samedi, 18 septembre 2021
Mais alors ?
Hier on est allé boire un café.
On est du moins parti pour.
Nous avons flâné le long de la rue Legendre qui mène au Square des Batignolles.
C’est un square que nous aimons depuis longtemps.
C’est le square où a joué Heure-Bleue.
C’est le square où Merveille trempa ses pieds dans l’eau.
C’est le square où elle fut reconnue par une autre blogueuse qui a entendu appeler « Merveille !!! »
Hier il faisait beau.
Un temps ensoleillé, un peu trop de soleil pour les yeux clairs de la lumière de mes jours mais parfait pour moi.
Une température tout à fait agréable pour elle et étonnamment assez chaude pour moi.
Nous avions pensé boire un café à « L’Endroit », un bistrot sur la place de l’église.
Nous sommes arrivés tranquillement devant l’église Sainte Marie des Batignolles.
Une grille avait été posée là, qui n’existait pas avant.
Il n’y avait pas de grille quand nous habitions dans une rue voisine il y a une vingtaine d’années.
Un signe des temps marqués par l’empathie et la bienveillance sans doute…
J’ai lu au passage les quelques affichettes qui agrémentaient la grille.
Une d’entre elle m’a causé quelque souci qui indiquait « Visite de l’Église Sainte Marie des Batignolles le 20 septembre 2021 »
Affichette qui eut été somme toute simple si un addendum ne l’avait close sur l’injonction « Pass sanitaire exigé ».
C’est à ce moment qu’après avoir réfléchi deux secondes, je me suis posé une question :
« Mais alors ? À quoi sert le bon dieu si, même dans sa maison, il n’est pas capable de protéger ses ouailles d’un virus qu’il a créé lui-même ? »
En m’y attachant plus avant je me suis dit que peut-être le bon dieu avait pensé
« Pour une créature censément faite à mon image, ce n’est pas une réussite, hop, à la casse ! »
J’ai cessé de philosopher en entrant dans le square et on a eu la chance de trouver un banc vide, propre et ombragé.
Nous nous y sommes assis et avons, comme toujours, commenté la population qui déambulait.
Nous avons aussi vu deux jumelles qui, comme Merveille au même âge, ramassaient de petits cailloux mis dans une petite boîte et destinés sans doute à une mamie ou un papy…
Puis nous avons ramené des poireaux tranquillement.
Bio les poireaux…
08:31 | Commentaires (5)
vendredi, 17 septembre 2021
97ème devoir de Lakevio du Goût
08:05 | Commentaires (4)
jeudi, 16 septembre 2021
Si tu savais, Francelyne…
À vous lire, lectrices et lecteur chéris, je vois avec plaisir que je ne suis pas le seul à avoir quelques motifs de détestation des auteurs de mes jours…
Nous avons tous des comptes à régler avec nos parents.
Les miens ne furent pas parfaits.
Hélas, moi non plus…
Pourtant ma mère fit tout pour me persuader que j’étais parfait.
Hélas, elle mit autant d’énergie à me pourrir la vie qu’à m’expliquer que la vie me gâtait.
J’ai comme ça souvenir de pull-over « vert bronze » et d’une veste qui me laissent encore un goût amer…
Cette veste, justement, dont je me demande encore si ce n’est pas elle qui donna son nom à la rebuffade qui guette tout garçon à la recherche de l’âme sœur.
Ah si vous aviez vu cette veste…
« Francelyne qui n’a pas de blog » me l’a rappelée dans le commentaire qu’elle a laissé sur mon dernier « devoir de Lakevio du Goût ».
Elle a rappelé chez moi nombre de ces économies.
Le « tablier » fait de la blouse de la plus grande, retourné et rebâti chaque fois, porté par mes petites sœurs.
Idem pour leur manteau, taillé dans celui de ma grande sœur.
Retourné lui aussi et à l’ourlet rétréci l’année suivante.
Certes, « pauvreté n’est pas vice » mais parfois j’en doute…
Quant à moi, l’école maternelle quittée, adieu le tablier tiré du tablier de la grande sœur !
Hélas, comme vous le savez, il fut remplacé par ces fichues blouses bleues terriblement voyantes.
Le séjour chez les fous ayant pris fin, j’entrai au lycée et me vis pourvu d’un pantalon et exempté de blouse.
Je m’endormis calmement sur la certitude trompeuse que mon calvaire avait pris fin.
