samedi, 29 juin 2013
L’alibi d’eau…
Hier, nous sommes allés à la banque, eh oui, on ne peut faire le changement d’adresse via le Net ou par téléphone.
Bon, c’est rassurant quand même, même si la NSA connaît maintenant notre nouvelle adresse…
En attendant le bus, on a eu la chance de bénéficier du papotage à haute voix et sans interlocuteur bien défini d’une dame au langage fleuri. Elle m’a rappelé la mère de Michel Sardou.
Une fois dans le bus, la dame s’est calmée un moment mais a été remplacée par une autre.
Fervente adepte du « c’était mieux avant », genre je rêve… Persuadée qu’elle était que justement « avant » les gens étaient gentils, les enfants ne pleuraient pas et « on n’encombrait pas les bus avec les poussettes, bon les fauteuils roulants encore, je veux bien mais les poussettes faut pas non plus » etc.
La mamie atrabilaire gardait sur les genoux un de ces micro-clébards mauvais comme tout et continuait à se chamailler avec deux jeunes femmes debout près de nos sièges, à Heure-Bleue et moi.
J’ai dit à la plus proche de moi « si l’exégèse de la poussette dans le bus vous semble trop longue, je peux lancer un débat sur le chien trop grand pour monter dans le bus avec sa maîtresse, ça devrait l’occuper jusqu’à la Bastille ! »
La jeune femme, à ma grande surprise ne savait pas ce qu'était une exégèse, elle avait pourtant l'air à savoir.
Pour le reste elle semblait d'accord...
Mais voilà, Heure-Bleue, ennemie du dialogue en bus m’a dit « Oh non ! Laisse tomber ! Sois sérieux au moins une fois dans ta vie ! »
Alors j’ai laissé tomber. Pourtant je suis sûr que c’eut été drôle. Mais bon…
Nous sommes évidemment passés par le BHV.
Au retour de la banque, nous sommes tout aussi évidemment passés par le Monop’ , il faut savoir retourner aux sources.
Puis nous avons repris le bus. Ce bus qui nous fait passer devant la boutique de meubles Roméo. Cette boutique qui remonte le moral rien qu’à voir ces meubles qui font assaut de mauvais goût au point de faire rire…
Une dame sympa m’a cédé sa place et est partie avec Heure-Bleue au fond du bus.
Heure-Bleue a eu de la chance. Plus que moi qui ai eu l’accoudoir squatté par un type qui, non seulement sentait l’aisselle négligée mais était bavard. Ça m’a permis d’apprécier son haleine de chacal…
Quand nous sommes descendus, Heure-Bleue m’a dit « Tu sais quoi ? La dame, eh bien c’est la femme de Mélac ! Tu te rappelles Mélac ? »
Bien sûr que je me rappelle Mélac, il tient un bar à vin rue Léon Frot. Il y a des années nous y sommes allés un samedi midi. Heure-Bleue à trouvé le Beaujolais Villages de luxe très bon, trop bon. Hélas, le manque d'habitude est plein de risques.
Son siège était devenu collant...
J’ai dû aller moi-même en métro ouvrir la libraire à sa place, le temps qu’elle se décolle.
Alors si je me souviens. Vous pensez…
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vendredi, 28 juin 2013
La vie en rosse...
Il y a des jours comme ça où se taire est une excellente initiative.
Initiative que je devrais prendre plus souvent.
Ça éviterait de prendre en pleine figure des réflexions dites censément « mine de rien » mais qui vous font mordre la langue juste trop tard.
Nous regardions un téléfilm avant-hier soir.
Un truc plein de mélo, guimauvesque à souhait mais le rôle principal est tenu par Marius Colucci.
Heure-Bleue craque sur ce rouquin au teint pâle.
Quand elle change soudainement de position esthétique, je devrais me méfier.
Son côté sorcière fait qu’elle a dû pressentir une situation où elle aurait l’avantage sans discussion possible.
J’ai beau le savoir, vivre avec elle depuis plus de quarante ans, je n’y prête attention que trop tard.
