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dimanche, 13 octobre 2019

Bleu Floride

« Sur l’enveloppe de ces lettres, j’avais remarqué que c’était toujours la même écriture… à l’encre bleu Floride… » a-t-il écrit page vingt-huit. 
Comme lui, je me suis demandé à quoi pouvaient servir de tels détails.
Puis, ça m’est revenu d’un coup !
« Bleu Floride » était l’encre de mon « CF », un stylo Waterman que j’utilisais dans les temps où j’écrivais sur du papier des choses qui me semblaient importantes à l’époque.
Avant que je n’aie ce stylo « CF », j’en eus un autre.
D’autres, mais toujours j’écrivais avec ces cartouches « bleu Floride ».
Qu’il s’agît de devoirs ou de lettres d’amour.
Que ce soit pour mon compte ou le compte d’amis moins pourvus en technique de versification.
Oui lectrices chéries, à cette époque lointaine, je suis passé par ces périodes où j’avais ce que j’appellerai pudiquement « le romantisme utilitaire »…
À la lecture de cette phrase, j’étais sûr que j’avais encore ce stylo.
Réchappé de déménagements, d’expatriations diverses, de vols, bref d’années d’errance.
Je me suis mis à fouiller mes affaires.
Mon petit cartable de « jeune cadre dynamique » ?
Rien…
Puis, en y réfléchissant un peu, je me suis dit que l’endroit où il devait être était sûrement l’endroit où je m’assieds pour vous conter mes misères diverses.  
Là, j’ai ouvert le tiroir.
J’étais sûr que j’y trouverais ce stylo, ce « CF », avec sa cartouche d’encre « Bleu Floride ».
Je l’ai ouvert, j’ai « fouiné ».
J’y ai trouvé des choses que je ne m’attendais pas à y trouver.
Et j’ai enfin trouvé ce stylo, ce « CF » en écaille et dont la plume « or » a été esquintée sans doute d’une rature maladroite.
Il est là !
Vous pouvez le voir, lectrices chéries.
Démonté on voit bien que la cartouche encore accrochée au corps est de cette fameuse couleur « Bleu Floride ».
Quand je vous disais que ce type est diabolique.
Même l’encre dont il parle est celle dont je me servais quand lui et moi parcourions les rues de Paris à la recherche d’éléments dont nous n’avions pas conscience d’où elles nous mèneraient…Ça a commencé comme ça :

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Et a fini comme ça, histoire de vérifier :

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C’est ça le « Bleu Floride » et c’est là que je me suis demandé si on ne m’avait pas emprunté mon stylo à un moment, le temps d’écrire un roman…

samedi, 12 octobre 2019

À l'encre de ses yeux...

modiano.jpg

La lumière de mes jours m’a offert ce livre que j’ai aussitôt commencé.
Je vous le dis, lectrices chéries, ce Modiano est un type démoniaque !
Dès que je commence un de ses bouquins, j’en sors immédiatement pour vivre le mien.
Il me prend par la mémoire et me traîne dans des rues où nous avons usé les mêmes pavés.
Quand ce ne sont pas les mêmes rues ni les mêmes souvenirs, il ravive les miens et me pousse à m’enivrer de l’ambiance de ces moments enfuis.
Peu de mes souvenirs sont tristes, très peu même, mais assez curieusement, le rythme de ses phrases me pousse à clore les paupières pour revivre d’autres instants.
Je les ouvre à nouveau pour me replonger dans le Paris qu’il conte et, deux chapitres plus loin, je trébuche de nouveau sur un de ses souvenirs.
Je ne m’en relève que pour plonger dans les miens.
Je ne sais pourquoi, alors qu’il parcourt assez souvent le XVème, il conte toujours d’une façon qui fait irrésistiblement penser au IXème arrondissement.
Je suis sûr que ce type a traîné rue d’Hauteville et que les cafés où il s’est accoudé sont ceux qui étaient établis dans le quartier de mon lycée.
À certains moment, je sais qu’il a marché rue du Faubourg Poissonnière. Je reconnais certains détails.
Il me suffit à nouveau de fermer les yeux pour être dans ses pas.
Je le suis, descendant la rue, passant sans le dire devant le lycée Lamartine.
Ne me demandez pas pourquoi je sais qu’il est passé par là, je le sais, c’est tout.
D’ailleurs il y a peu, je l’ai entendu.
J’ai entendu cette élocution qu’on dit hésitante.
En réalité, il s’arrête, il dit quelque chose et pense déjà autre chose.
Il est déjà à revivre quelque chose qu’il n’a pas envie de nous dire mais qu’on devine.
Si vous avez déjà foulé les pavés de bois de la rue Rambuteau ou de la rue des Moines, ceux qu’on ressentait encore dans les années soixante, à la souplesse soudaine de la démarche, sous la fine couche d’asphalte, vous savez que vous avez changé de monde.
Si vous connaissez Paris et ouvrez un livre de Modiano, quel que soit le chapitre que vous commencez, vous foulez des pavés que vous connaissez sur le bout de la semelle.
Vous traversez des rues riches d’années que vous avez traversées, d’aventures que vous avez vécues, de vies que vous avez croisées…
Bref, Modiano vous montre des pans de votre vie qui vous comblent et que vous n’auriez jamais pensé à évoquer s’il n’avait pas forcé la serrure de votre boîte à souvenirs.
Modiano, c’est comme « SEB », c’est bien…
Non, en réalité c’est mieux.
Ça ne s’abîme pas avec le temps.
Il me fait toucher du doigt que le temps érode plus facilement mes genoux que mes souvenirs…

vendredi, 11 octobre 2019

Devoir de Lakevio du Goût N° 12

Aldo Balding.jpg

Vous avez déjà une idée de ce qui surgit de cette toile d’Aldo Balding.
Racontez l’histoire que vous avez à coup sûr imaginée et prévenez en le disant en commentaire du devoir que je vous présenterai lundi.

jeudi, 10 octobre 2019

Propos sur le bonheur...

