mercredi, 04 août 2021
La critique est aisée et l'art est difficile...
Vous devez la note qui suit, lectrices chéries, à ce qui tomba sous mon regard acéré il y a quelques heures et m’agaça prodigieusement.
Ce matin donc, je lus la plainte déchirante des critiques à propos de la sortie du film « OSS117 : Alerte rouge en Afrique noire ».
Certains vont encore être vexés de se faire interdire l’entrée de l’avant-première de certains spectacles.
Je dois, pour leur éviter de se montrer scandalisés, leur signaler que s’ils n’avaient pas pris la détestable habitude d’éreinter les spectacles avant même que le public ne soit averti de leur sortie, ils ne se feraient pas virer d’entrée.
Comme si l’obtention d’un bac L – souvent immérité à en juger leur orthographe et leur talent épistolaire- leur donnait droit de vie et de mort sur une œuvre quelconque.
Ils semblent avoir oublié qu’on leur demande, mais après coup et quand ils ont payé leur place, un avis, si possible éclairé, sur un spectacle.
C’est au public de décider -à tort ou à raison, je ne sais- qu’un spectacle est bon ou mauvais.
Ce n’est certainement pas une poignée de gens autoproclamés arbitres des élégances d’expliquer au public ce qu’il doit aimer.
D’autant qu’entre ceux qui ont un compte à régler avec « ce monde de l’art qui ne les a pas compris », ceux qui font profession de dénigrer systématiquement parce qu’on leur a expliqué longuement que « plus le public se presse, plus c’est mauvais » et ceux qui se contentent de rapporter les communiqués des attachés de presse, ce qu’on lit des spectacles me semble sujet à caution.
Depuis qu’Heure-Bleue remplit son panier de Télérama, le journal TV de ceux qui ne regardent pas la télé, il me revient le côté relatif, aléatoire et somme toute inconstant, de la critique cinématographique.
L’inoubliable « First Blood » plus connu chez nous sous le titre « Rambo » sortit sur nos écrans en 1983.
Télérama nous montra alors son petit bonhomme pleurant à chaudes larmes, nous signifiant par là que ce film était nul à ch… et qu’on gagnerait au moins le prix de la place à se contenter d’un café au Flore.
Des années plus tard, « Rambo » revint dans les salles à l’occasion de la sortie d’un nouvel épisode de cette saga dévolue à la gloire de la démocratie, de la liberté, de la grandeur de l’Amérique, de la libre entreprise et de la gonflette.
Le même Télérama afficha alors le petit bonhomme sautillant de bonheur à cette rediffusion.
Le même scénario semble se dessiner pour « OSS117 : Alerte rouge en Afrique noire ».
J’imagine une revanche malsaine sur les critiques qui tuent un spectacle avant même que le premier quidam ne l’ait vu.
J’imagine une poignée d’autres critiques au fait de la grammaire, de l’orthographe et de ce que doit être une dissertation, jugeant nos critiques qui sont si impitoyables avec le travail des autres, sur leur orthographe, leur grammaire, leur connaissance du sujet et la finesse de leur analyse.
Avec la même sanction : L’article ne paraît pas et n’est donc pas payé si les critiques sont mauvaises.
Je pense que beaucoup n’arriveraient pas à se nourrir avec leurs piges malveillantes…
10:18 | Commentaires (14)
lundi, 02 août 2021
Devoir de Lakevio du Goût No 92
Que peut-il donc se passer sur cette toile d’Harold Harvey.
Que peuvent donc se dire ces trois femmes qui semblent intéressées par la lettre que tient celle assise nonchalamment.
Nous en saurons tous un peu plus lundi…
Quand elle a reçu la lettre, « Chemise Bleue » l’a lue et a appelé « Gilet Noir » et « Chapeau Rouge ».
Quand elle sont arrivées, le thé avalé et l’atmosphère égaillée par quelques petits verres de sherry, les choses sérieuses, du moins pour « Chemise Bleue », ont commencé.
« Gilet Noir » a pris la lettre que lui avait donnée « Chemise Bleue » et a commencé à la lire, les lèvres remuant à peine au rythme de la lecture, un regard passant de la surprise à un mépris à peine déguisé.
Le vague sourire de « Chapeau Rouge » qui lisait par-dessus la tête de « Gilet Noir » semblait en accord avec les réactions de cette dernière.
Soudain, « Gilet Noir » éclata de rire.
