vendredi, 09 avril 2021
76ème devoir de Lakevio du Goût
Lectrices chéries, vous rappelez vous qu’aujourd’hui, ça fait deux cents ans que Baudelaire est né ?
Il est parti se coucher au cimetière Montparnasse, squatter la tombe d’un beau-père détesté.
Il n’a pas eu le loisir d’y faire apposer l’épitaphe qui lui allait si bien :
« Ci-git qui pour avoir par trop aimé les gaupes
Descendit jeune encore au royaume des taupes »
Comme Heure-Bleue et votre serviteur, il fut un « nomade parisien » et y déménagea très souvent.
Il habita cet hôtel sur l’île Saint-Louis.
Ce lieu me rappelle évidemment quelque chose.
Mais à vous ?
Beaucoup d’entre vous ont vu un jour Notre Dame ou l’île Saint Louis.
Avez-vous erré dans les rues qui l’entourent ?
Qu’y avez-vous vu, qu’est-ce qui vous frappé, une des « petites choses de peu » qui vous frappent et vous émeuvent pour des raisons qui vous échappent jusqu’au moment où vous découvrez pourquoi elles ont remué votre âme.
Comme elles ont sûrement remué celle de Baudelaire.
Vous n’avez pas moins de talent, vous êtes seulement moins connues, alors dites lundi ce qui vous a remué.
(À part, bien sûr, cet appel au devoir, torché de main de maître par un Goût auquel France Inter a obligeamment donné le sujet du devoir car je ne savais pas quoi vous soumettre...)
08:54 | Commentaires (7)
jeudi, 08 avril 2021
À la piqûre !
Lectrices chéries !
Je suis allé dans la mairie où la naissance de Vénus d’Heure-Bleue fut déclarée il y a...
Bref...
Elle est magnifique !
Bon, pour Heure-Bleue vous le saviez, pour la mairie, je ne l’avais jamais remarqué car je n’y étais entré pour de bon que deux semaines auparavant, dans un bureau plutôt triste et pour autre chose.
Hier, accompagné de la lumière de mes jours, je suis entré pour la première fois dans la salle des fêtes de la Mairie du XVIIIème.
On voit bien là que la France était, à la fin du XIXème siècle, le pays le plus riche de la Terre car quand on bâtissait une mairie, on usait de la pierre de taille et on l’agrémentait de sculptures représentant diverses allégories, histoire de montrer au peuple qu’on ne se foutait pas de lui.
On ne faisait pas comme dans les années soixante où on reconstruisit la mairie du XVIIème selon les canons esthétiques qui présidèrent à la construction des « cités sensibles » de banlieue.
Revenons à mon mouton, ma visite de la salle des fêtes de la mairie du XVIIIème.
Je m’y suis rendu, Heure-Bleue à mon bras, pour me faire vacciner.
Nous avons remarqué que si l’accueil des patients ne donnait pas le loisir de choisir le « client », une pause de quelques minutes était utile pour attendre celui qui était jeune et plutôt bien de sa personne...
Nous avons ainsi remarqué une jeune femme qui abusait de brèves pauses en attendant celui qui lui plairait.
Je n’en fis hélas pas partie mais comme je n’étais pas venu le marier avec elle, hein...
Heure-Bleue et moi avions une grande crainte.
Elle que ça se passe mal, que je me tortille par terre, victime d’un choc anaphylactique forcément fatal qui la laisserait veuve et inconsolable.
Moi que la piqûre soit faite par un médecin.
Mais non, ce fut fait par une infirmière particulièrement douée.
À tel point que je me demande, avec l’absence d’effets divers redoutés, si on ne m’avait pas injecté un peu d’eau minérale...
Puis nous sommes ressortis pour aller au Monop’ de la rue du Poteau, qui a changé de côté depuis mon enfance.
Nous y sommes allés pour acheter... Rien.
Alors nous avons acheté des fleurs chez une fleuriste dotée d’yeux verts et de cheveux châtains très chouettes.
Jusqu’à ce matin, j’eus droit aux soins inquiets d’Heure-Bleue.
Passant la main puis les lèvres sur mon front afin d’y détecter la moindre de trace de fièvre.
Même cette nuit, elle m’a passé la main sur le front.
Je le sais, ça m’a réveillé.
Elle a même supporté que je la colle.
10:01 | Commentaires (11)
mercredi, 07 avril 2021
Temps de chien.
La note d’Adrienne, dont les chiens des voisins pourrissent la vie autant que les voisins eux-mêmes, me rappelle combien la lumière de mes jours est une femme qu’il vaut mieux avoir avec soi que contre soi.
Enfin... Quand je dis qu’il ne faut pas l’avoir contre soi, ce n’est pas toujours vrai, c’est dépendant des circonstances...
Bon, ce souvenir.
Nous habitions à l’époque au bord de la Seine, face à l’Île des Impressionnistes, paysage agréable mais assez ennuyeux.
Vous ne le savez peut-être pas mais Chatou, malgré sa proximité avec Paris, ce n’est pas la banlieue.
Non, c’est « la province »...
Revenons à nos moutons, plutôt à nos clébards.
Un jour dans la saison que les tièdes zéphirs ont l’herbe rajeunie, comme disait La Fontaine, la lumière de mes jours eut marre d’avoir ses soirées, ses nuits et ses matins gâchés par les chiens de la voisine qui habitait une maison adjacente.
