lundi, 05 juillet 2021
Devoir de Lakevio du Goût N° 88
88ème Devoir de Lakevio du Goût.
Bonne ou mauvaise nouvelle ?
Qu’en pensez-vous ?
À lundi…
Il l’avait demandé si gentiment…
- Vous viendriez avec moi dimanche ?
- Où ?
- Sandy Hook…
- SAN-DY-HOOK !!!
Elle était étonnée.
Il était si timide, toujours sur son « quant à soi ».
Lui s’était fait violence pour l’inviter.
Il n’osait pas.
Si elle n’avait pas dit à la sortie du bureau alors qu’il pleuvait « Mais venez donc sous mon parapluie ! Il est assez grand pour deux ! », il n’aurait jamais osé la remercier en l’invitant à boire un café.
Elle se dit « Quand même ! Sandy Hook ! »
Cette plage chic du New-Jersey où on ne croisait certainement pas de types en T-shirts et maillot de bain…
Avant qu’il ne change d’avis, elle avait répondu « D’accord ! Samedi matin à l’angle de Broadway et Colombus, devant la station de métro ! »
Il soupira de soulagement.
Elle soupira de soulagement.
***
Ils avaient voyagé en silence, il était absorbé par la conduite et surtout ne savait pas comment lui parler.
Ils avaient fini par déjeuner légèrement dans un restaurant italien et il s’était laissé convaincre de goûter une « grappa » qui l’avait « décoincé ».
Elle s’aperçut alors qu’il pouvait être drôle et intéressant.
Après avoir parcouru quelques centaines de mètres sur la plage qui était de façon étonnante quasi déserte, ils trouvèrent un endroit face à la mer, à l’abri de dunes qui les protégeaient du vent et des regards…
Il jeta le plaid sur le sable et l’invita à s’asseoir.
C’est là qu’il remarqua qu’elle avait des jambes magnifiques et détourna le regard.
Elle le regardait.
Il était grand.
Elle le trouvait beau.
Elle tapota la couverture et lui dit « Asseyez-vous, voyons… »
Depuis des mois elle attendait ce moment…
Depuis des mois il se demandait comment lui dire…
Elle pensa lui dire « Mais mords moi les seins bon sang, je ne dirai rien. Enfin si… Mais… »
Il pensa lui dire « J’ai une envie folle de te mordiller le cou, enfin te mordiller partout, passer mes mains sous… Enfin partout… »
Mais ils n’en firent rien.
Ils se regardèrent.
Ils finirent par faire ce qu’ils avaient en tête.
Ce fut vraiment un chouette week-end…
Ils décidèrent que ça devait continuer le plus longtemps possible et firent tout pour.
09:51 | Commentaires (26)
samedi, 03 juillet 2021
Je me souviens...
Hier je suis allé chez le dentiste.
« On s’en fout ! » vous entends-je pester d’ici, lectrices chéries.
Mais il s’est néanmoins passé quelque chose en dehors de la satisfaction que le détartrage fut soigné.
Oui, il s’est passé quelque chose.
J’ai pensé à ma mère pendant le voyage qui me mena chez le « menteur ».
Vous ai-je déjà dit qu’elle n’envisageait de prendre le train qu’à la condition expresse « d’en avoir pour son argent » ?
Elle s’y prenait de telle sorte qu’aller de Paris à Montargis lui prenait près de trois heures et trois changements de train et de quai.
« Mais quel rapport avec le dentiste ? » me criez-vous, agacées de cette digression.
Eh bien, voilà.
Ma mère nous emmenait, ma sœur cadette et moi, chez une tante en Bourgogne.
À Venarey-Les Laumes, devenu « Les Laumes-Alesia » depuis qu’on a pris l’habitude de s’enorgueillir des raclées infligées par l’Histoire…
Le trajet était monstrueusement long et ma mère terriblement prudente.
À peine arrêtés à Joigny, ma mère disait « Ah ! On va arriver à Laroche-Migennes ! »
Arrêtés à Laroche-Migennes, elle se levait et vérifiait que la valise ne s’était pas envolée bien qu’elle fût placée juste au-dessus d’elle.
