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dimanche, 12 janvier 2020

Zero social...

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J’apprends avec stupeur d’un commentaire d’Adrienne que le monde s’est précipité  dans une activité étrange : Le tricot de pull-over et moufles pour koalas.
Il me semble évidemment étrange qu’on puisse se mettre à tricoter pour des bêtes qui vivent habituellement dans leurs poils à eux, pas dans ceux des moutons.
D’autant plus étrange que ces bestioles ne risquent pas tant le rhume que la cuisson car leur habitat est dévasté par des incendies apparemment inextinguibles malgré l’importance des moyens mis en œuvre.
Encore plus étrange de trouver des volontaires pour tricoter des moufles à des animaux qui vivent à vingt-mille kilomètres de chez nous alors qu’il ne viendrait à l’idée de personne de donner son pull à un SDF en chemise boulevard de Strasbourg alors que le pauvre hère vient de se faire envoyer au bain par le « Samu social » faute de place.
Puis, en réfléchissant un instant à la chose, un souvenir est venu qui relativise la surprise ressentie.
Que je vous raconte…
Je sortais à peine de l’état enviable d’étudiant quand le Sahel a été dévasté par la sécheresse.
C’est vers cette époque que je me suis rendu compte que le sérieux des gens chargés de notre avenir était assez surfait.
À l’orée des années 1970, le Sahel filait vers une catastrophe humanitaire sans précédent.
Enfin « sans précédent » si on oublie toutes les autres qui n’avaient pas plus de précédent.
Une très longue sécheresse priva totalement d’eau et  causa une famine épouvantable dans un pays d’Afrique de l’Ouest.
Le monde se débrouilla comme il put pour faire plaisir à l’ONU qui dénombra alors jusqu’à vingt-cinq millions de victimes de la faim.
Et c’est là que j’ai vu le génie et la jugeote des gouvernants des pays venus à l’aide de cette région d’Afrique de l’Ouest :
Un pays nordique dont je ne me rappelle plus le nom envoya des couvertures et des anoraks.
Sans doute pour pousser les affamés à s’abriter du soleil histoire d’échapper en plus à un mélanome malin.
La Suisse, mobilisant ses industries fit mieux encore et envoya… du lait en poudre par tonnes…
Du lait en poudre, dans un pays où il n’y a pas d’eau.
Et on nous dit à tout propos « laissez faire ceux qui savent ! »
Je t’en foutrais, moi du « ceux qui savent »...

samedi, 11 janvier 2020

Le sens du courant...

IBM370.jpg

J’ai encore entendu quelque chose qui m’a fait bondir.
Franchement ! Oser dire « Le Web produit plus de CO2 que l’automobile. »
Bon sang ! Quelqu’un qui diffuse des âneries pareilles devrait être poursuivi soit pour « dénonciation calomnieuse » soit pour « propagation de fausse nouvelle ».
Pourtant il suffit de demander :
Bagnole ?
La voiture c’est 1.2 milliard de véhicules dans le monde.
50 kW de puissance moyenne.
1 sur 2 utilisée rarement reste donc 600 millions de véhicules utilisés.
1 sur 3 utilisée en moyenne soit 200 millions de véhicules en circulation chaque heure du jour et de la nuit dans le monde.
Autant dire que seulement 16.6% des véhicules circulent 24 heures par jour dan le monde.
C'est peu mais ça suffit.
Ça représente 87.600 TWh par an consommés pour transporter une moyenne d’une tonne de ferraille pour 80 kg d’être humain…
Á comparer à une une production d’électricité de 20.000 TWh par an dans le monde.
Dont seule une part très minoritaire est utilisée pour échanger des âneries sur le Web, des courriels, regarder des films, dire du mal du voisin, tout ça.
Bilan ?
On consomme plus de quatre fois plus de TWh à brûler du pétrole qu’à faire de l’électricité.
Et pourtant quelqu’un a osé écrire que le Web produisait plus de CO2 que la voiture dans le monde !
Tu dis ça à une calculette, elle t’explose à la figure...
Sauf évidemment, si un fabricant malicieux a développé l’ordinateur à essence et le « smartphone » à huile de palme...

