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lundi, 25 janvier 2021

Devoir de Lakevio du Goût N° 65

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En voyant « Le pêcheur à la ligne » de Renoir, m’est venue une question. 
Mais que peuvent-ils bien penser, l’un et l’autre.
Ou l’un ou l’autre.
L’une ?
L’autre ?
Tentez donc de pénétrer leurs pensées d’ici lundi.
Je vais m’y efforcer aussi.
À lundi…

 

Il jeta sa ligne et haussa les épaules « Il n’y a pas un chat à l’horizon, si seulement j’osais… »
Elle feuilleta distraitement son journal et se dit « Il pourrait se soucier un peu de moi… Qu’il a l’air emprunté, comme ça, immobile… »
Elle tira sur son jupon, découvrant ainsi deux chevilles ravissantes, se tourna un peu, toussota délicatement, fit un peu de bruit en froissant le journal.

Il se retourna, fut immédiatement attiré par la chair attirante de ces chevilles qui n’avaient jamais vu le soleil.
Il chercha où et comment placer sa ligne et, exprimant mal sa pensée, dit bêtement en s’agenouillant à son côté « Ma mie, voulez-vous me la tenir ? »
Elle pensa « Ah ! Tout de même ! » et tendit la main vers le pantalon de son mari…
Depuis leurs arbres les oiseaux purent entendre des « Oooohhh… » des « Aaahhh… ».
On entendit par moment « Mais vous n’y pensez, pas mon ami ! »
Puis « Ma mie… Je vous en prie… »
Après quelques minutes les oiseaux s’arrêtèrent, dérangés par un « Oh mon dieu… » pourtant dit d’une voix mourante.
Puis elle dit doucement « Vous… Voyons mon ami ! Voulez-vous vraiment ? Ça ne me semble pas très convenable… »
Il la pria « Ma mie, je vous en prie… Ce n’est pas convenable dans une église, certes mais ici… Et puis Ovide en parle dans son ouvrage... »
« Bon… » dit-elle, curieuse tout de même.
Après un moment d’un silence troublé seulement par un froissement de tissu, comme l’écrivit Maupassant « Elle poussa un gémissement tellement profond qu’on l’eût pris pour l’adieu d’une âme. »
Il dit « Qu’il est agréable de pêcher ainsi, nous recommencerons. »
Elle dit « Qu’il est agréable de pécher ainsi, nous recommencerons. »

vendredi, 22 janvier 2021

65ème Devoir de Lakevio du Goût

Devoir de Lakevio du Gout_65.jpg

En voyant « Le pêcheur à la ligne » de Renoir, m’est venue une question. 
Mais que peuvent-ils bien penser, l’un et l’autre.
Ou l’un ou l’autre.
L’une ?
L’autre ?
Tentez donc de pénétrer leurs pensées d’ici lundi.
Je vais m’y efforcer aussi.
À lundi…

jeudi, 21 janvier 2021

Le Tartuffe.

Vous connaissez Xavier Gorce, lectrices chéries ?
Mais si, sûrement, il dessine, plus exactement dessinait pour « Le Monde » des choses comme ça :

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Il m’est arrivé de n’être pas d’accord avec le journal mais jamais je n’aurais pensé qu’il abandonnerait face aux tribunaux populaires qui peuplent les réseaux sociaux.
Xavier Gorce a l’art de mettre un doigt ricaneur sur nos tartufferies.
Il le faisait jusqu’hier dans un journal qui s’est trompé parfois, comme en mars 1968, une semaine avant que « Dany le Rouge » ne fonde le « Mouvement du 22 mars » qui allait s’épanouir pleinement deux mois plus tard quand il a titré ça :