- Pfff… Ce n’est pas une déclaration d’amour, c’est une liste de courses !
- Mais… Mais…
Bêla « Chemise Bleue ».
« Chapeau Rouge » intervint :
- Mais quoi ?
- Mais il m’aime !
- Tu aurais lu la lettre avec ta cervelle plutôt qu’avec ta… Bref... Tu aurais compris !
Dit-elle crûment car « Chapeau Rouge » avait son franc parler...
- Mais il est si gentil et…
« Gilet Noir » lui coupa brutalement la parole :
- Alors couche avec lui mais ne l’épouse pas ! Cet homme est un miséreux du cœur !
- Pas du tout ! Et quand il me… Enfin quand il…
« Gilet Noir » et « Chapeau Rouge » rirent.
« Gilet Noir » dit :
- Mais il y en a des tas qui « quand ils te » te feront le même effet !
Tandis que « Chapeau Rouge » enfonçait le clou :
- Et qui en plus ne te prendront pas pour une cuisinière économe avec qui on peut coucher !
La lecture continua.
« Gilet Noir » s'étouffa de rire et lut alors à haute voix « Voyez, mon amie, avec quel soin j’ai mis les patins dans l’entrée du salon de façon qu’on vous épargne du travail de nettoyage qui sera déjà important dans cette grande maison surtout quand je recevrai ! N’est-ce pas une belle preuve de l’amour que je vous porte là ? »
« Gilet Noir », de désespoir en laissa tomber la lettre.
« Chemise Bleue », soudain dessillée en laissa tomber le type.
« Chapeau Rouge », d’émotion en pris un autre sherry.
Au bout de quelques minutes de rire, « Chemise Bleue » convint qu’elle avait eu la sagesse de demander l’avis de ses amies.
Ça lui avait évité de devenir « la cuisinière-femme de ménage qu’on saute »…
09:06 | Commentaires (19)
vendredi, 30 juillet 2021
92ème devoir de Lakevio du Goût
10:07 | Commentaires (9)
jeudi, 29 juillet 2021
Je suis un employé de bourreau !
Ouais, bon, je sais...
Ce matin, j’étais tranquillement en train de mourir devant mon ordinateur quand je me suis dit « M…ince ! Le médecin est sans doute parti en vacances… Ce flemmard… »
Je me suis dit que je devrais peut-être trouver un remplaçant moins loin que Saint-Tropez ou Saint Barthelemy et être peu regardant sur le curriculum d’un Hippocrate pour des maladies aussi graves qu’un rhume ou même mon agonie probable.
Bon, je sais très bien que ces temps-ci, ce n’est pas le rhume affreux avec infection pulmonaire, glaviots innommables, etc. qui me frappe.
J’étais donc tranquillement en train de m’éteindre en me disant que je devrais peut-être chercher un cabinet qui voudrait bien me recueillir, me traînant sur le paillasson.
Pendant que je me perdais tout seul en conjectures improbables sur mon sort futur, je profitais des performances terribles de ma machine pour et lui piquais du « temps-machine » pour jouer aux cartes.
Et là, la stupeur m’a pris par surprise.
Inquiète du sort funeste qui me guettait, la lumière de mes jours ?
Je t’en fous !
Vous ne savez pas ce qu’elle a osé réclamer à celui qui a ravi ses jours et enchanté ses nuits depuis tant d’années ?
Devinez lectrices chéries !
Oui ! Elle a osé !
Elle m’a demandé « Minou, tu ne veux pas me faire des Rico ? »
Elle a fait ça. Je n’aurais jamais cru qu’elle tomberait aussi bas.
Depuis des années déjà elle abuse de son statut de bien-portante pour faire faire des travaux de force à son époux handicapé.
Eh bien, aujourd’hui, elle vérifie l’adage débile de je ne sais plus qui prétendant qu’une fois les bornes franchies, il n’y a plus de limites.
Elle a touché le fond : Elle exploite un malade !
Oui lectrices chéries, Heure-Bleue a rétabli les trois classes de la société sumérienne.
- Les nobles (elle)
- Les « libres » (les autres).
- Les esclaves (moi).
Bon je suis allé préparer les Rico en boitant bien bas pour lui faire honte.
Je dois vous dire que ça n’a pas marché terrible…
10:53 | Commentaires (18)
mercredi, 28 juillet 2021
Le petit carnet.