vendredi, 10 janvier 2020

C’est le 22ème devoir et aussi…

devoir de lakevio du gout_22.jpg

Je sais bien pourquoi je suis là, au bord de cette route et ce qui m’y a amené mais vous ?
Qu’est-ce qui a fait que vous y êtes ?
Dites-le, avec ou sans fleurs mais dites-le…
À lundi, lectrices chéries et lecteurs que j’aime aussi mais c’est pas pareil…

mardi, 07 janvier 2020

La petite porte du square…

Paris_XVIII_square_Paul-Robin.jpg

Le sujet du dernier « devoir de Lakevio du Goût » n’est pas arrivé par hasard.
Comme souvent, c’est l’image de cette allée du jardin du Sacré Cœur qui a ramené à la surface de ma mémoire cette petite porte.
Bon , je sais bien que ce jardin s’appelle « square Louise Michel » depuis qu’on s’est aperçu que le square  Willette glorifia trop longtemps un pisse-ligne antisémite.
Il était temps…
Cette « petite porte du square » fait mon admiration depuis la première fois que j’en vis une.
La première que je vis fus celle du square Clignancourt, ce havre grand bourgeois du quartier, entouré qu’il est d’immeubles haussmanniens magnifiques et fréquenté par des enfants « normaux ».
Entendre par là « Pas ces gosses mal élevés, cette graine de voyous de la Porte de Clignancourt ! »
Dès l’instant où j’y suis entré, tenant la main de ma mère car même ma grande sœur était trop petite pour qu’on la laissât aller seule traîner son petit frère dans les rues, je fus frappé par cette porte.
Je ressentis pour la première fois de ma vie cette tentation : Celle de comprendre « comment ça marche », ce signe terrible qui désigne ces âmes perdues, celles qui veulent comprendre et penser, pas celles qui doivent croire et accepter.
Je venais d’entrer dans le monde de ceux qui ne suivraient pas Saint Augustin dans la voie pernicieuse de ce « croyez et vous comprendrez ».
Qui aurait pensé qu’une petite porte de square suffirait à transformer un petit garçon sage en un petit garçon curieux et expérimentateur ?
La main tenu par celle qui me regardait et disait soudain, sans raison que je comprisse,    « Viens ma chair ! Viens mon sang ! » et me serrait sur son cœur qui était grand  et confortable, je suis entré dans le square.
Je fus saisi aussitôt par cette magie.
Ma mère poussa « la petite porte du square » et entra.
J’étais derrière elle et lui tenait la main.
Je me suis arrêté soudain et j’ai regardé le miracle : À peine lâchée par ma mère et sans aucune intervention que je pusse discerner, la porte revint à sa position initiale.
À l’époque, l’entretien en était fait régulièrement aussi quand la « petite porte du square » regagna sa position fermée, ce fut sans un bruit, à peine un rebond élastique et souple.
Ma mère me tira un peu plus fort et je la suivis, la tête tournée vers l’arrière, là où j’avais vu le miracle se produire.
Je l’ai revu souventes fois depuis et ai été enchanté de la simplicité des moyens mis en œuvre pour qu’il se reproduisît.
Et je me demande chaque fois que je vois ces « petites portes de square », arrivées à leur fin et remplacées par de nouvelles portes, pourquoi on les a « améliorées ».
Saisis par la frénésie de la « normalité », on a remis les « « petites portes du square » droites, leur axe perpendiculaire au sol.
L’axe n’étant plus non légèrement penché comme il sied, la pesanteur ne referme plus « la petite porte du square » mais reste dans la position où on l’a lâchée permettant aux enfants de s’échapper dès qu’un parent le perd de vue un instant et la photo le montre clairement…

lundi, 06 janvier 2020

Devoir de Lakevio du Goût N° 21

Lectrices chéries !
Je ne relèverai les copies qu’en fin d’après-midi car je dois aujourd’hui aller à l’hôpital voir « mon éreinteur » et les transports en commun, ces temps-ci, hein...

