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dimanche, 05 juillet 2015

La gent secrète...

Il faisait encore chaud hier soir.
Exceptionnellement je ne me suis pas couvert quand je me suis couché, Télérama à la main.
J’aurais dû avoir mon bouquin à la main mais Heure-Bleue m’avait enjoint de lire un article qui lui avait plu.
Je sais pourquoi il lui avait plu.
Il était écrit par une journaliste qui se piquait d’être essayiste mais surtout écrivait entièrement en « parler fille ».
J’ai d’abord remarqué que le premier paragraphe était un cafouillon total.
On aurait dit la coiffure d’Heure-Bleue.
Puis, en lisant plus attentivement, j’ai compris que la journaliste et les deux psys qu’elle citait découvraient, avec le retard des gens dont la vie sociale est agitée, que rester peinard chez soi était agréable.
Mieux même, que ne rien faire, voire s’ennuyer un peu était bénéfique.
Du haut de leur longue expérience, les deux psys se rendaient compte que l’ennui leur permettait de « ranger leur cervelle », de la même façon que les enfants ordonnent leur pensées en s’ennuyant.

J’ai dit à la lumière de mes jours :
- Ouaip, elles ont découvert que ne rien faire, c’est bien aussi. Savent pas s’arrêter pour rêvasser. Savent que courir.
- C’est vrai. Même si on s’ennuie parfois…
- En fait, c’est bien de glander…
C’est là que la lumière de mes jours a eu cette remarque délicieuse :
- Je peux te dire quelque chose, Minou ?
- Bien sûr, ma Mine.
- Tu sais quoi ? La glande, c’est mieux à deux…
Je l’ai regardée attentivement.
Elle a réfléchi une minute, a haussé les épaules.
- Pfff…
Puis nous avons eu un fou-rire et, quand ça s’est calmé elle m’a dit :
- J’ai toujours été comme ça ?
- Hon hon…
- Tu crois que c’est pour ça que des fois on m’a regardée bizarrement quand j’étais jeune ?
- Probable...
- Ils se demandaient « si c’était du lard ou du cochon » ?
- Oh… Ils espéraient que c’était du cochon et concluaient sans doute que tu étais innocente…
Là, elle n’a rien répondu.
Je n’ai pas insisté, j’ai pris mon livre.
Il y a des moments comme ça où, hein…

samedi, 04 juillet 2015

Sirocco, si Freddy…

De rien, Mab, de rien...
Un vent brûlant parcourt déjà le coin.
Il n’y a pas que sur « Elm street » qu’il y a des cauchemars…
Les nuits lui semblent épouvantables.
Moi-même je crains « Les griffes de la nuit » en cas de contact involontaire.
Oui, lectrices chéries, Heure-Bleue fond…
Hélas, ce n’est pas à me regarder.
Alors que je viens de mettre le ventilateur derrière elle, l’ai branché et qu’il se démène de toutes ses petites et laborieuses pales pour déplacer un air à la température somme toute raisonnable de 29°C, Heure-Bleue peste.
Aujourd’hui, les seules idées autorisées à votre serviteur seront d’aller acheter un melon, préparer une salade de tomate et préparer des « rico ».
La lumière de mes jours me jette un regard dissuasif à peine je lui dis quelque chose.
Comme si, chaque fois que je m’adressais à elle, c’était faire monter sa température.
Il y a cinq minutes, à la faveur d’une ombre passagère, elle a soufflé :
- Pfff… Tu as de la chance toi, tu supportes bien la chaleur.
Pour être sûre, elle me demande d’approcher et me fait tendre le bras.
- Pfff... Tu pues même pas !
Ajoute-t-elle, dépitée, alors qu’elle même, comme toutes les vraies rousses...
Je sais. Elle a trop chaud. Je ne peux pas l’ignorer.
De soupirs en regards envieux face à mon équanimité, elle me déteste, je le sais.
Avant elle disait « Minou j’ai trop chaud… »
Maintenant que la lumière éclatante est revenue, elle me jette :
- Je te hais ! Semi-rebeu, va !
Je me rappelle que cet aspect de votre Goût l’avait justement intéressée.
« Tempus fugit, amor manet » qu’y disaient…
Je t’en fous, ouais ! C’est plutôt « Tempus fugit, amor dito »…
Pourtant, légèrement vêtue et exempte de tout hâle superfétatoire sur sa peau pâle et transparente, hein…
Bref, elle rate quelque chose.
Cela dit, il ne me reste qu’un œil, alors…

vendredi, 03 juillet 2015

La mère est agitée...