Ce matin, je l’ai mis dans le tiroir de la petite table sous laquelle se trouve mon ordinateur.
Ce tiroir est encombré de composants électroniques et je viens d’y mettre « le petit carnet ».
C’est un petit carnet à reliure spirale dans lequel je note des évènements qui m’ont frappé dans la rue ou le bus.
À la maison, j’y note les courses à commander.
Ce petit carnet est donc toujours là, à portée de pensée.
Ce matin donc, je l’ai mis dans le tiroir et il m’a évidemment rappelé quelque chose.
Plus exactement il m’a rappelé quelqu’un qui flotte toujours à la surface de ma mémoire.
Je vous ai déjà parlé de ma mère ?
Bien sûr que oui !
Ce petit carnet m’a donc rappelé ma mère.
Ma mère, comme tous ceux qui ne gèrent pas trop bien les sous, surtout le manque de sous, avait une liste de préceptes inépuisable en matière économique.
Surtout un qu’elle nous jeta à la figure avec une régularité métronomique.
Le secret pour atteindre la fin du mois ?
Le carnet, parfois appelé « le petit cahier ».
« Tu vois, mon fils… Tu prends un petit cahier et… » etc.
Carnet qui n’a jamais empêché la fin du mois d’arriver avec une semaine d’avance.
Le carnet ?
Souvent un petit cahier d’écolier, celui qui restait de l’année scolaire précédente et dans lequel seules les trois ou quatre premières pages étaient couvertes de l’écriture de l’un ou l’autre des quatre enfants que ma mère avait fabriqués.
Jusqu’à un âge avancé, jusqu’à ce que les rhumatismes ne lui déforment les doigts, ma mère écrivait plutôt bien.
Mieux qu’elle ne comptait, hélas…
Elle ne faisait pas d’erreurs de calcul, non.
Ce qui gâchait tout, c’est qu’elle faisait des erreurs d’appréciation.
D’où des mois qui finissaient une semaine ou deux trop tôt.
Les seules choses qui ne manquaient pas étaient le pain, celui d’hier et le sel car « plus de sel, plus de sou ! »
Elle n’avait pas pioché l’idée que la réciproque n’était pas garantie.
Elle préférait se dire, jusqu’à démenti par la réalité, « Il y a du sel, il y a des sous ! »
Elle notait donc scrupuleusement le moindre franc dépensé dans le carnet du moment.
Plus tard, elle procéda de même avec les €uros, avec moins de succès encore car tant qu’il y eut les francs, elle comptait en « anciens francs ».
Malheureusement, quand l’€uro arriva dans son porte-monnaie, elle se mit à compter en « nouveaux francs », avec les dégâts qu’on imagine…
Cette affaire de « petit cahier » nous pourrit à tous les débuts de notre vie d’adulte.
Oui ! Que celle qui n’a jamais tapé sa mère pour cause de manque de thune me jette le premier €uro !
Quand l’un de nous allait taper ma mère pour finir la semaine, elle hochait la tête en lui jetant un regard désespéré.
Genre « Moi qui vous ai élevé en futur adulte respectueux de l’équilibre des comptes… » alors que ses comptes sont restés instables jusqu’à la fin.
Elle commençait par soupirer.
- Je ne sais pas si je peux…
- …
- Tu as besoin de combien ?
Instruits par l’expérience, nous aurions dû savoir qu’il fallait en demander le double voire le triple pour obtenir –peut-être- la somme nécessaire.
Hélas, élevés à peu près correctement, nous annoncions :
- Mille francs, maman… C’est juste pour quelques jours, je te les rends lundi prochain.
Elle sursautait sur sa chaise.
- Mille francs !!!! Mais tu me prends pour Rothschild !
- Ben…
Elle prenait son carnet de chèques, le même numéro de compte à la Poste depuis 1947, et remplissait.
Elle grommelait entre ses dents en écrivant « deuuuuxxx… cents… Francs… », signait le chèque et commençait :
- Alors écoute bien, mon petit garçon…
Silence éloquent de « mon ptit garçon » ou de « ma petite fille »…
- Et ne soupire pas ou tu n’as rien !!!
- Bon…
- Tu prends un petit carnet…
Nous savions tous les quatre qu’avec ses « petits carnets » on aurait une vue imprenable sur l’inflation des cinquante dernières années mais en aucun cas une méthode de gestion efficace…
10:12 | Commentaires (11)