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samedi, 10 août 2013

La poule devenue lapin...

 

Eh ! Vous voyez bien ! Quoiqu'on dise du mal de ce quartier, j'y suis plutôt bien accueilli...

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Cela dit, lectrices chéries, mes amours, quoique vous en pensiez il m’est arrivé de prendre des râteaux d’une ampleur insoupçonnée.
Il m’en souvient un, j’avais un peu plus de dix-neuf ans, mai 1968  s’était envolé, le mois de juin était passé qui avait vu la droite, effrayée précédemment à l'idée de partager les fruits de la sueur de ses ouvriers, revenir fièrement narguer le travailleur communiste.
La torpeur de juillet, suivie de la sieste d’août, oui la France était fermée au mois d’août en ce temps béni, avait fait place à l’activité de la rentrée.
Je revenais de chez un ami qui habitait du côté de Saint-Lazare, plus vers Saint Augustin en réalité, et me dirigeais vers le métro.
Une fille traversa la rue de la Pépinière et me p
assa sous le nez, raide comme la justice, me marchant quasiment dessus. J'ai grogné « Pardon... »
Elle me regarda de l’air d’une princesse persuadée que ses pets sentaient la violette.
A moins qu’elle ne me crût capable de pisser sur sa moquette, allez savoir…
Toujours est-il qu’elle se dirigeait elle aussi vers la gare Saint Lazare d’un pas vif.
Je descendis les marches de la station, arpentai cent millions de kilomètres de couloirs pour rejoindre la ligne qui me déposerait à la station Arts et Métiers.
Quand la rame est arrivée, je suis monté, me suis assis et ai ouvert mon bouquin.
La fille, que je n’avais pas vue sur le quai, est montée et s’est assise face à moi. C’est quand j’ai vu ses genoux, jolis les genoux, que j’ai levé le nez de mon livre et l’ai regardée.
Elle avait l’air moins « pétasse » que dans la rue, ses préoccupations lui donnaient un air sérieux qui lui allait bien.
Je la regardais assez attentivement pour qu’elle me jette « J’ai du noir sur le nez ? » d’un ton assez peu aimable.
A peine plus aimable, j’ai voulu répondre « C’est le seul truc qui pourrait vous arranger. »
Mais elle avait de si beaux yeux et était si mignonne...
Alors je me suis contenté de « Oui, un peu, mais ça va vous si bien… »
Elle a souri et nous avons engagé une conversation à bâtons rompus. Comme elle allait plus loin que moi, elle est descendue sur le quai de la station Arts et Métiers pour converser encore un peu.
On a fini par se donner rendez-vous pour le dimanche suivant avec l’idée d’aller voir Rosemary’s baby au Gaumont de la place Clichy « le plus grand écran d’Europe avec ses 270 m² !!! » disait la publicité.
Ce dimanche-là, j’ai ciré mes chaussures, je me suis peigné, brossé les dents dix-sept fois.
Je me suis rendu place Clichy, devant le Gaumont. Pile à l'heure.
Puis attendu une demi-heure et suis retourné vers chez moi, un peu vexé quand même.
En vrai, je ne saurais jamais si c’était un lapin ou si elle avait trois quarts d’heure de retard.
Je sais seulement qu’elle s’appelait –et s’appelle sûrement toujours- Frédérique.
Un râteau de plus probablement, parce que quand on poireaute une demi-heure à un premier rendez-vous, c’est un mauvais plan…

vendredi, 09 août 2013

Choufe Marcel !

Je ne comprends pas que les forces de l’ordre soient présentes par milliers d’hommes quand quelques dizaines de vélocipédistes arrivent aux Champs Elysées et qu’on n’arrive pas à trouver une voiture et quatre agents de police quand une bande de petits couillons –je dis « couillons » parce que c’est avec ça qu’ils pensent- pourrissent la vie d’un ensemble qui compte, en trois immeubles une bonne soixantaine de familles.
Je suis ulcéré par le fait que ces malfaisants puissent, manifestement sans risque, considérer que les porches de la résidence leur appartiennent au point qu’il nous faudra bientôt payer un droit de passage pour rentrer chez nous.
Je suis scandalisé qu’ils puissent sans problème se moquer des injonctions de la police alors que le pauvre justiciable que je suis, dont les impôts nourrissent la même police, risque à chaque appel au 17, de tomber sous l’accusation de « délit d’outrage » pour un mot d’agacement ou une remarque sur l’inefficacité des services de police.
Comme je suis un homme de gauche, je vais rester de gauche.
Je vais seulement changer de gauche.
Il m’arrive même ces temps-ci de rêver d’une gauche stalinienne.
Une gauche pleine de cachots, de prisons, de goulags et de bagnes.
Histoire de loger décemment ces emmerdeurs.
Bref, une gauche fasciste…

