dimanche, 04 août 2013
Lucie ferre ?
Lucie est arrivée à la maison de Merveille avant-hier soir.
Merveille, ma Merveille, prend son premier cours d’Histoire sous forme de travaux pratiques.
Elle apprend sur le vif ce qu’est la « Nuit du 4 Août ».
Elle sait maintenant ce que représente « L’Abolition des Privilèges »…
Les siens viennent d’être abolis, du moins salement rognés.
Elle qui voulait bien partager son yaourt avec le chat peine à accepter l’idée de partager ses parents avec une étrangère minuscule et exigeante.
Oubliant qu’elle-même fut minuscule et exigeante.
Et pleine de caca aussi.
Pour celle-là, je compte bien y échapper mais je connais ses parents.
Ils ont toujours su déléguer avec talent dès qu’il s’est agi de partager les corvées.
Enfin, je dis partager, il s’agit plutôt de sous-traitance…
Pour le peu que m’en a dit son père, dont j’ai la chance ( ?) d’être le père, il y eut à l’arrivée de la nouvelle-née ce qu’il appelle délicatement « un moment de flottement ».
Flottement d’autant plus brutal que la nouvelle-née, encore maladroite et gérant assez mal la portée de ses mouvements a griffé Merveille.
Cette dernière est persuadée que sa petite sœur l’a fait exprès.
L’expérience m’a montré avec mes sœurs que si cette fois c’est involontaire, d’ici quelques années ce sera effectivement fait exprès…
Tous ceux qui ont un chat, bien installé dans nos meubles, heureux de n’avoir pas été expulsés par le chat, et commis la bévue de ramener un chaton chez eux savent de quoi je parle.
J’ai l’impression qu’il va falloir un certain temps pour passer du stade « On m’a piqué ma mère » au stade « J’ai une sœur »…
Il est temps en effet que cette petite apprenne à partager.
Même son papy ?
09:55 | Commentaires (10)
samedi, 03 août 2013
Le petit qu’a l’ciné
Vous savez quoi ?
Je viens de lire un article de Télérama, la revue télé de ceux qui n’aiment pas la télévision.
Il me parle de la restauration du Louxor.
Vous ne connaissez pas le Louxor, lectrices chéries ?
Le Louxor, qui s’appelait le « Louxor Pathé » quand j’y allais, est un cinéma.
Un cinéma mythique.
Autant que le « Studio Action Christine » ou le « Champollion », deux salles où j’irai plus tard.
Le Louxor était « un grand cinéma », on y donnait les films en « deuxième exclusivité ». La « deuxième exclusivité » était une invention pour va-de-la-gueule, les films y venaient plusieurs semaines, parfois plus encore, genre quelques mois, après leur sortie dans les « grandes salles » comme le Wepler place Clichy, le Rex boulevard de Bonne Nouvelle ou le Marignan sur les Champs Elysées.
En lisant cet article je me suis souvenu d’un film que j’ai vu, emmené par mon père un dimanche après-midi. Nous habitions encore dans ce quartier pas très bien famé dont je vous ai déjà parlé et il nous avait suffi, à mon père et moi de remonter le boulevard Ornano puis le boulevard Barbès pour arriver au cinéma. Un trajet de trois stations de métro, autant dire une broutille pour des jambes plus habituées à la marche qu’à l’ascension des marches du métro.
Surtout que ma mère avait un porte-monnaie particulier, un peu un rêve de banquier, une boîte où les sous ne font qu’entrer.
Inutile de vous dire que les tickets de métro, c’était réservé à mon père pour aller au travail. Les autres allaient à l’école ou au lycée à pied, sauf l’hiver où je pouvais aller au lycée en métro.
Ce dimanche, mon père m’emmena au Louxor. Nous allions y voir « Salomon et la Reine de Saba » avec Yul Brynner et Gina Lollobrigida.
On a eu droit pendant l’entracte à une version locale de la publicité pour « Eskimos ».
La publicité qui vantait « Bonbons, Caramels, Esquimaux, Chocolat » -tirée, je l’ai appris depuis d’une chanson d’Annie Cordy- s’était vue clore d’un épais « Sucez les mamelles à Lollobrigida »…
« Mamelles » qui, je dois en convenir, étaient imposantes quoique de peu d’intérêt pour moi à l’époque.
