vendredi, 27 septembre 2019
Devoir de Lakevio du Goût N° 10
Ces deux petites, où vont-elles ?
C’est Pivoine qui me l’a demandé.
Elle n’en sait rien mais elle se le demande...
J’ai une idée car je les connais, je sais pourquoi elles vont vers ces rochers noirs, là-bas.
Et ce qu’elles pensent et se disent.
Mais vous ?
Je suis sûr que oui mais dites le.
Ce sera bien, je crois...
07:31 | Commentaires (5)
mercredi, 25 septembre 2019
La sale ère de la peur...
Ouais... Bon, au moins Montand ne dira rien, je le sais...
Pourtant, même mon père m’avait dit de la peur qu’il en faut un peu histoire de n’être pas inconscient mais que les héros sont surtout morts.
Il avait ajouté « de toute façon, avant, ça ne sert à rien, pendant on n’a pas le temps et après ça ne sert plus à rien ».
Même, on a beau savoir comme dit Mr Mahfouz que « La peur n’empêche pas de mourir, elle empêche de vivre », parfois on se laisse surprendre.
Je ne sais plus pourquoi ça avait commencé…
Ah si ! Nous descendions du bus et, alors qu’on traversait la rue, elle m’a dit d’un ton sérieux :
- Bon, nous allons nous séparer…
Mon palpitant, déjà pas neuf a trébuché et moi aussi qui ai buté dans le bord du trottoir.
- Mais pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ?
- Quoi Minou ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Tu me dis « Bon, on va se séparer. » tu me fais peur, là !
- Mais non Minou ! Toi tu vas chercher le lait au mini-market et moi je vais chez le boulanger… Pfff….
Soulagé je fus.
Puis, après le dîner, nous avons parlé à un moment d’une « amie de loin » qui est muette depuis quelques jours.
Un de ses proches très proche ne va pas bien et Heure-Bleue pense que cette « amie de loin » a peur pour lui.
La conversation s’est un peu étiolée pendant que nous commentions l’émission qui traitait de l’invasion numérique de nos vies et des esclaves qu’elle asservissait.
Après avoir constaté que « l’Intelligence Artificielle » était surtout artificielle et que l’homme allait bientôt obéir à des robots, nous avons éteint le téléviseur.
La lumière de mes jours est allée à la salle de bains tandis que je me plongeais à la fois dans mon lit et dans mon bouquin.
Oui, lectrices chéries, j’aime bien l’idée de glisser un zeugma dans une note.
Dans le silence du soir, la voix d’Heure-Bleue est arrivée me sortant de mon livre :
- Oh mais, moi je sais ce que c’est qu’avoir peur pour son mec !
Je me suis bien gardé de dire un truc du genre « Oh ! Ma Mine ! T’as eu peur pour moi ? » avec une quelconque émotion dans la voix.
Je la connais, elle était bien capable de me répondre :
- Non, non, pas toi, quelqu’un que j’ai aimé…
Mais j’ai quand même dit :
- Tu crois que je ne sais pas ce que c’est qu’avoir peur pour sa meuf ?
- Quand t’as eu peur pour moi, toi ?
- Tu m’as fait peur avec tes yeux, tous tes « tikounim » qui me fichent la trouille…
C’est vrai, nous avons eu peur quand il a fallu courir chez l’ophtalmo, paniqués.
Elle a l’idée de ne plus pouvoir lire –sinon, elle s’accommode très bien de l’idée de ne plus me voir- et moi de constater que de si beaux yeux ne serviraient plus qu’à décorer son visage.
Sans compter toutes les peurs qu’elle se fait toute seule.
Oui lectrices chéries, la piqûre d’un moustique, car je ne suis pas le seul à trouver sa peau délicieuse, lui semblant sur le champ le premier bouton avant coureur d’une peste bubonique qui va l’emporter dans d’horribles souffrances.
