mardi, 06 octobre 2015
Le bêta dîne…
Heure-Bleue a eu une lubie, hier.
Elle a dit « ce soir, j’ai envie de cochonneries ! »
Je l’ai regardée, hyper intéressé.
Elle a haussé les épaules et rectifié illico « J’ai envie de manger des cochonneries ! »
J’ai réfréné un soupir de déception.
Mais non, lectrices chéries, je vous assure que je n’avais pas la langue pendante, les mains moites, la cervelle en train de battre le rappel de tas de trucs pas racontables et le regard lourd.
Pfff… Vraiment…
Nous sommes allés sous la pluie au Franprix du coin en quête de cochonneries.
Nous les avons hélas trouvées...
Néanmoins je dois vous le dire, lectrices chéries.
Ce fut une réussite parfaite.
Du moins en matière de cochonneries.
Tout était absolument dégueulasse !
Nous avons commencé, en guise de toasts pour l’apéritif, par une tranche d’un pain de mie « de mince » grillée par mes soins puis tartinée de rillettes bas de gamme.
Le temps a passé, à nous dire que « franchement, si c’est sympa c’est pas top ».
Puis, la « chose » passée grâce à un verre de « Moulin d’Auguste » nous avons, plutôt j’ai mis, l’eau à bouillir pour des raviolis frais au jambon.
Le temps d’attendre de l’eau qu’elle bouillît enfin, j’ai préparé une seconde tartine de ces rillettes qui prouvent que décidément, nous n’avons pas les mêmes valeurs…
Nous nous sommes mis à table pile poil au moment où un cadre d’Air France entamait un numéro de strip-tease forcé.
Là, dégouté car ce type n’avait rien à voir, aux dires d’Heure-Bleue, avec les Chippendale, j’ai amené la suite prévue par la lumière de mes jours.
Elle avait eu pour les éléments du dîner ce goût si sûr, celui qui l’amena sans doute à m’épouser.
Elle avait choisi, après un amuse-gueule qui n’amusait que l’actionnaire de Carrouf, un saumon qui ne connaissait de la mer que le discours du commercial chargé de le vendre.
Pour arranger les choses, elle l’avait choisi mariné dans je ne sais quoi.
Elle non plus.
De fait nous n’avons jamais élucidé la marinade…
A peine remis du hors d’œuvre, nous avons entamé quelque chose qui eut dû être une vengeance envers le hors d’œuvre mais non.
J’avais pourtant surveillé l’eau, son frémissement, le temps de cuisson.
J’y avais jeté le troisième élément choisi par Heure-Bleue.
Des raviolis de jambon, censément faits de pâtes fraîches et de jambon frais lui aussi.
Nous attendions avec impatience que les trois minutes recommandées soient écoulées.
Las ! C’était aussi immonde que le reste.
Heureusement, nous avions choisi pour accompagner cette Bérézina, un Mouton-Cadet fort agréable.
Comme nous sommes malgré tout raisonnables, nous nous sommes sentis obligés d’avaler un tas de trucs dégueulasses histoire de ne pas passer pour des ivrognes à nous jeter sur la seule chose vraiment bonne de ce dîner.
Il en est ressorti au moins une chose intéressante pour moi : C’est la lumière de mes jours qui avait tout choisi.
Pour une fois que ça tourne mal et que ce n’est pas ma faute, je biche sévère…
Voilà ce que c’est qu’avoir abandonné son boulot pendant trop longtemps.
Après on ne sait plus le faaiiireuuu gnagnagna !!!
08:16 | Commentaires (14)
lundi, 05 octobre 2015
Famille, je vous ai…
Samedi, je suis allé tout seul au Monop’ chercher quelque chose pour dîner.
J’ai trouvé un truc super.
Un machin qu’on accroche au siège des toilettes et qui colore l’eau en bleu .
Bon, en fait je trouve ça super chouette parce que quand je fais pipi, ça prend une jolie couleur turquoise.
Ça doit être l’âge qui fait ça.
Ou alors je deviens gâteux… Mais quand même, j’ai bien dormi.
Je dors toujours bien d’ailleurs.
Puis, hier, Heure-Bleue et moi sommes allés à un vide-grenier du côté de chez les enfants.
L’Ours et JJF avaient décidé de faire un peu d’espace dans leurs placards et dans les coffres à jouets. Ils avaient donc loué un emplacement.
Innocents comme l’agneau qui vient de naître, ils ont posé vers six heures et demie un étal et deux chaises pour signifier que l’endroit était occupé.
Ils sont partis prendre un café et chercher leurs « marchandises ».
Ça a pris juste le temps nécessaire pour qu’ils se fassent étouffer leur table et leurs chaises…
Tout s’est arrangé avec les gens du vide-grenier.
Merveille a voulu prendre un « p’tit bénéf’ » sur l’écharpe que JJF a donnée à Heure-Bleue.
Cette petit semble avoir le sens du négoce affuté qui fait défaut au reste de la famille.
