jeudi, 13 avril 2017
Ce que le mari vaut d’âge…
J’ai ouvert les yeux, comme d’habitude j’ai passé la main autour de moi.
A part moi, pas un chat dans le lit.
J’ai soupiré puis je me suis levé et j’ai fermé les fenêtres.
J’ai eu froid alors j’ai passé « mon gilet de vieux », une loque immonde que j’ai toutes les peines du monde à arracher à la fureur laveuse d’Heure-Bleue.
J’ai peur même qu’un jour elle ne me mette moi dans la machine.
J’ai préparé un seul petit déjeuner que j’ai pris en écoutant la radio.
Comme je fais la vaisselle le soir même et que je range au fur et à mesure, je me suis d’un coup trouvé désœuvré mais je n’allais tout de même pas me mettre à faire les carreaux.
Je suis venu vous voir, j’ai dit un petit quelque chose à celles qui avaient écrit.
Sauf à Armelle, mais elle est très gentille, elle s’est arrangée avec Heure-Bleue pour me donner l’impression que je ne suis pas vraiment seul.
Je suis donc parti comme prévu rue des Petites Écuries à la recherche du « voltigeur merveilleux ».
Evidemment, le café où il était si bon à changé de propriétaire.
Le nouveau est gentil mais son « voltigeur » est, pardonnez moi lectrices chéries, une véritable merde…
Le censément « pain de campagne » est un pain qui mérite de tuer le boulanger à coups de cailloux.
Le jambon est du « premier prix Lidl », comme le gruyère d’ailleurs.
Quant à la salade, je soupçonne le mastroquet de manger le cœur de la laitue et de servir les feuilles extérieures au client.
Bref, tu bouffes de l’herbe…
Le pire ? Eh bien le pire c’est « l’œuf miroir », j’eus préféré qu’il cuisît au four micro-onde…
Heureusement, j’avais face à moi une habitante du quartier d’humeur conviviale.
Nous avons papoté un long moment, elle m’a raconté des anecdotes qui m’ont ramené des décennies en arrière.
Ce fut sympa et nous nous sommes séparés avant de nous mettre à nous raconter nos souvenirs de lycée, le genre de truc qui peut durer des jours…
Je suis parti, rêvassant et j’ai fait tout le chemin au soleil, sans passer par « les passages » ce qui m’est impossible quand je suis avec la lumière de mes jours.
J’étais porté par des souliers qui ont fait tous seuls le chemin jusqu’au « Bistrot Vivienne » où j’ai pris un café à la terrasse en regardant passer les gens.
J’ai vu des choses qui m’ont convaincu que les yeux c’est quand même super utile quand il fait beau.
J’ai encore dans les yeux cette jeune femme vêtue d’une de ces combinaisons déjà là l’année dernière.
Cette fille en portait une de tissu léger, bleu marine à motifs blancs.
J’ai cru qu’elle portait un sous-vêtement du même tissu mais non.
La combinaison était simplement très courte et agrémentée d’un petit volant qui s’arrêtait, comme dit Isabelle Mergault, « au ras du bonheur ».
Bref, cette combinaison la déshabillait plus qu’elle ne la vêtait et ce qu’elle montrait était aussi mignon que ce qu’elle laissait deviner.
Ouais, bon, elle était rousse et avec tout ce qui allait avec.
J’ai gagné un pari quand elle est passée devant moi.
Elle avait l’arrière des jambes qui n’allait pas tarder à lui cuire vu la couleur brique qui arrive aux claires qui « bronzent écrevisse ».
Ça lui apprendra à tenter son prochain en se dévoilant en plein soleil…
J’ai continué mon chemin vers la Madeleine où le 84 annonçait des délais genre disparition du chômage alors j’ai continué.
Vers Courcelles, j’avais dépassé la station quand il est passé devant moi…
Arrivé place Pereire, ce n’était plus la peine alors j’ai fini à pied jusqu’à la Porte de Champerret.
Cette fois-ci j’ai échappé à la passerelle…
06:52 | Commentaires (23)
mercredi, 12 avril 2017
L’occis mort est un pléonasme…
Bon, d’accord Mab, ne dis rien, mais c’était quand même pour toi.
Je suis seul…
Au début je me suis dit que c’était vachement bien.
