dimanche, 16 août 2015
A la fin du moi, nous sommes tous ego...
Hier on est allé faire quelques courses au Monop’ puis, en sortant nous sommes allés boire un café chez l’Iranien.
Le café bu, on a décidé de rentrer à pied à la maison alors on a un peu musardé en direction de l’avenue.
Peu avant le marchand de journaux, il y a une maison de pompes funèbres.
Elle était grande ouverte, la vitrine était pleine d’appels intéressants.
En y regardant de près, il était quand même question, si nous devions mourir, de profiter de l’occasion qui nous était offerte de le faire illico et devant la porte de la boutique…
Alléché par la promo, j’ai dit à Heure-Bleue :
- Tu as vu ça ? Ça ne te donne pas envie de mourir ?
Elle a eu une moue qui dénotait un enthousiasme modéré.
Une vieille dame qui marchait près de nous et qu’évidemment je n’avais pas vue, n’a pas eu l’air plus pressé que ça non plus.
La lumière de mes jours a donné raison à la dame.
- Bon, Minou, on va mourir mais il n’y a pas le feu au lac…
- C’est vrai, je ne suis pas pressé non plus…
Nous sommes revenus à la maison à pied, tranquillement.
Enfin, tranquillement pour Heure-Bleue parce que mon bras droit s’est allongé d’au moins quinze centimètres, tiré par la poignée d’un caddy de deux tonnes au bas mot.
Comme nous descendons plutôt tard dans l’après-midi, je me suis lancé dans la confection d’un dîner léger dès que nous sommes arrivés à la maison.
Quand nous nous sommes mis à table, les informations commençaient.
Nous nous sommes réjouis de voir le bien fou qu’allait faire aux exportations françaises la destruction de plus de dix mille voitures neuves, apparemment des Peugeot, sur le site de Tianjin.
Bon, nous l’avons fait quand même discrètement parce que hein...
Puis, l’annonce de la mort de plus cinquante personnes nous a rappelé notre discussion devant la vitrine du marchand de cercueils.
Nous avons quand même évité, en voyant les images de désolation, les sempiternels « on est bien peu de choses, ma foi... »
Déjà que c’est vrai, donc éprouvant pour l’ego, on s’est dit qu’en plus c’était d’un commun…
Du coup, Heure-Bleue et moi avons conclu qu’on était bien.
Si bien même qu’on s’est dit à l’unisson parfait qui montre les méfaits de décennies de vie commune « Ah ça, c'est sûr... On est tellement bien qu'on va se regretter... »
Et ça, ça nous a bien fait rire jusqu’au dessert.
Ça prouve qu’à nos âges, il ne faut pas grand-chose pour amuser les gens…
06:35 | Commentaires (13)
vendredi, 14 août 2015
Pitchi poï…
Comme disent celles de mes lectrices chéries qui parlent le yiddish.
Voilà, la journée était bien partie.
Döner pas cher pas très loin de la maison.
Döner découvert par l’Ours et que Manou nous avait recommandé.
Puis, la banque. Surtout la banquière…
Quand nous sommes arrivés, à l’heure prévue, l’otage de l’entrée nous a dit « il faut attendre un peu que madame Machin… »
Heure-Bleue, et moi, qui n’en n’avions rien à faire nous sommes assis.
Nous voyions la banquière qui avait bien du mal à avoir l’air occupé.
Tenter avec nous un coup comme ça… Quelle misère !
Après quelques minutes, j’ai dit à la lumière de mes jours.
- Ça me fait penser à ses restaurants américains où il n’y a pas un chat et où on te dit à l’entrée « Aaah… Mais vous n’avez pas réservé ! » histoire de faire croire que.
Même la nana du guichet a ri assez fort.
Du coup, notre banquière nous a reçu agréablement. Nous n’avons pas fait affaire mais ce fut assez court pour qu’on ait le temps d’aller faire un tour à Tel-Aviv.
Là, on a bien ri aussi. Un journaliste, persuadé que sa tête servirait d’ausweiss a été refoulé comme le premier migrant venu…
Alors que grâce à la bancalitude de votre Goût préféré nous sommes entrés sans problème et plutôt rapidement, nous.
Bon, que je vous dise, lectrices chéries.
Oui. Il y avait plein de juifs.
