dimanche, 30 mai 2021
Champignons de Paris
« Minou, tu dors ? »
- Ben non ma Mine...
Que voulez-vous que je réponde à un « Minou tu dors ? » aussi inquiet ?
Il est quatre heures et dix neuf minutes.
La nuit est encore noire.
- Minou, qu’est-ce qu’elle a ma langue ?
- Il fait noir, ma Mine...
- Je peux allumer la lumière ?
J’allume la lumière de mon côté.
La lumière de mes jours se redresse et me tire la langue.
La langue de la lumière de mes jours est rose.
Je lui dis « Elle est rose avec des petites taches roses. »
- Qu’est-ce que ça peut être ?
- Ben... Tu as eu la scarlatine ?
- Euh... Non...
Elle se lève et va dans la salle de bains.
Elle en revient décomposée.
« Mais j’ai la langue pleine de bubons ! » s’alarme-t-elle.
Elle se recouche.
- J’ai peur Minou...
- Hmmm...
Je la connais, je sais à quoi elle pense.
- Et si j’avais un cancer ! Hein, tu y as pensé ?
- Mais non, c’est au moins le dixième depuis qu’on se connaît...
Elle ne me croit évidemment pas.
Il est cinq heures vingt et comme elle n’a plus mal, nous nous rendormons.
Quand nous nous levons, il fait jour et j’appelle « notre » médecin.
Qui conclut après examen « Champignons... Votre cortisone, faut boire tout de suite après... »
La suite ?
Elle prend un fongicide absolument dégueulasse, d’une couleur qui rappelle le minium.
Trois fois par jour elle doit en garder 5 ml dans la bouche pendant cinq minutes.
Et je suis chargé du minuteur.
C’est là que ça se gâte car le plus difficile arrive, redoutable épreuve pour la lumière de mes jours.
Elle doit garder le silence pendant cinq minutes consécutives.
Et ça, c’est dur.
07:49 | Commentaires (6)
vendredi, 28 mai 2021
83ème devoir de Lakevio du Goût.
09:11 | Commentaires (5)
mercredi, 26 mai 2021
Le crépuscule des vieux.
Oui, il y a un vague nerf en chacun de nous.
Celui du souvenir.
Ouais, bon... Mab ne me dira plus rien maintenant...
Allons donc à mon propos que vous ne connaissez pas encore.
Il y a peu, au cours d’une balade qui nous amena du côté du Printemps où la lumière de mes jours nous mena pour renouveler une partie de son habillement secret, nous sommes passés devant une vitrine.
Et c’est là que je me suis aperçu que les ophtalmologistes sont des gens à l’optimisme débordant.
En passant devant une des milliards de vitrines proposant à tout un chacun de se croire Brummel ou Mr d’Orsay, la lumière de mes jours me montra un pantalon.
Moche, le pantalon ! Mais mooooche !!!
Elle m’avait dit « marron ».
C’était un pantalon « beigeasse », plus proche de la déjection canine mal maitrisée que du « marron » promis.
Elle m’avait dit aussi « velours milleraies ».
Erreur ! Erreur tragique.
Regardant par-dessus mes lunettes, j’ai regardé attentivement le tissu prétendument « velours milleraies ».
C’est un vague tissu d’origine extrême-orientale et manifestement bas de gamme quoi qu’essaie de faire croire un prix exorbitant.
J’ai donc sous les yeux un pantalon mal taillé, comme la plupart des pantalons depuis des années où le prix de revient en fabrication prime sur toute autre considération.
Un pantalon de couleur « fèces diarrhéiques » importable sauf dans un pays frappé par une épidémie de choléra.
Un pantalon fait d’un tissu qui m’a rappelé les tabliers de mes petites sœurs pour aller à l’école maternelle.
Ce tissu aux motifs flous à force d’usure.
Ce tissu pelucheux à force d’avoir été cousu, décousu, retourné puis recousu cent fois.
Quand je pense que la femme de ma vie a tenté de me gruger en essayant de faire passer ce... cette... ce « truc » pour un de ces pantalons « Newman » qui étaient si bien taillés, m’allaient si bien et me donnaient une allure quasiment humaine.
En plus, ces salauds de pantalons étaient de taille « 36 » quand je les mettais pour aller retrouver la lumière de mes jours.
Nous avons traversé au pas de charge le rez-de-chaussée du Printemps, histoire d’éviter de nous mettre sur la paille jusqu’aux prochaines élections municipales qui auront lieu en 2026.
Car vous ne le savez peut-être pas mais si quelque chose rend folle la lumière de mes jours et que ce n’est pas moi, ce sont les sacs à main.
Elle se serait jetée au feu pour moi.
Enfin, non, elle aurait poussé un pompier à le faire mais passons.
En revanche, pour un sac à main, elle me pousserait à la délinquance.
Mais pas n’importe lequel, ces temps-ci, Yves Saint Laurent et Givenchy ont sa préférence.
Pourtant, ils sont petits, de plus en plus petits.
Si je lui en offrais un, elle redeviendrait comme nombre de femmes que je vois depuis que j’ai pris le métro pour la première fois.
Mais si, vous savez bien, lectrices chéries.
Ces femmes qui portent un sac à main, petit ou grand mais toujours trop plein et trop petit au point qu’elles portent aussi un cabas, voire un « sac Tati » plein lui aussi.
