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vendredi, 24 septembre 2021

Il fut un temps où

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Cette photo prise hier au cimetière du Montparnasse me paraît illustrer la note d’aujourd’hui.
Adrienne nous parle aujourd’hui de Thomas de la Fuente.
Un bref passage de sa note m’
a rappelé un souvenir de l’époque où Heure-Bleue était libraire.
C’était un matin, pour ce que je me rappelle de ce matin-là, il faisait beau et la lumière de mes jours s’affairait tandis que, derrière la caisse, j’attendais le chaland.
Deux jeunes femmes entrèrent alors et s’enquirent d’un ouvrage dont j’ignorais tout.
Un ouvrage censé traiter de métempsycose, de vies antérieures et autres promesses d’éternité à pas cher.
Après m’être un peu renseigné sur leurs souhaits, l’une d’elle, voyant ma moue dubitative, m’affirma  avec conviction que « Si, si ! Je vous assure ! On a des souvenir de ses vies antérieures ! »
Sa comparse surenchérit alors « Mais oui ! D’ailleurs, moi-même j’étais sorcière au Moyen-Âge, eh bien je vous assure qu’être brûlée sur un bûcher, c’est pas drôle ! Ça fait très mal ! »
Un peu ébahi par ces révélations qui ne correspondaient pas du tout à ce que la biologie disait de la vie qui commence avec l’assemblage de deux corps consentant au mélange de leurs ADN et finit par la dilution de nos composants dans l’environnement, je les écoutais.
Heure-Bleue intervenait de temps à autre pour poser quelques questions censées les pousser dans leurs retranchements.
Que je vous dise, pas plus que moi, et même encore moins que moi, Heure-Bleue n’est du genre à plonger dans ces histoires.
Et ces deux jeunes femmes insistaient,  cherchant à nous convaincre que nous-mêmes avions eu des vies antérieures autrement palpitantes que la vie de libraire au XXème siècle.
J’osai alors un timide « Vous n’avez jamais remarqué que tous ceux qui vous racontent leurs vies antérieures étaient tous des rois, des ducs, des reines ou de célèbres sorcières ? Que jamais il n’est question de pauvre paysan ou chemineau errant le long des routes et miséreux toute sa vie ? »
L’une m’opposa alors sérieusement « Oui mais c’est normal, ceux là ne savaient ni lire ni écrire… »
D’un ton qui incluait implicitement le « Et paf ! » qui clôt le débat.
Je me gardai de remarquer qu’un mort n’écrit ni ne lit.
C’est là que j’eus l’idée.
Je leur dis d’air pénétré « Bon, je vous le dis, mais  parce que c’est vous… Eh bien je suis la vie antérieure d’un empereur de l’an 4300 après JC… »
C’est là qu’elle mont troué !
Avec un ensemble parfait elles s’écrièrent « C’est comment ???? »
Que voulez-vous répondre à ça ?
Je me suis résolu à avouer « C’est moins drôle qu’être libraire… » mais je ne suis pas sûr qu’elles aient saisi le sel de la réponse…
Le devoir, ce sera donc pour demain.

mercredi, 22 septembre 2021

Pourquoi utiliser dix mots quand mille mots font l’affaire ?

 

