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jeudi, 26 août 2021

Un après-midi sans Heure-Bleue.

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Ça arrive deux ou trois fois par an.
C’est rare donc je vous le raconte...
Hier, je suis allé déjeuner avec un ami que je n’avais vu depuis cinq ans.
Comme un autre ami que je n’ai pas vu depuis un peu plus d’un an, celui-ci est un ami avec qui je ne suis pas d’accord.
Nous échangeons régulièrement des courriels et nous nous voyons rarement car il habite à l’autre bout du pays.
Il habite sur « La côte d’azur » ce veinard.
Nous ne sommes pas d’accord depuis que nous nous connaissons, c’est-à-dire plus de vingt ans.
Nous discutons donc depuis tout ce temps, au cours de déjeuners animés, suivis de cafés ou de diabolo pour moi et de « demi » pour lui.
Ces suites nous occupent le reste de l’après midi et nous repartons enchantés de notre journée.
Il arrive que je me rende à ses arguments.
Il arrive qu’il se rende aux miens.
C’est là qu’on s’aperçoit que la droite et la gauche, quand il s’agit de gens un peu raisonnables, ne sont pas forcément incompatibles et sont simplement deux des mille et une façons de voir le monde et la vie.
Nous ne la voyons pas de la même façon.
Et on en parle chaque fois.
Il est terriblement pragmatique.
Il me dit détaché des réalités.
Je le traite de « comptable ».
Il me traite « d’intello ».
Nous ne voyons pas la même chose dans une scène sur le trottoir qui borde la terrasse où nous buvons nos cafés.
Bref, nous ne sommes pas d’accord depuis toujours.
Mais c’est toujours avec plaisir que nous passons l’après-midi ensemble.
C'est l’intérêt de parler avec des gens un peu raisonnables, on peut n’être pas d'accord sans s'insulter ni se fâcher, chacun oppose ses arguments, tous sont discutés et défendus âprement.
Il est toujours agréable de constater qu’on peut être adversaire dans une joute sans être ennemis sans merci.
Ça ne change pas le monde et ça nous occupe...
Ce chien est plus grand et plus jeune que moi mais une chose me console : Il ne rajeunit pas.
Je l’ai connu blond.
Il a les cheveux tous blancs.
Il m’a connu très brun.
J’ai encore des cheveux bruns.
Moins, certes mais encore bruns même si des cheveux blancs arrivent.
Hélas, lui comme moi n’aurons jamais ces fameuses « tempes argentées » qui font tomber les filles à la renverse…
Nous en parlons aussi avec une once de regret dans le ton...

lundi, 23 août 2021

Devoir de Lakevio du Goût No 95

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Il s’en va.
Mais où ?
Pourquoi ?
Si vous avez une idée, faites en part lundi…

J’étais déjà passé trois fois la semaine dernière.
Je passais là depuis si longtemps, depuis tant d’années…
Toujours elle m’avait accueilli.
Toujours avec le même sourire.
Toujours avec le même regard.
Toujours elle m’avait ouvert les bras.
Toujours elle m’avait pris la main et emmené.
Trois fois j’étais passé.
Trois fois j’avais sonné.
Trois fois le silence m’avais répondu.
Pas un pas, pas une fois je n’avais entendu ce « C’est toi ? » chuchoté d’une voix douce derrière la porte.
Aujourd’hui je suis repassé.
Je ne repasserai plus jamais.
J’ai remercié la voisine.
Quand elle m’a entendu, la voisine a ouvert sa porte.
C’était une vieille dame à l’air gentil et un peu triste.
« Monsieur ? » Je me suis tourné vers elle, l’interrogeant du regard.
« Vous êtes le monsieur qui passait chez elle depuis longtemps n’est-ce pas ? »
Je me suis tu, une boule énorme dans la gorge…
J’ai fini par demander « Qu’est-il arrivé ? »
La vieille dame baissa les yeux, me posa la main sur le bras.
« Venez… » dit-elle, m’invitant à entrer chez elle.
Puis, les yeux brouillés, je descends pour la dernière fois les marches mal éclairées par une fenêtre donnant sur la rue étroite.
La voisine m'a raconté.
Maintenant je sais sur quelle tombe aller pleurer…

samedi, 21 août 2021

Vieilles nouveautés...

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Vendredi ou jeudi, je ne sais plus.
Si, c’est jeudi et je ne l’ai pas dit à ce moment parce que :
- Jeudi j’avais déjà émis une de ces notes délicieuses dont j’ai le secret.
- Vendredi c’est « le jour du Devoir de Lakevio du Goût ».
Jeudi donc, tandis que je vous racontais une histoire arrivée il y a quelque temps, ma radio m’en racontait une autre.
J’apprenais, tout en tapant sur mon clavier que le Ministère des Finances, dit « Mon Trésor », avait demandé à Google qui dispose d’ordinateurs et d’intelligences aussi bien naturelles qu’artificielles ainsi que d’un superbe outil nommé « Google Earth » de lui concocter un logiciel.
Je me suis d’abord dit « Bon, pour une fois que l’État fait appel à des gens qui savent faire du « soft », ça évitera peut-être des flops exorbitants. »
Je pensais à un machin monstrueux comme le logiciel « Louvois » qui a coûté près de cinq cent millions d’€uros et qui, après dix-sept ans de développement se révéla incapable de calculer la solde d’un bidasse…
Donc, « Mon Trésor » s’adressa à Google pour lui étudier un bidule capable de traiter les images et d’extraire la différence entre les aménagements déclarés par le contribuable et ce qui apparaît sur les vues aériennes de Google.
L’explication avancée étant que trop de contribuables s’affranchissent des déclarations obligatoires et bâtissent Versailles en déclarant un pavillon de banlieue.
Bref, la réédition de la surprise de Louis XIV en venant casser la croûte chez Fouquet dans son gourbi de Vaux le Vicomte.
C’est là que j’ai tiqué en me rappelant que finalement, notre Ministres des Finances, comme Colbert, préférait arracher le dernier poil du chauve voire tondre un œuf que faire casquer le perruqué, toujours prompt à défendre sa fortune…
Ainsi, le Ministère des Finances, incapable de faire payer à Google les impôts qu’imposeraient les revenus monstrueux qu’il a engrangés en France, préfère lui confier le développement d’un logiciel qui permettra de taxer plus efficacement le bougre qui aura agrandi un appentis pour en faire une cuisine acceptable ou qui aura bâti en douce une cabane de jardin pour y loger sa tondeuse…
Bref, on nous parle d’innovation à chaque détour de discours et on se rabat sur des astuces de près de quatre siècles pour faire cracher le contribuable trop peu fortuné pour se défendre…