Heure-Bleue, est toujours pleine d’idées, même si certaines sont parfois saugrenues.
Nous avions une voisine dont les chiens aboyaient jour et nuit quand ils s’ennuyaient.
Ces chiens s’ennuyaient souvent et la voisine se moquait des plaintes des voisins.
Un jour « qui n’était pas fait comme un autre », comme dit la femme de ma vie, ladite femme de ma vie eut un matin l’idée de sonner à la porte de la voisine jusqu’à ce qu’elle soit réveillée puis partait tranquillement à la librairie.
Elle fit cela plusieurs matins sans se préoccuper de la voisine.
Un matin, la voisine l’interpella :
- Pourquoi sonnez-vous chez moi ?
Et Heure-Bleue, magnifique comme toujours en ces occasions tragiques, de rétorquer :
- Je vous empêcherai de dormir tant que vos chiens m’empêcheront de dormir...
- Mais...
- Et je ferai ça tous les matins.
Ce n’est pas « verbatim » mais l’essentiel de ce que j’ai retenu de l’histoire.
Toujours est-il que nous ne savons pas exactement de quoi la voisine a menacé ses chiens mais nous ne les entendîmes plus.
Peut-être qu’Adrienne devrait tenter la même méthode...
09:39 | Commentaires (10)
mardi, 06 avril 2021
Euh ta nazie ?
En ces temps de discussions sur l’euthanasie, les retraites, les retraités qui ont la peau trop dure et la fin de vie, je me demande comment le Portugal peut prendre cette publicité...
Je me demande aussi comment des gens censément titulaires d’un « bac L » peuvent écrire comme ça.
Parmi toutes les questions qui me viennent régulièrement à l’esprit en lisant les « informations » qui saupoudrent mon écran quand j’ouvre mon navigateur, une m’effleure régulièrement :
Tous ces gens monteraient-ils de si bon gré dans un avion ou un train, prendraient-ils seulement leur voiture si ces engins étaient conçus par des gens qui pratiquent les mathématiques comme eux usent de la grammaire ?
Bref, d’après leur conception de la langue, j’ai appris ce matin que le Portugal s’était suicidé.
Ce geste désespéré accompli dans l’indifférence générale puisque la radio n’en a rien dit...
09:23 | Commentaires (7)
lundi, 05 avril 2021
Devoir de Lakevio du Goût N°75
Vous ne connaissez peut-être pas le jardin des Tuileries.
Il n’a pas changé depuis les années soixante et je le reconnaîtrais entre mille.
Nous n’étions pas encore des mamies et des papys.
Mais je suis sûr que nos âmes sont mieux préservées que nos corps.
Que vous dit cette photo des années soixante ?
Elle me dit, comme le chantait François Hardy « Tant de belles choses » ...
À lundi, vous avez sûrement quelque belle histoire à dire.
Je sais que tu es sur la photo.
Tu sais que j’arrive.
Nous avons rendez-vous.
C’est aujourd’hui que nous nous embrasserons.
Ce n’est pourtant pas hier que nous nous sommes croisés pour la première fois.
Je me la jouais un peu « cow-boy »...
Le mec blasé, l’habitué de la conquête rapide.
Le « cador de la tchatche ».
J’ai abandonné les copains sur la place de la Concorde.
L’air sérieux je les ai salués, façon « Les mecs, il y a des combats qu’on doit mener seul ! »
Tu faisais semblant d’être intimidée, genre « jeune fille timide ».
J’étais emprunté, j’ai osé « Je cherchais quelque chose de spirituel à vous dire mais rien n’est venu... »
Tu as trouvé ça très drôle.
J’ai été surpris mais j’ai pris l’air de celui qui l’a fait exprès.
Puis, plus tard, bien plus tard, je t’ai dit « tu sais que quand je t’aperçois fois, ça me fait quelque chose au cœur ? Comme un coup ! »
Toi aussi, plus tard tu m’as dit « Quand je t’attends et que je te vois arriver, tu me fais un effet bizarre dans le ventre ! »
- C’est vrai ?
- Oui ! Pourtant t’es moche, hein... Enfin non mais t’es pas...
Elle s’est arrêtée, un peu embêtée, et a déposé un léger baiser sur ma joue.
- Laisse tomber, je sais de quoi j’ai l’air...
- Mais pour l’effet dans mon ventre, c’est vrai.
- Pour l’effet sur mon cœur, c’est vrai aussi.
Alors on s’est promené.
On a fait presque toutes les allées des Tuileries.
Il y avait des chaises mais on ne s’est jamais assis.
On a marché.
On s’est aussi beaucoup arrêté.
***
J’ai été dérangé.
- Qu’est-ce que tu regardes, papy ?
- Derrière moi...
Comment nos petits-enfants pourraient-ils savoir à quoi ressemblaient, leurs grand’mères et grands-pères pendant les années 60...
Ils nous expliquent déjà « vous ne pouvez pas comprendre », « vous n'avez jamais connu ça », « vous ne pouvez pas savoir ».
Bon, on avait dit ça à nos grands-parents et nos parents.
Mais nous c’était vrai...
08:05 | Commentaires (35)