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Vous allez me dire, lectrices et lecteurs chéris, que je radote.
N’insistez pas non plus en disant « Mais il se tire une balle dans le pied avec son titre ! »
Alors que non, je rappelle simplement l’évolution d’une maladie qui s’étend plus insidieusement que le Covid-19 mais reste hélas sans vaccin à ce jour.
La prophylaxie qui pourrait l’éviter reste peu suivie quoique simple.
Il suffirait de se rappeler qu’on est allé à l’école pendant des années et qu’on y a côtoyé des œuvres littéraires et s’en rappeler la richesse du vocabulaire…
Ça éviterait des poussées de cette maladie qui pollue les media au point que n’importe quel personnage sortant des grandes écoles crée un néologisme pour cause de pauvreté lexicale dramatique.
Ce qui était une affèterie il y a quelques décennies devient l’urticaire géant qui défigure une langue qui était reconnue pour sa précision, son élégance et son sens des nuances.
Il y a quelque temps, j’avais avec difficulté compris que « se rendre dans les territoires de la ruralité » signifiait après traduction en vrai français des classes de primaire « aller à la campagne » ou « se rendre en province ».
Un peu plus tard, en me rendant au musée Jacquemart-André, je poussai un soupir de soulagement en apprenant que je n’étais plus « handicapé ».
Je me sentis mieux jusqu’à ce que la lecture attentive du ticket me montre que la mention « Gratuité » était suivie d’une ligne de texte assez longue.
Hélas cette ligne me désignait à l’attention des foules comme « Visiteur en situation de handicap ».
Je laissai tomber cette étude des déviations de la langue en ayant créé une sorte de « traducteur-ricaneur » qui transformait automatiquement les trop courants « je suis maintenant en capacité de » en « je peux » et les « après m’être mis en situation de pouvoir pour » par « apte à ».
Je laissai alors passer les discours en haussant les épaules ces faux émules de Lacan qui pensent sans cesse que le langage est incapable de traduire leur pensée alors que manifestement, non seulement trop souvent ils ne pensent pas mais en plus étalent complaisamment un manque de vocabulaire criant.
Cela dit, je n’était pas arrivé au bout de mes surprises.
Hier, à l’heure du déjeuner, si le repas avait été prêt, je me serais étouffé dès la première bouchée.
Un homme, « interviewé » par France-Inter me jeta à la face « J’utilise avec ces jeunes la méthodologie pédagogique du ‟pratiquer pour apprendre”. »
J’ai failli tomber de ma chaise !
J’en avais entendu, des preuves que le verbiage remplaçait le discours mais je n’avais jamais entendu user de tant de mots pour remplacer « apprentissage »…
Cette émission m’a fait comprendre pourquoi le premier auteur venu pond un bouquin de huit-cents pages alors que le même aurait au plus compté deux-cent-cinquante pages il y a vingt ans…

lundi, 20 septembre 2021

Devoir de Lakevio du Goût N° 97.

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Quand elle est montée dans la rame de la ligne « Q » à Canal Street, elle comptait bien rêver tranquillement jusqu’à la station « 86th St ».
Elle prendrait la 86ème rue jusqu’à Central Park, y entrerait et longerait le « Reservoir » jusqu’à la hauteur du Musée du Judaïsme » où « Il » l’attendait…
Elle chantonnait dans sa tête « Take the A train » de Duke Ellington.

Elle allait justement vers Harlem et c’était bien…
Son « smartphone » vibra dans sa poche.
Elle le tira prestement et lut « Désolé, je ne peux pas… »
Elle avait bien vu une série où un type plaquait une fille en posant un « post-it » sur l’écran de son PC, mais là…
Avec un « SMS » !
Elle ne pensait pas que ça pouvait exister.
Évidemment elle avait déjà vécu des séparations, c’était rarement agréable.
Mais jusqu’à présent au moins c’était elle qui plaquait les mecs.
Il y avait aussi ces séparations insupportables quand on est adolescente et qu’un garçon vous lâche la main pour passer le portillon du métro.
Mais c’était tellement bien quand il te reprenait la main, entrelaçant ses doigts aux tiens.
Quand il n’osait même pas t’embrasser en public et pas trop en privé non plus.
Ça laissait un souvenir autrement agréable.
Les années passant, elle avait appris de quoi il était question in fine…
C’était parfois très bien, souvent beaucoup moins.
Mais lui, même si c’était depuis peu, c’était bien.
Toujours bien.
Bon, elle en avait fait une question de principe, ça doit être un effet secondaire de l’amour…
Puis un tremblement irrépressible la saisit et les larmes lui montèrent aux yeux.
Pourtant elle en était sûre !
C’était « Lui », le vrai, le seul, celui qu’elle aimait et dont elle était quasi sûre que c’était réciproque.
À dire vrai, selon l’expression du moment, elle était « raide dingue » de ce blond d’origine suédoise.
Elle avait échafaudé mille stratagèmes pour l’approcher.
Elle avait enfin réussi à lui faire croire que c’était lui qui l’avait draguée et proposé un rendez-vous.
Et il la plantait là avec un SMS !
Elle s’effondra sous la vague de chagrin qui l’avait envahie.
Jamais elle n’avait ressenti cette sensation d’abandon, grave, profonde qui la laissait totalement désemparée sur la banquette du métro.
Seule ! Terriblement seule soudain.
Pour la première fois de sa vie elle faisait l’expérience de la solitude, la vraie, celle de l’abandon.
Elle reprit son « smartphone », relut le « SMS », de nouveau le larmes rendirent troubles les mots « Désolé, je ne peux pas… »
Elle s’essuya les yeux, joua rapidement des deux pouces pour écrire « Mais pourquoi ? »
Elle pleura encore un coup.
Le « smartphone » vibra, elle « cliqua » et lut « Parce que tu n’es pas juive ! Ma mère me l’a dit ! »
Elle fut scandalisée !
Elle n’avait jamais vu la mère de Simon mais elle savait bien qu’on ne pouvait pas savoir comme ça si quelqu’un était juif ou non.
Ici, les mecs, juifs ou non, étaient quasiment tous circoncis.
Mais les filles ! Comment pouvait elle savoir ?
Rien ne l’indiquait, absolument rien.
Je suis américaine.
Je m’appelle Johnson.
Khadija Johnson…