Elle se rasseyait et, après s’être agitée une demi-heure et nous avoir disputés au moins six fois, ajoutait « On arrive bientôt à Tonnerre ! »
Elle se levait alors, demandait à un voyageur de descendre sa valise, boutonnait son manteau et mettait son chapeau.
Deux arrêts plus tard nous descendions enfin du train.
Il s’était écoulé plus d’une heure depuis que ma mère avait mis son chapeau…
Pourquoi donc, ce court voyage a-t-il ravivé ce souvenir ?
Eh bien voilà : À Saint-Lazare, je suis monté dans le train qui m’emmènerait à la gare Les Vallées.
À peine assis un jeune homme s’est assis face à moi, a posé un tapis de sol et un sac de camping à côté de lui puis ouvert son sac à dos et en a sorti un livre qu’il s’est mis à lire.
Il a levé la tête à « Pont Cardinet » et lu attentivement jusqu’à « Levallois-Clichy ».
L’air sérieux il a fermé son livre à « Asnières » et l’a remis dans son sac à dos qu’il a soigneusement refermé.
Il s’est ensuite dirigé vers la porte alors que le train arrivait à « Bécon les Bruyères » et s’est planté devant.
Il s’est accroché à la barre alors que ces trains ont un démarrage particulièrement doux.
La suite ?
Nous sommes descendus ensemble à la gare des Vallées…
Il n’a pas dû lire plus de deux paragraphes de son livre alors que même en le regardant s’inquiéter j’avais lu deux chapitres du mien.
Il ne lui manquait que le chapeau de ma mère…
09:17 | Commentaires (10)
vendredi, 02 juillet 2021
88ème Devoir de Lakevio du Goût.
10:14 | Commentaires (7)
mardi, 29 juin 2021
Avec des lignes comme ça on fait des touches…
Je sais Mab… Je sais…
Mais pardonne au pauvre pêcheur à la ligne que je suis.
Hier je me suis laissé aller, peut-être inconsidérément à m’extasier sur une rousse de ma connaissance.
Mais n’allez pas croire que c’est de tout repos !
C’est même souvent épuisant.
Ne serait-ce que d’un point de vue climatique.
Car peut-être ignorez-vous que les rousses, les vraies, celles dont tous les poils sont roux, toute la peau très claire et les yeux très clairs donnent cette impression d’être toutes nées en Écosse.
Ces rousses me semblent en plus dotées de ce caractère, on dira exalté, que l’on prête aux Pictes, peuple au caractère ombrageux dont parle Mordred qui, précurseur de Freud, tua son père Arthur et viola sa mère Guenièvre.
La lumière de mes jours me donne ainsi cette impression que la canicule commence dès que la température atteint 8°C et qu’elle a grandi dans une colonie de panthères.
Et ça ne facilite pas le contact.
Pour en revenir à ma rouquine préférée, elle est de plus dotée d’un solide pragmatisme qui lui fait hausser les épaules à la lecture du moindre vers de Baudelaire ou de Rimbaud.
Par moment, au retour de promenade par exemple, dans la lumière du soleil couchant genre fin de western des années soixante je tente malgré tout un truc du genre :
« J’adore sur ta peau, voir la douceur du soir
Tandis que peu à peu s’évanouit dans le noir
Ta silhouette pâle… »
Ouaip ! Je suis tout à fait capable de lui sortir des trucs comme ça…
Au flan ! Sur l’inspiration du moment.
Mais j’évite.
J’évite soigneusement.
Heure Bleue n’a pas une âme à ça.
Et puis, depuis le temps elle me connaît forcément, ça marche moins bien.
Il y a chez elle une nette scission entre la littérature et la poésie.
Que dis-je, une scission ? Un schisme !
Pour elle, ces « petits machins » sont un dévoiement de la littérature.
Quand nous étions plus jeunes, je tentais le coup régulièrement.
En m’entendant, elle me jetait un regard suspicieux.
Mais des fois ça marchait…
Elle n’aime guère que les auteurs clairs, précis, aux phrases courtes et si possible féroces.
