vendredi, 28 août 2015
Comme disait Miss Tic "Tes faims de moi sont difficiles"
« Miss Tic » est une poétesse, aujourd’hui vendue à la publicité pour la location de camionnette, que j’ai lue il y a plus de trente ans.
Elle écrivait au pochoir sur les murs de mon quartier du IIIème ces courtes sentences qui m’enchantaient quand je partais au boulot.
Ce que j’ai lu chez une de mes lectrices chéries hier m’a convaincu que « la faim justifie les moyens »…
La lecture de la note de Liv-Fourmi m’a conduit chez Femme-Normale.
J’ai lu Femme-Normale et en ai déduit que l’amour est, selon la formule consacrée par Roméo et Juliette qui y ont laissé la vie, « un truc à emmerdes ».
Elle me conforte dans l’idée que si l’amour a toujours plus ou moins quelque rapport avec le sexe, il n’en a pas toujours un avec le genre.
La lecture de la dernière note de Femme-Normale m’a rappelé une saynète advenue il y a trois semaines environ.
C’était au Franprix près de chez moi, enfin, dans la rue un peu plus loin.
J’y étais descendu en fin d’après-midi, poussé par la faim, la vacuité du réfrigérateur et la flemme d’Heure-Bleue qui refusait de descendre.
Il faisait un de ces temps d’août très doux. Vous voyez le genre, lectrices chéries, de ces temps agréables qui poussent à la langueur en fin d’après-midi.
J’attendais à la caisse, portant les éléments du frichti que je préparerais dès arrivé à la maison.
La queue était principalement constituée de « p’tits vieux », qui avec un paquet de deux tranches de jambon, les dames, qui avec une bouteille de rosé, les messieurs.
La caissière semblait dormir tant ses gestes étaient ceux d’un robot.
Quand on est à cette caisse, les légumes sont sur votre gauche, tout près de l’entrée.
Le silence était profond comme la fosse des Mariannes, troublé seulement par le cliquetis des touches et le glissement du tapis.
Bref, il régnait une certaine torpeur dans ce magasin.
C’est à ce moment que deux jeunes femmes sont entrées, se tenant par la main.
Une sorte de hoquet a secoué la moitié des gens de la queue.
Elle se sont arrêtées devant le rayon des légumes frais.
Que je vous dise, la fraîcheur des légumes dans ce magasin a toujours été des plus relatives.
Je n’ai du coup aucune idée de ce qui a pu les inspirer car il n’y avait rien d’attirant dans ces légumes.
Mais elles furent prises soudain d’un élan qui les poussa à se rouler un patin d’enfer face à des tomates quasiment liquides et des pommes de terre aussi molles que la croissance.
Ça m’a fait sourire.
D’abord parce que c’était de jolies femmes et que j’aime voir les femmes heureuses.
Beaucoup aussi parce que les clients, selon leur avis sur la question, avaient pour certains l’air scandalisé tandis que d’autres semblaient intéressés et d’autres encore l’air surpris et même curieux.
On dirait bien que nous restons jusqu’à la mort intéressés par les élans du cœur chez les autres.
Enfin je dis « du cœur »…
09:20 | Commentaires (16)
jeudi, 27 août 2015
Les tristes trop piquent...
« Tu n'as pas l'habitude de parler sérieusement de sujets graves »
Me dit Gwen, une de mes lectrices chéries.
Cette lectrice chérie encore plus adorable que mes autres lectrices chéries.
Mais si, voyons, c’est elle me trouvait très beau il y a quelques notes.
Mais bon, elle ne m’a pas vu récemment…
Cela dit, j’ai quand même quelques nouvelles.
Elles furent bonnes. Trop brèves et insuffisantes pour quelles me rassérénassent totalement mais assez bonnes pour me faire craindre des problèmes à venir.
L’opération semble avoir été un succès.
Ma petite sœur n’est pas morte.
C’est bien aussi.
Evidemment ça vous prive d’une note déchirante, une de ces notes qui vous aurait laissées pantelantes d’émotion, au bord des larmes, tout ça.
Non, en y réfléchissant un peu, plutôt noyées dans vos larmes.
Mais bon… On ne peut pas toujours lire ce qu’on veut, hein…
Le plus risqué tout de même est à venir.
Vous ne connaissez pas ma petite sœur.
La seule personne devant qui elle se soit retrouvée sans défense est ma mère.
Du coup, les autres proches essuyaient le grain.
Et je peux vous assurer que ma petite sœur, du moins quand elle était enfant, était un mélange explosif et passablement instable.
