samedi, 18 mars 2017
L'homme de Cro-Mignon...
Hier, j’ai mis mon caban car le blizzard s’est de nouveau abattu sur mon coin avec des températures sibériennes, genre 14°C.
En mettant dans une poche la liste de courses, un petit quelque chose a glissé sous mes doigts.
J’ai ressorti un petit caillou.
Je l’ai parfaitement reconnu.
C’est le petit caillou que j’ai dégagé mercredi après-midi sur la demande pressante de P’tite Sœur.
Elle me l’avait donné.
Puis repris.
Elle l’a sans doute glissé dans ma poche quand on est arrivé à l’autre jardin.
Je sais que comme sa sœur et sa grand’ mère paternelle, elle a une mémoire infaillible pour les détails sans importance.
Le genre de mémoire qui, au hasard d’une phrase mal choisie vous fait jeter à la figure des bêtises que vous avez faites il y plus de trente ans…
Pour éviter des histoires avec P’tite Sœur, je l’ai donc dès le retour à la maison, posé à côté du même petit caillou mais donné par Merveille au square des Batignolles un matin de printemps de l’an de grâce 2010.
A côté de ceux donnés en 2011.
Sur le bord d’une des étagères de la bibliothèque, il y a côte à côte six petits cailloux ramassés par deux petites filles qui ont un jour fait un cadeau à leur papy.
07:35 | Commentaires (13)
vendredi, 17 mars 2017
C'est Saint Patrice, j’ai l’ire landaise…
Je sais, Mab, j’ai honte…
Mais aujourd’hui, c’est ma fête.
En plus ma cuisine est quasi neuve.
Je n’ose même pas faire cuire un œuf dur de peur de laisser sur la plaque une trace de tartre impossible à retirer sauf à laisser une rayure sur le verre encore impeccable.
Pareil pour le four.
J’y ai fait le week-end dernier, cuire un poulet.
Je me suis échiné, le four à peine froid, à chasser la moindre gouttelette susceptible de cuire et recuire et laisser ainsi un four quasi centenaire en trois poulet et deux gratins.
Tout est encore bien propre.
Mais pour combien de temps ?
La vie avec la lumière de mes jours est émaillée, depuis que je suis maître-queux, de réflexions sur les traces de thé qui ressortent sur un plan de travail mélaminé « comme le bon dieu a fait les bossus », à vue de nez.
Oui lectrices chéries, la mode est à « l’agglo mélaminé » plutôt que « formicaté ».
L’avantage ? C’est moins cher !
L’inconvénient ? C’est poreux.
Pour un plan de travail, c’est grave...
Une tache ?
Un coup d’éponge.
Dix minutes passées ?
Réapparition quasi magique de la tache.
La lumière de mes jours, qui avait vu la tache, repasse une demi-heure plus tard et la voit de nouveau. Alors :
- Minou ! T’es crade ! Tu aurais pu nettoyer la tache !
- Mais enfin, je l’ai nettoyée !
- Naaaan !!! Pfff… Vraiment…
Elle prend le produit qu’elle pense magique.
Frotte.
Refrotte.
L’appartement empeste le vinaigre, ça me rappelle le Boul’ Mich’ de mai 1968, ça pique les yeux et le nez.
- Regarde Minou ! Tu vois bien que ça s’en va ! Pfff…
Je ne dis rien, c’est comme la pièce « Patate », au moins trois mille représentations, toujours un succès.
Une heure après, Heure-Bleue repasse devant le plan de travail.
- Miiinoouuuu !!!!
- Ma Mine ?
- T’as refait une tache de thé !
- Je n’ai pas encore fait le thé…
- Alors t’as mal nettoyé la dernière fois.
Je ne dis pas que « la dernière fois » c’est justement qui fait que l’appartement empeste.
Comme c’est le même film depuis octobre 2014, je renonce.
Je viens de décider que jusqu’à notre prochain déménagement, les repas seront composés exclusivement de sandwiches au « jambon dégraissé découenné », une vraie m…, et d’un grand verre d’eau du robinet.
Nous ne boirons du café qu’au Bistrot Vivienne.
Nous ne boirons du vin qu’au restaurant.