J’étais devenu enfin « comme les autres ».
Ce calme était trompeur.
Ma mère s’avisa un jour que je grandissais et que les problèmes d’exclusivité affective allaient commencer…
Elle ourdit alors un plan machiavélique afin de s’assurer que mon célibat durerait jusqu’à sa mort.
En m’affirmant, le regard plein d’amour « tu verras mon fils, tu vas être beau comme un dieu », elle ouvrit un grand sac du magasin « Au chic parisien », boutique de la Porte de Clignancourt proche de l’entrée du Marché aux Puces.
Elle en sortit une… Une chose.
Une veste de sa couleur préférée dite « vert bronze », en fait « caca d’oie métallisée ».
Pire ! Cette veste était d’un tissu rêche, de surcroît d’un tissu lamé de fils bleu turquoise du plus effroyable effet.
Ma mère venait de me déguiser en « vedette yéyé » dans la débine.
Ne manquait que la paire de richelieus bicolore brogués, genre marron et blanc.
Histoire de me faire passer carrément pour un maquereau libanais…
Cette veste ne dura pas longtemps, un match de foot obligatoire m’en débarrassa définitivement…
Tu vois, Francelyne que les mères font des tours pendables aux fils comme aux filles…
10:01 | Commentaires (7)
lundi, 13 septembre 2021
Devoir de Lakevio du Goût No96.
Cette photo de rentré me rappelle un souvenir de blouse.
Je vous ai déjà parlé de cette blouse mais je dois dire qu’elle m’a traumatisé au point que je me la rappelle comme si je rentrais en primaire en 2021.
Quand feue ma mère, sous le prétexte futile que mon langage s’était monstrueusement dégradé dès l’entrée à « la grande école » de mon quartier, décida qu’il n’y avait rien de mieux pour mon avenir que m’envoyer passer quelques années dans un univers concentrationnaire.
Autrement dit chez les Maristes.
La maternelle à peine quittée, un trimestre avant mon sixième anniversaire, j’arrivai pour une semaine en CP avant que d’être mis en CE1 pour cause de brillance intellectuelle.
Brillance qui, en moins d’un mois, se révéla un leurre car si j’avais l’apprentissage aisé, celui du langage du charretier était plus évident que celui de la langue de Molière.
Suite à une remarque assez peu élégante pour que ma mère la ponctuât d’une calotte, il fut décidé de m’envoyer en pension pour y apprendre à être civilisé.
Et c’est là qu’un souvenir de blouse intervient.
Pour aller passer quelque temps en pension, il fallait un trousseau.
Étaient exigées, dans ce trousseau, trois blouses discrètes et n’incitant pas à se distinguer de ces camarades.
Ma mère, persuadée malgré tout que justement je me distinguais de mes camarades, acheta un lot de blouses, autrement promises à Emmaüs, j’en suis sûr.
Je suis sûr que nombre de garçons se rappellent ces blouses d’écolier, grises, sans âme, mais pourvue de poches gigantesques permettant de stocker sans faiblir deux kilos de billes au bas mot.
Eh bien, mes trois blouses n’étaient pas de ce genre.
Quand elle m’amena au pensionnat, le « Frère-Économe » qui cumulait les fonctions d’économe, de linger et de préfet de police, nous accueillit ma mère et moi dans son bureau du rez-de-chaussée.
Bureau pourvu d’une large fenêtre donnant une vue imprenable sur la cour de récréation.
Ce détail a son importance…
Et c’est là que ça a commencé à déraper.
Tandis que les « anciens » se pressaient à la vitre du bureau pour voir « le nouveau qui arrive après la rentrée », ma mère, Jézabel, devant eux s’est montrée.
À la demande du Frère, elle ouvrit ma valise, en sortit une blouse…
Bleue ! La blouse était bleue !
Pas le bleu marine, foncé et discret, non.
Bleu roi ! Le bleu « pétant » !
Pour arranger les choses, il n’avait pas les larges revers habituels des blouses grises « normales », non, le col était court, montant et orné d’une espèce de liseré rouge vermillon !
Ma mère venait d’inventer « la blouse Mao »…
Le frère économe se passa la main sur le visage, l’air presqu’aussi désespéré que moi.
« Euh… N’est-ce pas un peu voyant, Madame ? »
« C’est ce que j’ai trouvé dans mes moyens, mon Père » rétorqua ma mère de la voix dont elle use quand elle n’est pas d’accord avec mon père.