samedi, 18 septembre 2021

Mais alors ?

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Hier on est allé boire un café.
On est du moins parti pour.
Nous avons flâné le long de la rue Legendre qui mène au Square des Batignolles.
C’est un square que nous aimons depuis longtemps.
C’est le square où a joué Heure-Bleue.
C’est le square où Merveille trempa ses pieds dans l’eau.
C’est le square où elle fut reconnue par une autre blogueuse qui a entendu appeler « Merveille !!! »
Hier il faisait beau.
Un temps ensoleillé, un peu trop de soleil pour les yeux clairs de la lumière de mes jours mais parfait pour moi.
Une température tout à fait agréable pour elle et étonnamment assez chaude pour moi.
Nous avions pensé boire un café à « L’Endroit », un bistrot sur la place de l’église.
Nous sommes arrivés tranquillement devant l’église Sainte Marie des Batignolles.
Une grille avait été posée là, qui n’existait pas avant.
Il n’y avait pas de grille quand nous habitions dans une rue voisine il y a une vingtaine d’années.
Un signe des temps marqués par l’empathie et la bienveillance sans doute…
J’ai lu au passage les quelques affichettes qui agrémentaient la grille.
Une d’entre elle m’a causé quelque souci qui indiquait « Visite de l’Église Sainte Marie des Batignolles  le 20 septembre 2021 »
Affichette qui eut été somme toute simple si un addendum ne l’avait close sur l’injonction « Pass sanitaire exigé ».
C’est à ce moment qu’après avoir réfléchi deux secondes, je me suis posé une question :
« Mais alors ? À quoi sert le bon dieu si, même dans sa maison, il n’est pas capable de protéger ses ouailles d’un virus qu’il a créé lui-même ? »
En m’y attachant plus avant je me suis dit que peut-être le bon dieu avait pensé
« Pour une créature censément faite à mon image, ce n’est pas une réussite, hop, à la casse ! »
J’ai cessé de philosopher en entrant dans le square et on a eu la chance de trouver un banc vide, propre et ombragé.
Nous nous y sommes assis et avons, comme toujours, commenté la population qui déambulait.
Nous avons aussi vu deux jumelles qui, comme Merveille au même âge, ramassaient de petits cailloux mis dans une petite boîte et destinés sans doute à une mamie ou un papy…
Puis nous avons ramené des poireaux tranquillement.
Bio les poireaux…

vendredi, 17 septembre 2021

97ème devoir de Lakevio du Goût

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Cette toile de Nigel Van Wieck qu’on dirait tirée du cerveau de Hopper me paraît traduire plus que de la peine.
D’après vous ?
Que nous dit cette toile ?
On le saura lundi j’espère…