vendredi, 20 août 2021

95ème Devoir de Lakevio du Goût

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Il s’en va.
Mais où ?
Pourquoi ?
Si vous avez une idée, faites en part lundi…

jeudi, 19 août 2021

Je l'ai emmenée là...

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Parmi les choses qui ont tendance à inquiéter la lumière de mes jours, qui n’a pourtant peur de rien, il y a certains endroits.
Ça m’est revenu hier quand nous avons parlé de l’endroit qui l’a vue grandir.
Elle m’a dit alors que l’endroit qui m’avait vu grandir l’avait un peu inquiétée.
Pourtant je l’avais emmenée aux États-Unis avec l’Ours.
Outre qu’elle s’était alors aperçue que finalement, mon job n’était pas un boulot de tout repos et que non, je ne faisais pas touriste mais n’a pas soulevé un cil d’inquiétude.
Elle en a même gardé quelques souvenirs…
Elle me reproche encore aujourd’hui de n’avoir pas cédé pour une promenade en calèche dans Central Park.
Elle eut aussi cette moue de dégoût devant ce petit vieux qui s’empiffrait à grand bruit dans une « coffee shop » de Colombus Circle en marmonnant des invectives en yiddish.
En revanche, que des types patibulaires nous regardassent descendre les escaliers du métro en supputant le prix de nos habits ne la troubla pas plus que ça.
Plus tard elle vint me retrouver pour quatre ans en Israël, terre finalement peu sainte mais fort animée.
Tout y volait.
Les pierres, les oiseaux évidemment, mais surtout les commerçants.
Heure-Bleue a toujours fait preuve d’un grand courage devant l’adversité.
Je lui reprocherais toutefois d’avoir tendance à chercher l’adversité pour montrer son courage…
Cela dit, pour revenir à mon mouton d’hier, il y a néanmoins des choses qui l’effraient.
À me suivre en certaines pérégrinations, je m’attends presque à la voir me tendre la main au détour d’une rue et me dire « Mr Livingstone, I presume ? » tant certaines contrées de Paris lui semblent exotiques.
Je me rappelle l’avoir vue dans le PC – le bus dit « Petite Ceinture » - sur le tronçon qui va de la Porte Montmartre à la Porte de Clignancourt le jour où je lui montrai « mon coin ».
La lumière de mes jours a alors donné des signes d’inquiétude.
Le bus s’est petit à petit rempli de gens qu’elle ne croise jamais.
Oh, elle en avait bien vu, de loin, au moins entendu parler, mais rarement de si près, à la toucher quasiment.
Ce n’est pas leur ethnie, leur couleur ou leur langage qui la tracassent ni même leur accoutrement.
Non, c'est l'idée de se retrouver au milieu de la foule compacte, plus que n'importe quel risque d’attraper je ne sais quoi, une maladie super grave qu’on n’attrape qu’aux portes de Paris.
Une maladie qu’on n’attrape évidemment pas Porte d’Auteuil ou Porte de Passy mais plutôt Porte de Saint-Ouen ou Porte de la Chapelle, vous voyez ?
Ça m’avait quand même surpris car je sais bien quant à moi qu’on risque plus de perdre son portefeuille ou son smartphone que la santé.
Heure-Bleue pense quant à elle que comme ils lui semblent sales, on risque plus de se retrouver avec la fièvre Ebola ou la peste bubonique, au mieux avec des puces.
C’est ça, la lumière de mes jours a une peur panique de côtoyer des gens qui ne soient pas récurés au Cif.
Je me demande parfois si elle m’a bien regardé avant de m’accorder quelques privautés…
« Justement, j’ai hésité… » me dit-elle à l’instant.
Pfff... La garce !
Quand on est passé devant l’entrée du passage qui m’a vu grandir, la lumière de mes jours a regardé autour d’elle, eut un mouvement de recul, a dit « vraiment je ne sais pas comment tu as pu grandir ici… Je hais ce coin… »
Arrivés à Jule Joffrin, elle s’est rassérénée, remarquant :
- Eh bien, ça s’est quand même drôlement bobotisé ici mais j’ai l’impression que c’est comme aux Batignolles, pas profondément.
Je trouve quant à moi fort heureux que l’on n’arrive jamais à changer profondément la population des villes.
J’aime Paris habillé autrement qu’en musée inerte et déguisé pour touristes trop propres…