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dimanche, 16 juin 2019

La paille et la poutre.

En lisant la note d’Adrienne je suis devenu tout à coup pensif.
Pourquoi donc, me dis-je soudain, nous ingénions nous  à faire des choses qui non seulement sont inutiles mais sont de plus stupides et dangereuses.
Après les moissons, il y a dans les champs des tonnes de paille.
Je le sais bien, je suis assez vieux pour avoir connu le moment où les mômes allaient se rouler dans la paille.
Elle était souvent élevée en monstrueuses meules grandes comme des maisons.
C’était vraiment chouette et on y jouait à plein de trucs.
Et je sais, à me rappeler certains hurlements dans mon bled de vacances, qu’il n’y avait pas que les mômes à jouer dans la paille…
Mais bon…
Quelle idée, donc, à propos de paille, de se mettre à importer du pétrole, le « cracker » pour en tirer les matières plastiques puis créer les machines adéquates pour tirer de pâles copies de ce que la nature donne à profusion.
On importe du pétrole pour boire des sodas avec un engin dispendieux et inutile.
Sans compter que « la maladie du propre » contraint le fabricant à livrer ses fausses tiges de blé enveloppées unitairement avec un papier qui, pour fin qu’il soit, nécessite l’arrachage d’arbres qui n’ont rien demandé à personne.
Ce n’est pas que j’ai la fibre écologiste particulièrement développée mais je déteste ce gaspillage qui a réussi à faire entre dans la cervelle de la plupart de nos congénères le concept de « déchet ».
Mais où est-on allé pêcher qu’il y avait des déchets dans la nature ?
À part ceux que nous y semons ?
La nature ne crée pas de déchets !
Tout est recyclé sans qu’il soit fait appel à une machine autre que biologique elle-même alimentée par les déjections d’autres machines biologiques !
Il n’y a quand même que nous pour trouver que nos déjections sont trop bien pour être abandonnées à l’appétit d’insectes divers ou servir de terreau à des fleurs.
En plus, en y réfléchissant un peu plus, nous avons quand même une vague lueur d’intelligence : Nous sommes sûrement la seule espèce capable de créer des machines pour prouver que nous ne servons à rien.
Je connais même un géant du Net qui pense que nous serions tellement mieux sous forme de données et que ce serait l’immortalité.
Encore un qui ne s’est jamais aperçu que la description du parfum d’une fleur n’est pas le parfum de la fleur.
Il me vient à l’esprit une image rigolotte.
L’âme selon ce géant se fabrique.
C’est un tas de choses comme ça.

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Ça ne se crée pas comme ça.

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Ni comme ça :

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C’est pourtant ce qui donne tout son charme à la fabrication des êtres vivants…
Je pense que nous sommes menés en bateau par une poignée de cinglés.
Et je suis sûr que quand il apparaîtra que ça ne fonctionne pas, ils nous affirmeront, du haut de cet oxymore qu’est « la réalité virtuelle » que ce sont les événements qui se sont trompés…
Au lieu de suçoter la paille que nous devons acheter, on ferait mieux de retirer la poutre que nous nous sommes fourrée dans l’œil.



samedi, 15 juin 2019

Une note rasoir, une histoire de l'âme...

