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lundi, 20 janvier 2020

Devoir de Lakevio du Goût N° 23

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Hopper me rappelle chaque fois quelque chose de nouveau, un nouvel angle de vision.
Et vous ?
Que vous dit cette toile ?
Que fait la cette jeune fille ?
Qu’attend-elle ?
Dites le lundi…
que la vie c’est d’abord l’attente

Comme tous les matins je me suis assis sur la banquette collée au mur.
C’était « ma » place.
Je m’étais assis là il y a des années et m’y asseyait depuis.
Gigi préparait mon « express serré » dès qu’elle me voyait apparaître au coin de la rue et le posait sur « ma » table à peine arrivé.
A sept heures et demie elle est arrivée, aussi triste que la veille et les treize jours précédents.
C’est le quatorzième jour que je la vois arriver, tirer la chaise, s’asseoir et demander un café.
Un « déca » qu’elle réclamait d’une voix ténue et l’air de quelqu’un qui a peur de déranger.
Le premier jour si je n’avais pas prêté autrement attention à cette fille une chose m’avait intrigué tout de même.
Elle portait un « chapeau cloche » et ça, ça m’avait semblé étrange parce voir une môme d’une vingtaine d’années au XXIème siècle portant un chapeau quasiment disparu depuis les années cinquante n’était pas courant.
Elle était élégante mais, me suis-je dit, elle aurait dû retirer son manteau dans ce bistrot trop chauffé même pour moi…
Et c’est la quatorzième fois que je la vois assise là, face à moi, à cette table.
Quatorze matins qu’elle vient, demande « un déca s’il vous plaît ».
La journée s’est écoulée, j’ai lu les trois quotidiens que j’amène tous les matins, c’est déjà la fin du quatorzième jour.
Je la vois prendre son sac à main à ses pieds, en sortir délicatement un petit porte-monnaie, en tirer trois pièces, le compte exact pour trois « décas », et partir, aussi triste qu’elle est arrivée.
Que fait-elle là ?
Qu’attend-elle ?
Plutôt « Qui attend-elle ? »
Le midi, tandis que je commande mon « plat du jour », elle demande un « déca » et attend, silencieuse.
Je lève les yeux de mon journal de temps à autre un regard à la dérobée vers la table où elle tient sa tasse.
Le lendemain, je viens m’asseoir de nouveau à ma table.
Pendant dix jours encore je viendrai m’asseoir là et passer la journée à lire la presse.
Ce matin du quinzième jour, j’ai mis un demi-sucre dans mon café et je n’ai pu tenir plus longtemps.
- Gigi !
- Oui ?
- Qui c’est cette môme ?
- C’est la fille des D. elle a reçu une lettre il y a à peu près deux semaines…
- Et alors ?
- Elle attend son fiancé…
- Et qui c’est l’heureux élu ?
-  C’est F. le fils des M.
- Personne ne l’a avertie que son avion est tombé ?
- Si mais elle ne le croit pas, elle l’attend…

samedi, 18 janvier 2020

Tendre jeudi...

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Jeudi, Heure-Bleue et moi sommes allés nous promener dans notre coin.
Il ne s’agissait que d’aller chercher du pain et une crêpe que la lumière de mes jours prendra comme dessert au dîner.
Nous avons donc flâné dans ces rues, calmes pour une fois.
Nous avons écouté un guitariste qui ma foi faisait preuve d’un talent certain et fut applaudi largement.
Ma moitié préférée, la meilleure moitié de moi, me dit :
- C’est vraiment un très chouette quartier mais y habiter je ne pourrais pas…
- Mais tu voudrais quoi ?
- Je voudrais bien y vivre mais pas y dormir…
- Tu veux aller en province ?
- Tu es fou !!!
Je n’ai entrevu qu’une solution, peu aisée à mettre en œuvre.
Quelque chose que je n’ai vu que dans Startrek.
Il lui faudrait un petit appartement dans le Sahara, le Neguev ou le Sinaï et un ingénieur non comme moi mais comme Montgomery Scott, celui à qui elle pourrait après son petit déjeuner, dire « Beam me up, Scotty ! » et qui l’enverrait instantanément dans son autre appartement à Montmartre.
Montmartre où on voit des choses extraordinaires.
D’abord chez l’autre illettrée qui se dit libraire où un bouquin donne ce conseil astucieux : « Comment être parisien où que vous soyez ? »
Et ça colle tout à fait bien avec les récompenses qui honorent les deux salariés venus d’ailleurs qui sont félicités pour avoir cuit le meilleur croissant au beurre en 2015.
Et ce n’est pas rien !
Quoi de plus parisien qu’obtenir les 1er et 3ème prix du meilleur croissant au beurre ?
Imaginez la fierté de ces deux salariés dont l’un vient d’Extrême-Orient et l’autre d’Afrique !
Quelle plus belle preuve d’intégration que le croissant au beurre ?
Quel plus bel exemple de la France terre d’asile ?
Quel plus efficace argument pour les prescripteurs de statines ?
 Nous sommes les acteurs les plus efficaces de l’excès de cholestérol mais c’est si bon…
Je le sais, Tornade en a acheté la dernière fois et j’en ai encore le goût sur la langue et le parfum dans le nez…

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vendredi, 17 janvier 2020

23ème devoir de Lakevio du Goût

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23ème devoir de Lakevio du Goût

Hopper me rappelle chaque fois quelque chose de nouveau, me raconte une nouvelle histoire, un angle de vision que je ne soupçonnais pas.
Et vous ?
Que vous dit cette toile ?
Que fait la cette jeune fille ?
Qu’attend-elle ?
Dites le lundi…

mercredi, 15 janvier 2020

Espoir...

