Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 07 septembre 2013

Mais délivrez nous du mâle.

Et surtout, surtout, laissez nous succomber à la tentation…
A la naissance de Lulu, je n’y avait pas prêté autrement attention.
Avant-hier, chez les enfants, la chose m’a frappé alors que nous étions tous réunis autour de la table, sur la terrasse.
Mon fils et moi n’étions même pas une « minorité visible » à peine une minorité tout juste discernable.
Dans la famille de mon père, ils étaient sept enfants, mon père n’avait qu’un frère de dix ans de moins.
A la maison, nous étions quatre enfants, j’ai trois sœurs.
Mon fils était seul, il a une femme et deux filles.
Sans doute pour se venger d'être d'une famille où la seule femme était Heure-Bleue.
Chez lui, même le chat est une chatte…
Chez Heure-Bleue, son père avait une femme et trois filles.
J’aime bien l’idée de voir que les traditions familiales se perpétuent.
Notamment celle du mec tout seul au milieu d’un gynécée…
Bon, ne rêvez pas, rares lecteurs chéris, ce n’est pas de tout repos.
Mais c’est bien quand même, lectrices chéries.
La féminisation croissante de la nature pour cause de pollution aux leurres hormonaux n’a pas que des inconvénients.
C’est fou ce qu’on peut apprendre à ne vivre qu’avec des filles...
Des tas de trucs intéressants.
Même plus qu'intéressants.
La preuve, c'est quand même grâce à quelques uns de ces trucs vachement intéressants que Merveille et Numéro 2 sont arrivées...
D'ailleurs, d'ici qu'on entende la seconde clamer « Je ne suis pas un numéro ! » il n’y a pas loin.

vendredi, 06 septembre 2013

Elle n’amuse que Thalie.

Hier après-midi, Heure-Bleue et moi sommes passé revoir ce qui sera peut-être notre prochain chez-nous. Nous avons fait bondir le chiffre d’affaires du salon de thé voisin, goûté –enfin moi qui suis goinfre- la dernière création du pâtissier qui tient ce salon de thé.
La chaleur aidant, Heure-Bleue a commencé à fondre sous mes ricanements de mec mat de peau et noir –si si, encore…- de cheveux. Elle n’a jamais de mouchoir, je lui ai donc prêté le mien.
J’ai adoré la voir s’essuyer le front, tel le terrassier officiant en plein cagnard…
Nous nous sommes dirigés ensuite vers le « chez-eux » des enfants.
Accueillis par une Merveille toujours grognon de notre évasion de son environnement.
Après un baiser distrait à son papy qui n’est pas préféré ces temps-ci, elle a quand même tenu à me dire ce qu’elle avait fait à l’école.
Quand elle m’eut expliqué longuement toutes les façons de colorier les lettres en rouge et en jaune, son père et moi nous sommes regardés et, avec l’ensemble parfait qui montre une certaine communauté de vues, avons dit « Quand est-ce qu’elle rentre au CP ? »
Puis, elle a tenu à me montrer ce qu’elle savait faire.
Elle a piqué une feuille A4 à son père, la boîte de feutres de luxe de son père et s’est mise en devoir d’écrire son nom et son prénom.
J’ai regardé le trait tremblotant censé signifier « Jeanne » et ai eu le malheur de dire avec une moue dubitative « mmmouaiiiis… »
Elle a commencé par me jeter « Papy ! J’ai un talent parfait ! », on aurait dit Depardieu, puis a repris sa feuille pour tenter une amélioration.
A peine la pointe du feutre posée sur la feuille, j’ai tenté « Euh… Tu tiens mal ton crayon… »
J’ai eu droit à « Papy ! Tu me déconcentres ! »
J’ai dit « Bon… » et ai admiré Merveille tentant d’écrire son nom.
Quand elle eut fini, elle me tendit la feuille. Je l’ai prise, l’ai regardée, ai pris son crayon et ai écrit son nom.
J’ai eu droit à « Papy, pour l’éducation, tu es en dessous de tout ! » d’un ton sans appel.
Heureusement il y eu le dîner où, assise à côté de moi elle me fit un câlin.
Tout aurait été parfait si, après le dessert, elle ne m’avait jeté le regard mauvais de la fille rancunière en disant « Ouiiinnn ! Tu m’as dit que tu allais me détester ! Tu ne m’aimes plus ! »
Notre amour a du plomb dans l’aile, nos relations ne vont pas se rétablir facilement…

jeudi, 05 septembre 2013

Cinquante nuances de gris.

Meuh non, lectrices chéries, je ne me lance pas dans le récit scabreux. Vous savez bien que ça ne me ressemble pas.
Non, donc. Je vais vous conter par le menu le spectacle auquel nous avons assisté, Heure-Bleue, Lakevio et moi en buvant un café à l’angle de la rue qui permet à nos bandits de passer chez nous.
Nous étions donc tous trois, à deviser avant de partir au musée, assis tranquillement à la terrasse de ce restaurant tenu par un couple de Sri-Lankais adorables –surtout elle…Une vraie beauté- en buvant notre café.
Nous avions de la chance, la rentrée n’était pas encore arrivée, la circulation était faible, la rue calme et nos trublions étaient trop occupés dans le square pour nous déranger.
Au bout d’un moment malgré tout, nous fûmes tirés de nos papotages par des braillements avinés. « Embièrés » à la 8.6 pour être précis.
Le type remontait la rue d’un pas incertain.
La nuance de gris était passablement accentuée, au point que son équilibre aurait été salement compromis s’il n’avait eu l'aide de son « Youpala », en réalité une poussette pleine de ses maigres possessions.
Sa trajectoire était néanmoins « uniformément variée », comme on dit d’un mobile en cours de physique.
En effet, tenir une cannette d’une main en poussant une poussette de l’autre en ayant un méchant coup dans le nez n’est pas une mince affaire.
Ce type, un Africain dans la débine, quasiment un pléonasme dans notre coin, avait cette nuance de gris des gens en mauvaise santé.
Là où on s’est aperçu qu’il commençait à y avoir un sacré balagan dans sa matière grise, c’est quand un chien, gris lui aussi mais de poil, s’est mis à aboyer aux mollets de notre ivrogne.
Effrayé il se mit à pester puis, d’un coup il lâcha « Aaahh !!! Les chiens c’est des vaches !!! »
Même son bestiaire était devenu incertain...