Inutile de dire que nous ne lisons pas les mêmes livres et que le côté foisonnant de la littérature sud-américaine la hérisse.
Je parle évidemment de littérature, la vraie, pas d’escroqueries comme « L’alchimiste » ou « Les trois accords toltèques »…
Bref, ne déduisez donc pas de la lecture de mon devoir d’hier que la vie avec une rousse, fut-ce Heure-Bleue, est un long fleuve tranquille dont le courant n’est troublé que par des ilots de pétales de roses.
10:43 | Commentaires (11)
lundi, 28 juin 2021
Devoir de Lakevio du Goût N°87
J’aime ce pastel de Sally Strand.
Cette « rouquine » me parle.
C’est un sujet – pas un objet – sur lequel j’ai toujours aimé m’étendre.
N’y voyez rien de leste quoiqu’on puisse penser de cette tournure de phrase.
Mais, mon dieu ! Que cette épaule et ce cou pâles me parlent et m’appellent !
Et vous ?
Que vous inspire ce pastel de Sally Strand.
Bien que je vous aie déjà parlé de cette rousse, je pense avoir encore quelque chose à en dire.
Pourtant, ça fait des décennies que je vous en parle mais je suis intarissable car il y a encore tant à découvrir.
Je la regarde, assise à la petite table où est posé son ordinateur.
Peu de choses ont changé.
Ses cheveux sont devenus gris, mais c’est à peine si je le remarque.
Elle a toujours les mêmes gestes, la même façon de se mouvoir malgré ces douleurs qui viennent avec les ans…
Je dépose un petit baiser sur son cou dont la peau est toujours si tentante.
Elle dit « Oui, Minou ? » d’un ton interrogateur…
Tout est fait pour me faire soupirer derrière elle.
Même cette chemise blanche, un peu trop grande, exprès j’en suis sûr pour me donner envie de la remonter sur l’épaule ainsi dégagée.
Je me souviens soudain d’un après-midi où je l’ai vue.
Assise, rêvant à je ne sais quoi, elle ne regardait même pas son café, ni même les gens qui passaient là, rue des Archives.
Je me suis arrêté derrière elle un moment.
Pendant de longues minutes j’ai admiré le mouvement discret de ses épaules que soulevait son souffle régulier.
Comme souvent, quand elle ne me savait pas là, je la regardais avec… Je ne sais s’il avait plus d’amour, d’attention ou de curiosité dans mon regard.
Parfois… Non, souvent.
Très souvent même, je la regardais dans la salle de bains.
Je suis sûr qu’elle sentais ma présence et pensait « Je sais que tu es là, je sais que tu me regardes et je sais ce que tu penses… »
Évidemment, qu’elle sait tout ça.
Presque.
Pas tout ce que je pense.
Quoique…
J’attends.
J’attends qu’elle lève les bras, joliment pliés, pour arranger ses cheveux sur la nuque.
Je me demande chaque fois comment elle fait.
Les mains brodant sa chevelure, les coudes au dessus de la tête.
Ce geste élégant qui la rend si belle.
J’attends qu’elle découvre son cou.
J’attends avec impatience.
J’attends toujours ce moment où seront dégagés les petits cheveux, là, juste sous la nuque.
Je sais qu’elle attend que je me penche sur ce cou si tentant…
Elle sait que je lui mordillerai le cou.
Vous savez bien, c’est ce que font les chats pour montrer qu’ils vous aiment.
Oui, je ferai ça et elle le sait.
Elle sait que je ne peux résister à cette peau.
Elle se tortillera en disant « non, non, non… ».
Mais elle baissera la tête pour que ce me soit plus facile.
Et elle frissonnera.
Je le sais.
Elle fait ça chaque fois qu’elle me sait derrière elle.
Finalement, elle sait très bien ce que je pense.
Je la soupçonne seulement de vérifier qu’elle a raison.
Elle adore avoir raison…
Pourtant, il lui arrive de ne pas avoir raison.
Mais c’est seulement quand je veux lui soutirer un acquiescement…
10:19 | Commentaires (40)