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Fabie m’a fait un commentaire :
« Fais comme moi pendant les chimios, couvre le miroir avec une serviette, cela permet de ne voir que ce que tu veux voir... »
Alors là…
Je dois dire que c’est bien une réflexion de fille, ça…
« Et pourquoi ça ? » vous dites vous, lectrices chéries.
Je vous entends penser d’ici « Pfff… C’est même pas vrai, d’ailleurs tout le monde sait bien que les filles passent plus de temps devant leur miroir que les mecs ! »
Erreur, lectrices chéries !
Plus exactement les garçons, du moins ceux de ma génération, ont besoin de se voir dans la salle de bains.
Et pas seulement pour admirer le profil de médaille qui lance à leurs trousses ces foules de filles, hurlantes de désir.
Non, pas seulement pour ça.
Pour une activité quotidienne indispensable si on veut avoir l’air un peu net.
Une activité souhaitée par les mères, qui veulent toujours embrasser « mon bébé, chair de ma chair, mon fils, mon sang ! »
Une activité enseignée par les pères.
Là je ne sais pas trop si c’est parce que c’est leur boulot ou si c’est pour éviter des histoires avec la mère de « mon bébé, chair de ma chair, mon fils, mon sang ! »
Alors, à force de remarques maternelles, de regards vaguement dégoûtés vers cette ombre qui se met à assombrir sa lèvre supérieure, le garçon s’y met.
Je crois vous avoir déjà parlé de cet épisode.
Le garçon des sixties doit absolument se raser.
La mode n’était pas encore à la barbichette ni à la barbe de trois jours perpétuelle.
Je me rase donc depuis longtemps.
Très longtemps…
Et c’est là que je voulais en arriver : Le conseil de Fabie tombe mal !
Pour se raser, le miroir est indispensable.
Ne pas le couvrir, sous peine de se défigurer car dans les années soixante, les lames coupaient assez mal le poil mais très bien la peau…
Et puis, alors subsistent ces taches de poils qui font ressembler la figure à une pelouse mal tondue avec quelques touffes d’herbe.
Hélas, un autre problème arrive avec les années.
Quand vous avez vingt ans, vous passez la lame aisément sur une peau qui se tient fièrement devant le rasoir.
Mais quand vous avez… Bref, quand vous avez plus…
Ça se passe moins bien.
Il vous faut gonfler les joues si vous voulez qu’il vous en reste un peu après le passage de la lame.
Il vous faut lever fermement et fièrement la tête pour éviter qu’un pli ne se forme et que vous ne vous ôtiez un steak de menton.
C’est là que le miroir se révèle indispensable.
Vous découvrez alors que ce vous preniez pour une une nuance langagière prend toute son importance.
Vous découvrez soudain que vous aviez la peau souple et que vous avez la peau molle.
C’est presque pareil.
Presque, seulement…

vendredi, 14 juin 2019

Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !

Ce matin, « heureux d’être au monde et de voir clair », d’autant que je n’étais pas « aveugle des yeux » comme je l’entends parfois, je me suis levé.
Habituellement, je ne vérifie au réveil que quelques détails.
Ne vous attendez pas à quelque leste remarque à propos du baromètre de la santé...
Non, il s'agit de choses, triviales, certes mais importantes :
Reste-t-il du lait ?
Le pain est-il assez frais ?
Doit-il être grillé ?
Toutes ces petites choses de chaque matin.
Ce matin, j’ai vérifié quelque chose d’autre.
Non, toujours pas ça...
Mais aussi important :
Vois-je encore correctement ?
Je me suis approché de la fenêtre, avec un peu d’appréhension toutefois à cause du souvenir de la matinée de mercredi.
Ô merveille ! Ô bienveillance du sort !
Je revoyais comme avant !
Comme quand j’étais petit.
Enfin plus tard car quand j’étais petit je regardais le monde avec deux yeux.
J’ai tourné les yeux vers la droite et j’ai pu lire totalement l’enseigne du bout de la rue.
Et sans plisser les yeux !
Je me suis donc lancé dans la confection du petit déjeuner avec l’enthousiasme de la jeunesse que je pensais avoir retrouvée.
Hélas, pas assez retrouvée puisque qu’à me tortiller j’ai réveillé ce foutu genou…
J’ai fait alors la constatation désolante que la vie n’est pas un chemin continu qu’on aimerait parcourir peinardement.
Il n’est pas non plus seulement plein d’ornières qui font qu’on se relève régulièrement après moult chutes.
Non, en y réfléchissant plus avant, surtout avant qu’il ne soit trop tard, c’est surtout une course de haies, une course d’obstacles.
Après la « haie des dix ans », vous devez sauter celle des vingt ans puis celle des trente ans, etc.
La cruauté de la chose restant que bien que les haies soient de moins en moins hautes, elles semblent de plus en plus difficiles franchir.
Pas tant du point de vue de la hauteur que de celui de la vue.
Puis, passant dans la salle de bains, je me suis dit que finalement, voir moins clair en vieillissant n’était pas forcément un malheur.
Surtout quand on voit ce que je vois dans le fichu miroir de cette fichue salle de bains.
Avant, il suffisait d’une toilette pour effacer sans peine une nuit blanche sur des paupières à peine marquées.
Maintenant, même après une nuit de sommeil, c’est un ravalement complet auquel il faut se livrer.
Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !

