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samedi, 08 novembre 2014

Pas simple, l'idée lumineuse avec les ampoules aux doigts...

J’aime beaucoup certaines de mes lectrices chéries.
Je les aime toutes bien sûr mais bien que je sois faux-cul par moment,  par tactique aussi, il y en a que je préfère.
Celles qui m’encensent, évidemment, « mais pas que » comme écrivent certaines.
J'adore les lectrices chéries qui, lorsque ma cervelle est stérile, liquéfiée par les années, me donnent souvent dans leurs commentaires l’étincelle qui engendrera ma prochaine note.
J’aime, par exemple, celle qui me donne le sujet de la prochaine note parce que « je préfère quand vos causes actu ou politique ».
J’avais retiré de son commentaire qu’elle n’apprécie que modérément Racine.
Une autre m’explique longuement comment j’aurais dû écrire la note du jour.
Assez curieusement, son premier argument me laisse rêveur.
Elle commence par « c’est trop long à lire pour moi »…
Puis me dit qu’ « il eût été bon de citer Modiano », l’auteur de « L’herbe des nuits » que je suis en train de lire.
Aaaahhhh… Lectrice chérie… Voyons…
Tu sais bien que c’est inutile.
Ou bien c’est pire. Tu me hais et tu tentes de me faire passer pour un parfait cuistre.
Taisez-vous Mab, Milky et Lakevio, je vous ai entendues !
Revenons à mes moutons.
Ou la lectrice chérie connaît l’auteur de « L’herbe des nuits » et il est indélicat de lui rappeler qui l’a écrit.
Ou la lectrice chérie ne connaît ni le livre ni l’auteur mais veut savoir. Dans ce cas elle se prend par la main et demande à Wikipedia de la renseigner.
Ou la lectrice chérie ne le sait pas et s’en fout, il est donc inutile de la renseigner.
Pourquoi devrais-je faire étalage de ma science, comme si ça faisait avancer le monde que le Goût des autres connaisse le nom de l’auteur du livre qu’il lit.
Pour faire comme certains que je ne nommerai pas pour ne pas faire de peine à celui qui s’est déjà rendu célèbre en assénant que son auteur préféré était « Zadig et Voltaire » ?
Pour éblouir à peu de frais des foules inconnues qui s’esbaudiraient en disant « Mon dieu ! Le Goût lis un livre d’un type qui a eu le prix Nobel de littérature » ?
Dis moi, lectrice chérie, tu ne me prendrais pas pour une andouille ?
A moins que tu ne penses que je sois mal réveillé…
Puis tu m’enjoins à donner le titre du « livre de fille » que je lisais avant qu’il ne me tombe des mains.
En demandant si, par hasard il aurait coulé de la plume de femmes parmi les plus brillantes du siècle en matière de littérature.
Franchement, il te serait venu à l’idée de dire de « Les armoires vides », « Le deuxième sexe », « Moderato Cantabile » ou « Aimez vous Brahms », que ce sont des « livres de fille ».
Un « livre de fille », car il m’arrive d’en lire, c’est plutôt « Bridget Jones »…
Comme ça tu sais, lectrice chérie.