Berthoise a écrit hier une note délicieuse.
Et je suis sûr qu’elle vous remue aussi, lectrices chéries.
Bon, moi plus que vous parce que je suis un vieux et que le vieux ça radote sur sa jeunesse.
Le vieux radote d’abord sur son adolescence, pleine de souvenirs qui font bondir la lumière de ses jours.
Puis, le vieux radote sur son enfance, qui lui rappelle l’époque bénie où il n’avait encore mal nulle part, ni à l’âme ni au cœur, pas même à la tête.
Et enfin sa prime enfance, celle de chagrins épouvantables car il lui faut abandonner le confort de la maison pour l’école maternelle.
Bon, honnêtement, aller à l’école maternelle ne fut pas pour moi un déchirement.
Je me rappelle le premier soir à la maternelle.
D’abord parce que ma cervelle ne perd pas encore toutes ses pièces et surtout parce qu’on me l’a racontée tant de fois…
Rien qu’à lire sa note, Berthoise m’a ramené à l’école.
Comme elle avant-hier, j’ai été séduit par l’odeur de l’école.
Aujourd’hui,  aller chercher Merveille à l’école maternelle, puis à l’école primaire, me montre combien les choses ont changé.
L’école ne sent plus aussi bon.
La colle ne sent plus l’amande.
Les livres ne sentent plus l’encre mais le pétrole.
Les cahiers ne sentent plus « le crayon à encre ».
Mais si, lectrices chéries, vous connaissez « le crayon à encre », ce truc qu’on devait humidifier avec une petite éponge et qui finissait par être suçoté pour pouvoir écrire, nous donnant à tous un côté « Nuit des morts-vivants ».
Ce truc qui nous colorait le bas du visage du violet de la viande pas fraîche et qui nous valait des engueulades parentales.
L’école ne sent plus ni l’encre, ni la craie, ni…
Bref, il n’y a plus que la maîtresse d’école qui sent bon…
Mais en ce premier soir d’octobre 1951, ma mère est venue me chercher à l’école.
La dame de service qui restait était « Madame Alain ».
Elle était, cerbère à la porte de l’école de la rue des Amiraux, dispensatrice des lits de camps et couvertures pour la sieste et surveillait l’entrée et la sortie des enfants.
Pour la sortie, elle laissait sortir l’enfant dès que la mère se présentait.
À cette époque où « chômage » était un gros mot, il n’y avait guère que les mères à aller chercher les enfants à l’école.
Ma mère m’attendait, les enfants sortaient un par un de l’école. Au bout d’un moment ma mère se trouva seule avec Madame Alain à attendre le dernier.
Le dernier n’arrivait pas.
La dernière maîtresse, ma maîtresse,  sortit accompagnée de la directrice, Madame Chenel.
Cette Madame Chenel était une vraie garce d’après ma grande sœur pour des histoires que je vous raconterai un jour.
Ma mère demanda à ma maîtresse « Mais où est passé mon fils ? »
J’étais censément sorti mais la maîtresse était une femme prudente et ce qu’elle avait repéré en classe l’incita à vérifier que je n’étais pas enfermé dans une classe.
Tout le monde est rentré dans l’école.
J’ai été sorti de ma rêverie quand je les entendus se précipiter.
Je me demande encore pourquoi.
C’est vrai quoi, je jouais pourtant sagement avec des feuilles de tilleul et de marronnier dans un coin de la cour…

jeudi, 02 juillet 2015

L’eau rance d’Arabie…

Heure-Bleue dégouline dans son coin et il n’est pas question de lui proposer quoi que ce soit.
Déjà, une glace au caramel, c’est tout juste, alors vous pensez bien que n’importe quoi d’autre...
J’ai même peur, qu’on m’envoie le soir dormir sur le balcon.
Oui, le soir et la nuit, il fait plus frais dans la chambre que sur le balcon.
Du coup, pour m’occuper les mains en attendant l’heure propice à… aller faire quelques courses, eh bien je trie un sac de photos miraculeusement réchappées de nos sept déménagements depuis notre départ d’Israël.
J’y retrouve quelques photos de notre périple à Petra, la capitale cachée des Nabatéens.
Capitale qui est planquée là-dedans  :
Wadi_Rum_Panorama.jpgJe me rappelle qu’Heure-Bleue portait un chapeau pour être à l’abri d’un soleil éclatant.
Petra ? C’est 50°C à l’ombre.
Et y a pas d’ombre…
Et que trouvé-je, lectrices chéries dans ces photos ?
Que trouvé-je parmi des photos de temples creusés à même la montagne ?
Ça :