Ben oui, ne prenez pas cet air étonné, voire scandalisé, ça existe !
Il n’y a pas que de la gauche faux-cul, qui lénifie à la radio et dépiaute en loucedé des camps de gitans comme le faisait la droite précédente.
Il y a aussi la gauche Kim Jong Un, qui vaut bien la droite Poutine en matière de piétinement des droits et des libertés publiques.
Si seulement ils pouvaient piétiner mes squatteurs de porche et les faire avancer à grands coupe de pieds dans le bas du dos et de coups de « tonfa » sur leurs têtes vides en direction de leurs halls d’immeuble jusqu’à ce que ces emmerdeurs aient pris l’habitude de squatter chez eux plutôt que chez moi, ça m’irait bien.
Ça m’éviterait de me désoler sur le fait que j’étais farouchement antiraciste quand j’habitais le XVIIème alors que j’ai bien du mal a seulement n’être pas raciste depuis que j’habite ce coin du XXème…
Du temps où j’exerçais mes coupables talents, on remarquait déjà dans les entreprises, en me jetant un regard mauvais, que « le hardware, c’est ce qui coûte cher ! »
Ben oui, le matériel, ça coûte des sous et du temps à étudier, à fabriquer et à contrôler.
Les choses évoluant, on a regardé de travers les informaticiens en disant « le software, c’est ça qui coûte cher ».
Ben oui, le logiciel, ça coûte des sous et du temps à analyser, à développer et à vérifier.
Je peux vous affirmer aujourd’hui que ce qui coûte le plus aujourd’hui en temps, essentiellement perdu, c’est « le bavardware »…
Ça coûte du temps en réunions dont ne sort comme décision que la date de la prochaine réunion, généralement assez éloignée de la précédente pour qu’on en ait oublié l’objet et perdu le rapport.
Et ça, ça m’agace.

jeudi, 08 août 2013

La voix dort.

 

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Tiens, j’ai lu un livre.
Un vrai. Un qui dit quelque chose. Et le dit bien.
Ça faisait longtemps, enfin longtemps j’exagère, mais trop longtemps à mon goût.
Une vie bien remplie.
De vide essentiellement, mais c’est si bien dit.
Enfin, je dis une vie remplie de vide, j’exagère.
D’occasions manquées, faute de mots.
De mauvaises occasions saisies au vol, à cause des mots.
De l’art de se laisser emporter puis couler.
Toutes les cartes en mains, puis les échapper dans le caniveau par maladresse.
Une vie à courir pour finalement se laisser mener par les évènements et les autres.
Se laisser embarquer dans des vies où il ne recueille que des responsabilités qu’on refuse de lui laisser assumer. Toujours en retard d’un sentiment ou d’une parole tandis que d’autres paroles lui assurent une fortune qu’on lui ravira.
Il y a longtemps que je n’avais pas lu un livre où non seulement l’auteur à quelque chose à dire mais respecte la concordance des temps pour le dire.
Comme il a obtenu le « Prix Marcel Pagnol 2011 », d’aucuns en ont déduit que c’était un livre amusant.
Il arrive que l’on sourie. On y rit surtout de la cruauté de la vie, comme on ne résiste pas à rire d’un mot caustique.
Pas très gaîment…
Bref, un bon bouquin.