C’est vrai que c’est bien.
Mais c’est surtout long…
Je me demande si l’idée de rester seul à la maison était si bonne que ça.
Hier je ne suis pas allé à Paris, j’avais des choses à faire, genre étendre le linge lavé par la machine.
Il est évident que passer une semaine à regarder pousser l’herbe n’était pas enthousiasmant.
Surtout quand on a des éponges habituées à respirer des gaz d’échappement quand on est dans la rue.
Les trajets en métro, c’est autre chose, ils me sont interdits quand la lumière de mes jours est avec moi.
Quand elle n’est pas là, j’en profite.
Hélas, ce n’est pas très bon non plus.
Respirer un air qui a été pété six fois au bas mot dans un wagon bondé n’est pas tellement mieux.
Alors dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai.
À Paris.
Enfin, l’aube, n’exagérons pas non plus, pas tout de suite, vers onze heures et demie.
J’irai rue des Petites Ecuries.
Je ne suis pas sûr d’y déjeuner d’un döner.
J’ai quelques souvenirs du coin, je suis sûr qu’il y a encore un café qui fait des « voltigeurs ».
Comment, lectrices chéries ! Vous ne savez pas ce qu’est un « voltigeur » ?
Vous savez je suppose ce qu’est un « croque-madame », ce « croque-monsieur » sur lequel on pose un « œuf miroir ».
Eh bien, un « voltigeur » est mieux encore.
Imaginer une tranche de pain de campagne, tout frais et croustillant que vous faites « toaster ».
Vous y déposez le jambon et le fromage puis, quand tout est parfaitement doré au grill, vous ajoutez un ou deux « œufs miroir », des rondelles de tomate, un petit peu de salade, vous poivrez et vous dégustez.
Ça n’a pas ce côté « vite jeté » du « croque madame » habituel, souvent trop détrempé ou carrément trop cuit.
Comme c’est plus cher, le mastroquet hésite à vous coller un œuf merdique, moitié desséché par un séjour trop long sous le grill.
Je me prépare donc une journée super chouette.
Pour ce que je me rappelle du coin, il y a un bistrot quoi fait ça très bien à l’angle de la rue des Petites Ecuries et de la rue Martel.
J’y ai mangé justement de ces délicieux « voltigeurs ».
Peut-être pas aussi réussis que ceux du tabac de l’angle de la rue de la Jonquière et de la rue Sauffroy, tabac qui s’appelle justement « Le Voltigeur ».
Mais bon, j’ai plus d’attirance pour la rue des Petites Ecuries que pour la rue de la Jonquière.
Et puis, quand j’aurais déjeuné, je pourrai partir sans me préoccuper de quoi que ce soit, mes souliers connaissent parfaitement le chemin qui mène au « Bistrot Vivienne » et ils m’y emmèneront tous seuls.
Vous verrez, lectrices chéries, je rentrerai à la maison et ferai mon travail de mise en ordre sans qu’il soit besoin de me surveiller.
En plus de quatre décennies, j’ai appris à donner l’illusion de l’ordre.
Bon, comme dit la lumière de mes jours, qui ne manquera pas de me le servir, « Avec toi, si les coins veulent être servis, il faut qu’ils s’approchent du balai… »
Mais ce sera une chouette journée, vous verrez.
06:27 | Commentaires (14)
mardi, 11 avril 2017
La sangsue alitée…
De rien Mab...
Lectrices chéries, mes amours, j’ai une info que je viens de vérifier une fois de plus.
Un lit ce n’est bien que quand on est deux dedans.
Sinon je trouve que ça fait un peu catafalque…
Je déteste n’avoir pas cette peau qui me délecte à portée de la mienne.
Même si la peau en question me repousse à coups de pied en râlant que « je suis une pieuvre » et de « Minou j’ai trop chaud ».
Tout jeune, je pensais déjà que l’on ne doit pas être seul dans un lit.
Sauf quand on est à l’hôpital, encore que…
Je suis sûr qu’on guérirait plus vite.
Du coup je suis sorti d’un bond de mon lit quand le soleil est venu frapper au carreau et j’ai préparé un seul petit déjeuner.
En attendant de faire ma toilette, j’ai allumé mon PC et je suis allé voir si une de mes lectrices chéries se souciait de mon sort misérable.
