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mercredi, 08 juillet 2015

L'enfant à la voix dort...

Hier c’était dentiste.
Dentiste ça veut dire Merveille et P’tite Sœur.
Heure-Bleue préfère maintenant dealer seule avec le dentiste alors je vais chez les enfants attendre qu’elle nous rejoigne.
Ça tombait bien, P’Tite Sœur dormait du sommeil du juste, assommée par la chaleur.
Ça m'a reposé...
Regardez la :

Ptite Soeur.JPG

Elle est pas belle, cette petite ?
Quand elle est comme ça on en aurait douze…
J’ai eu la chance d’échapper à son réveil…
Merveille, elle, était étonnamment d’une humeur charmante qui m’a traîné dans sa chambre me montrer un de ses derniers secrets.
Elle a maintenant un journal intime. Il a failli rester vraiment intime pour des années, elle n’arrivait plus à en trouver la clef…
Elle a commencé à me le lire. Un moment je n’ai pas compris ce qu’elle disait, je lui ai dit :
- Fais voir ça, Beauté.
- Mais non voyons, papy, c’est secret !
- Mais tu es en train de me le lire à haute voix !
Elle m'a jeté un regard désenchanté, un peu triste.
- Je suis bête, hein…
- Oh que non ! Merveille, loin de là…
Du coup j’ai gagné un bisou et elle m’a proposé de jouer aux billes.
J’ai gagné haut la main ! J’ai ramassé tous les « calots » !
C'est le seul truc positif, à part l'art d’ergoter, que j’ai ramené de chez les Frères.
Si vous avez oublié, lectrices chéries, je vous dirai ce qu’est un « calot ».
Puis Heure-Bleue a téléphoné alors Merveille et moi sommes allés la chercher.
La lumière de mes jours a été vivement invitée à une partie de billes et j’ai profité d’un moment de paix pour papoter avec mon fils et boire un express serré.
Nous avons été sorti de la torpeur caniculaire par le désespoir de Merveille.
Elle a vraiment la communication théâtrale, cette petite.
Heure-Bleue a envoyé paître Merveille et a rendu son tablier en me priant d’aller m’occuper de ma petite-fille.
- Ouuiinn ! Mamy dit que j’ai triché.
Ça ne m’a pas étonné, Merveille triche, elle veut même m’apprendre…
J’ai pesté après sa mauvaise foi.
Elle a repris de plus belle.
- Ouuuiiiinnn !!!! Personne ne m’aime !
- Mais non, Merveille, tu ne peux pas dire ça…
Soupir…
- C’est vrai ?
- Bien sûr, il y a encore plein de gens qui ne te connaissent pas encore !
- Ouuiiiinnn !!!!
Quand je vous dis que cette petite comprend vite.Il m’a fallu la consoler.
Je suis bon pour la piscine jeudi prochain…

lundi, 06 juillet 2015

Le sujet, le verbe et le compliment…

Une commentatrice a fait, sur une  de mes récentes notes une remarque qui m’a soufflé.
Du coup je suis tombé immédiatement raide dingue de Gwen.
Je ne la connais pas mais je suis sûr qu’elle est parfaite.
En plus elle a tout de suite remarqué ce qui me différencie du commun des mortels.
Ce qui va me permettre désormais de faire des dégâts dans les rangs de la moitié de l’humanité.
A moi le monde !
Prudent tout de même, et aussi étonné que si on m’avait dit que j’avais deux yeux, et bleus en plus, j’ai fait part à Heure-Bleue de la remarque de cette lectrice chérie.
Erreur tragique.
J’ai dit à Heure-Bleue  :
- Tu te rends compte ma Mine ? Je ne peux pas le croire !
- Quoi donc ?
Je lui ai lu le commentaire de Gwen.
Il n’a pas fallu trois secondes pour que je regrette d’avoir consacré l’essentiel de ma vie à la lumière de mes jours.
- Bon, Minou, heureusement que tu n’étais pas au courant…
- Pourquoi donc ?
- Tu es déjà convaincu de ton intelligence…
- Hmmm ? Quoi ????
- Si en plus tu avais pensé que tu étais beau, tu aurais été carrément imbuvable…