Dans ce cinéma, il y avait plusieurs prix, en dehors des tarifs pour « Gueules Cassées », « Gig » et autres invalides, le moins cher permettait de voir le film depuis le deuxième balcon mais comme nous avions une vue excellente ça nous allait bien.
C’est la seule fois où j’ai vu mon père boire un Coca-Cola dans un café.
Je le soupçonne aujourd'hui d'avoir « gratté » sur le prix des places pour deux consommations après le film.
C’est ce jour-là que j’ai découvert le diabolo-fraise.
J'en ignorerai encore longtemps les vertus...
C’était en 1959.
Et si ma mère avait été avec nous, elle aurait été effrayée de voir la population du cinéma.
Elle aurait dit « Mon dieu ! Tous ces Arabes ! » et serait sortie en me traînant. Des fois que ça s’attrape !
Et ça aurait fait des histoires parce qu’elle aurait tenu à se faire rembourser et que les commerçants, dont elle faisait partie, sont très difficiles à convaincre de sortir les sous qui sont entrés…
15:36 | Commentaires (6)
vendredi, 02 août 2013
Dégât des zoos.
J’ai vu Seconde Merveille.
Elle semble bâtie sur le même modèle que ma Merveille, grande et très mince.
Elle est beaucoup moins jolie que sa grande sœur mais comme elle n’est intéressée que par
- Dormir.
- Téter.
- Etre « à bras ».
Ce n’est pas grave.
Elle semble en revanche n’avoir besoin d’aucune leçon, pour devenir la petite peste qu’elle sera quand elle sera à la maternelle et croisera un autre « locataire de chaise des punis ».
Elle ne « couine » pas elle a de la voix, une vraie voix. Une voix de « marchande de Cours des Halles », le hurlement qui vous réveille une salle de réa en trois secondes.
Il y aura deux bêtes féroces à la maison…
La plus grande martyrisera la plus petite.
Papa et maman ne sont pas là ? A moi la vengeance !
La plus petite pourrira la vie de la plus grande.
Tu croyais être tranquille en allant te promener avec un copain ? Raté !
Ne croyez pas que j’invente. J’ai trois sœurs et je ne suis pas l’aîné.
JJF, elle, peste parce qu’il n’y a pas moyen de dormir correctement.
Elle est toujours aussi belle et ne semble même pas fatiguée après un exercice qui l’a tout de même occupée quelques heures.
L’Ours, quant à lui, vient de saisir toute l’importance de son rôle de « père de filles ».
Ses chevilles triplent de volume et sa tête se transforme en melon quand il dit « Mes Filles ».
Dans ce cas-là il parle en majuscules, ça s’entend nettement.
Il a déjà peur de plus tard. Une chose le tracasse, une histoire qui semble lui faire modérément plaisir mais c’est fait exprès.
Je les imagine tous, à la plage, un été, dans une douzaine d’années.
Merveille, ma Merveille, aura dix-huit-ans.
Seconde Merveille aura douze ans.
Seconde Merveille sera matée par une bande de vieux débris tandis que ma Merveille sera poursuivie par une bande jeunes gens. Tous avec, en tête, des idées qui font rager l’Ours.
J’aime raconter des histoires comme ça à mon fils.
Ça lui rappelle sa façon de « préparer le bac » et surtout lui fait regretter à la fois le bon vieux temps où on cloîtrait les filles et de ne pas s’être converti à l’islam qui sait si bien traiter les femmes…
Je suis retourné à leur maison où Merveille m’a accueilli avec la joie de celle qui sent bien que c’est celle que j’aime. Je ne lui dis pas que je ne connais pas encore « l’autre ». Ça lui évite de me détester sur le champ…
Mais la concurrence semble déjà sévère. En faisant semblannt de lui trouver un gentil diminutif, « Lucette », la saleté ! Elle a aussi pensé à « Lulu », et certainement à pas l'opéra d'Alban Berg, je la connais...
Les relations s'annoncent sous les meilleurs auspices.