France Inter a inventé un concept aujourd’hui.
Un mot « mal élevé » me vient à l’esprit mais il me semble tellement adapté…
Ce matin, France Inter voulait nous parler de « bons souvenirs ».
Hélas, France Inter s’est embarqué de façon maladroite dans un babil « languedehuimauvesque » sur le bonheur.
France Inter a inauguré l’émission sur le bonheur chiante.
Dès les premiers mots on sentait qu’on allait, avec cette mauvaise dissertation sur le bonheur, nous en tirer plus malheureux après l’émission qu’avant.
Le même effet que celui qu’on voit en ce moment après les discussions sur la paix menées par Donald Trump, en somme.
En y réfléchissant un peu, toute la matinée sur cette station est une suite de gamelles improbables.
Bon, je ne vais pas changer de station de radio, les autres sont pires et en prime on doit écouter des publicités interminables.
Ça avait commencé avec l’invité d’Auguste Trapenard.
Je ne citerai pas de nom pour préserver la réputation de M. Pokora.
La suite arriva.
On nous promettait des informations sérieuses sur la façon dont notre cervelle triait les souvenirs.
Les bons étaient de bons souvenirs, les mauvais, du moins d’après moi, devaient servir d’enseignement pour éviter de futures déconvenues.
Hélas, trois fois hélas, alors que je me laissais justement aller à la rêverie qu’avait laissé dans mon casier « bons souvenirs » le premier baiser échangé avec une fille, je fus arrêté net.
Ma station de gauchistes avait convié un Danois, un cador de « L’Institut de recherche sur le Bonheur » de son pays.
Déjà, un pays qui en est réduit à créer une « Institut de recherche sur le Bonheur », c’est assez inquiétant et en dit long sur la façon dont on a pavé l’enfer…
D’ailleurs, là, ça a commencé à devenir assez compliqué.
Je m’attendais à des développements construits de façon scientifique par un type du calibre de Lionel Naccache.
Eh bien non !
Le bonheur me semble maintenant une affaire particulièrement ennuyeuse dont j’ai fini par me dire qu’il était heureux ( !) qu’il fût inaccessible…
Ouaip ! Lectrices chéries, ne courez pas après le bonheur !
Vous en sortiriez probablement plus malheureuses en l’ayant rencontré qu’avant.
En tout cas, vous vous seriez ennuyées à coup sûr…  

mercredi, 09 octobre 2019

A l'Opéra, bouffe...

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S’il ne pleuvait pas quand je suis dehors, cet automne serait parfait.
Nous sommes partis vers l’Opéra où nous avions rendez-vous avec une copine.
Plus exactement au café de la rue Auber où nous allons de temps en temps.
Vous n’en avez rien à cirer je le sais, néanmoins lectrices chéries, que je vous dise : On n’a pas pris le 95 pour y aller.
Et pourquoi ça ?
Parce qu’il est à côté d’une station de métro et qu’on peut donc y acheter des tickets.
« Le Goût est bien parti pour nous raconter une histoire palpitante je le sens… », vous dites vous.
C’est vrai au fait ! Pourquoi je vous raconte ça ?
Eh bien parce qu’on a pris le 21, un bus qu’on n’aime pas trop.
La population du 21 est assez différente de celle du 95 mais ce n’est pas la raison qui fait qu’on préfère le 95.
La raison principale est qu’il prend un chemin qui ne nous plaît pas, une avenue de « boutiques de sape » dont les trottoirs sont parsemés de « fleurs de pavé » dont nombre sont de sexe ambigu.
Dans ce bus donc, pas de « vieux pied-noir réac » mais quelques « 2 en 1 » qui vont « au charbon ».
Trois exemplaires sont montés avec nous dans le 21, sans doute partis gagner leur « pain de fesse ».
Leur courage est salué par Heure-Bleue qui me dit « Ah… Là il y en a pour toutes les bourses… ».
Et elle ne parle pas là que de porte-monnaie.
Comme beaucoup de gens qui vivent du désir des autres ils sont descendu-e-s avenue de Clichy.
Il tombait un léger crachin quand nous sommes montés dans le bus.
Il tombait des cordes quand nous en sommes descendus.
Nous avons attendu notre amie quelques minutes.
Elle est arrivée, traînant avec peine une valise presque aussi grande qu’elle.
Bon, la valise est normale, c’est notre amie qui est petite…
Heure-Bleue était en pleine forme, elle avait décidé que le monde entier devait être « bien élevé » et a donc tancé d’importance des gens qui allaient aux toilettes et se comportaient comme des porcs.
Je devrais me méfier quand elle est comme ça, j’ai un mauvais souvenir, ancien certes, mais mauvais, de ses façons de remettre à leur place les importuns…
À part ça, ce fut une chouette rencontre, comme toujours.
Notre copine est quelqu’un au verbe vif bien sûr, mais d’une profonde gentillesse.
Et puis, si cet été est aussi chaud que le dernier, nous pourrons aller chez elle, à quelques kilomètres du Mont Saint-Michel.