Nous ne mangerons « d’entrecôte marchand de vin » - le truc qui tache bien- qu’au restaurant.
Tout comme le clafoutis aux cerises ou le fondant au chocolat.
Ne reste plus qu’à convaincre Heure-Bleue du bien-fondé de cette approche destinée à conserver une propreté clinique à un plan de travail mal foutu.
Bref, c’est le 17 mars.
C’est la Saint Patrice…
09:16 | Commentaires (14)
jeudi, 16 mars 2017
Tandis qu'elles, m’émerveillent…
La journée fut fatigante.
La matinée pour cause de démontage de meuble dit « meuble four » et montage du nouveau meuble dit « meuble four ».
L’après-midi pour cause de petites-filles.
Quand l’heure est arrivée d’aller chercher de quoi parfaire l’épuisement, j’ai laissé le four par terre au milieu de la cuisine et la table vitrocéramique en appui contre un meuble.
J’ai pensé naïvement « tiens, ça va me reposer de mon boulot de déménageur depuis deux jours… »
Je t’en foutrais, moi, du repos !
Je suis allé récupérer P’Tite Sœur à la maternelle.
Elle m’a d’abord montré son « cahier de réussite », avec un dessin très figuratif mais dont je ne sais toujours pas ce qu’il figurait.
Puis, tout le long du chemin qui mène à « la grande école » elle a causé, ri et dansé.
Rien qu’à la regarder j’avais déjà les genoux usés.
Mais où prend elle tous ces kWh ?
J’ai soupiré de soulagement en arrivant à l’école de Merveille.
Heure-Bleue et le père d’une autre enfant attendaient derrière la grille.
Je suis entré dans l’école et j’ai failli tomber à la renverse parce qu’en la prenant à la sortie de la classe elle m’a fait un bisou.
Un truc comme ça devant ses camarades de classe ne pouvait signifier qu’une chose :
J’étais à la fois bien peigné et j’étais habillé comme il lui plaît.
Cela dit, elle a illico commencé à faire la gueule…
Alors nous sommes tous partis « au Chinois d’à côté ».
Ça s’est un peu arrangé jusqu’à ce que nous allions au jardin près du restaurant.
Merveille a eu alors cet air, ce petit quelque chose qui fait qu’on comprend pourquoi il y a des enfants martyrs.
La lumière de mes jours l’a emmenée ailleurs chercher des sous au distributeur et ça a pris des heures.
Heures où j’ai dû servir d’esclave à P’Tite Sœur ravie d’être sans sa sœur.
Eh bien, c’est pareil que quand Merveille était petite : C’est la mine.
Elle ramasse les petits cailloux, les compte, me les montre.
Il m’a fallu me mettre à genoux pour décoincer un petit caillou entre deux planches.
J’ai réussi.
Elle me l’a donné.
Elle me l’a repris.
Heure-Bleue et Merveille sont revenues juste avant que je ne sois tenté de vendre P’Tite Sœur à un pédophile.
Merveille a « rechougné » nous sommes partis vers un autre jardin.
Merveille m’a alors raconté tous les malheurs qui frappent une petite fille de dix ans.
De sa mère qui l’inquiète, de son père qui l’énerve, de son petit camarade de cœur qui n’est pas là, de copine avec qui elle se fâche régulièrement, qui essaie de lui piquer son dessert ou son fromage.
Elle m’a très longuement parlé de sa copine, de ses reproches, de ce que la copine reproche à ses parents et à elle.
Je connais la copine, elle est très boulotte et je sais qu’elle envie un peu Merveille parce qu’elle la trouve belle et mince et qu’elle voudrait être comme elle.
La vie de petite fille de dix ans en 2017 n’est décidément pas plus facile que celle de petit garçon de dix ans en 1959…
10:10 | Commentaires (10)
mercredi, 15 mars 2017
Une journée pleine de vis.
De rien Mab…
Hier, avant que je ne m’échine à démonter les meubles en ruine de la cuisine et monter les meubles qui vont les remplacer, nous sommes sortis avec l’idée de tester le döner de l’autre côté de la passerelle.
Nous avons regardé.
Nous sommes ressortis.