Je dirais un tiers. Ajoutez un tiers de flics et un tiers de curieux, vous avez une idée.
Surtout que le tiers de curieux devait à son tour compter au moins trois quarts de journalistes…
Si Heure-Bleue était contente d’entendre les chansons qu’elle avait apprises à « l’ulpan », j’étais quant à moi heureux de voir que certaines choses étaient immuables.
Un type est passé, brandissant un nounours à moitié cramé en traitant tout le monde de terroriste.
J’ai regardé les gens, comme d’habitude.
J’ai reconnu les vieilles juives du premier coup.
Je les reconnais à leur nez.
Mais non, c’est pas ça, pas les âneries genre « profil juif »....
C’est juste qu'elles ont toutes un nez de goy trop petit qui couche mal avec leur figure.
Je suis sûr que sans elles la chirurgie esthétique serait dans le même état que la filière du porc…
Nous sommes revenus lentement vers Saint-Lazare après être passés rue Saint Antoine acheter des tomates et du saumon.
Le saumon était une merveille. Il était encore meilleur que prévu grâce à l’erreur d’affichage qui nous avait conduit à acheter un saumon de luxe.
Il y a des jours comme ça, lectrices chéries…
Nous avons dîné calmement en regardant « Trois hommes et un couffin ».
Il a soulevé chez nous les mêmes réactions qu’il y a trente ans.
Nous deux :
- Mais qu’est-ce qu’elle est mignooooonne !
Heure-Bleue :
- Mais il faut la changer cette gosse !
Le Goût :
- Mais elle a faim, cette môme !
C’était bien, comme journée…
09:50 | Commentaires (23)
mercredi, 12 août 2015
Des « Oh ! » et des bas…
Alors vous voyez, lectrices chéries, qui connaissez Paris où on arrive quand on entre dans le jardin du Sacré-Cœur, non, le Square Willette, m… ! Le square Louise Michel, par la rue Muller.
Eh bien, la première chose qu’on fait, c’est se taper des escaliers.
Et quels escaliers…
Pauv’ miséreux que les ailes des moulins, tout ça...
Donc, avec un regard de regret vers la vitrine de cette boulangerie dont je vous ai déjà parlé, je suivais ma grande sœur qui me tirait par la main.
On montait cet escalier et on prenait l’allée qui nous amenait à un endroit qui ne nous plaisait pas trop.
On l’appelait, comme tous les gens du coin, « le Parvis du Sacré-Cœur ».
Plus tard j’ai vu que ça s’appelait « rue du Cardinal Dubois ».
Ma sœur n’aimait pas trop passer là parce qu’il y avait beaucoup de monde.
Ma grande sœur était mignonne et il y avait plein de garçons, dont beaucoup étaient de ces Arabes dont il fallait se méfier.
Alors elle craignait d’être draguée par un qui ne lui plairait pas.
Elle détestait ça, et une fois, que je vous raconterai peut-être, elle fut obligée de coller une gifle à un garçon trop entreprenant.
Je sais qu’elle a fini par être draguée par celui qui allait lui valoir une tarte pour cause de paire de bas.
On arrivait sur cette place où il ne passait que rarement une voiture parce qu’elle menait là où ma sœur voulait aller.
On traversait le parvis et on prenait la rue qui longeait la basilique jusqu’à la rue du Chevalier de la Barre. Là on traînait lentement. Ma sœur jetait des coups d’œil furtifs en croyant que je ne la voyais pas. On passait derrière le Sacré-Cœur jusqu’à la rue de la Bonne. Là, ça devenait plus intéressant, ma sœur me tirait plus lentement par la main et même, finissait par me lâcher la main.
Libre ! J’étais libre !
Et c’était vachement bien parce qu’au bout, quand on arrivait au tournant, là où la rue de la Bonne devient la rue Saint-Vincent, eh bien il y avait une rambarde.
Et cette rambarde nous empêchait de tomber dans un immense ravin verdoyant.
Il y avait encore en bas, au fond à gauche de ce ravin, une ferme.
Oui lectrices chéries, il y avait une ferme !
Et même un coq que j'ai entendu chanter !
Alors, arrivés là, on avançait encore un peu et on s’accoudait pour regarder l’herbe, les arbres et les poules.
Ma sœur, une fois arrivés là, me laissait admirer le spectacle tandis qu’elle se mettait parfois à soupirer.
