samedi, 03 avril 2021
Les bals hivernent, c’est le printemps !
Ah ! Lectrices chéries !
Le paradis ?
C’est râpé pour moi...
Mais tout de même, s’il y avait la moindre chance qu’existât ce pays de Cocagne, j’ai gâché toutes les chances d’y accéder dans la semaine écoulée.
J’ai reçu hier un court message de ma petite sœur, accompagné de l’image d’une assiette de « poisson sauce hollandaise ».
Il m’a immédiatement fait penser à ma mère.
Chaque Vendredi Saint, elle me rappelait « Surtout mon petit garçon, n’oublie pas de faire maigre ! »
Évidemment, elle me le rappelait immanquablement en milieu d’après-midi, après mon sandwich au jambon...
Elle précisait aussi à Heure-Bleue comme à mes sœurs « Et surtout, ne fais pas de lessive le Vendredi Saint, c’est préparer son linceul ! »
Le fait qu’Heure-Bleue n’ait jamais rien eu à cirer de cette affaire ne l’effleura jamais...
Un malheur n’arrivant jamais seul, il me revient que mercredi, je me suis coupé des ongles qui avaient tendance à déborder de mes doigts.
Et là, vous vous demandez pourquoi cette subite inquiétude et ce soudain malheur.
Eh bien, vous vous le demandez parce que vous n’êtes pas, contrairement à ma mère, d’origine berrichonne.
Sinon vous sauriez que « se couper les ongles le Mercredi des Cendres, c’est couper du pain bénit au Diable ! »
Dans cette courte semaine qui dut paraître bien longue à Jésus, j’ai donc gâché par deux fois mes chances d’accès au paradis.
Bon, je n’y croyais pas, c’est pourquoi j’ai pris prudemment nombre d’acomptes avec Heure-Bleue, sachant que le néant m’attendrait.
Le paradis, c’est sur Terre, alors profitons-en.
Le printemps est fait justement pour nous le rappeler...
Et croiser nombre de futures mamans dans les rues prouve que le confinement, même « light », aide à s’en souvenir.
10:07 | Commentaires (10)
vendredi, 02 avril 2021
75ème devoir de Lakevio du Goût
Vous ne connaissez peut-être pas le jardin des Tuileries.
Il n’a pas changé depuis les années soixante et je le reconnaîtrais entre mille.
Nous n’étions pas encore des mamies et des papys.
Mais je suis sûr que nos âmes sont mieux préservées que nos corps.
Que vous dit cette photo des années soixante ?
Elle me dit, comme le chantait François Hardy « Tant de belles choses » ...
À lundi, vous avez sûrement quelque belle histoire à dire.
09:45 | Commentaires (9)
jeudi, 01 avril 2021
Tout vient à point...
Il y a de ces coins dans mon quartier...
Nous sommes allés nous promener hier vers le cimetière Saint Vincent.
Nous avions projeté d’acheter un café devant le square de la place Constantin Pecqueur, de nous y asseoir et de boire tranquillement notre café.
Hélas, trois fois hélas ! Tous les bancs en étaient occupés !
Nous sommes ressortis et nous sommes assis sur un des bancs face au square.
C’était bien quand même.
Les piafs cuicuitaient comme des... ben comme des piafs.
Les chiens désobéissaient à leurs maîtres et couraient les uns après les autres, ignorant superbement les « Ici !!! » et autres « Au pied !!! » qui semblaient les amuser au plus haut point.
Même les vieux semblaient jeunes !
Bon, ils ne gambadaient pas, toujours méfiants quant à la solidité de leur col du fémur.
Mais dans l’ensemble, l’idée de claquer sur le ventre dans une salle de réa ne les tenaillait pas.
Nous non plus qui jouissions de la bonne humeur ambiante.
Nous nous sommes levés de notre banc et, partant du principe éprouvé que ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’il faut se priver, nous avons pérégriné jusqu’à ce traiteur qui nous tentait depuis deux semaines.
Nous fûmes déçus.
Le « gravelax » parfumé à la betterave dont nous avions découvert la délicatesse était manquant.
Nous avons été obligés de nous contenter d’une tourte « pistache et foie gras » et d’une petit pâté au piment d’Espelette à l’épinard qui faisait envie à la lumière de mes jours.
Faute de produits déraisonnables, nos débordements furent finalement très raisonnables...
Nous sommes revenus lentement, d’un pas de flâneur.
Nous avons été rassérénés quant à l’avenir de l’humanité en repassant devant le square.
Il nous a suffi, comme toujours, de regarder là où peu regardent.
Les murs, les petites armoires sales et « graffitées » qui abritent les mécanismes complexes qui allument et éteignent ces feux dont les automobilistes n’ont que faire s’il n’y a pas de pandore à l’horizon.
Des « poètes de trottoir » y sèment de chouettes remarques et altèrent délicieusement de vieux dictons qui, de « bien-pensant » deviennent soudain « beau-pensant ».
Cette remarque saisie d’un smartphone vivace n’est-elle pas délicieuse ?
10:13 | Commentaires (7)
lundi, 29 mars 2021
Devoir de Lakevio du Goût N°74
Que peut donc être en train de faire cette jeune femme, assise à son bureau ?
Le savez-vous ?
Je le sais parce que je la connais.
Je sais même que ça devrait commencer par :
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ».