Nous avons emmené Merveille, puis après avoir fait le tour de la brocante, fait une queue monstrueuse pour acheter à Merveille et l’Ours un sandwich et attendu un moment le temps que les toilettes soient libres pour Merveille, nous sommes revenus vers chez nous.
On est revenu à pied, tranquillement. Très tranquillement.
Nous regardions autour nous.
Nous avons remarqué que les feuilles mortes étaient rares.
Et même, à un moment, Heure-Bleue a remarqué :
- Tu as vu ? Les « merdouniers du Japon » refleurissent.
Évidemment, je me suis lancé dans des considérations oiseuses sur la floraison tardive dont je ne sais absolument rien.
Heure-Bleue s’en fichait, elle m’a juste répondu :
- Merveille me dirait « Maiiiis… Maaammiiiie ! Ce sont des « corètes du Japon », pas des « merdouniers » enfiiiiinnnn !!!! »
Puis un couple qui venait à notre rencontre sur le trottoir a attiré notre attention
La lumière de mes jours a regardé ce couple qui s’avançait vers nous d’un pas alerte, se tenant par la main.
- Tu as vu ?
- Hon hon…
Lui, très brun, barbe de deux jours, blouson de cuir et jean.
Elle, jupe rouge assez courte, imper trois-quarts beige, cheveux châtain clair, peau claire.
Je n’ai pas vu ses yeux, elle était tournée vers son petit camarade de jeux.
Je les au supputé clairs, au feeling…
Mon ardente houri a ajouté :
- Tiens ! Elle a boutonné dimanche avec jeudi.
Puis de nouveau :
- Tu as vu ? Ça sent le rhabillage vite fait, ça ! Et apparemment c’était bien…
- Hon hon…
- Quand même, tu as vu comme ils se regardaient avec reconnaissance ?
- Oui, j’ai vu ça, ils semblaient contents d’eux…
- Je me doutais bien que tu avais vu…
Elle est comme ça, Heure-Bleue, elle me connaît.
10:02 | Commentaires (10)
samedi, 03 octobre 2015
Les moustiques errent ou le jardin des piqûres.
J’hésitais, lectrices chéries.
Devais-je vous parler des moustiques, ces bestioles qui comme moi craquent pour la peau d’Heure-Bleue ?
Ce qui m’arrange bien car c’est elle qui fut dévorée…
Devais-je vous raconter nos pérégrinations dans le quartier de l’Opéra ?
Je vais vous confier quelque chose.
Je crois avoir croisé mon ancien patron.
Heure-Bleue m’appelait, c’est elle qui l’avait vu.
Je n’ai pas entendu, je continuais pour vérifier quelque chose, sur le petit pont de la rue du Rocher quand elle croise la rue de Madrid.
Oui, c’est bizarre mais ce n’est pas un carrefour.
Non, on dirait que la rue de Madrid a été creusée et qu’on s’est aperçu trop tard que la rue du Rocher passait là.
Alors on a fait un pont, histoire de ne laisser un ravin couper la rue…
J’ai vu trop tard le conducteur qui hésitait à partir et me regardait.
Tant pis. Nous avons continué notre route et, après quelques achats, nous nous sommes assis sur un banc, histoire d’éviter que la lumière de mes jours ne s’éteigne à cause de mal aux pieds.
Ce banc de la rue Tocqueville, là où elle croise la rue Cardinet, était occupé par trois femmes.
De ces Parisiennes dont je croyais avoir vu le dernier exemplaire dans le personnage central de « Chacun cherche son chat ».
L’une semblait avoir abandonné l’idée de quitter l’enfance dès la sortie de la maternelle. Où bien elle y retournait à grand pas. A l’enfance, pas à la maternelle.
Les deux autres, je n’ai pas regardé attentivement, je les écoutais, mais je suis sûr qu’elle avaient leur cabas entre les pieds.
Imaginez, lectrices chéries, « Les vamps » mais en trio.
Elle avaient trouvé un sujet de conversation.
La lettre de la Sécu leur demandant instamment de se faire vacciner contre la grippe.
Sujet d’autant plus inépuisable que les mêmes mots revenaient régulièrement.
On aurait dit une « playlist », telle celles proposées par « youtube », mais réduite à six phrases.
Tout y était.
Un accent que je croyais disparu depuis des décennies.
La simplette qui répète après chaque intervention d’une autre « Ah ben moi j’y vais pas… »
Une autre, plus hargneuse, qui, quand son tour dans la « conversation » revient, assène « moi je l’ai même pas ouverte ! »
La troisième qui insiste « Moi je l’ai reçue une fois et puis c’est tout ! »
Au tour suivant, « simplette » d’affirmer « Ah ben moi j’y vais pas… »
« Hargneuse » d’insister « Ah ben non alors, moi je regarde même pas ! »
La troisième, histoire de changer, « Quand même, pourquoi y m’en envoient plus ? »
Il était temps qu’Heure-Bleue soit reposée, depuis le temps qu’elle retenait son fou-rire, il allait finir par éclater et c’est terriblement contagieux.
Ça aurait fait des histoires.
