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dimanche, 17 janvier 2021

Il a neigé.

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Anita, dite « Fauvette » dans une vie antérieure, avait raison quand hier soir, à l’heure du couvre-feu, elle m’a écrit « J’ai l’impression que demain, tu vas pouvoir nous raconter : hier il a neigé à Paris... »
De fait, il a neigé hier.
J’avais commencé par le traditionnel donc prévisible « Oh ! Il neige ! » qui a suscité chez Heure-Bleue un neutre « Ah ? »
Je n’ai pas osé lancer cette réplique de « Ni vu ni connu » lancée par Louis de Funès « Ce n’est pas pour me vanter mais il neige… »
En revanche, j’ai créé un dicton qui s’est révélé prophétique car les températures prévues étaient plutôt clémentes.
J’ai donc annoncé avec l’air sérieux qui sied au déconneur « Neige du matin, gouillasse du soir ! »
On a donc attendu la limite pour sortir acheter le pain…
Vous nous auriez vus, lectrices chéries !
Heure-Bleue et moi, avançant lentement, tandis qu’au lieu « de traces sombre sur l’épais tapis de flocons immaculés » comme on dit dans les « Lagarde et Michard » nous nous tenions l’un à l’autre sur un trottoir boueux, tel l’ivrogne et son vélo…
Heureux de nous voir à cette heure où il pensait devoir clore son échoppe, le boulanger, fermé le dimanche et désolé de voir encore fondre, non seulement la neige mais son chiffre d’affaires, nous offrit un flan qu’il n’aurait ni le temps de vendre ni le cœur de jeter.
Nous sommes revenus d’un pas hésitant jusqu’à la maison.
J’allais écrire, emporté par la vague aventurière qui parfois me pousse à dire des bêtises :

Et puis m'en revenir plus tard
Narrer mon aventure aux curieux de rêves
En élevant comme Sindbad ma vieille tasse arabe
De temps en temps jusqu'à mes lèvres
Pour interrompre le conte avec art...

Puis je me suis dit que, finalement, je n’étais pas allé en Asie suivre les rêves de Mr Klingsor chanté par Régine Crespin sur une musique de Berlioz.
Non, j’étais seulement monté sur la petite place chercher le pain, la lumière de mes jours accrochée à mon bras.
Mais quand même, Anita a eu raison : Je vous ai raconté qu’il a neigé hier…

samedi, 16 janvier 2021

Les temps sont durs alors le temps dure…

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Comme vous le pensez à juste titre, lectrices chéries, je n’ai rien à vous dire.
Pourtant…
Si vous saviez comme j’aimerais vous conter des histoires comme dans les films de Lelouch…
Avec votre serviteur, tenant la lumière de ses jours par la main sur une plage, courant dans le sable encore humide de la dernière vague découvrant l’estran…
Ou bien votre serviteur, encore lui, au bras de la lumière de ses jours, flânant dans des forêts verdoyantes et vides de foule, donnant de temps à autre un léger coup de pied dans un monticule de feuilles tomenteuses.
Oui, j’aime bien, ça fait plutôt « gens bien » de mettre « estran » et « tomenteuses » dans un récit je trouve.
Ou encore, toujours joyeux, votre serviteur parcourant les rues de la butte Montmartre, se demandant s’il va tenter de battre le funiculaire en une course où je gravirais ces fichues marches qui mènent jusqu’à la place du cardinal Dubois.
Enfin, je gravirais ces marches d’un pas allègre si un souffle cachectique ne coupait net mon entrain.
« Cachectique » ausi, ça pose et c’est pas toujours facile à caser dans un texte mais bon…
Comme je trouve « Dubois » très commun, je pense que finalement, je monterai la dernière volée de marches pour arriver rue Azaïs.
« Azaïs »… Quel joli nom…
C’est celui d’un philosophe naïf au point de croire qu’il avait découvert à lui seul l’alpha et l’oméga de toute chose ici-bas.
Mais il avait un si joli nom.
J’aurais bien vu ce nom habiller une danseuse de cabaret.
Danseuse croquée par Toulouse-Lautrec dans un sens et par Degas dans les deux sens.
C’eût été plus classieux que « La Goulue ».
Sinon, lectrices chéries, à part rêvasser à ça, me chamailler avec la lumière de mes jours pour savoir qui va aller faire le lit – de fait c’est presque toujours moi – et aller chercher le pain, que voulez-vous que je fasse ?
Alors, comme je n’ai rien à vous raconter, je vous en fais tout de même part…
C’est dommage, ça aurait été bien…

vendredi, 15 janvier 2021

64ème devoir de Lakevio du Goût

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Je vous propose de dire ce que vous inspire cette toile de Mr Vettriano.
Une histoire qui commencerait par :
« Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d’intelligence et plus d’emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador. »
Et qui finirait par :
« Elle en retira qu’il n’avait que l’aspect d’un brave, avec l’entrain facile d’un commis voyageur. »

À lundi donc..

