mardi, 21 décembre 2021
Avec le temps, va, tout s'en va...
Ces temps-ci, le stress nous chamboule.
L’Ours qui doit se faire opérer, mais seulement quand les salles de réveil des hôpitaux seront vidées des patients victimes du Covid.
Merveille qui doit aller demain à l’hôpital Cochin pour savoir ce que la Faculté pense de son état.
Bref, tous ces soucis nous tourneboulent.
Mais je me dis qu’aujourd’hui c’est le solstice d’hiver.
Demain déjà, le jour sera plus long qu’aujourd’hui.
Cela dit, la veille du jours le plus court de l’année, un échec a frappé.
Que je vous dise…
La lumière de mes jours, sachant que je suis particulièrement pointilleux sur mon habillement, quoiqu’il en paraisse, avait décidé que j’irais seul choisir le cadeau de Noël qu’elle me destinait.
Habituellement, je ne ressemble à rien, elle et moi pensions donc naïvement que je n’aurais aucun mal à trouver un pantalon qui me plairait rue Jouffroy, près de la rue de Tocqueville.
Persuadée que je trouverais mieux seul et que ça lui éviterait de me gifler devant la boutique dans un accès d’impatience devant mon hésitation, elle alla dans un café.
J’ai cherché, je vous assure ! J’ai cherché !
Hélas, à part des costumes qui m’auraient donné le « look » inimitable du maquereau libanais des années 60 et même pas pour un prix modique, je n’ai vu que quelques chemises épouvantablement laides.
Le style ( !) de chemises qu’un bûcheron canadien ne porterait pas même sous la menace de sa propre hache.
Je me suis donc dirigé vers des pantalons.
J’en ai même vu qui auraient pu me plaire.
Quelques-uns, en « velours milleraies » m’ont attiré.
L’idée me plaisait, après quelques décennies d’obligation « complet-veston-chemise-cravate », de retrouver le look qui faisait mon charme il y a… Bref, tout ça…
Hélas, trois fois hélas…
Quand la couleur me plaisait, la coupe en était abominable ou la taille inadaptée.
Quand la coupe m’agréait, la taille manquait et c’était heureux car la couleur en était à vomir.
J’ai failli, pour éviter de sortir les mains vides, me contenter d’un pantalon taille 44, hélas d’un « bleu layette » affligeant.
Puis je me suis dit que le « bleu layette » avait déjà des effets secondaires discutables en pensant au « pull à taches » de la lumière de mes jours.
Alors je l’ai laissé.
J’ai beaucoup regretté l’époque trop lointaine où un jean « milleraies » vert, prune ou bleu marine, de taille 36 m’allait à ravir…
Je suis retourné voir Heure-Bleue qui m’attendait au café.
J’ai eu de la chance…
Elle ne fut pas étonnée de me voir revenir les mains vides et était de joyeuse humeur pour avoir constaté que le « pilier de comptoir » n’avait pas disparu des cafés parisiens.
Elle avait suivi un « one man show » semble-t-il remarquable d’un de ces philosophes de bistrot et ça l’avait passionnée.
J’ai bu un « express serré » entièrement raté et nous sommes sortis.
Cette absence de cadeau de Noël fut l’occasion d’une promenade agréable.
Passionnant, non ?
09:57 | Commentaires (17)
lundi, 20 décembre 2021
Devoir de Lakevio du Goût N°109
La rue d’Orchampt me saute à la mémoire chaque fois que je vois l’image de cette litho d’Utrillo.
Je l’ai parcourue plusieurs fois depuis que nous vivons dans le quartier et elle était déjà revenue dans ma cervelle à propos du film « L’auberge espagnole » qui est passé à la télé il y a plusieurs années.
Il m’était arrivé de l’emprunter assez souvent pour rejoindre la rue Lepic en 1962.
A l’automne 1962, pour revenir du lycée, je montais jusqu’à la rue d’Orchampt, si étroite qu’on était obligé de se coller contre les murs quand une voiture, optimiste quant à ses chances d’arriver au bout, s’y engageait.
Ça faisait un bon bout de chemin supplémentaire mais il fallait absolument que je le fasse au cas où…
Je dévalais ensuite la rue Lepic qui sinuait à flanc de Montmartre jusqu’à la rue Burq.
Pourquoi diable attendre la rue Burq pour emprunter la rue Caulaincourt et rentrer chez moi en passant par la rue du Mont-Cenis ?
Eh bien, comme souvent à cet âge, je faisais des kilomètres pour tenter de croiser quelqu’un.
Quelqu’un qui, dans ma « colo de curés », m’avait fait découvrir combien le goût des baisers pouvait être agréable.
Cette blonde aux yeux si bleus et à l’accent « pied-noir » très prononcé habitait rue Burq.
D’où mes pérégrinations dans un espoir de la revoir qui se révéla vain.
Un peu plus d’un an après, je la croisai et je m’aperçus qu’une fois les vacances passées, nous n’avions pas plus de choses à nous dire que de baisers à échanger…
Après ça, je pris des chemins beaucoup plus directs pour revenir à la maison.
J’ai souvent emprunté la rue Caulaincourt et j’y ai des souvenirs mais je passais aussi souvent par là car il y avait une boutique où une dame vendait des chaînes haute-fidélité et était d’une patience d’ange avec le jeune garçon que j’étais, ébloui par ce que j’entendais.
Elle a fermé un jour mais chaque fois que je passe par là, je pense à cette dame et à sa boutique.
C’était une époque où l’on n’achetait pas de quoi écouter de la musique dans les supermarchés et où ceux qui vendaient le matériel parlaient plus de musique que de watts.