J’étais petit mais je savais bien qu’elle était déçue, qu’elle s’attendait à voir quelqu’un qui n’était pas venu.
Alors, au bout d’un moment que j’avais passé à rêvasser en regardant dans ce ravin magique, ma grande sœur poussait un dernier soupir, tendait le bras vers moi et me demandait « on rentre ? » d’une voix un peu triste.
Alors je lui prenais la main et on redescendait vers la maison en prenant les escaliers de la rue du Mont-Cenis.
On descendait toute la butte jusqu’en bas. Ma grande sœur me serrait la main au carrefour des rues Custine, Caulaincourt et du Mont-Cenis parce que là, la circulation, quoique maigre n’était plus l’absence de voitures de la butte Montmartre.
Plus on approchait de la mairie, à Jules Joffrin, plus ma sœur me serrait la main et plus son pas se faisait lent.
Arrivés place Championnet c’est moi qui l’ai tirée pour qu’on traverse la place.
Et ne me dites pas qu’elle ne s’appelle pas « place Championnet », je le sais.
Il fallait bien la traverser quand même pour aller chez Galy.
Je lui avais dit, moi. Je n’avais pas oublié qu’il fallait acheter un pain, moi.
C’est un peu plus tard, un peu avant que n’arrive cette histoire de paire de bas, qu’elle s’est mise à avoir l’air moins triste. Pas triste du tout même.
Mais là, je n’ai pas souvenir qu’elle m’ait emmené…
06:40 | Commentaires (11)
lundi, 10 août 2015
"L'effet mère" dure longtemps...
De rien, Mab...
Vous rappelez vous, lectrices chéries ?
Je vous avais abandonnées près de la sortie du square Clignancourt pour parler des prix de la location à Paris et ses environs.
Me revoici donc, trottinant à côté de ma grande sœur vers la porte du square.
Il n’y avait pas encore besoin de « groom » ni de fermetures sophistiquées pour fermer les portes. La pesanteur faisait ça très bien…
La petite porte grillagée retombée sur son butoir de caoutchouc, il n’y avait que quelques pas à faire pour arriver rue Ordener.
Ma grande sœur me prenait la main pour traverser la rue.
Elle la serrait fort, l’absence de feux de circulation sur cette rue en 1957 la rendait prudente. Il y avait pourtant peu de trafic. Une voiture de temps en temps, pas plus.
Je ne sais pas si elle tenait vraiment à moi ou si elle avait peur que ma mère ne la tue s’il m’arrivait quelque chose…
Bien plus tard, je lui ai posé la question. Elle a voulu me gifler puis a haussé les épaules…
Elle aimait bien aussi passer par là parce qu’en face il y avait la rue Ferdinand Flocon et son école de filles. Je crois que c’est là qu’elle avait connu sa copine Colette et elle espérait toujours y croiser quelqu’un qu’elle connaissait.
Nous marchions lentement en faisant attention à ne pas traîner les pieds.
Ça usait les chaussures trop vite et ma mère nous recommandait toujours de ne pas traîner les pieds. « Ça fait « laisser aller » et « mal élevé » mes enfants ! ».
Bref, ça nous donnait un look « Porte de Clignancourt », horrible quoi.
Je crois que ma mère nous a traumatisés avec sa détestation des gens de la Porte de Clignancourt. Enfin, je crois… J’en suis sûr. Elle nous a marqués à vie avec ça…
Nous allions donc, ma sœur et moi vers la rue Ramey.
Elle aimait bien et moi aussi. C’était une chouette rue, mine de rien. Il y avait plein de boutiques.
Surtout, il y avait, quand la rue Ramey rejoignait la rue de Clignancourt, une chose que je trouvais extraordinaire et dont je me demandais comment ça marchait.
Le pan de mur qui faisait un angle coupé à la jonction des deux rues était occupé par un dispositif de toute beauté.
Ma grande sœur me tenait la main et restait avec moi pendant que je levais la tête et le regardais de longues minutes. Imaginez un panneau de plusieurs mètres carrés piqueté d’étoiles. Et toutes ces étoiles faisaient des motifs qui variaient au moindre souffle de vent.
Je lui serrais la main et je lui disais chaque fois qu’il y avait un coup de vent « c’est beau, hein ? ».