vendredi, 07 novembre 2014

Distribution d’épris…

Ce matin, j’ai laissé tomber un « livre de fille » comme il m’arrive d’en lire pour meubler les heures où je n’ai pas envie de faire d’effort. Celui là était vraiment trop ennuyeux.
J’ai reposé le livre sur une étagère et ai pris un de ceux que j’ai acheté quand nous sommes allés, Heure-Bleue et moi, retrouver Bérangère.
Puis j’ai commencé à lire « L’herbe des nuits ».
Je l’ai acheté, j’avais été tenté en le voyant car j’avais lu il y a longtemps « La place de l’étoile ». Ce type parle vraiment bien de la mémoire et de ses méandres.
Dès les première phrases il m’a emmené avec lui. Il parlait très vaguement du quartier de Montparnasse dans lequel il ne se sentait pas à l’aise.
C’est là qu’un souvenir du XVIIIème arrondissement m’est revenu qui n’avait aucun rapport avec Montparnasse.
C’était la  fin du mois de juin et mes sœurs allaient à la distribution des prix de leur école.
Pour la première fois, mon père me tiendrait par la main en allant à l’école  de ma grande sœur sur le chemin de son école, celle de la rue Gustave Rouanet, à la hauteur du 104 rue Championnet.
Ma mère irait avec la cadette et la benjamine à leur école, celle du 9 de la rue Championnet.
La cadette reviendrait avec le « Prix de camaraderie » car si je connais sur le bout du doigt, près de soixante ans plus tard « Mal logés, mal vêtus, mal nourris, les serfs vivent sous la domination de leurs seigneurs qui les exploitent », ma sœur ne sait toujours pas sa leçon d’Histoire…
La benjamine n’aurait rien. Du moins pas autre chose que « le Prix d’encouragement ».
Non qu’elle ne fut pas douée mais l’habitude de régler les dissensions avec les autres enfants à coups de griffes et de tirage de cheveux lui bouchait le chemin des lauriers…
Ma grande sœur marchait devant nous. Elle nous guidait, le sourire aux lèvres…
Elle souriait depuis le matin, elle savait que l’année suivante elle irait dans une autre école apprendre la comptabilité et surtout, surtout qu’elle avait décroché plusieurs prix.
Mon père, ma grande sœur et moi sommes enfin arrivés devant cette école, la seule de briques rouges que je connaissais, les autres étaient toutes de pierre de taille.
Une estrade avait été dressée sous le préau, une grande table était couverte de livres habillés de ruban, rouge, bleu, vert ou blanc, selon une hiérarchie dont je n’avais pas idée.
Ma grande sœur a regardé autour de nous, cherchant quelqu’un. Elle a trouvé son amie et nous sommes allés nous asseoir sur un banc, attendant la suite.
J’ai regardé son amie, elle s’appelait Colette P. et je l’ai trouvée belle. Elle était blonde, avait les yeux bleus, une voix douce et habitait rue Vauvenargues. Elle sont restées amies et ne se voient jamais.
Nous nous sommes tous levés quand la directrice est arrivée. Je m’en souviens comme d’une femme grande –tout le monde était grand pour mes yeux d’enfant, j’avais encore les deux cette année là- blonde et mince.
Une des élèves les mieux notées en récitation récita « La laitière et le pot au lait ».
Mon père s’est fait fusiller du regard quand la fille, après le vers « Notre laitière, ainsi troussée… », eut une brève hésitation et que mon père souffla, à voix pas assez basse « par le fermier… » avec un vague sourire. Si je ne savais de quoi il s’agissait, sa voisine de banc semblait assez au courant de ce qu’il avait voulu dire…
Puis la directrice a procédé à la remise des prix. « Mademoiselle Anne VdS, prix de français, de récitation, de calcul, c’est très bien mademoiselle ».
Mademoiselle VdS, ma sœur –elle n’avait pas le même nom que nous, son père avait été tué en 1942, peu après sa naissance-, s’est levée et est allée de cette démarche bizarre des filles quand elles se déplacent devant une assistance nombreuse. L’allure gênée, le menton levé, n’osant regarder que devant soi, la tête animée d’un mouvement qui rappelle ces poupées de céramique à la tête oscillant d’avant en arrière mais toujours regardant devant soi.
J’ai encore dans l’oreille la voix émue de la directrice, disant adieu à ces élèves qui ne reviendraient pas l’année suivante.
Me revient ce « Mesdemoiselles, j’espère que vous serez ces vraies jeunes filles qui feront l’honneur de leur famille et de notre pays. Non ! La vraie jeune fille n’est pas seulement la jeune fille au soutien-gorge pigeonnant, c’est celle qui saura élever ses enfants et leur transmettre les valeurs qui feront d’eux des Français fiers de leur pays et de ses institutions. »
Et sa main essuyant une larme au coin de l’œil…
Je reverrais Colette P. en 1998.
Elle était toujours blonde, avait encore les yeux bleus, avait la voix dure et s’était mariée avec un garagiste, elle était devenue raciste, antisémite et attendait l’arrivée au pouvoir de Jean-Marie Le Pen…

jeudi, 06 novembre 2014

Hier, j’ai acheté Télérama…

Et on a bu un café avec Bérangère. Qui va bien.
Heure-Bleue et elle se sont lancées dans la relation de souvenirs.
J’ai entendu parler de l’anniversaire des trente ans de la lumière de mes jours.
Il y a des jours, comme ça…