Ce qui faisait dire à mon père « Ma poule, pourquoi tu ne mets pas une anse sur le mur de l’appartement ? Tu n’aurais pas besoin de sac à main... »
C'est là que ma mère lui jetait un regard meurtrier...
09:56 | Commentaires (14)
lundi, 24 mai 2021
Devoir de Lakevio du Goût N°82
Mais pourquoi diable, sourit-elle ?
Je crois que je le sais.
Je n’y ai pensé que récemment mais ça me tracassait depuis si longtemps.
Et vous, d’après vous ?
Pourquoi Lisa Gherardini a-t-elle cette amorce de sourire, retenu, si mystérieux que la question de la raison de ce sourire naissant traverse les siècles depuis la Renaissance ?
Alors à lundi pour partager vos supputations...
Je m’appelle Madame Gherardini.
Mes connaissances m’appellent « Lisa » mais aussi « Mona ».
Et je commence à trouver cette journée bien longue...
Mon mari a mandé Leonardo da Vinci pour me portraiturer.
Et ça a dû lui coûter bonbon, parce que le Leonardo, il n’est pas donné.
Surtout maintenant qu’il est célèbre dans toute l’Europe.
J’écoute Leonardo parce qu’il me parle en peignant, sans doute pour que le temps me paraisse moins long.
Il est intéressant et c’est fou tout ce que ce Leonardo peut savoir dans tant de domaines !
Mais là, il se tait, à court de paroles.
Il peint depuis un long moment et je vois bien qu’il commence à se dandiner.
Je sais bien ce que c’est, mon père faisait la même chose.
Ça doit être un « truc de vieux » comme le mal de dos ou les os qui craquent...
Je sais qu’il va bientôt tourner le dos, changer de pièce sous un prétexte fallacieux et revenir l’air un peu gêné.
Je ne sais même pas pourquoi il tente le coup chaque fois.
On dirait mon père...
Il revient enfin.
Je le regarde et me retiens à grand’ peine de rire.
J’affiche seulement, au prix d’un effort, un embryon de sourire retenu...
Finalement, Leonardo peut se donner des airs, il est comme mon père.
Sauf que mon père, lui, en revenant prenait garde à ce que rien de gênant ne soit vu.
Or Leonardo, aujourd’hui s’est mal rhabillé et je vois trop bien la différence qu’il y a entre un homme et une femme...
Je regarde la toile tandis qu’il nettoie ses pinceaux.
Et je suis surprise qu’il ait remarqué mon sourire retenu au point de le placer sur mon portrait.
Au moins les yeux fonctionnent bien chez lui...
08:35 | Commentaires (24)
dimanche, 23 mai 2021
Un jour de pluie à Paris...
Nous sommes partis joyeux pour des courses lointaines sous un ciel à peine nuageux jusqu’à l’arrêt du 31 qui nous amènerait au croisement de la rue Jouffroy – Père de la marine à vapeur - et de la rue de Tocqueville – « L’exigence de liberté voudrait qu’elle fût infinie, la sagesse voudrait qu’on n’en fît point usage. » - afin de faire quelques courses rue de Lévis après avoir flâné tout au long de la rue de Tocqueville et de la rue de Lévis.
Mes connaissances sur toutes les boutiques de ces rues entre 1955 et 1967 ont donc été soigneusement rafraîchies par le cours d’Histoire urbaine dispensé gracieusement par Heure-Bleue.
Toutefois, quelques points sombres restent à éclaircir.
Il reste en effet quelques boutiques de ces rues dont la lumière de mes jours peine à se rappeler quels commerces elles abritaient.
Mais c’est rare. Très rare...
La prochaine fois, c’est sans doute quand nous irons acheter quelques vivres du côté de la rue de Poncelet en passant par la rue Cardinet que je prendrai un nouveau cours d’Histoire.
Vraisemblablement devant la « Librairie-Papeterie-Journaux » tenue par deux vieilles oubliées par le temps.
Ces deux vieilles, dont je n’ai vu qu’une seule, tenaient encore la boutique il y a un ou deux ans.
Et ça, ça m’intéresse car alors nous irons probablement chez Pou, ce traiteur qui fait de petites choses si bonnes pour la langue et si délétères pour le foie...
Il y a, depuis la fin de ce « faux confinement » un je ne sais quoi de primesautier dans l’air, ce quelque chose que je dirais bondissant si ce fichu genou ne m’empêchait pas de bondir.
Bon, mon dos aussi m’empêche de bondir mais je mets un point d’honneur à n’ennuyer que la lumière de mes jours avec ça...
Mais si vous voulez, je peux aussi me plaindre de mon dos sur le blog mais ça fait passer la fréquence des commentaires de « pas terrible » à « affreusement vexante ».
En attendant, je vais me mettre au boulot car, le dimanche matin, c’est jour de « Lit en grand » et l’après-midi de « grand ménage » avec lavage de cuisine, de salle de bains, etc.
Bref, pour le retraité la vie est l’inverse de celle du travailleur.
Le dimanche, c’est la mine et la semaine, c’est vacances.
Franchement, avez-vous déjà lu quelque chose aussi peu digne d’intérêt que cette note qui est un véritable pensum.
Je vous l’ai dit : Le dimanche, c’est la mine...
Au fait, on est rentré sous la pluie.
Il y a néanmoins quelque progrès dans la malchance car habituellement il fait beau jusqu’à ce qu’on sorte de la maison et il pleut jusqu’à ce qu’on arrive en bas de chez nous.
À ce moment-là, le soleil revient...
09:45 | Commentaires (6)