Elle m’a gratifié de câlins qui ont un effet que j’adore : soulever la jalousie d’Heure-Bleue qui n’est que mamie, elle.
Paf !
08:27 | Commentaires (11)
jeudi, 01 août 2013
L’occasion fait le lardon…
JJF a fini par donner naissance à Lucie.
Une petite fille de 2930 grammes et 48 centimètres.
L’ours a fait une remarque étrange « Waouh ! Elle est toute petite ! »
Pfff… Envoyer des gamins à la fac jusqu’à des âges indus pour s’apercevoir qu’ils ne savent même pas qu’un bébé ne naît pas directement avec le baccalauréat et un scooter.
Ce que j’ai été obligé de lui rappeler, c’est qu’il allait renouer avec le caca qui tombe sur la moquette, le temps de retrouver l’entraînement qui avait fait ses preuves avec Merveille.
Oui, vous savez bien, ce truc glissant qui vous fait vous apercevoir, hélas trop tard, que vous avez oublié de prendre le sachet adéquat avant de retirer « le petit élastique, là. »
Ce détail qui lui vaudra dès le départ de cette vie qu'on espère longue, les engueulades auxquelles il espérait échapper.
Mais tout cela à pris du temps, cette famille est, du côté féminin, composée exclusivement de filles perpétuellement à la bourre.
Du moins fâchées avec les pendules et les délais.
Avant, on a droit à « attends », pendant on entend sans cesse « Pfff… Ça vient Oh la la, pfff… »
Après, c’est plutôt « Il était temps, c’est de votre faute ! »
Mais bon, ce sont les nôtres.
Et une Merveille de plus, une !
Il me va falloir prendre encore plus soin de Merveille 1ère.
Sinon, qui me dirait des secrets ? Hmmm ?
Une chose m’ennuie néanmoins. Je suis encore plus grand-père.
Et ça, ça file un coup de vieux…
06:23 | Commentaires (19)
mardi, 30 juillet 2013
Et puis m’en revenir plus tard, narrer mon aventure aux curieux de rêves…
Pendant deux semaines, je dispenserai les formations prévues et ferai connaissance avec les meilleurs « dim-sum » que j’aie jamais mangés.
Il y a évidemment l’expérience désastreuse que je ne manque jamais de tenter quand l’occasion se présente.
L’occasion s’est évidemment présentée.
Mon mentor m’a amené –sur ma demande, quelle andouille je peux faire-, à la cantine du dépôt, à Kowloon.
A la vue de tous ces Chinois se ruant sur une assiette pleine d’un truc verdâtre avec délice, je me suis dit « ça doit être un plat super bon ! »
Mon mentor a délicatement suggéré un autre choix, assorti d’un appel à la prudence, genre « vous savez, les goûts de la Chine peuvent être très différents des goûts occidentaux… »
J’ai insisté et ai eu la bonne idée de poser une bouteille de Coca sur mon plateau.
Bien m’en a pris.
Quand on me sert, le contenu de mon assiette a une odeur qui rappelle nettement le fond de poubelle de plusieurs jours.
Quand je le mâche, je me dis que ça doit aussi avoir ce goût là.
J’ai discrètement craché dans ma main la bouchée que j’avais imprudemment mise dans ma bouche et l’ai, tout aussi discrètement jetée sous la table…
A part ça, rien de bien extraordinaire jusqu’au moment du départ.
Et là, j’ai eu une surprise ! La surprise ! J’ai regardé attentivement mon billet. Celui dont j’avais trouvé le prix somme toute modique pour un voyage en « Business Class ».
C’était un prix modique parce que c’était un aller simple.
La préposée à l’achat des billets s’était trompée.
A l’époque, mon boss ne songeait pas encore à m’envoyer au loin pour être débarrassé de moi. J’ai donc claqué avec plaisir une somme rondelette avec l’Amex de la boîte pour un billet de retour pour le lendemain.
Moïse, avec ses quarante ans d’errance a fait petit joueur à côté de moi.
Le billet comportait une correspondance à Rome et un changement pour un vol Rome/Paris sur Alitalia.