Walou, klum, rien, nada, niente, nichts, nothing.
Bref, que dalle.
Pas une n’est venue me dire qu’elle me plaignait d’être seul et abandonné.
Pfff…
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Non seulement tout est dépeuplé mais celles dont espériez un peu de compassion ont autre chose à faire.
Alors j’ai regardé par la fenêtre.
Comme elle ne donne pas sur la rue, il n’y a que les arbres à regarder.
Au bout de cinq minutes ça m’a saoulé.
Heureusement qu’il fait un temps plus agréable qu’hier, comme ça je vais aller à Paris.
Du côté de la rue des Petites Ecuries.
C’est bien le diable si je ne réussis pas à parler avec quelqu’un…
J’irais volontiers aussi manger une crêpe rue des Martyrs.
Mais là, il ne faut pas oublier de laisser mon smartphone tout neuf à la maison.
Un ou deux smartphones par mois, ça finit par coûter cher…
Regardez ça, quand je vous dis qu’elle me mène en bateau depuis toujours…
09:50 | Commentaires (13)
lundi, 10 avril 2017
Dimanche et toujours pas de belles…
Au lieu de dix minutes de taxi, faute d’avoir annoncé à son de trompe le parcours du troupeau, Heure-Bleue, Merveille et moi avons mis plus d’une heure et demie pour aller de Saint Lazare à Austerlitz…
Avant, je n’aimais pas le sport.
Maintenant, je hais les sportifs.
Cela dit, je plains quand même les coureurs parce que ce matin, la revue de presse de France Inter m’a donné une information qui devrait faire réfléchir les mecs : Selon un sondage récent, un tiers des femmes préfère la course à pied à « la course au pied ».
Les Anglaises préféraient le chocolat au déduit et vous ricaniez, maladroits !
Bon, ça s’est bien passé quand même.
Merveille n’a pas vomi dans le taxi et en arrivant à la maison on ne m’avait pas encore volé mon nouveau smartphone.
J’ai donc abandonné Merveille et Heure-Bleue dans leur wagon et suis parti à pied à mon tour.
Mais d’un pas de promeneur…
Ce fut néanmoins un voyage agréable, j’ai traversé le boulevard de l’Hôpital et suis passé devant le Jardin des Plantes puis j’ai continué le long du quai Saint Bernard.
En passant devant le « Restau U » de la fac de Jussieu, le plus mauvais de Paris du moins quand j’y étais, j’ai vu un type se faire couper les cheveux par un autre dans le jardin qui longe la Seine.
J’ai continué, suis passé devant le Pont Sully, puis le long du quai de la Tournelle que plein de jeunes gens profitant du beau temps avaient transformé en « quai de la ritournelle ».
J’ai pensé à « Sophie qui n’a pas de blog » à cause de la statue de Sainte Geneviève.
J’ai encore flâné jusqu’au Pont de l’Archevêché.
Il est toujours aussi beau et je l’ai emprunté en le regardant d’un air de propriétaire car c’est de là que j’aimerais qu’on jette mes cendres dans la Seine.
Mais bon, il n’y a pas d’urgence…
J’ai continué par le Quai aux Fleurs, où il y a la maison de Jankélévitch et, un peu plus loin la maison où Héloïse et Abélard s’envoyèrent en l’air avant que cette magnifique histoire d’amour ne finisse mal.
J’ai traversé le Pont d’Arcole qui m’a rappelé plein de choses et suis passé devant l’Hôtel de Ville où on m’a regardé bizarrement.
Il est vrai que je me suis payé le luxe d’avoir trop chaud !
Oui, lectrices chéries, votre Goût adoré a eu trop chaud !
Il est vrai qu’un T-shirt, une chemise, un pull de cachemire et un blouson, par ce temps c’était un peu trop mais bon…
J’ai remonté la rue du Temple, où j’ai passé une grande partie de ma vie et, en croisant la rue Geoffroy l’Angevin, j’ai vu que le petit restaurant vietnamien particulièrement sale avait disparu.
Heure-Bleue et moi y avions invité mon père un soir.
Il en avait retiré que ce qu’il y a de meilleur dans la cuisine vietnamienne était le Côtes de Provence rosé.