Genre nitroglycérine, vous voyez.
Parmi tous les souvenirs d’elle, m’en revient un ce matin qui vous donnera une idée de ce que pouvait être ma petite sœur une fois à l’abri de ma mère.
Vous vous souvenez sans doute que ma mère avait quelques hantises qui guidaient ses réactions, comme le phare guide le navire en perdition sur une mer démontée.
La première était d’éviter que ne transparût chez nous quelque chose des « gens de la Porte de Clignancourt ».
La seconde était qu’on pût soupçonner chez les fruits de ses entrailles une quelconque ascendance arabe. Ce fut une réussite pour tous. Sauf pour moi…
Sa pire crainte était qu’une de ses filles s’amourachasse d’un rebeu.
Elle fut rassurée sur ce point un soir que ma sœur cadette revenait de l’école avec sœur benjamine.
J’étais là, revenu du lycée, quand on frappa à la porte. J’allai ouvrir, suivi de ma mère.
Un jeune garçon, un Arabe justement, était sur le seuil, en larmes.
Mais surtout en ruines. Griffé, échevelé, déchiré de partout.
Malgré son aversion pour la gent outre-méditerranéenne, ma mère lui demanda « mais qu’est-ce qui t’est arrivé mon garçon ? »
- C’est votre fille, madame. La blonde…
- Comment ça ?
Gronda ma mère.
- Je me disputais avec celle qui a les cheveux longs mais la blonde est arrivée et elle m’a battu !
Ma mère a soupiré. Ma petite sœur est arrivée avec la cadette, celle aux cheveux noirs et longs.
Ma mère a demandé des explications.
Elles furent brèves : « Y a que moi qu’a le droit de battre ma sœur ! » répondit sœur benjamine.
09:29 | Commentaires (14)
mardi, 25 août 2015
Le peint dure…
En attendant que ma petite sœur parte pour son étripage, je regarde un peu ce qui se passe autour de moi dans le lieu où nous vivons, histoire de passer le temps.
La lumière de mes jours vous a déjà parlé de la bande d’intellectuels qui repeint nos escaliers en commençant par le bas.
Tant que les escaliers sont condamnés, elle prend l’ascenseur avec moi et j’ai enfin l’impression de servir à quelque chose.
Mon Heure-Bleue préférée, phobique mais n’ayant pas le choix, dès la porte de la cabine fermée me tient par le cou, y enfouit son visage et se serre très fort contre moi.
Comme ça fait longtemps qu’elle ne se livre plus à ce genre de démonstration, je suis ravi.
Je ne vais pas jusqu’à croire à une nouvelle flambée de passion à mon endroit mais au moins ça me fait rêver le temps que l’ascenseur nous amène au deuxième étage…
Hier matin, comme tous les jours, je suis descendu acheter quelque chose.
Ô surprise ! La porte de l’escalier, condamnée depuis huit jours ouvrables pleins, était ouverte.
J’ai donc décidé de faire comme d’habitude, descendre par les escaliers au lieu de prendre l’ascenseur.
Curieux tout de même, j’ai gravi quelques unes des premières marches menant au troisième étage.
Las… Les étages supérieurs n’ont pas eu l’heur du coup de pinceau rafraîchissant et surtout décrassant.
Pris d’un doute et me souvenant du nombre de jours que nos glandeurs ont consacrés à peindre l’escalier, j’ai eu la curiosité de compter les marches.
Arrivé au rez-de-chaussée, j’ai constaté que la porte menant au parking était toujours condamnée. Je l’ai ouverte. La volée de marches sent toujours la peinture fraîche.
D’un naturel indulgent, je suis parti du principe que l’escalier menant au parking était terminé.
Il y a cinquante-sept marches entre notre étage, le dernier peint, et le sol du parking.
Les « peintres » sont arrivés il y a onze jours et se sont tapé huit jours de marches.
Censément accrochés à leurs pinceaux sept heures par jour.
Ils auront donc passé cent-douze heures à eux deux dans les escaliers de chez moi.
Je suis arrivé à la conclusion désolante que la brillante moyenne d’une demi-marche à l’heure aura été atteinte par nos deux charlots.
Ouaip ! Lectrices chéries ! Deux heures par marche !
Ça m’a rappelé Astérix en Corse où un légionnaire chargé de balayer la cour de la caserne époussetait une demi-dalle, se reposait et déjeunait avant d’entamer le balayage de sa deuxième demi-dalle .
