de Jacques-Joseph Tissot qui, par anglophilie du moment se fit appeler James, peinte en 1873 m’a frappé.
Ce peintre aimait les femmes.
Il devint en son temps un «spécialiste de la peinture féminine ».
Ami de Degas, il fut apprécié de Théophile Gautier au point que, connaissant Théophile Gautier et son goût marqué pour la gent féminine, je me demande si James Tissot n’a pas cédé aux mêmes tentations…
Mais vous, à regarder cette toile, qu’en pensez-vous?


Elle avait beau cacher un visage que je trouvais fort beau derrière un éventail, elle dévoilait de façon inattendue un dos que j’eus envie de caresser immédiatement.
Cette nouvelle mode avait quelque chose à la fois d’hypocrite et de provocant.
Ces tissus qui commençaient à fleurir sur l’accoutrement des femmes ces temps-ci avaient quelque chose de diabolique.
Je me demande si sa Majesté Victoria savait comment se vêtaient les bourgeoises aujourd’hui…
Je suppute que si elle en avait eu vent, elle eût fait interdire sur le champ ces tissus et casser les métiers à tisser qui les fabriquaient.
De ces tissus dont les peintres préraphaélites couvraient leurs modèles, ces tissus qui déshabillaient plus qu’ils n’habillaient, qui couvraient d’une mince couche de rêve ce qu’ils étaient censés cacher.
Je regardais donc la fille de lady L. qui me faisait l’honneur du bâtiment dont j’allais sous peu prendre le commandant.
Alors que l’équipage parlerait de moi en disant d’ici en disant « le Pacha », j’étais simplement hypnotisé par ce que je voyais de cette jeune fille.
Pour l’intéresser, j’avais, comme c’était la mode, repoussé sur mon front la casquette qui indiquait ma position d’officier.
Elle tournait la tête à l’abri de son éventail, prenant bien soin de ne pas me regarder.
Je savais qu’elle faisait semblait de ne pas me voir mais je m’en fichait.
Je ne voyais que son dos dont la peau pâle transparaissait sous un tissu quasiment transparent.
Pas comme une vitre, non, bien trop vulgaire à force de transparence clinique.
Plutôt comme ces voiles précieux dont on recouvrait le visage des jeunes filles afin qu’elles fussent entrevues sans être dévisagées.
Cette vague transparence suscitait immédiatement l’envie de s’approcher.
Plus encore, d’approcher une main prudente pour tenter d’appréhender la douceur de la peau entrevue au travers de ce voile vaporeux.
Lady L. était-elle venue visiter mon bâtiment ou y avait-elle introduit un piège pour un abordage à coup sûr réussi ?

vendredi, 15 décembre 2023

181ème Devoir de Lakevio du Goût.

Devoir de Lakevio du Goût_181.jpg

Tandis que je cherchais une image parmi les peintres du XIXème siècle, cette toile de Jacques-Joseph Tissot qui, par anglophilie du moment se fit appeler James, peinte en 1873 m’a frappé.
Ce peintre aimait les femmes.
Il devint en son temps un «spécialiste de la peinture féminine ».
Ami de Degas, il fut apprécié de Théophile Gautier au point que, connaissant Théophile Gautier et son goût marqué pour la gent féminine, je me demande si James Tissot n’a pas cédé aux mêmes tentations…
Mais vous,
 à regarder cette toile, qu’en pensez-vous ?
On verra bien lundi puisque le Web est revenu. 

mercredi, 13 décembre 2023

Ce matin c’est rasoir.