Et se terminer sur
« Et qu’il bruit avec un murmure charmant, le premier « oui » qui sort de lèvres bien-aimées. »
Que peut donc être en train de faire cette jeune femme, assise à son bureau ?
Le savez-vous ?
Je le sais parce que je la connais.
Je sais même que ça devrait commencer par :
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ».
Et se terminer sur
« Et qu’il bruit avec un murmure charmant, le premier « oui » qui sort de lèvres bien-aimées. »
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue !
C’est exactement ce qui m’est arrivé la semaine dernière quand je suis entrée dans son restaurant.
Oui ! Exactement ça !
Heureusement, ma copine Œnone est arrivée et m’a tirée d’affaire parce que quand même, mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler...
Je n’osais pas y retourner de peur que ça recommence.
Elle m’a dit « Vas-y ! Écris une lettre, je lui donnerai, tu verras, il est sympa ! »
Je m’y mets mais je n’ai pas l’inspiration, et puis on a eu beau me dire que les filles peuvent faire exactement ce que font les garçons, sauf pipi debout, je n’ose pas.
Il tient un restaurant alors évidemment, des filles il en voit plein.
Mais qu’est-ce que je pourrais bien lui dire qui l’amène à me considérer autrement que comme une cliente ?
Déjà, la première fois qu’il me regarda, ça me fit tout bizarre.
Je sentis tout mon corps et transir et brûler.
Il m’a dit « Et alors, Mademoiselle ? Vous prenez racine ? »
Il l’a dit gentiment mais quand même, j’ai été gênée.
J’ai tout dit Œnone, elle m’a dit
- Que tu es bête, il est gentil comme tout, il vient d’ouvrir un restaurant comme celui du boulevard des Italiens, face au Gaumont, on y fait des grillades et des « mixed grills ».
- Et c’est quoi le restaurant ?
- Hippopotamus...
- C’est bon ?
- Le sien est meilleur mais plus léger.
- Il s’appelle comment, lui ?
- Je ne sais pas, tout le monde l’appelle « Hippo light »...
- Tu veux pas lui dire un mot, à « Hippo light » ?
J’ai écrit un petit mot, elle lui a donné après l’avoir corrigé.
Elle est plus douée que moi pour ça.
J’y suis retournée hier, il a été super gentil et tout.
Quand il n’y eut plus personne dans le restaurant, il s’est assis à côté de moi et m’a dit qu’il avait lu un poème de Verlaine hier qui l’avait ému.
Je lui ai demandé lequel et il m’a dit « si tu... vous voulez, je vous le dis. » avec un tel regard que je reconnus Vénus et ses feux redoutables.
Il a commencé « Nevermore » mais quand je lui ai demandé de le finir il a dit « oui » avec une voix douce.
Et c’est pourtant vrai ce que disait Verlaine !
« Et qu’il bruit avec un murmure charmant, le premier « oui » qui sort de lèvres bien-aimées. »
08:08 | Commentaires (38)
samedi, 27 mars 2021
Uber alles ?
Il y a peu, très peu, je suis allé faire les courses tout seul.
Abandonnant la lumière de mes jours à son triste sort de recluse, coincée non sur son lit de douleur, mais seule, et désespérée face à son pied de douleur, je suis descendu.
J’errais donc, tenant à la main mon petit sac « d’horrible bobo parisien » selon l’étiquette apposée par ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit.
J’allais, du « mini market » de l’avenue jusqu’à la « boulangerie bio » du bas de la rue, histoire d’affirmer ce fameux statut « d’horrible bobo parisien », quand passant devant l’abri bus, j’eus le regard attiré par une publicité.
Je marchais d’un pas alerte, je ne l’avais pas même regardée, simplement vue, pratiquant, comme dit Lakevio, « l’œil balayant » si utile quand on est ado et qu’on cherche l’âme sœur.
Ma cervelle tournant indépendamment de mes pas, quelque chose m’a sûrement choqué sur l’affiche car je suis revenu sur mes pas la lire.
Eh bien oui, lectrices chéries !
Vous pouvez – peut-être – emprunter sans risque un taxi d’esclavagiste américain.
Aller fêter un évènement quelconque sans plus de risques.
Mais si j’en crois la publicité, certaines choses déplaisantes, normalement illégales partout, restent considérées comme tout à fait plausibles à défaut d’être normales.
J’ai eu l’impression, à lire attentivement cette affiche, que se permettre certains gestes sur une femme sans avoir son accord, que ce soit dans un café, dans une rue, un bus, un train ou un couloir d’entreprise était, si ce n’est encouragé, du moins acceptable.
Voilà ce qui m’a laissé pantois devant l’affiche.
Je me suis demandé si elle n’avait pas été rédigée par un de ces représentants attardés de la maréchaussée.
Un de ceux qui demandent à une femme venue se plaindre d’avoir été agressée « Portiez-vous une mini-jupe, Madame ? Aviez-vous une attitude suggestive ou un peu provocante ? Aviez-vous bu ? »
Bref, un type prêt à excuser tout homme incapable de maîtriser ses pulsions car c’est certainement à la femme de ne pas les « provoquer »...
Mais bon, tant que des expressions comme « Rentrez vos poules, je lâche mon coq ! » auront cours, il y aura fort à faire avant que les filles et les femmes puissent se sentit belles sans se sentir proies...
10:17 | Commentaires (11)