Le voyage de retour a mal commencé, ça faisait deux semaines qu’à part au téléphone avec celle qui allait devenir Heure-Bleue, je n’avais causé qu’en étranger. Je vous donne d’entrée un renseignement : Les guides touristiques prétendaient à l’époque qu’à Hong-Kong, 90% des autochtones parlaient anglais et 10% uniquement le chinois. Les rédacteurs n'avaient pas dû quitter l'hôtel car je peux vous dire que c’est l’inverse.
C’est donc plein d’espoir que je me suis rendu au guichet d'Air-France pour demander un renseignement.
-Montrez-moi votre billet !
M’a dit une femme d’un ton revêche.
Elle l’a regardé et m’a jeté désagréablement
- Allez donc vous renseigner chez Cathay !
Je l'ai trouvée bien désagréable pour quelqu'un qui vit de mes impôts et le lui ai dit.
Ça n'a pas arrangé mes affaires...
Une femme, de l’autre côté de l’allée, d’une compagnie inconnue, m’a demandé « puis-je vous aider ? », a dépêché un employé qui a porté mes bagages, m’a conduit où je devais aller et m’a raccompagné dans les salons de Cathay Pacific.
J’ai dormi jusqu’à l’arrivée à Rome. Et là, le vrai cauchemar à commencé.
J’ai attendu mes bagages pendant des heures.
De nombreux services de l’aéroport Leonardo da Vinci étaient en grève depuis plusieurs jours, le hall commençait à sentir la fauverie. J’ai cherché une cabine téléphonique. Et me suis trouvé face à la tendance bordélique méditerranéenne. Devant les cabines, il n’y avait pas la queue. Non.
Il y avait une énorme boule de gens agités, une foire d’empoigne qu’aucun carabinier n’aurait songé à canaliser. Des centaines de passagers excédés tentaient d’appeler leurs proches ou leur patron.
J’ai pris des sous –oui, à l’époque, la lire, c’était encore un peu des sous- et suis sorti prendre un taxi pour me rendre à Roma Termini.
Arrivé là, peu de cafés étaient ouverts. Le dimanche de Pâques dans la Ville aux Sept Collines, ce n’est pas une plaisanterie. Celui qui était ouvert ne voulait pas que je téléphone en France, même en PCV (ils avaient dû se faire avoir…).
Je suis descendu dans le métro, plein d’espoir en voyant trois cabines téléphoniques.
Hélas, elles étaient toutes vandalisées.
Je suis entré dans la gare pour acheter un billet pour Paris.
Là, j’ai été assailli par une armée de mendiants persuadés que j’étais l’Aga Khan.
J’ai eu un mal fou à m’en sortir en gardant mes bagages et mon portefeuille.
J’ai acheté un billet et attendu.
Toujours aucun moyen de téléphoner. Une foule de concurrents avait décidé de retourner à Paris en train.
Exceptionnellement il faisait très chaud ce jour là.
Nous sommes partis, tous de mauvaise humeur, debout dans les couloirs. La chaleur avait déformé des rails, entraînant des arrêts longs et nombreux entre des avancées courtes et à vitesse lente.
Une fois passé Vintimille, le train a pu avancer à vitesse normale. La SNCF n’avait pas encore décidé de copier British Rail en sacrifiant la sécurité à la rentabilité.
Arrivé à Paris, dans un état de décervelage et de saleté repoussant, au lieu de téléphoner à la maison, j’ai pris un taxi pour aller à Roissy récupérer une voiture dont je n’étais pas sûr d’être capable de la conduire…
J'ai glissé la clef dans la serrure et suis entré dans l'appertement pour y trouver une épouse en larmes, éplorée d’avance.
Elle était persuadée que des morceaux de mon cadavre dépassaient d’une poubelle Hong-Kongaise…
Mais je suis quand même arrivé à temps pour stopper l’avis de recherche international lancé par la boîte.
« Ce n’est pas votre faute. », a dit mon patron, mais si ça devait arriver à quelqu’un, ce ne pouvait être qu’à vous...
Je lui en ai fait d'autres, mais je suis le seul à qui il a offert un week-end à New-York avec femme et enfant.
Je dois avouer qu'il fut un boss très patient avec votre serviteur.
C'est le seul que j'ai connu qui appréciait les jeux de mots en latin...
06:23 | Commentaires (12)