jeudi, 27 octobre 2016
L’ange vain…
Je la déteste.
Je la hais.
Pourtant, elle est mignonne et habituellement je l’aime.
Mais pas là.
Je déteste qu’on me force à dormir dans le canapé.
Elle-même précise « On ne t’a pas forcé, Papy, on t’a juste dit « tu es obligé », c’est tout… »
Voilà ce que c’est qu’avoir fabriqué avec Heure-Bleue un fils qui lui-même a fabriqué Merveille avec JJF.
Merveille a une hérédité très lourde.
Hérédité entièrement vouée à martyriser Papy.
On me pique ma place dans le lit.
On me pique la chaleur de la lumière de mes jours.
On me laisse dormir, seul et abandonné de tous sur un canapé entièrement « rembourré avec des noyaux de pêche ».
Ouais, on a fait ça !
- Fallait dormir avec Merveille, elle est chaude comme une petite caille !
A alors dit Heure-Bleue.
J’ai grommelé :
- Un vieux ça ne dort pas avec des petites filles…
Et c’est là qu’on voit toute la rouerie des petites filles, particulièrement Merveille.
Elle contredit Mamie d’une voix douce :
- Mais non Papy, toi c’est pas pareil et puis t’es pas vieux…
On voit bien que cet après-midi on va au « Jardin d’Exploitation »…
09:18 | Commentaires (15)
mercredi, 26 octobre 2016
Les faits, mes rides…
J’ai profité d’un temps de Toussaint et d’une envie d’indépendance qui nous a saisis, Heure-Bleue et moi, pour aller traîner à Paris tout seul.
Bon, m’entendre tousser agaçait la lumière de mes jours et m’a poussé à aller voir le médicastre.
J’en ai profité largement.
Heure-Bleue ne supportant pas d’être enfermée sous terre, nous prenons habituellement le bus, alors j’ai profité de ma solitude pour prendre le métro.
Ça transforme un voyage qui peut prendre plus d’une demi-heure en un bref parcours de moins de dix minutes.
Sauf les milliards de marches à République parce que la ligne Levallois-Gallieni est profondément enterrée et les escalators rares et n’emmènent que du premier sous-sol au trottoir, tout s’est bien passé.
J’ai un peu traînassé avant d’aller chez le médecin où la visite fut finalement brève.
Je vais plutôt bien, merci…
J’ai pas mal traînassé après aussi et j’ai fini par prendre le bus.
Finalement j’aime bien ce temps gris et doux d’automne à Paris.
Non, l’air n’y sent pas que l’essence.
Il reste assez d’oxygène pour rêver en traversant les squares.
J’ai justement traversé le square du Temple.
Mes semelles y ont été brusquement rendues collantes par des décennies de souvenirs alors je me suis assis quelques minutes devant la mare où se chamaillent quelques canards.
Le temps de décrotter mes semelles…
Puis, revenu en octobre 2016, je me suis levé et suis allé traîner jusqu’au Monop’ de Temple où j’ai trouvé la « quiche provençale bio » qu’aime la lumière de mes jours ces temps ci.
J’ai remonté le boulevard Saint Martin.
Ça m’a semblé bizarre parce qu’il était animé, ce qui est plutôt rare à cette heure jusqu’à ce que je me rende compte qu’il était près de cinq heures.
Alors qu’étonnamment j’étais à l’arrêt quand il est passé, j’ai pris le bus.
Le 20.
Il m’emmène à Saint-Lazare.
Il s’est arrêté au feu du dernier numéro du boulevard Montmartre, juste avant d’arriver boulevard des Italiens, pile à la fin de la rue de Richelieu.
Ça m’a rappelé un épisode sympa de ma jeunesse folle.
Du coup je me suis aperçu qu’il y a des coins de soi qui ne vieillissent pas vraiment.
Je ne sais pas trop à quoi ça tient mais c’est comme ça.
Plein de choses vont de travers mais d’autres restent immuablement jeunes.
Ça ne paraît pas mais ça vous transforme une journée de Toussaint en matinée de printemps comme de le dire.