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Vous vous rendez compte, lectrices chéries ?
Avant-hier matin j’ai appelé un plombier.
Hier je l’ai rappelé et quelques instants plus tard son ouvrier m’a appelé et m’a « juré-craché » qu’aujourd’hui même il viendrait chez nous faire en sorte que l’appartement du voisin ne soit pas inondé.
Deux jours ! Qui dit mieux pour un plombier ?
Bon, j’écris ça pour me remonter le moral car le plombier qui tient les délais pour un travail a quelque chose d’aussi allégorique qu’un ministre qui tient ses promesses.
À dire vrai, je crains un peu que ça se passe comme pour la loi Neuwirth…
Souvenez vous, lectrices chéries, comme vous étiez impatientes à l’idée de pouvoir câliner sans avoir à révéler, un matin d’inquiétude après avoir consacré une nuit au dieu Pan,  « Euh… Maman, grand’ mère, ça te dirait ? ».
Rappelez vous surtout comment Mr Neuwirth vous avait donné tant d’espoir alors que vous, comme nous, aviez le feu au c…œur.
Pour en revenir à ce plombier, je crains quelque chose de voisin.
Ce législateur avisé, qui avait sans doute un fille qui le tannait, avait donc, dès 1967 proposé qu’on autorisât la vente de « la pilule ».
Je me rappelle parfaitement que la chose ne fut définitivement acquise qu’en 1973. D’où l’aspect déraisonnable de voir le plombier se pointer dès ce début d’après-midi.
D’ici là, je trouverai bien une solution pour éviter une catastrophe.
Comme entre 1967 et 1973 en somme…

lundi, 13 janvier 2020

Devoir de Lakevio du Goût No 22

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L’après-midi s’éteignait doucement tandis que je regardais la voiture s’éloigner vers le sud.
Je savais que c’était le sud.
Quand c’est le début de l’été et que la lumière de fin d’après-midi « à la Monet » frappe la maison en face, je sais qu’elle vient de l’ouest  et que la route mène vers le sud.
Et ça ne me console pas car « elle » s’en va.
Pour une fois qu’elle avait bien voulu venir déjeuner chez moi, j’avais tout fichu par terre.
Encore un de ces mots débiles et malvenus qui m’échappent toujours au moment où je devrais me taire.
La journée était pourtant une de ces journées ou tout semble prévu pour donner une idée du paradis.
L’apéritif que j’avais préparé fut léger, d’autant plus léger qu’elle aimait plutôt les sirops à l’eau que les alcools.
Je n’avais pas même osé boire le « baby » dont je me délectais par avance.
J’avais reposé dans le placard la bouteille de « Lagavulin » avec quelque regret mais je m’étais même senti gêné et il m’aurait semblé audacieux,  presque déplacé, de boire de l’alcool alors qu’elle semblait si sage avec son envie discrète d’une simple menthe à l’eau.
Elle avait, m’avait-elle dit « peur des alcools qui risquaient de lui faire perdre de la retenue ».
En homme bien élevé, du moins le pensais-je, j’avais obéi et lui avait servi la menthe qu’elle avait réclamée.
Une chance qu’il y en ait eu, réservée aux rares enfants de la famille qui venaient parfois me rendre visite.
Je l’avais servie, puis étais retourné vers le placard et j’avais trouvé une bouteille de sirop de grenadine.
Je préférais nettement ça à la menthe…
Je la regardais un peu à la dérobée tandis que nous parlions à bâtons rompus, de choses et d’autres.
Surtout d’autres pour ne pas avoir à aborder de sujet trop personnels.
Quand j’ai dit « On passe à table ? » elle a souri, détendue puis s’est levée d’un mouvement élégant de danseuse.
J’ai fait semblant de ne pas voir l’éclair pâle de sa jambe découverte un instant et l’ai précédée pour tirer sa chaise, troublé au-delà du raisonnable.
Au moment du dessert il y eut un bref instant de gêne dans la conversation quand je l’ai fait rire et qu’à pouffer elle a échappé une miette de gâteau qui s’est envolée par-dessus la table.
Je l’ai rattrapée au vol et la lui ai rendue posée sur le bout de l’index.
« Vous pouvez la reprendre, si vous voulez… »
Elle m’a seulement jeté un regard indécis puis s’est lancée et m’a pris le doigt d’une main douce et récupérée « sa » miette d’un petit coup de langue tout en me regardant.
C’est exactement là que j’aurais dû chuchoter un « merci » discret puis me taire et simplement goûter l’instant, profiter de son charme et de la douceur du moment.
Mais non… J’ai dit bêtement « c’est tout ? » avec un petit rire assez vulgaire je le reconnais.
Elle a lâché ma main, jeté sa serviette sur son assiette, s’est levée, a attrapé sa veste et s’est enfuie sans un mot.
Et je suis là, comme une andouille, à regarder sa voiture s’en aller vers le sud…