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« Le Monde » s’est trompé parfois mais au moins ne gaspillait pas ses sous en photographies, tentait de rester rationnel et pour cela faisait appel à des « plumes » réputées pour leur esprit pénétrant.
Las, hier ce journal a décidé de censurer Xavier Gorce sous la pression des juges autoproclamés des réseaux sociaux.
Quand la « bien-pensance » remplace à elle seule la police et la justice, on devrait se méfier.
Chaque fois que ça s’est produit, sont arrivées des milices, rapidement suivies et soutenues par la police et la justice, ces dernières perdant le sens de leur nom illico.
Chaque fois que je lis « les internautes sont indignés », je me demande ce qui a pu les indigner.
Surtout quand je sais qu’ils se délectent de vidéos de meurtre ou autres sévices et que les « modérateurs » qui se révèlent plutôt « censeurs » suppriment tout soupçon de poil pubien ou d’aréole sur une image.
Et ces « internautes » – comprenez « les andouilles qui s’érigent en juge de n’importe quoi » – font plier des media qui publient des dessins qui ne sont cruels que parce qu’ils les décrivent dans leur imbécillité.
« Le Monde » devait-il vraiment se confondre en excuses sur ce dessin à quoi on ne pouvait guère que reprocher de pointer le doigt sur la bêtise de ces « indignés de profession » qui vivent dans un monde qui n’est peuplé que de « quelquechosophobes » ?
Doit-on vraiment baisser les bras devant cette armée de « gnangnans » pisse-froid et féroces qui font preuve d’une étroitesse d’esprit qui fait passer les fidèles de Saint Nicolas du Chardonnet pour un forum libertaire ?
Personnellement, j’aimais bien ce dessin.
Peut-être justement parce qu’il montre à quel point on peut se poser des questions pile-poil à côté du sujet…

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mercredi, 20 janvier 2021

Promenade

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Vous savez quoi ?
Aujourd’hui je vais rêver une longue promenade que je pense vous faire partager avant d’en faire une courte le long du boulevard des Batignolles jusqu’à Villiers pour aller au Monop’ préféré de la lumière de mes jours.
En attendant je  m’en vais aller jusqu’à la rue Caulaincourt, passer au-dessus du cimetière de Montmartre mais, arrivé place de Clichy, je ne prendrai pas le boulevard de Clichy, celui qui mène à Blanche, Pigalle puis Anvers.
Non, je descendrai la rue de Douai, je vérifierai si ce marchand d’instruments de musique est toujours là.
Je ne l’ai pas vu depuis longtemps, il vendait des amplis de guitare « Orange ».
Il y a encore de nombreuses boutiques qui vendent des instruments mais pas le « Mellotron » qu’essayait Jacques Dutronc dans cette boutique quand je l’y ai croisé  à la fin des années 60.
Je continuerai à descendre jusqu’à la rue Pigalle et avancerai jusqu’à la rue Condorcet.
Je continuerai lentement, flânant jusqu’à la rue Pierre Sémard mais je m’arrêterai un instant au croisement de la rue de Rochechouart.
Je sais que là, il y a une petite place où un bistrot qui a changé de nom s’appelle aujourd’hui « Jolis Mômes ».
Je connais bien ce bistrot, et depuis longtemps, je sais qu’il a rapetissé parce que le coin de la rue a cédé la place à une agence immobilière.
Je continuerai ainsi à flâner jusqu’à la rue Pierre Sémard et je la descendrai.
J’en profiterai pour voir ce qu’est devenue cette boutique d’appareils dits « Haute Fidélité » où pour la première fois de ma vie j’ai entendu des enceintes Altec, c’était extraordinaire.
Après être passé sous la rue de Bellefond, car c’est ainsi à Paris, il y a quelques rues qui passent sous d’autres rues, je longerai le square Montholon jusqu’à la rue Lafayette.
Là, j’hésiterai un instant car je ne sais pas si j’ai envie de m’arrêter au square Montholon ou si je préfère le petit jardin plus haut, place Frantz Liszt, au bout de la rue d’Hauteville.
Finalement, après quelque hésitation, j’irais jusque là-bas, c’est le jardin de l’église Saint Vincent de Paul.
Comme c’est un rêve de promenade, il fera beau, un beau temps de printemps.
J’entrerai dans le jardin après avoir monté ces marches que j’ai gravies mille fois et je m’assiérai sur un banc.
Comme il fera beau – rappelez-vous, je rêve ma promenade- je suis sûr que je retrouverai cette sensation délicieuse, assis sur le banc, abrité du soleil par des frondaisons largement trouées.
Quasiment avachi comme un ado, les yeux mi-clos, regardant le bleu du ciel.
Je m’y vois déjà, assis sur ce banc, les jambes allongées, les talons dans le sable de l’allée alors que le trou dans le feuillage me laisse voir le bleu du ciel et qu’un nuage arrive.
Je ferme les yeux et j’attends.
Le nuage passe et l’air frais me balaie légèrement, soulevant un vague frisson chez le frileux que je suis.
Puis, quand le nuage disparaît, une vaguelette d’air tiède vient me caresser le visage, un peu comme une main douce.
C’est super.
Enfin j’aime.
C’est vraiment une chouette promenade, vous ne trouvez pas ?
Quand notre sortie de prison sera prononcée, je la ferai, c’est sûr.
Enfin, si la réclusion générale prend fin un jour…