Toujours trop tard.
J’aurais justement dû me méfier ce soir.
Une demi-heure avant elle craquait sur le type d’homme plus habituel pour cette rouquine à peau claire : Takiedine.
Je n’ai jamais su si elle aimait le type moyen-oriental ou le type milliardaire.
Je penche pour la première version.
Je ne suis pas milliardaire.
Mais je ne suis pas sûr non plus qu’elle m’aime.
Le mystère reste donc entier et c’est aussi bien.
Le téléfilm continue. Un moment, une scène qui lui semble importante se déroule pendant la montée des marches du Sacré-Cœur.
Je regarde quelques minutes.
Puis je lâche « Tiens, il y a combien de temps que nous ne sommes pas allés au Sacré-Cœur ? ».
Heure-Bleue lance, sûre d’elle, d’une voix melliflue « Jamais avec moi ! »
J’ajoute, toujours imprudent « Je ne me souviens pas, ça fait un moment mais je suis sûr que c’était avec toi… »
Heure-Bleue dit mezzo voce « Ça doit faire un moment, je ne m’en souviens pas… »
Je regarde l’écran qui montre une jeune femme monter les escaliers de la butte qui sont durs, etc…
Je dis à Heure-Bleue « il y a quand même un moment et… »
Et là, celle qui n’est pas rancunière mais n’oublie rien et n’est pas jalouse pour deux sous m’interrompt et jette d’une voix plutôt acide « C’était sans doute avec Dulcinée… Tu es souvent allé au Sacré-Cœur avec Dulcinée, non ? »
Je continue à regarder le téléfilm en faisant semblant de rien.
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jeudi, 27 juin 2013
Il marche au « Pas de loi. »…
Je savais que nous étions « espionnés » pendant nos voyages sur le Web par une bande de vautours prêts à tout pour nous faire cracher nos sous dans des achats stupides et inutiles.
Je savais aussi qu’une bande de truands essayaient sans cesse de me faire cracher mes coordonnées bancaires en me disant que la CAF me devait des sous qu’elle avait oublié de me donner.
Les pauvres andouilles, la CAF est radin mais ne truffe pas ses avis de fautes d’orthographe ni de tournures de phrase anglo-américaines et n’oublie jamais mes coordonnées bancaires…
Je n’ignorais pas non plus que le membre supplémentaire gracieusement fourni par la mâle condition pouvait être allongé de quatre pouces (101,6 mm) si j’achetais une machine de torture de 300 US$.
Que diable ferais-je d’un outil propre à féconder une jument ?
On me prévient régulièrement que je suis en bonne place pour le tirage qui me verra l’heureux gagnant d’une luxueuse berline dont je n’ai que faire, que je vais rayer en tentant de la garer à la place mal foutue assignée par mon bailleur.
Tout ça, quoi…
Mais je pensais néanmoins que le secret de la correspondance privée était, sauf suspicion judiciaire, garanti par la Constitution.
Eh bien non !
La NSA –rien qu’à écrire ça, paf ! Un nouveau fichier vient d’être créé dans leur monstrueuse base de données- s’arroge le droit, pour garantir la sécurité des Etats-Unis, de stocker toutes les communications privées, qu’elles soient téléphoniques ou via le Web, qu’elles soient « vocales » ou « alphanumériques ».
Il suffisait, il y a peu, que certains mots soient prononcés pour que la communication soit enregistrée, datée, identifiée et tout et tout.
Exemple :
Un type demande des nouvelles de sa machine à laver en panne à un service après-vente .
- Allo ? Ma machine ! Elle est où ça, ma…
- Où ça ma quoi ?
- Oui ! Où ça ma… ma… ben… Laden ?
Sur un coup comme ça, vue l’étroitesse d’esprit et le crâne ossifié à cœur du préposé à la « sécurité du pays de la liberté, de la démocratie et de la libre entreprise », le pauvre type qui a un lave-linge en panne n’a pas intérêt à réclamer un visa pour aller passer un week-end à New-York.