P1120290.JPG

Une photo de votre Goût préféré en balade à Petra avec nos deux copains Polaks.
Ouais bon, encore en NewMan...
C’est Heure-Bleue qui avait l’Instamatic, d’où son absence des photos.
J’ai bien des photos d’elle à Rhodes mais décemment, je ne peux pas vous montrer mon odalisque lisant « Kathimerini ».
Surtout qu’honnêtement, ce n’est pas pour le journal que j’avais pris la photo…
Me voici donc, le chef  habillé d’un keffieh et une bouteille d’eau minérale à la main.
Heure-Bleue et mon copain ont fait confiance à l’eau du coin.
Une erreur qui a dû faire monter le cours de l’action Johnson & Johnson, rien qu’à cause des ventes d’Imodium…
On s’est moqué de moi avec mon pull et ma chemise, surtout mon copain qui n’avait pas pensé qu’il allait cuire. Que dis-je ? Cuire ? Rissoler…
Heure-Bleue, n’en parlons pas, elle fond. Avec sa copine, la femme de mon comparse, elles engueulent quelques gamins arabes qui martyrisent un âne.
Bon, honnêtement, sur cette photo, j’ai déjà cinquante deux ans et ça m’amène à constater qu’à partir d’un certain âge, les années comptent double.

dimanche, 28 juin 2015

La race des seniors...

Berthoise et Brigitte me poussent à éclaircir quelques point à propos de mon père et de sa descendance.
En famille, mon père nous faisait souvent rire et il aimait ça.
Jamais en faisant le clown, ni des grimaces, non. En nous parlant des gens de notre quartier et en nous racontant des histoires.
Il aimait nous donner des « leçons de choses », ce truc qui existait bien avant « De natura rerum » et existera bien après les « cours de SVT ».
Nous quatre avons de lui appris des choses sur les fleurs, qu’il aimait, et les étoiles, qui le passionnaient, d’une façon autrement palpitante que dans les livres ou à l’école.
Il nous en a aussi appris pas mal sur la pêche à la ligne.
Notamment qu’on ne met pas un pied sur une barque mal attachée alors que l’autre est resté sur la berge.
Il nous a prouvé, exemple à l’appui, qu’il est toujours hasardeux de lancer sa ligne quand il y a plein d’arbres ou de lignes téléphoniques dans les environs proches.
Là, honnêtement, il pestait sévèrement. C’est comme ça que mes sœurs et moi avons appris nos premiers jurons.
En outre toujours à propos de pêche, le chemin était toujours montant, sablonneux, malaisé et terriblement long  pour atteindre l’endroit où selon lui «  vous allez voir les enfants, c’est plein de gardons qui n’attendent que moi pour sauter tous seuls dans la bourriche ! » 
Mon père était effectivement quelqu’un de drôle,  de cultivé et de charmant en société.
Quoique…
Il lui arrivait hélas de se réveiller le matin « avec l’idée d’emm… le monde », dixit ma mère.
Elle faisait preuve alors d’une patience que je ne lui ai connue avec aucun de ses enfants.
Nous avons appris plus tard que sa vengeance s’abattait les jours suivants avec une efficacité redoutable…
Il arrivait parfois à mon père que sa conception du sérieux fût un peu bancale.
Là, le connaissant, c’est quand il avait l’air absolument sérieux que ma mère se méfiait le plus.
Et à juste titre, même si elle s’y laissait parfois prendre, comme avec cette histoire de boulette...

Brigitte soulève donc un des points les délicats de la personnalité familiale mâle.
L’air sage est une spécialité.
Ça nous a servi à tous.
Que ce soit mon père, son fils ou l’Ours.
Si vous saviez comme on avait l’air sage, lectrices chéries !
On nous aurait donné le bon dieu sans confession…
Mon père, aux dires de mes tantes était, comme son frère, le plus jeune de la famille, un gamin infernal. Seule ma grand’ mère avait toujours trouvé que « Non mais tu as vu comment mon Gaby c’est un ange ??? »
Quant à ma mère, soyons honnête, elle ne l’a non seulement jamais trouvé sage mais ne lui a jamais trouvé l’air sage.
Son fils unique avait l’air sage et même sérieux mais les avis des gens qui se sont chargés de mon éducation divergent salement sur la question.
Ne parlons pas de l’Ours dont l’air angélique cachait « une âme de pas sage du tout » remarquée par la directrice de l’école dès le CE1…