Car elle est comme ça, la lumière de mes jours…
Elle s’est tout de même reprise, avant de céder à l’émotion, des fois que…
- Oui Minou ! Tu as vu dans quel état tu m’as mise ?
- Mais non, c’est pas ça, c’est juste que je…
J’ai failli dire un truc gentil puis non.
Je n’ai pas non plus dit un truc méchant comme « C’est juste que je me suis demandé qui allait repasser mes chemises si tu tombais vraiment en panne… »
10:13 | Commentaires (15)
mardi, 24 septembre 2019
Péchés capiteux…
Non, non, ce n’est pas une faute d’orthographe.
Je vous ai déjà dit que s’il n’y avait pas le péché, les religions n’auraient pas de clients.
On ne dira jamais assez le parfum capiteux du péché, celui qui vous fait perdre la tête.
Et pas que.
Mais que voulez vous, quand la victime est si belle et le péché si doux…
Après avoir lu le commentaire d’Adrienne chez moi hier matin, j’ai refait le parcours de vos devoirs, lectrices chéries.
Eh bien, je dois avouer que même la liste des sept péchés capitaux m’a semblée un poil brève…
J’y ai néanmoins trouvé :
- La colère chez Adrienne.
- L’envie chez Sylvie.
- La luxure chez Alainx.
- L’orgueil chez Gwen
- La gourmandise chez Val.
- L’avarice chez Le-gout-des-autres
- La paresse chez Colombine.
Je ne vous parlerai pas d’autres péchés, en dehors du « péché de chair » si cher à mon cœur et du meurtre que Sylvie décrit si bien.
10:31 | Commentaires (7)
lundi, 23 septembre 2019
Le fil d’Ariane…
« Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d'eux seuls préoccupés, goûtaient l'un à l'autre, soigneux, profonds, perdus. »
J’ai ouvert brièvement les yeux de peur de trébucher dans la salle de bains tandis qu’elle me tenait serré, m’entraînant dans une valse impromptue qu’elle chantonnait les lèvres closes.
En levant les yeux un instant, je nous ai vus dans le miroir.
Et c’est cette phrase de « Belle du seigneur » qui m’est venue aussitôt à l’esprit.
Mon dieu ce dos !
Et cette nuque…
Tout ce que je voyais n’avait été fait par la nature que pour être aimé, caressé, embrassé, admiré, regardé.
Je sentais déjà mes doigts dévorés par une attirance sans cesse renouvelée.
Dans un accès de jalousie rétrospective d’autant plus stupide que je la connaissais depuis quelque temps, je me suis demandé combien d’autres doigts, d’autres lèvres, avaient déjà parcouru ce cou et ce dos.
Elle a dû le sentir car elle arrêta immédiatement sa danse, ouvrit les yeux et dit :
- Qu’est-ce que tu as ?
- Rien…
- Mais… Mais… Tu es jaloux !!!
J’ai rougi.
- Mais non…
- À quoi as-tu donc pensé ?
- Mais rien, je t’admirais, simplement.
- Ne me prends pas pour une idiote, ou alors fais ça plus discrètement…
- Bon, je me demandais si…
- Je te connais, tu ne te demandais même pas « si » mais « combien », c’est ça ?
- Euh…
- Mon dieu que tu es bête ! Tu en es encore là ?
- Ben…
Elle s’est secouée sèchement pour sortir de mes bras et m’a poussé hors de la salle de bains.
Elle en est sortie un moment plus tard, murée dans le silence, sa pochette de produits de beauté à la main.
Elle est allée dans la chambre, en est ressortie en tenue de ville, mon sac de voyage dans une main, son sac-à-main dans l’autre.
J’ai compris qu’il valait mieux ne pas lui faire remarquer que c’était mon sac…
Elle, s’est dirigée vers la porte et l’a claquée en disant « Imbécile… Pauvre imbécile… »
Je me suis assis par terre avec l’envie de me gifler tellement j’ai été stupide, incapable de me contrôler au point d’étaler des préjugés d’un autre âge.
Non mais quel crétin !