Ce n’est pas palpitant, lectrices chéries, mais j’avais envie de vous le raconter…
10:06 | Commentaires (12)
lundi, 24 octobre 2016
C'est un merlan, il fait des mises en plie...
Traîner dans les palaces, frimer à picoler des gin-tonic dans les bars des grands hôtels, servi par des pingouins obséquieux.
« Tout ça jusqu’à la fin de tes jours ! »
C’est ça qu’il avait dit le chef.
Je savais même pas c’que c’était « obséquieux », j’croyais qu’c’était un truc pour t’emmener boulevard des allongés, une cérémonie, quoi…
Et puis on s’retrouve là.
Tous les trois, à s’mater comme des maridas jalminces.
Des fois qu’un d’nous s’tirerait en loucedé, comme un péteux.
Bon sang, mais qu’est-ce qu’on fout là, sur cette plage où il fait un temps de merde !
Qu’est-ce qu’on attend, hein ? Tu peux m’le dire, chef ?
Il avait dit « faut s’faire oublier les mecs ! Un casse comme ça, ça va rester dans l’collimateur des chaussettes à clous pendant un bail ! »
« Faut que j’mett’ l’affure au frais. » comme il a dit…
Et nous alors, on fait quoi, hein ?
« Vous attendez. » qu’y nous a dit.
Trois semaines qu’on poireaute !
Alors on fait quoi chef ?
Y répondra pas vu qu’il s’est tiré le premier.
Je nous vois bien barrés pour passer notre retraite à la plage et calancher dans le sable.
Mais qu’est-ce qu’on a été con, bordel ! !
11:48 | Commentaires (11)
samedi, 22 octobre 2016
Tu n’as fait que mal à ta Turque…
De rien Mab...
Hier, comme prévu, nous sommes allés à Paris, une liste de tâches à accomplir monstrueuse.
Il était question de refaire le plein de dosettes Clooney, de déjeuner d’un « döner » dans notre gargote favorite, de boire un café ailleurs que dans le passage Verdeau puis, après avoir pris le pain, de rejoindre la Madeleine pour y prendre le bus.
Tout s’est déroulé.
Pas dans l’ordre prévu, et tout à fait imparfaitement…
Nous avons commencé par le « döner » après un trajet calme, si calme que nous avons failli rater l’arrêt du square Montholon.
Nous attendions qu’on nous amène nos « döner » quand l’attention d’Heure-Bleue fut attirée par un évènement, certes courant mais habituellement plus discret.
- Minou ! Les deux types sont entrés dans les toilettes !
- Ensemble ?
- Ensemble !
- Bon… Ce sont des Turcs, tu sais ce qu’on dit des Turcs…
La lumière de mes jours fit alors part de ce qu’elle avait vu au serveur.
Il s’empressa de transmettre l’information au restaurateur qui remarqua platement « Bah ! On est en France »
C’est là que j’ai pu constater la pertinence du syndrome dit de « la bizarrerie de l’autre »…
Puis nous sommes partis boire notre café ailleurs.
Nous avons découvert une « rue cachée », la rue Ambroise Thomas, nous l’avons empruntée « à rebrousse-poil », elle finit sous un porche monumental et donne dans un endroit abrité pour commencer rue Richer et est absolument magnifique.
Nous avons eu l’idée, qui s’avéra saugrenue, de le boire ailleurs qu’à l’abri du passage Verdeau.
Notre promenade se déroula sous une pluie légère, le truc qui vous dégoûte de vous laver les cheveux.
Vous avez remarqué ?
Vous vous lavez les cheveux, ils sont bien, doux, soyeux et tout.
Vous sortez, il se met à bruiner et en deux minutes vous avez une tignasse grasse et « pendouillante » prompte à dégoûter tous ceux qui vous regardent.
Nous avons atteint le café Costa boulevard Haussmann et, histoire de ne pas boire sous la douche, nous nous sommes assis à l’intérieur.