La broche tournait paresseusement, ne parvenant pas à griller, ni même à cuire une viande triste.
Le personnel était aussi peu engageant que la viande et les clients tristes eux aussi.
Nous sommes entrés chez l’Italien un peu plus loin dans l’avenue.
Là, une femme avenante nous a accueillis et servis.
C’était bon mais la lumière de mes jours a tout de même noté que « pour les boulettes, Minou, il n’y a pas photo, les tiennes sont meilleures ! »
En me rengorgeant j’ai failli tacher mon pull de sauce tomate mais non, ça s’est bien passé.
En revenant tranquillement, nous sommes passés devant la boutique de télés.
La boutique qui a pour enseigne « Grundig » quand la voiture du boutiquier a pour enseigne « Philips ».
Le boutiquier a enfin fermé sa boutique.
Il a dépassé l’âge de la retraite depuis un moment mais préfère traîner dans sa boutique.
Quand nous sommes passés, il était en train d’y faire de menus travaux, peinture, enduit, etc.
J’ai dit à Heure-Bleue :
- T’as vu le mec de la boutique en face ?
- Je suis sûre que ce type s’emmerde chez lui…
Ça m’est alors revenu :
- Ben… T’as vu sa femme…
La lumière de mes jours eut l’occasion de la croiser.
Elle en a gardé le souvenir d’une femme qui avait tout pour effacer des dictionnaires le mot « concupiscence »…
09:03 | Commentaires (6)
lundi, 13 mars 2017
L’air du temps…
J’ai claqué la porte, bien décidé à ne pas revenir.
« C’est ça ! Va-t-en ! » Avait-elle crié.
Comme toujours, j’ai traîné dans le coin, acheté un journal et bu dix cafés en le lisant.
Comme toujours, j’ai trouvé que le café n’était pas bon.
Comme toujours, j’ai trouvé qu’il n’y avait rien d’intéressant dans le journal.
Comme toujours, quand on se disputait, le monde avait un goût détestable.
J’y ai pensé un moment et je me suis rendu compte que je ne savais même plus comment avait commencé cette dispute.
Probablement un de ces détails qui les causaient depuis toujours.
Une porte d’armoire mal refermée, une porte laissée ouverte, une goutte de dentifrice sur le miroir de la salle de bains, bref, une vétille.
Evidemment, ce qui était une vétille pour moi était important pour elle.
Non qu’elle fût maniaque, simplement je n’accordais pas comme elle l’attention désirée à ce qu’elle considérait comme important.
Nous avions donc entamé une de ces disputes qui tournaient rapidement à un spectacle qu’on eût pu monter à la Fenice…
Je ne voyais plus mon journal étalé sur la table.
Mon dixième café était froid.
Je l’ai bu machinalement, suis allé payer au comptoir et suis sorti.
J’ai traîné les pieds un moment, le temps de descendre jusqu’au métro.
Je me suis rappelé qu’on ne traîne pas les pieds.
Une odeur marquée de gardénia m’a attrapé par le nez devant une parfumerie.
J’ai regardé la vitrine.
Un flacon dont le bouchon faisait penser à un oiseau arrêté en plein vol m’a semblé parfait.
Je suis entré, ai demandé un paquet cadeau pour le parfum.
Je suis reparti avec mon petit sac blanc à la main.
Arrivé à la maison, j’ai trouvé la fenêtre ouverte.
Je n’ai même pas râlé sur l’imprudence de partir en laissant la fenêtre ouverte et j’ai posé mon petit sac blanc sur la desserte.
Quand j’ai fini de regarder les narcisses efflorescents, j’ai vu le petit sac marron posé à côte du petit sac blanc.
Je me suis dit « Tiens ? Elle s’est consolée en achetant quelque chose… »
Puis « Mais où est-elle ? »
Elle était là.
Derrière moi.
Je me suis retourné, elle avait l’air faussement pincé.
Je lui ai dit :
« Je t’ai trouvé « l’Air du temps » ! »
Elle avait du mal à contenir son sourire.
« J’ai trouvé ton « Vetiver » ! »
J’ai soupiré de soulagement.
Je déteste être fâché avec elle…
09:05 | Commentaires (19)