En fait, je me demande si, à peindre l’escalier de bas en haut, nunuches qu’ils sont, ils n’attendent pas que la marche sèche avant de passer à la suivante.
06:40 | Commentaires (17)
dimanche, 23 août 2015
Lolographie…
Vous savez, lectrices chéries, chez moi, on se donnait la main d’aînée en puîné, puis de puîné en cadette et enfin de cadette en benjamine.
L’ordre n’étant pas une vertu dans la famille, on y tenait par la main ce qui était plus jeune.
De beaucoup ou de peu.
Ma grande sœur nous a tenus, mes petites sœurs et moi par la main.
Quand j’ai été assez grand pour tenir ma petite sœur par la main et surtout si elle était décidée, je l’ai promenée.
C’était la plus belle des trois filles, les autres étaient de jolies filles mais elle était incontestablement la plus belle. C’était la seule blonde et avait une peau de pêche absolument magnifique.
Vous rappelez vous, lectrices chéries, cette publicité Narta des années soixante-dix ?
Eh bien la benjamine, ma petite sœur, était dans les années soixante-dix le sosie de la blonde de ce clip. Elle avait les cheveux aussi clairs et aussi longs.
Hélas, trois fois hélas, cette beauté férocement rejetée par ma mère jusqu’à sa mort, a cru bon d’imiter sa génitrice.
Malgré un diabète avéré, ma mère avait plus tard agrémenté son régime de pâtés divers et de « petits quatre heures » pris à tout moment de la journée.
C'est-à-dire tout le temps.
Oui, lectrices chéries, alors que le passage d’un feuilleton à l’autre emmène le « TV-Addict » aux toilettes, il emmenait ma mère à la cuisine d’où elle revenait avec un plateau chargé d’un grand bol de café au lait bien sucré et de plusieurs biscottes bien beurrées.
Ma mère s’était donc suicidée au riz au lait avec constance.
Ça lui a pris du temps puisqu’elle rejoignit ses aïeux à l’âge respectable de quatre-vingt-quatre ans.
Malheureusement, ça risque de prendre moins de temps à ma petite sœur qui vient d’entrer à l’hôpital pour se faire retaper le palpitant à coups de pontages coronariens.
La coronarographie, d’après la description qu’elle m’en fit hier, a trouvé à peu près l’équivalent de deux « hamburgers à trois étages » et six « doughnuts » dans ses artères...
Mon dieu, quand j’y pense...
Elle, que ma mère a dit toute sa vie n’avoir pas désirée et a osé lui jeter à la face pendant plus de cinquante-cinq ans, elle qui aurait tout fait pour éviter de lui ressembler, suit le même chemin.
Elle a seulement modifié légèrement la méthode.
Elle a opté pour l’abus du mélange frites-gâteaux.
Ce qui l’a rendue à son tour sévèrement diabétique.
Heure-Bleue et moi avons souvenir de déjeuners où, pour quatre convives, ma petite sœur arrivait avec deux gâteaux par personne « au cas où » disait-elle.
Heure-Bleue n’en prenait pas, ma mère et moi en mangions un et petite sœur mangeait tous les autres. Nous la vîmes ainsi procéder de la même façon au restaurant avec les assiettes de frites que n’aimons pas.
Heure-Bleue prétend que c’est surtout parce qu’elle a vu mourir trois proches, dont son mari en moins de quatre ans que c’est arrivé.
Elle affirme « le stress, c’est mauvais pour le cœur ! »
« Les frites, les tripoux et les gâteaux aussi » insisté-je.
Nous ne pouvons que soupirer et remercier le sort qu’elle ait évité la scission aortique qui l’aurait envoyée à coup sûr retrouver notre mère.
Pourvu que le chirurgien ne rate pas son coup.
Je frémis à l’idée du bordel dans l’au-delà quand elles vont se croiser…
13:38 | Commentaires (19)
samedi, 22 août 2015
Je vois la vie en rosse…
Je viens de faire un tour chez vous lectrices chéries.
Je lis vos notes si elles sont nouvelles.
Je regarde les commentaires de la note de la veille si vous n’avez pas écrit.
Hélas, je relis alors les commentaires que j’ai eu l’imprudence de vous laisser.
Et là je suis effondré.
Ma glissade vers le gnangnan, travers commun avec l’arrivée de la vieillerie, s’accélère.
C’est épouvantable.
Je vais bientôt pouvoir écrire le prochain Marc Lévy.
Ou tenter nègre chez Agnès Ledig...
08:15 | Commentaires (20)