Comme je n’avais pas envie de me chamailler, je me suis contenté d’aller lire la note d’Heure-Bleue et les commentaires qu’elle avait soulevés.
J’en ai retiré rapidement l’impression que le principal obstacle à la communication reste le langage…
Une note qui, en réalité et en français de tous les jours, aurait pu se résumer à « je la préviens qu’elle risque des ennuis à faire ça et cette conne me traite de bobo socialo et me reproche de lire Télérama » a attiré les réflexions comme un scooter attire le zyva.
J’ai même été jaloux ! Oui, mes notes n’attirent généralement que peu de commentaires.
Bon, il est vrai qu’avec votre serviteur préféré, la maîtrise du sujet, la finesse de l’écriture, la pertinence des remarques et l’impertinence du propos ne peuvent guère que laisser muettes et admiratives mes lectrices chéries et maintenir à l’écart l’imprudent contradicteur…
Il a été reproché à la lumière de mes jours de mépriser ceux qui ne vont pas dans les musées et ont fait d’autres choix.
En survolant la note et ces commentaires, je m’aperçois que ceux qui lisent ne prêtent pas suffisamment attention à ce qui est écrit.
Un peu comme ceux qui n’écoutent pas parce que ça les empêche de parler, eux, vous voyez ?
Si j’admets quant à moi qu’on puisse faire d’autres choix qu’aller au musée et lire, j’avoue que me reprocher d’y aller et de consacrer plus de temps la lecture qu’à regarder J.P.Pernaut m’assoit.
Me faire traiter de « bobo socialo » parce que je préfère Flaubert à Mireille Mathieu… Franchement…
Sans parler de celle qui a laissé entendre ailleurs que je « tenais Heure-Bleue sous ma coupe ». C’est à ce genre de remarque qu’on sait qu’elle n’a jamais essayé d’attraper un chat sauvage à mains nues…
La lecture des commentaires se révéla finalement fort drôle.
Le truc est « parti en vrille » comme disent les djeuns.
Il en ressortait qu’Heure-Bleue méprisait l’artisan qui apparemment ne savait pas lire, le paysan n’était pas digne de l’attention du Parisien, etc.
Celles qui se revendiquaient « bobo » prenaient les autres pour des réacs.
Celles qui se revendiquaient « pas bobo » prenaient les autres pour des cons méprisants.
Bref, une saine ambiance de guerre civile régnait…
Alors qu’en prêtant un peu attention à ce qui était écrit, ça n’aurait dû donner lieu qu’à quelques hochements de tête.
J’ai été heureux que les auteurs de ces commentaires n’aient pas fait de la diplomatie leur métier.
On serait en guerre avec la moitié du monde et fâché avec l’autre moitié…

mercredi, 05 novembre 2014

Ma vieille maire…

J’aurais bien écrit une note pour régler un mauvais compte mais je me suis rappelé à temps que s’il est illusoire de tenter de lutter contre la bêtise, ça l’est encore plus de lutter contre la bassesse.
Ça m’épargne donc un effort pénible.
D’autant plus pénible que j’aurais dû faire l’effort d’éviter la méchanceté qui est un aspect de la bêtise mais qui m’aurait fait tellement plaisir.
Je ne vais quand même pas m’abaisser à ça…
Passons donc à autre chose.

Il faut toujours prendre soin de sa vieille maire.
La nôtre est malade.
Elle a été élue il y a quelques mois.
Heure-Bleue a cherché quelques informations sur notre premier édile.
Cette dame est entrée à la mairie à l’âge où elle devrait songer à faire autre chose.
Surtout que ses décisions commencent à être marquées du sceau du gâtisme…
Si elle sort ingambe de l’hôpital où elle est clouée pour l’instant elle va tenter sa réélection.
Si ça se trouve, en 2020 on va avoir une grand’maire…

lundi, 03 novembre 2014

Le chantre mou.

Il était tôt, ce matin quand je me suis levé, chassé du lit par les grommellements de la lumière de mes jours qui m’a prié instamment de coller quelqu’un d’autre.
J'ai songé un instant que s'il y avait eu quelqu'un d'autre dans le lit, j'aurais collé cette autre.
Puis je me suis dit qu'une seule, c'était déjà beaucoup certains jours.
Alors je me suis levé…
Comme tous les matins j’ai allumé la radio.
Comme tous les matins, Dominique Seux nous enjoint à modérer notre appétit et nos besoins pour que les entreprises deviennent compétitives.
Il remplace à merveille J.M.Sylvestre, ce chantre des « réformes indispensables » qui pourfendait la Sécurité Sociale jusqu’à ce qu’on doive lui ouvrir le cœur et crachait sur le code du travail jusqu’à ce qu’il ait besoin des Prud’hommes.
J’écoute donc d’une oreille distraite les recommandations de ceux qui sont grassement payés pour expliquer aux autres qu’ils devraient se serrer la ceinture.
Quand la demie de sept heures approche, les ondes s’ouvrent à « la réclame ».
Habituellement, je trouve la pub nulle et particulièrement nunuche.
Un concours de sketches dont je me demande chaque fois ce qu’ils peuvent pousser à acheter en dehors de boules Quies.
Ce matin, toutefois, la publicité d’une compagnie d’assurances me laisse pantois.
J’avais remarqué il y a longtemps que leurs intérêts n’étaient pas les nôtres.
J’avais aussi remarqué qu’elles faisaient assaut d’ingéniosité pour nous faire cracher nos sous en échange d’une protection aussi réduite que possible.
Je dois avouer qu’aujourd’hui, la dernière proposition de la Garantie Mutuelle des Fonctionnaires m’a assis.
Un organe vaguement chantant me dit, des trémolos dans la voix que ma prime diminuera si je prends les transports en commun.
On sent quand même dans la mollesse du propos et de l’interprète qu’elle ne croit pas trop à ce qu’elle raconte.
Elle a un peu raison d’être inquiète quant au succès de son entreprise.
C’est quand même la première fois qu’on me propose de payer une assurance automobile pour prendre le bus.
Fallait oser...