rasoir.jpg

Ce matin, comme tous les matins je me suis rasé.
J’étais content, je venais de changer la lame de mon rasoir.
J’ai opté pour une de ces lames multiples si chères mais si agréables à utiliser.
Elles vous laissent la joue douce comme une fesse de bébé ou le sein de l’aimée en un passage que vous sentez à peine.
Ce matin, donc, j’ai pensé à quelque chose en me rasant.
En espérant aussi que ce n’est pas en vous rasant…
J’ai pensé à mon père.
Oui, ça m’arrive de temps en temps, soit pour un épisode qui me fait rire maintenant mais soulevait un sentiment de gêne lors de l’évènement.
Comme quand, causé par l’aérophagie due à ses difficultés respiratoires, il lâchait dans le bus un pet lent et majestueux, se tournait vers sa voisine et disait « Ne craignez rien, Madame, je dirai que c’est moi… »
Mais ce matin, je me suis rappelé autre chose qui m’a rappelé que les conditions de vie n’étaient pas les miennes aujourd’hui bien que j’aie connu des périodes de dèche..
Je revois mon père les matins du dimanche où il se levait plus tard.
Il nous arrivait de faire notre toilette de conserve et j’observais alors la cérémonie du rasage de mon père.
Avant de passer à la confection de la mousse, il y avait la préparation du rasoir.
Les jours fastes, comme le dimanche, il tirait du petit paquet jaune une lame « Gillette » neuve et la mettait à la place de l’autre dans le rasoir.
Plus souvent, il dévissait le manche du rasoir, en sortait précautionneusement la lame, la prenait entre deux doigts et en restaurait le fil en l’aiguisant sur la paume de sa main puis il la remettait dans le rasoir, en revissait le manche et passait le tout sous le robinet.
Ensuite, il prenait un tube de crème à raser, en mettait une petite noisette sur une soucoupe et la « touillait » avec son « blaireau » jusqu’à l’obtention d’une mousse onctueuse.
Et là… J’observait attentivement avec l’idée qu’un jour, demain peut-être, je me servirai en douce du rasoir paternel pour effacer cette ombre disgracieuse qui décorait fâcheusement ma lèvre supérieure.
Quand j’eus environ quatorze ans, mon père l’effaça, exauçant ma muette prière.
La suite fut moins glorieuse quelque temps plus tard.
Je profitai d’une absence paternelle et entrepris de me raser tout seul.
Une véritable catastrophe, pas un poil de moins vu qu’il n’y en avait pas mais des coupures sur des joues qui n’en avaient jamais connu.

mardi, 12 décembre 2023

L’imper E.T. n’a jamais abrité…

Oui, je sais… Mais réfléchissez-y un peu.

JEAN_LOUIS_THÉODORE_GÉRICAULT_-_La_Balsa_de_la_Medusa_(Museo_del_Louvre,_1818-19).jpg

Hier, comme souvent nous sommes allés traîner.
Plus exactement j’ai été entraîné par la lumière de mes jours sur « les grands boulevards ».
Elle cherchait une patère pour y accrocher quelques oripeaux dans la salle de bains.
Elle avait une idée précise de ce qu’elle souhaitait, je voyais bien aussi de quel type de patère il s’agissait car nous en avions déjà une dans la cuisine.
Las ! Pas de patère adéquate, que des choses servant vaguement à accrocher les pyjamas d’enfant.
Elle en a donc pris un malgré tout, la fonction étant remplie par la patère.
On ne peut donc pas dire « patère noster » pour la chose.
Que les latinistes me pardonnent la faute mais « patère noster » tombe juste alors que « patère nostra » prend un côté raté.
Mieux vaut un mauvais jeu de mots qu’un jeu de mots incompréhensible, non ?
Je me suis quant à moi contenté d’acheter un verre à whisky dans cette « boutique à shtuyot » qui occupe l’ancien magasin Virgin des « grands boulevards »
Puis, nous sommes ressortis sur le boulevard, plus exactement sur un boulevard car c’est pile là que le boulevard change de nom, là où le boulevard Montmartre devient boulevard Poissonnière.
Après avoir bu un café, ; nous avons pris le 20 jusqu’à Saint Augustin puis nous sommes revenus à la maison.
Pour en revenir au titre de cette petite note, mon devoir à moi que je fais le matin, ce n’est pas pour rien que je l’ai créé.
Alors que je préparais le dîner, La radio m’a appris le résultat du dernier vote à l’Assemblée, c’est lui qui me l’a inspiré.
Comment un ministre entouré de tant de conseillers a-t-il pu penser plus d’une minute gruger cinq-cent-soixante-dix-sept députés en espérant qu’ils ne feraient pas la différence entre « compromis » et « compromissions ».
Comme s’il était indispensable de pousser l’extrême droite sur le devant de la scène.
Ce monde devient de plus en plus désolant…