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samedi, 23 mai 2015

« Les hommes naîtront libres et égaux en droit » qu’ils disaient…

Ce matin, je lisais quelque chose sur Clisthène.
Oui, je fais parfois des choses comme ça le matin quand une idée me titille et qu’un souvenir me traverse l’esprit.
D’où Clisthène.
Ce brave homme, que ses os ne tracassent plus depuis un bon moment, est censé être le père de la démocratie athénienne.
Entre autres idées, restées subversives dans plein de bleds, il a jeté celle, assez saugrenue, de « l’égalité de tous devant la loi ».
Quel farceur ! On voit bien qu’il ne connaissait pas la fable de « La voiture du pékin lambda et du scooter du fils du président »…
Au même moment mon poste, qui me truque les nouvelles du monde, me susurrait une info qui m’a laissé rêveur.
Je me suis dit que notre beau pays, dit « Des Droits de l’Homme » n’était pas loin de rejoindre la cohorte des nombreuses « républiques héréditaires » si ce n’est « républiques bananières ».
Une aristocratie qui, contrairement à ce que laisserait penser l’étymologie du mot, n’est manifestement pas « le gouvernement des meilleurs », s’est fait une place de choix dans le pays et s’y comporte, non comme le serviteur du pays qu’elle est censée être, mais comme une caste au dessus des lois qu’elle-même a pourtant concoctées.
Et c’est la « revue de presse » qui causa ma grogne.
Y étaient mises en parallèle deux affaires où le respect de la loi était piétiné et le principe de l’égalité devant la loi carrément cramé.
La première est celle de l’inénarrable présidente de l’INA qui claqua quarante mille €uros de taxi en dix mois alors que l’INA lui allouait une voiture de fonction.
Et pas une  « autolib » sale et rayée, non non non ! Une super charrette ! Avec un chauffeur !
Madame la Présidente s’en tira avec un poste de chargée de mission au Ministère de la Culture.
Madame sa ministre de tutelle nous expliquant qu’elle était sanctionnée puisque passant du statut de présidente à celui de chargée de mission.
Elle nous dit ça sérieusement genre « elle est punie ! Maintenant elle attend les allocs pour acheter du sucre, non mais quoi ! »
La seconde affaire traite d’un SDF qui « s’est fait un tronc d’église ».
D’accord, c’est pas bien du tout.
Mais est-ce vraiment pire que faire les poches des retraités et des salariés pour éviter de froisser la grosse poignée de ceux qui ont fait évader soixante à quatre-vingt milliards d’€uros des caisses de l’Etat ?
« Mais quel est donc le rapport entre ces deux affaires ? » Vous demandez-vous lectrices chéries.
« Mais où diable veut en venir notre Goût préféré ? » Vous esbaudissez-vous lectrices chéries.
Eh bien voilà, lectrices adorées que j’aime et tout, le pourquoi de ma mine scandalisée :
- Une, celle « de la caste d’en haut », s’est vue morigénée par son autorité de tutelle et recasée un bon prix dans son administration d’origine pour une broutille de quarante mille €uros.
- L’autre, un « de basse extraction », s’est vu illico précipité sur la paille humide des cachots pendant quatre mois, oui il a pris « quatre mois ferme », pour la somme rondelette, voire scandaleusement démesurée de… Dix-sep €uros !
J’ai cru à ce moment entendre Clisthène se retourner dans son mausolée en maugréant « Ben merde alors ! Et l’égalité de tous devant la loi, alors ? »

vendredi, 22 mai 2015

Qu’a-t-on du tic ?