lundi, 18 janvier 2021

Devoir de Lakevio du Goût N° 64

Au fait, c’est bien quand vous me dites « Youhou !!! J’ai fait le devoir ! »
Ça m’évite d'aller à la pêche sur le Web au risque d’oublier des devoirs, blessant ainsi involontairement des participants.

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Je vous propose de dire ce que vous inspire cette toile de Mr Vettriano.
Une histoire qui commencerait par :
« Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d’intelligence et plus d’emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador. »
Et qui finirait par :
« Elle en retira qu’il n’avait que l’aspect d’un brave, avec l’entrain facile d’un commis voyageur. »

À lundi donc.

« Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d’intelligence et plus d’emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador. »
Cette phrase de Flaubert lui était spontanément venue à l’esprit quand il m’a abordée d’un « Un peu seule, je dirais, non ? »
Elle a ri de bon cœur.
Il aurait pu penser la partie gagnée si elle n’avait pas dit « Mon dieu ! Mais vous avez quatorze ans ou quoi ? »
À voir son air désarçonné, elle le prit en pitié et lança avec un peu de dédain dans la voix :
- Qu’est-ce que vous essayez de me vendre ? Un aspirateur ?
- Non Madaaame ! Je n’ai rien à vendre…
Elle se tut un instant, attendant la suite.
Il s’est enfin décidé :
- Mais je peux vous proposer quelque chose !
- Ah ?
- Oui ! Moâââ… En personne !
- Vous parlez d’une affaire…
Elle regarda néanmoins la mise de l’homme.
Elle en pensa qu’il ne craignait pas trop les fins de mois et son « trois-quarts » manifestement en cachemire lui inspira confiance.
Elle réfléchit quelques instants et elle se dit que ma foi, il la sortirait de son ennui et donnerait corps à ces rêves qui la laissaient languissante au matin tandis que ronflait à son côté cet ennuyeux bonhomme…
Il haussa un sourcil.
Elle lui indiqua le tabouret de bar voisin.
Il s’y assit d’un mouvement un peu trop précieux.
Elle pensa qu’il montrait par là une éducation un peu trop récente.
À peine assis il osa :
- Alors ? C’est gratuit vous savez !
Elle sourit.
- Si c’est gratuit, c’est à considérer…
La gratuité, dans ce genre de situation, elle savait ce que c’était.
Elle avait même une idée précise de ce que ça lui coûterait.
À moins que…
Au moins il avait l’air propre sur lui et elle était sûre que ce n’était pas une brute.
Alors elle se décida :
- On y va ?
À son air surpris et vaguement scandalisé, elle sut qu’il n’était pas coutumier de cette façon de faire et lui sourit gentiment.
Il régla les consommations sans même regarder l’addition, revint du comptoir et la prit par la main.
Il demanda
- Où va-t-on ?
- Mais chez vous, mon ami ! Chez vous !
Oh pour ça il n’était pas une brute.
Mais mon dieu que le temps lui dura.
Elle eut tout le temps d’admirer les moulures du plafond pendant que le pauvre homme s’échinait maladroitement…
« Gratuit... Heureusement ! S’il avait dû vivre de son talent, il serait mort de faim... » pensa-t-elle.
Quand ce fut – enfin - terminé, elle s’échappa, lui sourit gentiment, se rhabilla, prit son sac à main et partit.
Quand lui revint à l’esprit l’image de ce faux matamore elle en retira qu’il n’avait que l’aspect d’un brave, avec l’entrain facile d’un commis voyageur.