 

 

mardi, 12 janvier 2021

Je livre des merveilles, comme disait Marco Polo…

J’ai dit à la lumière de mes jours :
- Ma Mine, j’ai envie de manger au restaurant !
- Si tu veux, on commande chez le « Noich ».
- Mais non ! J’ai envie d’aller au restaurant !
Et c’est bien ça, je n’avais pas envie d’aller sur la page Web du restaurant, de commander des plats que je ferais réchauffer.
Pas envie non plus de ne voir aucun autre client, d’aller prendre dans l’ascenseur le sac que le livreur payé une misère y aurait placé avant d’envoyer l’ascenseur à notre étage.
Je n’aimais pas cette façon de ne pas aller au restaurant.
D’autant moins que c’est à peine moins cher et que c’est moi qui mets la table, assure le service, débarrasse la table et fais la vaisselle…
Une autre chose me chiffonne, d’ordre humain cette fois.
Je n’aime pas voir de jeunes gens exploités de la sorte.
Payés une misère par des gens qui sont fiers d’afficher une fortune en milliards de dollars et nous expliquent que c’est grâce à eux que ces livreurs ne meurent pas de faim.
Bref…
J’ai envie de retourner dans un vrai restaurant où celui qui me sert peut vivre décemment de son travail.
Pas être livré par un type qui s’échine pour remplir le compte en banque Uber ou autre.
Type à qui il ne restera que ses yeux pour pleurer s’il se fait voler son vélo pendant qu’il ouvre la porte de mon ascenseur.
Vélo qu’évidemment il aura dû payer de ses deniers pour travailler...
Type qui se verra refouler par le médecin s’il tombe malade, faute d’être inscrit à la Sécurité Sociale.
Mon envie de restaurant devrait se bloquer quand je constate que si le monde continue dans cette voie, on vivra sous peu dans le monde de Charles Dickens où le droit de se taire prévalait et où avoir de l’argent donnait le droit d’exploiter et de maltraiter ceux qui n’en avaient pas.
Quand je pense que j’aurais honte de payer trois €uros pour livrer en vélo en haut de Montmartre un type ahanant qui a dépassé l’âge de la retraite de près de cinq ans…
Non seulement l’ascenseur – « l’ascenseur social », pas le mien-, est en panne mais en plus « le train du progrès » est reparti mais en marche arrière…
Mais j’ai quand même envie de d’aller au restaurant !
Et vous avez bien vu, hein, uniquement pour des motifs sociaux !
Bon, aussi pour voir du monde et manger ailleurs qu’à la maison face à la lumière de mes jours. Manger quelque chose que quelque chose que je n’aurais ni cuisiné ni servi.
Dîner à une table que quelqu’un d'autre aura mise et débarrassera.
Revenir tranquillement à la maison en flânant et en papotant, la lumière de mes jours à mon bras.
Pas grand’ chose, en somme.
Mais ce sera bien.
Rêvons encore, c’est ce qui reste...
S’il existe encore, on ira chez Gallopin.
C'est chouette Gallopin.
Je n’y ai que de rares mais délicieux souvenirs.

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lundi, 11 janvier 2021

Devoir de Lakevio du Goût N° 63

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Hopper avait-il quelque prescience de ce qui nous arrive ?
Que pouvait-il imaginer en peignant ce carrefour vide ?
En avez-vous une idée ?
D’ici lundi vous l’aurez écrit j’espère.
À lundi…

Ça faisait longtemps que je n’étais pas passé là.
Très longtemps même…
La première fois, du monde passait sur la route, de vieux camions « Bedford » qui fumaient comme des pompiers, crachant une fumée noire à chaque changement de vitesse.
Des gens en vélo allant travailler, qui dans les champs qui dans une usine voisine.
Peu concerné par l’église toute proche, agacé même, j’étais alors entré dans le garage où un homme était couché sous une voiture, une « Traction » il me semble bien…
Je fus immédiatement attiré par une bobine attachée à une ampoule et dont deux fils pendaient sur l’établi qui courait le long du mur.
Je l’aurais bien volée mais…
Une odeur d’essence et de ferraille baignait l’endroit.
Je suis ressorti, il faisait beau.
Plus tard, je suis repassé par là, le garage était propre et l’église fermée.
Des jeunes gens passaient, fiers comme des paons sur des mobylettes pétaradantes.
Ils s’arrêtaient parfois devant le garage qui avait investi dans un panneau « Station Service » éclatant.
Les « autres » avaient une « meule » et pas moi.
Je traînais mon ennui et mon vague à l’âme dans la rue, ne croisant que « des vieux » qui pestaient contre « les yéyés qu’on dirait des crapauds sur une boîte d’allumettes ! »
Je ne sais pour quelle obscure raison je suis repassé par là.
Une seule voiture, la mienne, parcourait la rue.
Je me suis arrêté un instant devant la station-service et suis sorti respirer un air d’il y a longtemps…
La station-service était fermée et les vitres du garage étaient opaques d’années de poussière grasse.
Je fus surpris par la présence incongrue d’une pompe dont je n’avais pas vu un exemplaire depuis les années soixante-dix.
Une veille pompe « Satam » proposait encore du « mélange à 6% pour 2 temps »
Une véritable antiquité.
Je suis remonté dans ma voiture et suis reparti vers aujourd’hui, soulagé de n’être pas resté coincé dans hier ou pire, dans il y a longtemps…