 

mercredi, 04 septembre 2013

C’était bien…

Mon voisin du dessous et moi devisions hier après-midi sur la petite place qu’Heure-Bleue passerait volontiers au lance-flamme.
Le gardien nous expliquait sa jeunesse difficile et sa réussite scolaire tardive. Il n’est ni stupide ni inculte mais les temps sont difficiles et il s'accommode tant bien que mal de sa place de « garde du corps de locataire ».
Nous étions quatre ou cinq à papoter du bon vieux temps où il suffisait d’un regard noir d’adulte pour que nous nous tenions tranquille et nous mettions à parler doucement. Notre voisin du dessous était, comme moi, vaguement surpris de l’inefficacité d’un système scolaire qui lui avait pourtant permis, comme à votre serviteur adoré, grâce à quelques coups de pieds dans le cul judicieusement donnés, d’atteindre une position sociale plutôt enviée.
Au cours de notre conversation, nous en vîmes à discuter des mérites respectifs des établissements qui nous accueillirent et nous formèrent aux dures contingences de la vie d’adolescent.
Après quelques questions, histoire d’être sûr que nous n’étions pas de vulgaires loubards en quête de clients de défonce, il lâcha
- Moi, j’étais au lycée Claude Bernard…
- Ha bon ?
- Oui, c’était là qu’on a vu bâtir le Parc des Princes…
- Moi, c’était Jacques Decour.
- Ah ? Et il y avait quoi à côté, parce que nous…
Ajouta-t-il un regard rêveur dirigé vers le ciel…
- Oui ?
- Aaahhh… C’était un peu plus loin…
- Ah bon, nous il y…
- C’était le lycée Lafontaine.
-…
- Un lycée de jeunes filles, c’est là que…
C’est là que je lui ai demandé « mais vous avez quel âge ? »
- Soixante-deux ans, et vous ?
- Soixante-quatre ans. Et ?...
- Et ton lycée, à toi, il était où ?
- A deux stations de la place Clichy.
- C’était quoi à côté de Jacques Decour ?
- Ben, le lycée Jules Ferry !
- C’était un lycée de jeunes filles ? Maintenant,  c’est mixte…
- Oui, c’était ça…
L’œil rêveur il m’a dit :
- C’était bien, hein ?
- Oui, c’était bien… Ai-je conclu.
Nous sommes de la même génération, que voulez-vous…

mardi, 03 septembre 2013

Les sonos tonnent !

Ce matin, à six heures et six minutes exactement, j’ai été réveillé en sursaut.
Par ma camarade de lit.
Heure-Bleue.
Elle m’a, d’un seul coup d’un seul, fait comprendre pourquoi les sonomètres sont, de nos jours, numérisés et doté d’un affichage électroluminescent.
Avec un modèle plus ancien, il est sûr que l’aiguille de l’appareil en eût été tordue.
Oui, lectrices chéries, j’ai été tiré brutalement des bras de Morphée, non pour tomber dans ceux d’Heure-Bleue, mais par le ronflement de ma moitié !
Oui, celle qui m’affirme sans sourciller, les yeux encore clos, « je ne peux pas ronfler puisque je ne dors pas »…
Elle insiste à l’instant même « Mais je ne dormais pas ! Je persiste ! Aaaahhh Zut ! »
La femme de ma vie est un exemplaire rare de la gent féminine.
Non qu’elle soit silencieuse, elle est même prolixe.
Non qu’elle soit effacée, elle est même parfois belliqueuse.
Non qu’elle soit faible, elle résiste à tout, sauf à la tentation.
Non qu’elle soit de mauvaise foi, elle croit seulement que j’ai toujours tort.
Mais là où elle me surprend encore après plus de huit lustres de vie commune, c’est qu’elle persiste à penser être totalement à l’état de veille alors qu’elle dort du sommeil du juste.
J’en veux pour preuve le ronflement de réacteur d’un Rafale au décollage qui s’échappe d’un nez caché par ses cheveux en cafouillon perpétuel.
Pour être parfaitement honnête –si, si, ça m’arrive- mon sommeil était certainement moins profond car il durait depuis plus de sept heures, mais tout de même.
J’aurais bien tenté de stopper le vacarme d’un bisou mais le souvenir d’un réflexe nuitamment dangereux d’il y a quelques années m’a fait renoncer à cette idée.
Je me suis contenté d’une caresse sur son bras.
Ça n’a hélas attiré qu’un grommellement inintelligible.
Et ça c’est quand même étrange, venant de quelqu’un censément éveillé, non ?
La même m’assénant ensuite « Ah c’est parce que je ronflais ? Je croyais que c’était juste gentil… »
Avouez qu’elle est gonflée…