 

mardi, 06 août 2013

L'appeau de Lichtenstein…

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Hier, Heure-Bleue et moi sommes allés voir l’exposition Lichtenstein à Beaubourg.
Certains, dont Heure-Bleue, disent de Beaubourg « Ouais… Mais c’est un musée élitiste… »
Je lui ai dit « Mais non, d’abord c’est quoi un musée élitiste ? Tous les musées sont élitistes puisqu’il faut faire l’effort de s’y rendre et avoir une idée de ce qu’on y trouve. »
Elle m’a dit avec assurance « Non ! C’est un musée où tu vas quand il y a peu de monde, où tu visites des expos quand seuls quelques touristes sont là, à des heures inhabituelles, où tu ne paies pas alors que tout le monde paie, et cher encore ! »
Alors oui, Beaubourg est un musée élitiste, on y va aux heures où il y a peu de monde, où seuls quelques touristes accompagnaient son café frappé et mon diabolo-fraise sur le toit de Beaubourg.
En plus, grâce à ma « bancalitude », on ne paie pas…
On fait partie de « l’élite ». Et ça n’arrange pas mon genou.
Ce fut une bonne journée.
Une excellente journée même.
J’ai réussi à faire rire une jeune femme.
Mignonne la jeune femme.
Accompagnant un jeune homme qu’elle tentait de photographier.
Devant ce tableau justement.
Je me suis dit qu’elle aurait pu choisir un autre tableau…
Alors je lui ai dit doucement à l’oreille « Is he called Jeff ? » avec les points de suspension qui vont bien.
Elle m’a regardé, regardé de nouveau le tableau, puis son camarade et enfin regardé de nouveau.
Elle a eu un sourire malicieux puis a ri de bon cœur.
Heure-Bleue a ajouté, ingénue (?) « C'est prémonitoire... »
Son petit camarade a eu l’air inquiet, d’un coup.

Ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Heure-Bleue me connaît trop pour plonger dans des trucs pareils…

lundi, 05 août 2013

Beam me up Scotty !

« Ces cimes jumelles, culminant pour l’une d’elles à 7 546 m, sont peu spectaculaires ou moins que prévu : elles ont quelques chose d’hercynien, si vous voyez ce que je veux dire. » écrit l’auteur de « Le ravissement de Britney Spears » au début du chapitre 2.
Assez curieusement ce matin, j’ai la cervelle un peu dégagée et  je vois très bien ce qu’ « hercynien » veut dire.
Et pour cause, « hercynien » est un mot adoré des profs de géographie de cinquième en 1959 et 1960.
Comme j’ai passé deux ans en cinquième, je me rappelle très bien ce qu’est le « plissement hercynien qui caractérise les monts du Massif Central et du Massif Armoricain ».
Du coup, je suis parti dans une rêverie tout en écoutant France-Inter, en lisant ce bouquin qui mobilise assez peu de ressources pour que de la main droite je remplisse en même temps ma grille de mots fléchés.
Je pose mon crayon, ferme mon bouquin avec le ticket de métro qui mes sert de marque-page –le jour où tout aura été remplacé par un « passe Navigo » il ne nous restera plus que les cartes de fidélité de sandwicheries pour savoir où on s’est arrêté-…
Je tends l’oreille pour apprendre que soixante-dix-neuf personnes se sont noyées depuis le début juin et me dis que c’est une belle moyenne.
Replongeant dans ma rêverie, j’ai exceptionnellement évité de m’envoyer mon café sur les genoux et ai revu cette dame, à qui, probablement  « les os ne font plus mal » qui m’avait collé une bulle en composition de récitation.
Puis, de proche en proche, me suis revu il y a peu, quelques années tout de même, sur les marches de la mairie du IIIème arrondissement, accompagné d’une ravissante jeune femme, à peine enceinte, dans une robe courte éclairée d’un plastron, choisi exprès violemment rouge pour emmerder ma mère.
La jeune femme en question couverte d’un manteau de shantung ivoire qui sera, quelque temps plus tard couvert de café par la femme un ami.
Ce qui me vaudra d’être fâché avec lui quand, vicieusement, au cours d’un repas au restaurant, entourés d’amis, elle lui demandera « tu es marié depuis combien de temps avec ta femme ? », qu’il lui répondra fièrement « Dix ans ! ».
En fait la fâcherie a commencé quand le silence de mort s’est abattu sur la table parce qu’elle a alors demandé « Et t’en as pas marre ?! »
Quand elle a fini d’être enceinte de notre fils, ce dernier s’est empressé de mettre enceinte la jeune femme qui a donné naissance à Merveille.
De retour en 2013, je me rends compte que Merveille a une sœur qui a moins d’une semaine.
Finalement, j’entends que ce week-end, quatorze personnes sont mortes noyées.
Il était temps que Scotty me ramène à bord.
J'étais sur le point de sombrer, il y a des jours, commeça, où on a la cervelle en roue libre…