Voilà ce que ma mère avait fait.
Moi qui –à l’époque du moins- ne rêvais que me noyer dans la masse enfantine et sans faire de vagues, j’étais effondré.
Pour ce qui est de ne pas se distinguer de ses camarades, c’était une réussite toute relative.
Je crois bien que c’est à ce moment que je me suis enquis de ce que pouvait être la psychanalyse.
Plus tard, j’ai lu sur le sujet.
En foi de quoi je peux vous affirmer haut et fort que Sigmund Freud s’est lamentablement planté.
Ce n’est pas son père qu’il faut tuer.
C’est sa mère !
07:30 | Commentaires (29)
samedi, 11 septembre 2021
Fin des jeux paralympiques.
Je dois avouer à ma grande honte que, même si mon état de délabrement l’aurait permis, je suis heureux de ne plus avoir à entendre les performances sportives de gens plus bancals que moi.
Bon, c’est remplacé par les performances judiciaires de Zemmour ou de Salah Abdeslam…
Cela dit, je dois vous avouer quelque chose à propos des exploits sportifs :
Ça ne m'a jamais fait rêver. Jamais !
Ce qui me faisait vibrer, c'était la conquête de l'espace, Laïka, Luna I, les fusées « Atlas-Convair ».
Bref que des trucs à se casser la gueule ou à se retrouver borgne…
Je vais vous dire pourquoi je déteste le sport.
Il y a évidemment mille raisons comme la flemme ou la fatigue inutile mais celle que je vais vous conter me semble la première, la plus évidente, la plus sûre.
Vous savez que j’étais un petit gamin dans les années cinquante.
Bien sûr que vous savez, puisque je radote sévèrement.
Je sais aussi que vous vous en foutez mais il faut bien que je raconte quelque chose, c’est une affaire de discipline.
Quand je suis entré au lycée, « l’horaire normal » dans les entreprises était de quarante-cinq heures.
Si « les masses laborieuses » dont mon père faisait partie ne voulaient pas voir la fin du mois arriver le dix, il fallait « faire des heures sup’ ».
En faire en pagaille, des « heures sup’ ».
Et si possible de nuit car ça rapportait plus.
Ces horaires décalés ont eu un effet néfaste sur ma vocation de sportif déjà mal engagée pour cause de tendance à la rêvasserie lors de ces matches de foot qui remplaçaient certains cours de « gym’ ».
Vous savez combien les enfants sont turbulents, surtout quand les parents voudraient un peu de calme.
Le dimanche, par exemple.
Mon père, qui bossait –je ne vois pas d’autre mot- une bonne soixantaine d’heures par semaine, et pas avec un crayon, arrivait le dimanche midi sur les genoux.
Il écoutait « Le lampiste Le Guignon » sur Radio Luxembourg puis se couchait pour la longue sieste qui lui permettrait de repartir au travail le dimanche soir après le dîner.
C’est donc après le déjeuner du dimanche que le drame se noue.
Ma grande sœur n’avait pas toujours envie de nous traîner, ma sœur cadette et moi, en promenade.
A seize ans on a d’autres préoccupation que les petits frères…
Mon père, pourtant aussi sportif que son rejeton, laissait la radio en sourdine et « écoutait » les commentaires sur les inévitables matches de foot auquel il n’avait jamais joué.
Ça commençait par « La marche des sports » entonnée de façon martiale par André Dassary qui m’agaçait dès les premières mesures.
J’avais l’oreille fine et les commentaires des journalistes sportifs m’empêchaient de rêver tranquille.
Quand les premiers ronflements de mon père arrivaient jusqu’à moi, je tendais l’oreille.
Puis, sûr que mon père dormait, j’allais tout doucement vers le poste, montais sur le coffre –le poste était perché pour être hors de la portée d’un fils bidouilleur- et éteignais la radio.
Hélas, trois fois hélas, si faible que fût le niveau au point d’être couvert par les ronflements paternels, le silence du poste le réveillait en sursaut…
Ma mère arrivait du boyau qui servait de cuisine, m’engueulait, rallumait le poste et je n’avais rien d’autre à faire jusqu’au soir que lire.
Alors que j’aurais pu apprendre mes récitations, par exemple…
08:57 | Commentaires (10)