Je m’accrochais à l’idée qu’elle ne m’avait pas dit « Adieu » et que tout n’était pas perdu mais qu’elle m’avait exilé à coup sûr.
Ça m’a évidemment rappelé ces deux vers de Verlaine…
...
« Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila. »
06:45 | Commentaires (22)
samedi, 21 septembre 2019
Histoire d'eau...
Je sais, mais c'est samedi...
C’est en lisant cette note d’Adrienne que ça m’est revenu…
J’étais assis sur le coffre, dans « la grande pièce ».
À ma droite, coincée entre « la petite armoire » et moi, ma petite sœur, dite « Riboulika » pour son goût marqué pour la castagne.
Elle était mise là car c’était celle qui avait le plus de mal à se tenir tranquille.
À ma gauche, à un bout de la table, ma grande sœur.
Ma mère lui avait attribué la place pour éviter les accidents car derrière elle, pas très loin il y avait le poêle.
Face à moi, mon père et à sa gauche ma sœur cadette dite « Souricette » car elle couinait beaucoup…
À l’autre bout de la table, du côté du boyau baptisé pompeusement « la cuisine », ma mère.
Ces places étaient immuables tout comme les saisons, les récriminations de mon père après le général De Gaulle et celles de ma mère après les communistes.
Nous étions tous les six à table ce soir là, un soir d’hiver.
Enfin presque, ne manquait que ma mère qui arrivait, tenant le plat habituel des soirs d’hiver : « La soupe ! »
Quasiment tous les soirs d’hiver se jouait le même drame.
À peine servie, Souricette disait « j’aime pas la soupe ! » et commençait à trier, les carottes ici, les morceaux de poireau là, les petits dés de pomme de terre sur un autre côté de l’assiette, etc.
Quand ne restait dans le creux de l’assiette que quelques cuillérées d’eau trouble, elle commençait à renifler et deux larmes coulaient sur ses joues.
Ma grande sœur profitait d’un moment d’inattention de ma mère pour mettre les carottes dans son assiette, je piquais les morceaux de poireau pour les mettre dans la mienne et « Riboulika » –la petite - qui les aimait se dépêchait de manger les pommes de terre.
Mon père faisait semblant de ne rien voir, disait « c’est bien ma fifille »
Souricette séchait ses larmes, avalait une mini cuillérée d’eau tiède et disait « j’ai fini ! »
Ça ne se passait hélas, pas toujours aussi bien.
Ma mère, pas si souvent dupe qu’on l’espérait et persuadée que seule la soupe et « le pain d’hier » faisaient grandir harmonieusement les enfants, surveillait sérieusement celle qu’elle appelait –sauf ces soirs là- « la prunelle de mes yeux ».
De temps en temps, principalement quand on aurait aimé avoir un peu de calme, le dîner se terminait comme les pièces de Racine mais avec juste les cris et les larmes, pas les morts partout.
Alors que mon père commençait à montrer des signes d’énervement, que nous avions englouti l’entremet « Francorusse » au chocolat ou à la vanille –j’aimais bien celui à la pistache, tout vert avec un goût marqué de je ne sais quoi- Souricette restait la seule avec une assiette de soupe froide, la tiédissant de ses larmes et nous saoulant de ses gémissements d’enfant martyre.
Il y eut des soirs, comme ça, où l’idée de Caïn estourbissant Abel ne paraissait plus si monstrueuse…
Ma mère abandonna l’idée de faire avaler sa soupe à Souricette quand celle-ci, un matin, au moment d’aller à l’école, se leva et voyant l’assiette de soupe à sa place sur la table, retourna se recoucher.
Ma mère, désespérée par ce gaspillage matinal, jeta la soupe, embrassa Souricette et laissa tomber l’idée de lui faire manger sa soupe.
Mes deux autres sœurs et moi fûmes scandalisés par ce favoritisme éhonté mais comme nous aimions bien la soupe de ma mère, on a juste été jaloux…
09:13 | Commentaires (8)