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Cette note est longue et probablement ennuyeuse mais bon, hein...
J'ai le droit aussi, non ?
J’ai écouté. J’ai lu. J’ai tenté de comprendre.
Je ne suis pas sûr d’y être parvenu.
J’en ai néanmoins retiré une sensation.
Pas une sensation agréable.
Celle qu’on est en train de m’enfumer.
Qu’on essaie de me faire croire avec de belles paroles que l’avenir des enfants vient de devenir d’un seul coup tout rose.
Que les inégalités viennent d’un coup de disparaître de l’horizon des enfants, du moins à l’école.
On a tenté de faire passer pour des andouilles, vieilles et pas fraîches, les profs mis en cause et les brillants esprits qui ont fait la célébrité du pays dans divers domaines.
On a tenté de me faire croire, à coup de dénigrement de ceux qui ont bénéficié de l’enseignement qu’on ne veut pas supprimer, que non, que l’on ne supprimerait pas le latin, le grec, les classes bilangues, que l’enseignement de l’allemand ne souffrirait pas.
Il n’y a effectivement rien d’écrit sur une décision ferme de suppression.
Il y a juste une augmentation du nombre d’heures d’enseignement dans d’autres disciplines et un saupoudrage de vagues initiations.
Il y a certes l’enseignement en primaire de langues qu’on apprenait au collège.
Comment va-t-on y parvenir en diminuant le nombre d’heures à l’école ?
Comment va-t-on enseigner avec moins de profs ?
Où va-t-on trouver les heures et les profs qui manquent pour enseigner des disciplines dont chacun s’accorde à penser qu’elles sont indispensables à la compréhension du monde qui nous entoure, comment fonctionne notre propre langue et comment l’histoire nous a façonnés.
Va-t-on faire passer les enfants aux « 40 heures par semaine » alors que la durée légale est de trente-cinq heures ?
Que les plus forts dans une classe puissent entraîner les moins forts ne me semble pas impossible.
Que les moins forts soient incités à se dépasser pour rejoindre les meilleurs est probable si l’environnement s’y prête.
En vieux « laïcard » adepte de « Liberté Egalité Fraternité », j’aime assez l’idée et  suis favorable à cette vision même si elle me semble un peu angélique.
En revanche, je n’aime pas le ton comminatoire et les reproches adressés à ceux, dont moi, qui posent des questions sur certains aspects de la réforme.
On reproche à tort aux parents qui font des pieds et des mains pour mettre leurs enfants dans des classes où le niveau et le calme assureront au moins l’ambiance propice à de bons résultats.
« Vous êtes pour la perpétuation de l’élitisme ! » leur jette-t-on assez connement à la figure, comme s’il était illégitime que l’on souhaite que ses enfants sortent du lot.
Ceux qui leur lancent ce genre d’ânerie sont eux-mêmes le produit de l’enseignement qu’ils décrient mais ça ne semble pas les frapper.
Ce discours officiel sur la réforme de l’enseignement me paraît être plus une tentative d’empêcher ceux qui tentent d’échapper à la médiocrité de le faire qu’une tentative de faire de tous des prétendants sérieux à l’élite.
Le but d’une réforme de l’enseignement n’est il pas de faire de tous les élèves des représentants de l’élite ? Des citoyens aptes à analyser, comprendre et critiquer ce qu’on leur propose ?
La réforme, rien que dans les termes où elle est présentée sent le « laissez faire ceux qui savent, de toute façon on va le faire quand même, vous êtes trop cons pour comprendre ! »
C’est avec ça qu’on va « élever » les enfants ? En faire de futurs citoyens et pas des moutons ?
Bon, je reconnais qu’il est plus facile de mener un troupeau de moutons que gouverner un peuple intelligent.
Les militaires l’ont bien compris depuis longtemps qui disent « chercher à comprendre, c’est commencer à désobéir »…

jeudi, 21 mai 2015

Quatre personnages et trois peaux…

Hier, Heure-Bleue et moi avons regardé un film d’Almodovar, « La piel que habito ».
Bon, comme toujours avec Almodovar, on a affaire à des fondus assez indécis et féroces quant au fond.
Je me suis donc perdu en conjectures farfelues sur la morale, les morales, que je devais tirer de cette histoire.
Une indécision du cinéaste sur sa sexualité ?
Une « simple » expérience d’esthète ?
Une bête histoire de vengeance vraiment retorse ?
Une relation ambiguë ?
Qui est le héros de l’histoire ?
Y a-t-il un « héros » dans l’histoire ?
Le docteur venge-t-il sa fille ?
Est-il amoureux de Vera ?
Est-il amoureux de ce qui reste de Vicente dans Vera ?
« Peaufine-t-il » sa vengeance en faisant subir à Vicente qui habite la peau de Vera ce que sa fille Norma a subi ?
Cristina, qui aime les filles aimera-t-elle Vicente devenu Vera ?
Cristina sera-t-elle convaincue de la féminité de Vera ?
Vicente devenu Vera réussira-t-il à « circonvenir » Cristina ?
Vicente devenu Vera matérialisera-t-il, du moins en partie son envie de Cristina ?
Quatre personnages et trois peaux…
Un occupe une peau qui n’est pas la sienne.
La peau façonne-t-elle le personnage ?
Le personnage habite-t-il la peau ?