Il alla même jusqu’à prétendre qu’elle était « assaisonnée à l’eau de Cologne ».
Arrivé à la rue du Grenier Saint Lazare, j’ai voulu prendre le 29.
Hélas ces totalitaristes du « running » avaient décidé que non, qu’il me faudrait compter sur mes arpions pour me déplacer.
Je suis donc allé jusqu’à Saint Lazare.
J’avais fait près de six kilomètres.
Arrivé là, je me suis dit que la passerelle, non…
Alors j’ai fait huit cents cinquante mètres de plus pour aller à la Madeleine.
Là, j’ai constaté que le 84 ne circule pas le dimanche alors je suis retourné à Saint Lazare…
Re huit cents cinquante mètres…
Ce n’est vraiment sympa comme promenade qu’à deux.
Bien sûr on peut rêvasser tranquillement mais on n’y gagne pas forcément.
Il manque plein de choses, les gens, les années, les moments.
Bref il y a un truc en plus : Le Temps…
06:37 | Commentaires (11)
samedi, 08 avril 2017
Plus près de toi, mon vieux.
Je sais, Mab, je sais…
Ce matin, j’ai reçu un long mail d’une cousine du côté paternel.
Une histoire de « cousinade ».
Une « cousinade » c’est comme un enterrement mais où on n’enterre personne.
Juste on fait connaissance de centaines de personnes dont on n’a jamais entendu parler mais qui te disent « on est de la même famille, ton père est l’arrière-petit-cousin de mon arrière-grand’ mère ».
En plus, je n’en connais que deux ou trois sur la centaine et demie qui sera peut-être là.
Ce mail est arrivé justement quelques jours après une lettre de ma grande sœur.
Lettre qui retraçait la carrière militaire de mon père.
Il fut décidément un homme très courageux.
Il le prouva en supportant ma mère et nous plusieurs décennies.
Parce que la guerre, pour avoir vu des tas de films de guerre, je sais que c’est facile.
Enfin... Dans les films…
Plus que ma mère en tout cas, parce que je la connais, elle…
D’ailleurs je le soupçonne dans mes moments de déprime d’avoir choisi l’amiante, histoire d’avoir une bonne excuse pour nous planter là.
J’ai donc lu la lettre de ma grande sœur.
En la lisant, une photo m’est revenue à l’esprit.
Une photo prise en Italie pour ce que je me rappelle.
Je la revois comme si elle était sous mes yeux, ce jour de soleil dans notre logement du XVIIIème.
C’est une photo « noir & blanc » sur laquelle on voit trois jeunes hommes en treillis, ces treillis unis qui n’avaient rien à voir avec les « tenues léopard » modernes.
Ma mère me la montre, assise à côté de mon père alors que je suis encore un gamin de pas même quatorze ans.
De ces trois jeunes gens, je me rappelle évidemment mon père qui était encore extrêmement mince et un autre, celui que mon père appelait « Jésus » à cause de sa ressemblance avec le crucifié due à la barbe qu’on lui voit souvent et des cheveux plutôt longs.
Tous trois avaient les cheveux bien longs pour des soldats mais l’absence des coiffeurs se fait cruellement sentir sur les champs de bataille.
Alors que j’écoute mon père raconter comment cette photo a été prise, un détail me frappe : Les fusils sont couchés à leurs pieds, les trois jeunes gens me semblent décontractés mais ils ont le casque attaché à leur ceinture.
- Pourquoi vous avez le casque à la ceinture et pas sur la tête ?
- Parce que tu vois, fils, une balle dans la tête et hop « adamacanne et mon chapeau » alors que si tu la prends « là », à quoi ça te sert d’être vivant ?
- Et autrement ?
- Autrement, des fois tu meurs, des fois tu meurs pas…
Bien plus tard il a expliqué à la lumière de mes jours « Tu sais, ma fille, la mort par hémorragie est une mort très douce, on s’endort… »
Heure-Bleue en est tombée d’accord qui avait bien failli, elle aussi de cette façon, laisser la vie en la donnant à l’Ours.
Bref, il savait ce qui était important, mon père.
Un jour je vous dirai ce qu’est « adamacanne et mon chapeau »…
09:36 | Commentaires (9)