Comme elle était gentille quand elle avait quinze ans, elle me serrait un peu plus la main et me disait « Oui, c’est beau… On y va maintenant ? »
Alors on reprenait notre chemin, on traversait la rue Ramey et on tournait à droite, dans la rue Muller. C’était une petite rue peu passante, avec peu de boutiques et dont les immeubles était plutôt noirs. Elle aimait bien cette rue. Je crois qu’elle préférait le dernier quart. Celui juste avant l’escalier car ça formait une petite place avec quelques cafés et une boulangerie au coin. J’y suis retourné plus tard, à l’âge de ma grande sœur. Mais je ne vous dirai pas.
La boulangerie est devenue un restaurant branché. Avant, les mômes que nous étions, du moins ceux qui avaient quelques sous dans la poche, y prenaient en sortant du Sacré-Cœur « une part de pudding ». C’est ce qu’il y avait de moins cher.
Ma grande sœur a quasiment toujours décidé qu’elle ferait autre chose avec ses quelques sous.
Elle a fini par acheter une paire de bas qu’elle n’a pu garder, hélas…
Si elle avait été avec moi cette fois là, je n’aurais pas oublié de la prévenir.
J’étais grand.
J’allais chez les Frères.
Mais surtout, surtout, je connaissais ma mère…
10:50 | Commentaires (12)
dimanche, 09 août 2015
On arrivera bien à faire une omelette sans eux…
Je laisse de côté pour aujourd’hui la montée vers le Sacré-Cœur pour une montée d’adrénaline.
Oui, lectrices chéries, je risque de devenir homophobe !
Rassurez vous tout de même, je ne viens pas de m’abonner à la cohorte de rétropédaleurs fanatiques de Ludovine Machin ou de celle assez lucide pour se considérer elle-même Barjot et qui a assez peu d’illusions sur son goût pour le genre humain pour de prénommer elle-même Frigide.
Non, non, non, pas du tout.
Deux décennies entre Beaubourg et la rue des Archives vous élargissent l’esprit autant qu’elles vous aplatissent le portefeuille.
Mais alors « pourquoi ? » vous exclamez vous ?
Eh bien,votre Goût adoré était parti pour vous raconter les rues qui mènent de chez lui au Sacré-Cœur, tiré par sa grande sœur et soudain, paf !
Voilà, une Heure-Bleue qui partage ma vie, son sandwich et ma couche, se fait des peurs bleues avec le prix de l’immobilier.
Affolée par la preuve que notre gouvernement censément de gauche appuie là où ça fait mal sur le portefeuille de ses électeurs, regarde plusieurs fois par jour le prix de l’immobilier dans notre coin.
Elle fut aujourd’hui scandalisée au point qu’elle envisagea avec absolument aucune sérénité, l’idée de vivre avec son Goût chéri dans un studio de trente mètres carrés.
J’ai abandonné illico l’idée d’escalader par la face nord la colline de Montmartre.
Ça m’a arrangé sur le coup car n’oubliez pas, lectrices chéries, que si je ne manque pas d’air aux dires de certaines, je manque de souffle aux dires de la Faculté.
Donc, j’ai eu dans l’idée de retarder une peu la montée vers le Sacré-Cœur pour vous parler d’un souci plus récent et surtout plus urgent que les promenades avec ma grande sœur.
D’où cet accès brusque d’homophobie.
Cet accès n’avait bien sûr rien à voir avec une réprobation quelconque des préférences sexuelles, amoureuses ou simplement esthétiques des uns ou des autres, non.
Simplement, un détail outrageusement dispendieux vient de me frapper, tout comme il frappa en plein front et en plein jour la lumière de mes jours :
Dès qu’un quartier commence à voir sa population se diversifier dans le sens de la largeur de vue et que les préférences sexuelles s’y montrent dans toute leur diversité, eh bien c’est horrible pour votre Goût préféré et son Heure-Bleue adorée : Les prix à la location s’envolent !!!
Le pire ?
Être soumis à un choix cornélien.
- Louer une cambuse dans nos moyens dans un coin genre « Manif pour tous »
- Louer un machin minuscule hors de prix dans un coin genre « Mariage pour tous. »
Il va sans dire que notre inclination « Mariage pour tous » risque bien de nous mettre sur la paille…
Heureusement, nous y sommes déjà…
06:45 | Commentaires (10)