La vache ! On ne peut vraiment se fier à personne.
Mais pourquoi diable les coups de poignard les plus mortels viennent-ils de ceux qui nous sont les plus proches ?
J’avais de quoi paraphraser César, sur ce dernier coup de stylet en plein milieu de l’amour propre cœur …
Je me serais bien vu, m’affaissant lentement sur le parquet, une main fine et blanche tentant vainement de se retenir à la table pour freiner une chute hélas inéluctable,  mon T-shirt remplacé par une toge immaculée, une tache de sang s’élargissant sur ma vaste poitrine et soufflant, dans un rale d’agonie « tu quoque, uxoris… Aaaarrgghhh… ».
Ça, ça aurait eu de la gueule !
Quand même, lectrices chéries, vous ne trouvez pas dommage que les illusions de la lumière de vos jours s’envolent avec les années ?

dimanche, 05 juillet 2015

La gent secrète...

Il faisait encore chaud hier soir.
Exceptionnellement je ne me suis pas couvert quand je me suis couché, Télérama à la main.
J’aurais dû avoir mon bouquin à la main mais Heure-Bleue m’avait enjoint de lire un article qui lui avait plu.
Je sais pourquoi il lui avait plu.
Il était écrit par une journaliste qui se piquait d’être essayiste mais surtout écrivait entièrement en « parler fille ».
J’ai d’abord remarqué que le premier paragraphe était un cafouillon total.
On aurait dit la coiffure d’Heure-Bleue.
Puis, en lisant plus attentivement, j’ai compris que la journaliste et les deux psys qu’elle citait découvraient, avec le retard des gens dont la vie sociale est agitée, que rester peinard chez soi était agréable.
Mieux même, que ne rien faire, voire s’ennuyer un peu était bénéfique.
Du haut de leur longue expérience, les deux psys se rendaient compte que l’ennui leur permettait de « ranger leur cervelle », de la même façon que les enfants ordonnent leur pensées en s’ennuyant.

J’ai dit à la lumière de mes jours :
- Ouaip, elles ont découvert que ne rien faire, c’est bien aussi. Savent pas s’arrêter pour rêvasser. Savent que courir.
- C’est vrai. Même si on s’ennuie parfois…
- En fait, c’est bien de glander…
C’est là que la lumière de mes jours a eu cette remarque délicieuse :
- Je peux te dire quelque chose, Minou ?
- Bien sûr, ma Mine.
- Tu sais quoi ? La glande, c’est mieux à deux…
Je l’ai regardée attentivement.
Elle a réfléchi une minute, a haussé les épaules.
- Pfff…
Puis nous avons eu un fou-rire et, quand ça s’est calmé elle m’a dit :
- J’ai toujours été comme ça ?
- Hon hon…
- Tu crois que c’est pour ça que des fois on m’a regardée bizarrement quand j’étais jeune ?
- Probable...
- Ils se demandaient « si c’était du lard ou du cochon » ?
- Oh… Ils espéraient que c’était du cochon et concluaient sans doute que tu étais innocente…
Là, elle n’a rien répondu.
Je n’ai pas insisté, j’ai pris mon livre.
Il y a des moments comme ça où, hein…

samedi, 04 juillet 2015

Sirocco, si Freddy…

De rien, Mab, de rien...
Un vent brûlant parcourt déjà le coin.
Il n’y a pas que sur « Elm street » qu’il y a des cauchemars…
Les nuits lui semblent épouvantables.
Moi-même je crains « Les griffes de la nuit » en cas de contact involontaire.
Oui, lectrices chéries, Heure-Bleue fond…
Hélas, ce n’est pas à me regarder.
Alors que je viens de mettre le ventilateur derrière elle, l’ai branché et qu’il se démène de toutes ses petites et laborieuses pales pour déplacer un air à la température somme toute raisonnable de 29°C, Heure-Bleue peste.
Aujourd’hui, les seules idées autorisées à votre serviteur seront d’aller acheter un melon, préparer une salade de tomate et préparer des « rico ».
La lumière de mes jours me jette un regard dissuasif à peine je lui dis quelque chose.
Comme si, chaque fois que je m’adressais à elle, c’était faire monter sa température.
Il y a cinq minutes, à la faveur d’une ombre passagère, elle a soufflé :
- Pfff… Tu as de la chance toi, tu supportes bien la chaleur.
Pour être sûre, elle me demande d’approcher et me fait tendre le bras.
- Pfff... Tu pues même pas !
Ajoute-t-elle, dépitée, alors qu’elle même, comme toutes les vraies rousses...
Je sais. Elle a trop chaud. Je ne peux pas l’ignorer.
De soupirs en regards envieux face à mon équanimité, elle me déteste, je le sais.
Avant elle disait « Minou j’ai trop chaud… »
Maintenant que la lumière éclatante est revenue, elle me jette :
- Je te hais ! Semi-rebeu, va !
Je me rappelle que cet aspect de votre Goût l’avait justement intéressée.
« Tempus fugit, amor manet » qu’y disaient…
Je t’en fous, ouais ! C’est plutôt « Tempus fugit, amor dito »…
Pourtant, légèrement vêtue et exempte de tout hâle superfétatoire sur sa peau pâle et transparente, hein…
Bref, elle rate quelque chose.
Cela dit, il ne me reste qu’un œil, alors…