Passé la cahute de « l’Immigration Service » il se retrouve avec les poucettes et mis au secret sous le coup du « Patriot Act ».
Heureusement, comme le remarque un Américain au tempérament moqueur, grâce à la NSA, plus de risque de perdre vos données…
Ce qui prouve la stupidité profonde de ce genre de paranoïa, c’est que la possibilité de stocker un siècle de communications mondiales, dans environ trois mille langues, sans compter le codage de ce qui doit être caché, donne une telle quantité d’informations qu’il est impossible de les traiter, voire simplement de trouver celle qui est significative. Rien qu’à divulguer l’existence de ce système contribue à le remplir de mauvaises farces et de ces rumeurs dont le Net est si fertile.
Quels farceurs ! Que dis-je, quels cinglés !
Des paranoïaques sévères veulent tout savoir sur tout et tous.
Et c’est censé nous protéger.
Mais de quoi ? Et qui nous protégera d’eux ?
Georges Orwell l’a rêvé. La NSA l’a fait !
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mercredi, 26 juin 2013
Diplomatie de la langue...
Bon, lectrices chéries, je suis navré de vous le dire, mais je sens que je vais vous décevoir gravement.
J’aime vous dire « lectrices chéries » car ça agace Heure-Bleue qui va jusqu’à prétendre que ça vous agace aussi, du coup, taquin comme je suis…
Revenons plutôt à mon propos qui était de vous prévenir que je dois vous déshabituer de ces superfluités qui font le charme de votre vie « bloguesque ».
Je veux parler là de ces charmantes historiettes qui ont été le sel de ma vie avant qu’Heure-Bleue ne se l’approprie.
A la limite avec plus d’accord de mon côté que du sien, certes, mais tout de même.
Oui, elle a toujours aimé qu’on la supplie et comme je n'ai jamais cédé à la facilité…
Combien vous ai-je conté de ces histoires qui vous ont passionnées (sauf Mab...) ? Une, mmmhhh… deux, mmmhhh… trois…
J’ajoute Heure-Bleue et celle dont je n’ai pas le droit de parler.
Sachant que de toute façon je n’ai vraiment le droit de ne parler d’aucune, il en reste… Une, mmmhhh... deux, mmmhhh… trois.
Voilà, c’est ça.
Trois !
Voilà pourquoi je sens poindre :
- De la déception chez vous.
- De la grogne et peut-être même de la haine chez Heure-Bleue.
Ben oui, lectrices chéries, je suis marié avec Heure-Bleue, pas avec vous.
Que celle qui a dit « Hélas » trop fort, là-bas dans le fond, se fasse plus discrète.
Flatté, certes mais trop près d’Heure-Bleue pour me laisser aller à un commentaire qui pourrait bien me coûter l’œil qui me reste.
Un coup de stylo est si vite arrivé…
Pourquoi vous parlais-je de ça ?
Ah oui, toujours à propos des relations entre les hommes et les femmes, entre les garçons et les filles.
Cet après-midi, heure de sortie des écoles.
Les élèves traversent le square et la place enserrée par « nos » immeubles et les deux jardins.
Nos lascars d’en bas profitent « du retour de l’absence de pluie » et de la fin de cours –qu’ils ne suivent manifestement pas avec toute l’assiduité nécessaire- pour tenter d’engager la conversation avec leurs camarades du « camp d’en face ».
Je les entends par la fenêtre ouverte. Hélas pour eux, ils ne sont pas pauvres que d’argent. La misère lexicologique aussi frappe ce qu’on peut qualifier de « classes difficiles » mais sûrement pas de « classes laborieuses » comme on dit au PS.
Les filles les plus faciles à aborder sont, malheureusement pour eux, celles qui font dire aux sociologues « on se marie dans sa classe sociale ».
Autrement dit des jeunes filles dont je préfère que le père ne soit pas moi.