Que le docteur crache sur son serment d’Hippocrate et que sa gouvernante ne soit pas si pure n’a que peu d’importance.
A mes yeux l’essentiel n’était pas là.
Bref, avant de regarder ce film, je me demandais si j’allais le regarder.
Après l’avoir vu j’ai constaté que je l’avais regardé avec attention.
Et que du coup j’avais plus de questions qui se bousculaient dans la cervelle après l’avoir vu qu’avant.
Mon dieu qu’Almodovar est ambigu.
Son regard sur les femmes est absolument saisissant.
Ciel que la télé est fatigante !
Rendez moi « La piste aux étoiles » dont j’ai ignoré l’existence jusqu’en 1972 !
Et que je n’ai jamais regardée…

mardi, 19 mai 2015

Longtemps, longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu…

Hier fut un grand jour, lectrices chéries.
Je craignais avoir perdu la technique.
Nous étions allés chez les enfants en sortant du cabinet du dentiste.
Alerté par les appels d’un bébé, je suis allé voir.
On m’a tendu les bras.
On m’a aussi estourbi d’un parfum qui appelait au changement de couche.
J’ai failli tomber à la renverse car, pour la première fois depuis la naissance de P’tite Sœur, on m’a donné le droit de la changer !
Eh bien, lectrices chéries, je suis resté un expert en caca.
Pas une miette sur la moquette de la chambre, pas une trace sur les doigts, les fesses du bébé impeccables et tout.
Bref, j’ai renoué avec mon rôle de papy au geste sûr et surtout au geste qui permet aux autres habitants de l’appartement de continuer à papoter…
Une fois propre, P’tite Sœur a sauté sur l’occasion de faire bisquer Heure-Bleue en refusant obstinément de dire « Mamie ».
Ce qui ne serait rien si elle ne m’avait tendu les bras en m’appelant « Papy »…
C’est un petit jeu qui dure depuis plusieurs semaines entre P’tite Sœur et Heure-Bleue.
Chaque fois que j’entends Heure-Bleue dire « dis Mamie ! » je regarde et je vois P’tite Sœur montrer sa mère sur le pêle-mêle, Merveille, Manou ou l’Ours.
Mieux, j’entends P’tite Sœur  dire « Papy ? » en se tournant vers moi.
J’en bave de fierté !
Surtout quand elle me tend les bras pour venir sur mes genoux…
Évidemment, quand Merveille revient de l’école, elle prend moins bien la chose et me « fait la gueule »...

Cela dit, j’ai très peur de la future façon de s’exprimer de Merveille et P’tite Sœur.
Il semblerait que mon père ait réussi à contaminer l’Ours après avoir contaminé votre serviteur, son fils unique.
Et je crains bien qu’à trois générations d’écart il n’ait réussi à contaminer les deux Merveilles…
Comment je le sais ?
Eh bien j’ai entendu l’Ours siffloter « La maladie d’amour » .
Oui, oui, celle « qui unit dans son lit les cheveux blonds, les cheveux gris ».
Et là, ô surprise ! Emporté par son élan et suivi par votre Goût préféré et Heure-Bleue, L’Ours en a entonné des paroles autres. Des parole sorties directement de l'imagination fertile de mon père.
Oui lectrices chéries, une création « Typical Père du Goût », de celles qui obtenaient immédiatement un succès foudroyant auprès de ma mère qui l’aurait piétiné en l’entendant.
Chaque fois qu’il était d’humeur taquine, c'est-à-dire souvent, il entonnait de sa belle voix de baryton :
« Elle coule, elle coule, la maladie d’amour,
Celle qu’on attrape parfois, du côté de la rue Quincampois ».
Oui, nous n’habitions pas loin de la rue Quincampois.
Ça ne ratait jamais, ma mère se mettait à crier « Lemmy ! Voyons ! Devant ton petit-fils ! »
Des décennies plus tard il appert que, comme son père et le mien, l’Ours possède ce don inné de la poésie et l’art de versifier devant un public totalement inadapté…