vendredi, 03 juillet 2015

La mère est agitée...

Berthoise a écrit hier une note délicieuse.
Et je suis sûr qu’elle vous remue aussi, lectrices chéries.
Bon, moi plus que vous parce que je suis un vieux et que le vieux ça radote sur sa jeunesse.
Le vieux radote d’abord sur son adolescence, pleine de souvenirs qui font bondir la lumière de ses jours.
Puis, le vieux radote sur son enfance, qui lui rappelle l’époque bénie où il n’avait encore mal nulle part, ni à l’âme ni au cœur, pas même à la tête.
Et enfin sa prime enfance, celle de chagrins épouvantables car il lui faut abandonner le confort de la maison pour l’école maternelle.
Bon, honnêtement, aller à l’école maternelle ne fut pas pour moi un déchirement.
Je me rappelle le premier soir à la maternelle.
D’abord parce que ma cervelle ne perd pas encore toutes ses pièces et surtout parce qu’on me l’a racontée tant de fois…
Rien qu’à lire sa note, Berthoise m’a ramené à l’école.
Comme elle avant-hier, j’ai été séduit par l’odeur de l’école.
Aujourd’hui,  aller chercher Merveille à l’école maternelle, puis à l’école primaire, me montre combien les choses ont changé.
L’école ne sent plus aussi bon.
La colle ne sent plus l’amande.
Les livres ne sentent plus l’encre mais le pétrole.
Les cahiers ne sentent plus « le crayon à encre ».
Mais si, lectrices chéries, vous connaissez « le crayon à encre », ce truc qu’on devait humidifier avec une petite éponge et qui finissait par être suçoté pour pouvoir écrire, nous donnant à tous un côté « Nuit des morts-vivants ».
Ce truc qui nous colorait le bas du visage du violet de la viande pas fraîche et qui nous valait des engueulades parentales.
L’école ne sent plus ni l’encre, ni la craie, ni…
Bref, il n’y a plus que la maîtresse d’école qui sent bon…
Mais en ce premier soir d’octobre 1951, ma mère est venue me chercher à l’école.
La dame de service qui restait était « Madame Alain ».
Elle était, cerbère à la porte de l’école de la rue des Amiraux, dispensatrice des lits de camps et couvertures pour la sieste et surveillait l’entrée et la sortie des enfants.
Pour la sortie, elle laissait sortir l’enfant dès que la mère se présentait.
À cette époque où « chômage » était un gros mot, il n’y avait guère que les mères à aller chercher les enfants à l’école.
Ma mère m’attendait, les enfants sortaient un par un de l’école. Au bout d’un moment ma mère se trouva seule avec Madame Alain à attendre le dernier.
Le dernier n’arrivait pas.
La dernière maîtresse, ma maîtresse,  sortit accompagnée de la directrice, Madame Chenel.
Cette Madame Chenel était une vraie garce d’après ma grande sœur pour des histoires que je vous raconterai un jour.
Ma mère demanda à ma maîtresse « Mais où est passé mon fils ? »
J’étais censément sorti mais la maîtresse était une femme prudente et ce qu’elle avait repéré en classe l’incita à vérifier que je n’étais pas enfermé dans une classe.
Tout le monde est rentré dans l’école.
J’ai été sorti de ma rêverie quand je les entendus se précipiter.
Je me demande encore pourquoi.
C’est vrai quoi, je jouais pourtant sagement avec des feuilles de tilleul et de marronnier dans un coin de la cour…