J’ai déjà assez honte de ce qu’il m’arrive de penser sans en plus avoir honte de ce qu’elles pourraient être mes filles…
Quant à celles qui me semblent « plus fréquentables », je les entends peu.
Elles parlent doucement et sans accent « zyva ».
Du coup les gamins n’osent même pas leur parler et à peine les regarder.
Pour ce que m’en apprennent les nouvelles du quartier, ils osent seulement à la nuit tombée, quand elles reviennent d'une sortie, les frapper pour leur piquer leur i-Phone.
Je sais, je suis bégueule, je vous l’ai déjà dit.
Mais j’aime mieux les gens qui parlent doucement et ceux qui obtiennent ce qu'ils veulent par la négociation…
06:40 | Commentaires (7)
dimanche, 23 juin 2013
Genitrix.
Lectrices chéries, vous ai-je déjà parlé de ma mère ?
Il me semble bien, pourtant.
Mais bon, il y a tant de choses à raconter…
Je vous rappelle que la séance chez le psy coûte entre un bras et un œil pour n’être que vaguement soulagé –cette phrase a un côté un peu « client de péripatéticienne » mais c’est voulu.
Bref, lectrices chéries, vous avez un énorme avantage sur un psy.
Ce n’est pas la gratuité.
C’est que, contrairement à lui je peux me persuader que ce que j’écris vous intéresse.
La gratuité, lectrices adorées, ajoute un petit quelque chose d’altruiste à votre écoute que j’imagine chaleureuse et attentive.
Ça va, là ? Je peux passer à autre chose que la pommade ? Hmmm ?
Revenons donc à « Pfff… Oui, mamaaaan… » et ses mauvaises habitudes dans ses façons de se mêler de ma vie.
Elle s’en mêla dès ma naissance, bien sûr, et ça me plut.
Je retirai de mes premiers repas, surtout de leur service de table, cette saine curiosité qui guida ma vie.
Je n'ose dire « jusqu'aujourd'hui » car Heure-Bleue me lit.
Et elle est partageuse moyen...
Et ça me plut, donc disais-je.
Du moins jusqu’à mon entrée à « la grande école ».
Après, ce fut une suite sans fin –du moins jusqu’à la sienne- de catastrophes diverses.
Elle saccagea ma réputation auprès de copains. Quand ils daignaient passer à la maison, ce qui était rare vu l’état du quartier et l’exigüité du logement, elle ne tarissait pas d’éloge sur la merveille qu’était son fils.
Ce n’était déjà pas trop facile à vivre. Il fallait en plus que devant les plus sévères d’entre eux elle me serre dans ses bras et me couvre de baisers qui ruinaient complètement ma réputation de garçon indépendant et ironique, voire franchement caustique.
Vous avez déjà essayé de parodier Voltaire quand une dame, emphatique comme elle pouvait l’être, surtout au mauvais moment, vous a dit devant vos copains « Viens mon fils ! Viens mon sang ! » avec le ton de Sarah Bernhardt –ma mère surjouait beaucoup…- et vous a couvert de bisous en vous étouffant ?
Ça vous gâche tous vos effets. Et ça vous pourrit les douze récréations suivantes…
Heureusement, toute sa vie guidée par le fameux « faut que je me repose » m’évita la gêne causée à coup sûr si elle avait décidé de venir me chercher au lycée.
A l’époque, que je crois aujourd’hui bénie, de ma 6ème, je rougissais encore au souvenir de mon entrée chez les Frères.
Aujourd’hui il ne me vient que des envies d’acheter un lance-flamme…
Heureusement que j’ai un caractère patient et plutôt heureux.
Mais j’ai pu vérifier qu’on ne se calme pas en vieillissant.
On ne devient même pas adulte.
Juste on a mal à un genou.
Celui que j’ai plié en biais vers seize ans à la patinoire.
Bien, Monsieur Le Goût.
Nous vous recevrons en séance la semaine prochaine ?
Ce sera zéro sous et zéro centimes, merci.
Merci lectrices chéries.
12:47 | Commentaires (9)