mercredi, 12 juin 2019

Ce matin, c’est moi qui ai pris les yeux brouillés…

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Je vous avais parlé hier matin d’un rêve épouvantable la nuit précédente.
Il s’est révélé terriblement prémonitoire.
Bon, les évènements ne sont pas allés jusqu’à l’épouvantable conclusion de ce qui s’est révélé un cauchemar.
Bon, dans ce rêve précité, un crabe à l’œil conduisait à l’énucléation de votre serviteur, même si on se dit au premier abord « un crabe à l’œil c’est pas cher », eh bien « au deuxième rabord » c’est horrible.
Néanmoins…
Que je vous dise, lectrices chéries.
Ce matin donc, j’étais aveugle.
Plus exactement je ne voyais plus clairement les choses.
Essayez donc de lire quand les mots et les images sont doubles et non pas côte à côte ou l’une au dessus de l’autre mais décalées à 45° !
Quelle panique mes chéries ! Quelle panique !
Heureusement, si l’on peut dire, c’est ce matin que la lumière de mes jours et moi avions rendez-vous chez l’ophtalmo.
Heure-Bleue, qui est sensible malgré tout, m’a prêté une de ses nombreuses paires de lunettes.
« La petite rouge » aux verres en forme d’olive qui lui vont si bien du point de vue de l’esthétique m’allaient très bien du point de vue de l’optique.
« Tu m’as fait peur Minou ! Tu as du mal à faire la mise au point ! Tu es devenu astigmate ! »
C’eut été gentil si elle avait gardé pour elle la conclusion : « C’t’un truc de vieux, quoi… »
Nous nous sommes rendus au rendez-vous et sommes quasiment arrivés à l’heure.
Heure-Bleue est passée la première chez la « visionnaire ».
Elle en est sortie assez rapidement et d’humeur assez joyeuse pour que je l’entende du bout du couloir dire « Bon, je vous envoie l’aveugle ! »
Après lui avoir fait remarquer que l’aveugle n’était pas sourd, je suis passé à mon tour chez la dame de la vue.
Après avoir regardé comme elle voulait, dit ce qu’elle voulait entendre, mesuré que je n’avais pas de glaucome ou autre saleté, elle a dit, la garce :
- C’est normal, vous êtes seulement astigmate… 
- Mais enfin, j’ai jamais eu ça !
- Vous savez, on a le cristallin et la cornée moins souples… avec l’âge…
- En somme j’ai de l’arthrose de la cornée et du cristallin.
- C’est ça !
- Euh… À part ça ?
- Pas de cataracte, pas de tension, vous avez plus de 10/10...
- Oh !
- Oui, 12 à 13/10 je dirais, juste astigmatisme et presbytie…
Elle a imprimé l’ordonnance pour une paire de lunettes pour dehors et une paire de lunettes pour dedans.
J’étais entré avec de vieux yeux, je suis ressorti avec des yeux de vieux…

mardi, 11 juin 2019

Les matins du monde...

Ce matin, je me suis réveillé après un rêve épouvantable.
L’épaule de la lumière de mes jours, éclairée par le soleil matinal m’a  mis immédiatement  de bonne humeur.
À revoir cette épaule et ce cou dans la lumière matinale et montmartroise, je me suis rappelé des moments plus anciens.
J’ai eu envie d’aller avec elle me promener du côté de la Bourse.
Qu’elle me reparle de « ce café où il y avait un grand comptoir et où je prenais mon croissant le matin, tu te rappelles Minou ? »
Comme si je pouvais oublier…
Il est juste à côté d’un bistrot disparu depuis longtemps, « La Une » où on déjeunait pour 8,00 F.
Je ne me rappelle aucun des plats.
Seulement la lumière de mes jours, montant les escaliers devant moi, vêtue d’une jupe qui la déshabillait si bien…
Si nous nous décidons à le faire, ce ne peut être ni aujourd’hui ni demain mais peut-être après demain.
Nous passerons rue Chabanais, sans penser un instant à Viollet Le Duc.
Plutôt à Édouard VII, cet Anglais aux paupières lourdes et aux mœurs légères, qui passait là avec du « demi-monde » du temps normalement consacré aux affaires du monde.
Nous flânerons d’un pas lent le long de la rue des Petits Champs jusqu’au passage Choiseul où nous serons désolés par l’invasion de restaurants supplantant les boutiques.
Puis, la rue Saint Augustin jusqu’à l’avenue de l’Opéra que nous remonterons jusqu’à l’arrêt du 95.
Nous nous assiérons un instant en face de « Brentano’s » et, comme chaque fois, nous regarderons ce qui était « la librairie américaine » en disant « elle était toute rouge, tu te rappelles ? Maintenant elle est marron… »
Pire, elle n’a plus rien de la « librairie américaine ».
Ça va être une chouette promenade.
À moins que nous n’allions voir « Douleur et gloire » d’Almodovar…
Ce serait bien aussi.