 

dimanche, 17 mai 2015

La bataille duraille…

Ce matin, comme tous les dimanches matin, j’ai écouté ou plus exactement j’ai commencé à écouter l’émission sur le cinéma.
Festival de Cannes oblige, les critiques se sentent obligés d’être encore plus détestables que d’habitude.
Parmi les âneries que je trouve exaspérantes, il y a le duo « gentil flic- méchant flic » qui trouve amusant de dézinguer le film le plus en vue du festival.
Le méchant flic servant toujours le même speech quel que soit le film.
Si le film propose un « happy end », on a droit à « cette fin heureuse improbable est assez nœud-nœud… »
Si la fin est dramatique, « Il nous met les larmes aux yeux, nous la fait mélo et je n’aime pas qu’on me la fasse au sentiment… » est inévitable.
Si le film est sans conclusion nette, on m’assène « laisser au spectateur le soin de conclure le film c’est trop facile et c’est assez nul de la part du réalisateur… », ou du metteur en scène ou du scénariste.
Bref, rien ne trouve jamais grâce au yeux d’un critique.
Je me demande quel type de film peut bien leur plaire, quel type de film peuvent ils bien trouver bon...
Ce qui m’amène chaque fois à marmonner « Mais faites donc des films au lieu de casser ceux des autres ! Montrez ce que vous savez faire au lieu de pointer ce que les autres ne savent pas faire et nous saouler avec vos remarques piquées dans les vieux numéros des Cahiers du Cinéma en espérant qu’on a oublié qu’on les a lus aussi ! »
Je conclus généralement par un « nom de dieu ! » ou « bordel de dieu! » retentissant qui sort la lumière de mes jours du sommeil et me pousse à préparer son petit-déjeuner histoire de me calmer et de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir raconter à mes lectrices chéries…
Et justement, la journée d’hier m’amène à donner matière à réflexion, histoire de savoir si je rêve ou non.
J’ai donc redécouvert hier un comportement typiquement féminin.
Ça commence très tôt chez les filles.
Vers quatre ans.
Et ça finit avec la mort, celle de l’homme car elles ne font pas ça toutes seules.
Ça m’avait déjà frappé il y a très longtemps avec mes sœurs puis j’avais oublié.
Plus exactement, ça avait pris un aspect si routinier que je n’y avait plus prêté autrement attention.
La chose ne faisait surface chez moi que lorsque j’étais fatigué.
Comme avant-hier et hier, justement.
Heure-Bleue a commencé avec Merveille. Le papotage vespéral qui ne demande qu’à devenir nocturne si Merveille n’y met le holà d’un « Mamiiiie… Je dors !!! »
Puis, hier en allant au Monop’ en passant par le chemin verdoyant, nous avons été suivis, puis rattrapés et enfin précédés par une petite fille d’environ trois ans qui racontait sa journée chez « babou » à son père. Pas un pas sans un ou deux mots. Un pépiement incessant. Si « babou » avait eu quelque chose à cacher, c’était mal parti…
Ça n’a cessé que quand la petite et son père sont sortis de notre horizon.
Le soir, après le repas, la vaisselle et les préparatifs habituels du soir nous sommes allés nous coucher avec nos livres.
Et là, alors que j’essayais vainement de relire la même phrase pour la quarantième fois, ça m’est revenu.
Et pour la première fois depuis longtemps j’ai dit à la lumière de mes jours :
- Mais tu ne peux pas arrêter de parler deux minutes ? J’essaie de lire !
- Mais, Minou, c’est comme ça, tu me parles le matin quand je suis tranquille et que j’essaie de lire.
- Hon hon…
- Et le soir je te parle quand tu essaies de lire. C’est comme ça.
Les filles parlent le soir et les garçons le matin.
Comme on ne s’écoute pas, on ne peut se comprendre, donc se connaître.
C’est super, j’ai affaire à une inconnue tous les jours.
Cela dit, je me demande comment on a pu lire autant dans notre vie.
Le métro, sûrement, je ne vois que ça…