J’ai d’autres souvenirs dans cette rue, d’autres encore rue Ronsard, au côté du jardin du Sacré-Cœur.
Certains plus tenaces encore vers la rue d’Orsel.
Et je ne vous parle pas de la rue Condorcet, là où elle croise la rue de Rochechouart et la rue Turgot.
Vous avez remarqué, lectrices chéries, que je vous parle de tout ça dès que le moment où les jours vont s’allonger approche ?
C’est le seul coin de Paris qui me retire plus de cinquante ans de la tête sans me retirer un an des genoux.
Quand l’idée que le printemps approche cesse-t-il de faire cet effet de rajeunissement de l’âme ?
Malgré ce p… de genou droit qui persiste à vieillir…
Bref, c’est ce que me dit cette litho de Maurice Utrillo.
07:50 | Commentaires (17)
vendredi, 17 décembre 2021
109ème Devoir de Lakevio du Goût
13:43 | Commentaires (5)
jeudi, 16 décembre 2021
Histoire sans faim…
Hier j’ai voulu écrire une note.
J’ai commencé à écrire.
Arrivé à la huitième ligne je me suis arrêté.
Effondré.
Je me suis relu.
J’ai dit « mais qu’est-ce que c’est que ces trucs de vieux con ? »
J’ai laissé tomber l’idée et tout effacé avant de succomber à une crise de « vieuxconisme aigu »…
Puis on est allé au musée de l’Orangerie.
On y avait emmené un ami qui n’avait jamais vu « les nymphéas ».
Ça nous a pris près de deux heures à faire le tour de ce petit musée.
Il y avait là, exposées, des œuvres de Renoir, Picasso, Cézanne, Modigliani, Utrillo, Derain, Soutine…
On ne savait plus où donner de la tête !
Dommage qu’il y ait eu des visiteurs, j’aurais volontiers embarqué une ou deux toiles de Renoir.
Surtout, j’aurais volontiers volé une toile d’Utrillo qui m’émeut depuis longtemps, celle d’où il regarde la rue du Mont-Cenis, du haut des escaliers.
La lumière de mes jours, étonnamment, n’a eu envie de voler aucune des œuvres exposées.
Nous sommes sortis, ravis de respirer l’air du dehors, et nous sommes assis sur les chaises de l’esplanade qui domine la place de la Concorde.
Après un long moment à papoter, nous sommes repartis vers la Madeleine.
J’adore la place de la Concorde le soir quand le jour s’enfuit.
J’y ressens tout ce que j’ai ressenti depuis ma jeunesse que ce soit là ou à errer dans le Jardin des Tuileries.
J’ai eu un de ces moments où le cœur tressaille on ne sait trop pourquoi…
Nous avons remonté la rue Royale jusqu’à la place de la Madeleine.
Nous nous sommes arrêtés au « Colibri » où le personnel réussit avec un talent consommé à perpétuer la tradition du « mastroquet parisien ronchon » qui fait la réputation des bistrots parisiens dans le monde entier…
Après une déambulation qui nous a amenés à Saint Lazare, nous sommes montés dans le 95.
À peine arrivés à la maison, Heure-Bleue a ouvert la fenêtre, histoire d’être sûre qu’il ferait aussi froid dedans que dehors.
J’ai voulu divorcer puis je me suis rappelé que si je faisais la cuisine, elle repassait mes chemises.
Alors j’ai tranquillement attendu de mourir de froid tandis que la fraîcheur la ravivait et même la ravissait.
Si vous voyiez son teint de rose quand la température lui convient…
09:44 | Commentaires (6)
mardi, 14 décembre 2021
Perturbateur endocrinien.
J’ai eu la preuve que le plus grand perturbateur endocrinien du garçon reste la fille…
Que je vous dise, hier matin je suis allé boire un café avec l’Ours.
Il avait vraiment l’air d’un ours…
Il m’a dit ce qu’il savait de Merveille.
Comme il en savait à peu près autant de Merveille que ce que je savais de lui quand il avait quatorze ans, on a surtout parlé de maladies auto-immunes…
Un moment plus agréable a toutefois meublé notre rencontre.
Pas le café qui était absolument immonde.
Autant dire que ce qu’on nous avait servi avait déjà été bu.
C’est du moins l’impression que j’ai eue dès la première et unique gorgée.
Non, c’était plutôt une saynète charmante qui s’est déroulée à une table voisine.
Une jeune fille et un jeune homme étaient assis face à face.
Ils avaient entre quinze et dix-sept ans.
Elle était mignonne et des lunettes qui lui allaient fort bien agrandissaient des yeux qui devaient faire au moins quinze mètres carrés.
Elle tortillait d’un doigt impatient une mèche de ses longs cheveux.
Lui, emprunté, joli garçon la regardait comme elle n’avait sûrement jamais été regardée.
Ils se regardaient donc, sans un mot.
Un mutisme profond les réunissait.
Ils sentaient sans doute qu’ils devaient profiter de ce moment car ce n’était sûrement pas d’ici longtemps que quelqu’un les regarderait comme ça.
J’ai dit à l’Ours « regarde les mômes, à côté… »
Il a regardé et a dit doucement « Ouais… Ils se kiffent… »
Les cafés des mômes refroidissaient tandis qu’on buvait nos verres d’eau pour faire passer l’arrière-goût de « pisse d’âne » laissé par les nôtres.
J’ai dit « Pfff… Il vient de sortir son smartphone… »
L’Ours a dit « Ah le con ! »
Ce pauvre gamin a raté un des plus chouettes moments de sa vie pour regarder un truc sans intérêt.
Qui a parlé des progrès apportés par « le numérique » ?
09:43 | Commentaires (8)