devoir de lakevio du gout_21.jpg

Je reconnais ce banc.
Je me suis souvent assis dessus.
Je respirais lentement à l’époque, la poitrine polluée seulement par les fumées des poêles qui chauffaient la ville et les voitures en nombre raisonnable qui sillonnaient les rues.
Je respirais alors lentement et profondément.
Je ne reprenais pas mon souffle, non, j’étais simplement bien.
Et sur ce banc devant lequel je suis si souvent passé, j’en ai vu des gens assis.
Des hommes à l’air triste, faisant semblant de s’intéresser à un journal, le chagrin débordant parfois de leurs yeux.
Des femmes à l’air triste, les yeux pleins de toute la misère du monde.
Des garçons attendant que des filles passassent.
Des filles, faisant semblant de ne pas entendre les compliments des garçons qui passaient.
Je me suis assis sur ce banc.
Il était juste à l’endroit qui convenait.
J’avais si souvent traversé le boulevard de Rochechouart, remonté la rue de Steinkerque, pris sur la droite et traînassé dans le jardin du Sacré Cœur…
Ce banc près de la sortie dans cette allée sinueuse parallèle à la rue Ronsard était là depuis les années 1930.
Il était juste de l’autre côté de la grille et du ravin de fausse roche tapissé de lierre et de d’arbustes qui s’accrochaient là je ne sais comment.
Je m’y suis assis souvent, parfois mon cartable entre les jambes, parfois rien du tout, me contentant d’écouter les oiseaux.
Toujours attendant quelque chose mais ne sachant jamais quoi avec certitude…
Je suis sûr que vous avez, toutes et tous, dans la tête une allée comme ça, où vous avez attendu quelque chose sans même savoir quoi.
Regardez le bien, ce banc, vous y êtes.
Vous ne le savez pas mais vous y êtes.
Peut-être pas celui là mais un semblable.
Il est sous vos fesses et dans vos rêves depuis tant d’années
Il a quel âge, ce gamin assis que je connais depuis toujours ? Dix ans ? Onze ans peut-être ?
Je le vois, il a encore sa culotte courte de velours côtelé.
Une de ces culottes d’enfant qu’il troquera bientôt contre un pantalon de garçon.
Je m’assois à sa place et prends le journal abandonné là par un autre rêveur sans doute.
Je le feuillette et constate avec désespoir que le monde n’a que peu changé en plus d’un demi-siècle.
Alors je me dis que je vais me lever bientôt et remonter l’allée d’un pas lent, l’œil curieux dirigé vers les buissons qui bordent l’allée.
Puis je sais qu’arrivé au bout de l’allée je ne pousserai pas la petite porte de grillage qui retomberait bruyamment et lourdement car la cale de caoutchouc est usée depuis toujours, depuis avant mon entrée au lycée.
Cette petite porte qui donne sur « la vraie rue », la rue Muller, celle qui est pavée et qui sent le pipi dès qu’il fait soleil.
Je ne vais pas cette fois descendre la rue Muller jusqu’à la rue de Clignancourt que je parcourais jusqu’à tourner à gauche dans ce passage horrible qui menait jusqu’à celui où j’habitais.
Je vais au contraire continuer l’allée jusqu’à la sortie sur la rue Lamarck, avec la même petite porte qui retombera aussi bruyamment et pour la même raison.
Et je la descendrai jusque chez moi, lentement, chaque regard vers la rue des Saules ou dans les escaliers de la rue de la Fontaine du But faisant revivre d’autres promenades, d’autres flâneries.
Revivre d’autres sentiments dont je ne sais s’ils regardent l’esprit ou l’âme.
Enfin si, je le sais, plus exactement je le saurai selon qu’ils me serreront ou dilateront la poitrine, s’ils font naître un sourire ou mouiller ma paupière.
Voilà tout ce que je vois dans cette vue proposée par Jackie Knott.
Des années d’attente.
Des années de peine.
Des années de chance.
Des années de bonheur, émaillées parfois de chagrin.
Jamais des années de malheur.
Peut-être que je suis plus doué pour le chagrin que pour le malheur, allez savoir…
Ou je ne les ai pas remarquées mais ça m’étonnerait, j’ai toujours fait très attention à ce qui vit autour de moi.
Il n’empêche, cette rue Muller, sentait quand même grave la pisse alors je suis bien content d’être passé par la rue Lamarck !