C’est là, lectrices chéries, que nous avons assisté à une conversation telle que je l’ai notée afin de vous la restituer « verbatim ».
La table voisine était occupée par un trio de jeunes gens, une jeune fille plutôt discrète, un métis beau comme un dieu et assez gentil et délicat et une autre très « enfant gâtée ».
Cette dernière abusait du terme « faute de goût » et le clamait pour le café entier au point que j’ai pensé que la « faute de goût » c’était elle…
Un moment, la jeune fille plus discrète dit :
- Le mec, y m’fait un cadeau je trouve pas terrible, le mec y m’dit « J’ai mis 120 € ! »
- Whaou ! Ça s’fait pas ! C’t’une faute de goût !
- On te dit pas, à toi ?
- Ben non, mais après j’vais sur le Net et je sais si y s’est foutu d’moi…
Ouais lectrices chéries, elle a dit ça, « faute de goût » !
On est parti parce qu’elles nous saoulaient à parler trop fort et on est allé chez Clooney en passant par la rue Vignon.
Là on a repéré deux boutiques.
Une qu’on va éviter parce qu’elle est idiote et chère.
J’ai appris qu’il existait un « Créateur de miels », j’ai toujours cru que c’était le job des abeilles mais après tout…
L’autre qu’on va éviter parce qu’on y vend des bidules délicieux mais qui suscitent la vengeance de la balance ce matin…
09:58 | Commentaires (13)
jeudi, 20 octobre 2016
La compagne de mes ans vit…
Elle a cru qu’il était tôt mais non…
Comme chaque fois qu’elle se réveille trop tôt, la lumière de mes jours vérifie que je dors.
Elle ne me secoue pas, non, elle s’y prend de façon plus insidieuse.
Elle se retourne.
Passe la main doucement autour d’elle, comme si elle craignait soudain d’être seule.
Elle me passe la main sur le bras ou l’épaule.
Parfois elle se colle –l’hypocrite, je sais qu’elle a trop chaud-.
Il lui arrive même de me prendre la main puis, réussissant à « chuchoter à haute voix » :
- Minou, tu dors ?
- Je croyais, ma Mine…
Superbe, elle se renseigne gentiment :
- Tu n’as pas envie de faire pipi ?
J’ai à peine le temps de me lever, pour justement…
Elle ajoute :
- Minou, je suis réveillée depuis, pfiouuu… Cinq heures.
Elle s’est endormie peu de minutes après moi.
Je le sais parce qu’elle s’est endormie en sursaut, la lumière allumée, son livre sur le ventre.
Elle m’a alors réveillé en se tournant pour éteindre la lumière, son bouquin est tombé et je sais quand parce que j’arrive à lire l’heure du décodeur depuis le lit.
D’accord, elle a peu dormi mais elle a « comaté » jusqu’à près de sept heures…
Je vois bien comment elle fait.
Ça ne m’empêche pas vraiment de dormir.
Sauf quand elle se précipite hors du lit, entraînant la couette et me laissant, quasiment gelé sur le drap du dessous, la peau exposée à l’air glacial qui se précipite sur moi car la fenêtre est ouverte et que les nuits sont froides.
Mais que voulez vous, lectrices chéries, elle m’a tiré tant de fois du sommeil…
Déjà, je partageais ses nuits depuis peu quand elle fut dévastée par une rage de dents.
Là, je m’en souviens, j’ai mal dormi mais elle avait si mal…
Puis il y eut ces angoisses qui la tenaient éveillée et où il fallait partager le poids d’icelles.
Puis des craintes diverses.
Ces temps ci, c’est JJF qui l’inquiète.
Je ne dirai rien.
Je suis sûr que je fais parfois partie des raisons qui la tiennent éveillée la nuit.
Mais non, voyons, je ne pensais pas à ça.
Quoique, en le disant…
Il y a tout le reste.
Toutes ces nuits et toutes ces années partagées…
Alors, rien que pour entendre « Minou, tu dors ? ».
Ça vaut le coup, non ?
10:09 | Commentaires (14)