Alors on s’est levé et on a repris notre chemin…
10:54 | Commentaires (12)
vendredi, 02 octobre 2015
Émois, et mois et moi…
Imaginer, qui doit venir déjeuner à la maison avec un Chéri que Colette ne connaissait pas, m’a demandé comment s’y prendre pour arriver chez Heure-Bleue et votre serviteur.
Une pensée s’est aventurée dans le désert ma cervelle.
La route qui mène de la cambuse d’Imaginer à la gare Saint-Lazare m’est revenue, intacte malgré les années.
J’ai donc recommandé un petit voyage en bus qui partirait de la place Jules Joffrin, la mairie du XVIIIème, pour l’amener devant la pharmacie Raspail de la rue de Rome, face à l’entrée de côté de la gare.
Las ! Ses souvenirs n’étant pas les miens, elle a suggéré un voyage sombre et peu enrichissant en métro.
Si le chemin en surface emprunté par le métro est passionnant, les sept stations qui mènent à Saint-Lazare sont tristes à mourir.
Aller de la mairie du XVIIIème à la gare Saint-Lazare en prenant le 80 est autrement intéressant.
On remonte quelques dizaines de mètres de la rue Hermel jusqu’à la rue Ramey.
On commence par passer devant une bijouterie que je connais depuis mon enfance, étonnamment toujours là et achalandée puis on entre dans la rue Ramey, plus propre qu’en 1960 mais peu changée en profondeur.
Évidemment, le marchand de partitions chez qui ma sœur cadette a acheté des cordes de guitare pour une passade qui avait plus à voir avec un garçon du coin qu’avec la musique a disparu.
Le 80 sort de la rue Ramey pour remonter la rue Custine.
Là, « les impôts » où ma mère allait régulièrement expliquer pourquoi il était malvenu de lui demander des sous, ont été remplacés sans surprise par une banque.
Le 80 quitte ensuite la rue Custine pour la rue Caulaincourt où mon palpitant a semé quelques brisures à l’adolescence. Le bistrot est toujours là, pas loin de la rue Saint-Vincent.
Il passe ensuite sur le pont qui enjambe le cimetière de Montmartre où j’ai quelques souvenirs et arrive place de Clichy, là où il y eut le « Gaumont Palace », le plus grand écran d’Europe. J’y vis plein de films dont « Ben Hur » de William Wyler.
Je ne sais pas si Charlton Heston avait bien sa montre au poignet pendant la course de chars. J’étais bien trop pris par le film.
Si on prend le métro, on ne voit pas le Wepler, salle gigantesque où on a réussi à caser douze salles aujourd’hui.
On ne voit pas non plus, en regardant en face, le lycée Jules Ferry.
Du 80, en se penchant un peu, on pouvait voir « la Taverne du Régent » dans la rue de Douai, lieu de rendez-vous censément secrets dans les années soixante.
Au moins trois lycées entiers connaissaient ce café qui a disparu lui aussi...
En métro, on rate encore le restaurant de l’écailleur Charlot. Chef- d’œuvre architectural de la période « clinquant » qui éclaire la place a giorno dès six heures du soir en hiver.
Bref, Imaginer, tu rates pleins de choses en prenant le métro.
Surtout que tu as le temps, tu ne pars pas au travail ni « à la gym », tu viens déjeuner à la maison.
09:58 | Commentaires (11)
jeudi, 01 octobre 2015
La compagnie saprophyte…
Je viens d’entendre une publicité pour une compagnie d’assurance.
Rien d’exceptionnel me direz vous.
Eh bien si. Du moins sur un détail.
Il s’agit d’une assurance dite « habitation », courante.
Mais alors ? Vous entends vous exclamer, lectrices chéries.
Eh bien, voilà.
Ce qui a attiré mon attention, c’est comme toujours un détail dans l’approche du discours.
Une compagnie fait appel à l’aspect impitoyable des statistiques et en tire une tarification qui leur permet de vivre et d’assumer les risques qu’elle est censée prendre en vous garantissant contre les éléments qui peuvent –ou non- vous frapper.
Du malfaisant qui fracture votre porte au voisin qui lave votre plafond à grande eau.
Rien que de très normal donc.
Là où ça me semble curieux, c’est ce que propose cette publicité :
« Si vous n’avez pas de sinistre pendant trois ans, vous bénéficierez d’une réduction de 10% de votre prime »
La réduction augmente –un peu- si le nombre d’années sans incident croît.
J’ai écouté attentivement le speech du type.
Qu’en ai-je retiré ?
Ça : Vous payez votre prime. Si vous ne coûtez absolument rien à la compagnie, elle veut bien vous prendre moins de sous. Un peu moins. Très peu.
Tentez de faire ça auprès d’un mastroquet !
Ou il vous fout un coup de fusil ou vous plongez pour racket !
Bon, honnêtement –si si- je suis un peu de mauvaise foi.
Mais que voulez vous, il faut bien que je m’entraîne régulièrement au sophisme.
C’est mon péché mignon…
09:26 | Commentaires (6)