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lundi, 12 juin 2023

Devoir de Lakevio du Goût N°165

Devoir de Lakevio du Goût_165.jpg

Dans cette toile de Joseph Lorusso, quelque chose me frappe.
Je ne vous dirai pas quoi aujourd’hui, évidemment.
Mais j’aimerais bien savoir ce qui vous a frappé vous.
Et même si rien ne vous a frappé, je suis sûr que vous avez le talent de dire ce qui ne vous a pas frappé.
À lundi, donc…


Je l’écoute, agacée par son baratin usé jusqu’à la corde.
Il n’est pas allé jusqu’à « C’est à vous, ces beaux yeux ? » mais c’est tout juste.
Des baffes, il mérite des baffes et c’est dommage car il est plutôt mignon.
Il vient de me servir le troisième verre de « Beaujolais nouveau ».
Je ne lui dis même pas que ce vin est une création de gens qui veulent vendre le vin avant qu’il ne soit « élevé ».
Ce vin n’arrivera pas à me saouler autant que ce type.
Vraiment, ce gars-là se fout du monde.
Ou alors il me prend pour une andouille.
Plus probablement pour une quiche…
Comme si je ne le voyais pas venir, avec ses propos vides dits gentiment avec une voix qu’il pense ensorcelante.
Cet imbécile ne semble même pas savoir que traîner dans sa piaule une femme qu’il aura enivrée ne fera jamais de lui Don Giovanni.
Mon dieu que ce type est bête !
En plus, il dit me connaître « comme s’il m’avait faite » alors qu’il ne fait guère que lâcher quelques sous à mon père qui tient le comptoir depuis bien avant ma naissance.
Finalement, l’andouille, je crois bien que c’est lui.
Rien que pour rire je vais le suivre.
Contrairement à ce qu’il pense du fond de sa cuite qui commence à déborder, je resterai dressée face à lui…
Il me rappelle déjà cette grand’ mère interviewée par une journaliste un peu indiscrète à qui elle avait avoué « Oh, bien sûr… Il est gentil… Mais vous savez, à son âge, ça regarde plus souvent les chaussons que la casquette… »
Je vais essayer de ne pas rire, il serait bien capable de mal le prendre.
C’est que c’est fragile de l’amour-propre, ces bêtes-là.
C’est dommage, il est plutôt beau garçon.
Comme chantonnait mon père en essuyant les verres, « Avec un peu d’adresse et beaucoup de tendresse » ça aurait pu marcher…

samedi, 10 juin 2023

Scènes de la vie parisienne.

Female_gladiator.jpg

Bon, ce ne sera pas un de ces bijoux de Balzac mais ça montre qu’on vit une époque formidable.
Dans le vrai sens du terme, le vieux sens, celui que les Latins donnaient à « formidabilis » soit « qui effraie », « qui fait peur ».
J’en veux pour preuve ce que j’ai vu hier dans le 31, ce bus qui m’amène à la Gare du Nord.
J’étais allé dans une boutique de ce quartier acheter quelques composants pour une de mes éternelles « bidouilles ».
À l’aller, les problèmes commencèrent dès le passage par l’avenue de Clichy.
L’entassement se précisa et les remarques acides commencèrent à voler.
La température augmenta ainsi que les embouteillages.
C’est là que j’ai béni des parents qui m’ont doté d’un métabolisme acceptant des températures ambiantes jusqu’à près de cinquante degrés Celsius…
Je me suis dit aussi que Bertrand Delanoë avait réussi au-delà de toute expression son idée de « de faire de la circulation à Paris un enfer pour les automobilistes ! »
C’est parfaitement réussi donc, à un détail près : Pas un seul de ces automobilistes n’a abandonné l’idée de laisser tomber sa bagnole pour prendre le bus.
Une fois arrivé dans « la boutique à bidouilles » et conversé avec le vendeur que je connais depuis une vingtaine d’années, qui est plus bancal d’une année sur l’autre à cause de son goût immodéré pour les motos de grosse cylindrée.
À son âge, plus de soixante ans, se casser un os tous les trois mois… Pfff…
Je suis sorti, heureux de n’avoir jamais eu de goût pour ce genre de sport et ai attendu le 31 qui m’emmènera jusqu’à la boulangerie qui fait du bon pain, tout près du square des Batignolles.
Et c’est dans le bus que j’ai assisté quasiment à un « combat de gladiateurs ».
Une scène inattendue entre deux « bancales ».
Les deux, j’allais écrire « dames » alors qu’il s’agissait de deux harpies, se sont « prises de bec » ou, comme dit Merveille « se sont engrenées » de façon surprenante.
Chacune brandissait sa carte d’invalidité et tentait de s’emparer du seul siège disponible.
C’était une comédie plus qu’une tragédie car elles ont fini par descendre du bus, toujours s’invectivant, tandis que le siège est resté vide.
Bon, les gladiatrices existaient déjà à Rome, mais avouez que nous sommes une espèce cinglée...
Puis j’ai ramené le pain.
Il est bon…

vendredi, 09 juin 2023

165ème  Devoir de Lakevio du Goût

Devoir de Lakevio du Goût_165.jpg

Dans cette toile de Joseph Lorusso, quelque chose me frappe.
Je ne vous dirai pas quoi aujourd’hui, évidemment.
Mais j’aimerais bien savoir ce qui vous a frappé vous.
Et même si rien ne vous a frappé, je suis sûr que vous avez le talent de dire ce qui ne vous a pas frappé.
À lundi, donc…

mardi, 06 juin 2023

Drague lourde...

Hulk essayant de pécho Venus.jpg

Après avoir mangé un « fish n’chips » suintant et cette fois, contrairement la précédente, dégelé à cœur, nous sommes sortis du restaurant.
Nous sommes allés lentement jusqu’à la rue des Abbesses où il y avait une brocante.
En traversant le pont qui enjambe le cimetière de Montmartre nous nous sommes aperçus que peu de gens regardaient le cimetière, la tombe de Sacha Guitry du côté droit, le cénotaphe d’Émile Zola du côté gauche.
Non, tous regardaient par terre, plus exactement avaient le regard dirigé vers le sol, et précisément le regard arrêté par leur smartphone…
Nous avons rejoint la rue des Abbesses et avons erré jusqu’à la place, là où commençait la brocante.
Une brocanteuse mise de mauvaise humeur par la perspective de ne pas même récolter de quoi payer sa place a répondu peu aimablement « 30 € !!!! » à la lumière de mes jours qui souhaitait connaître le prix d’une assiette.
« Gardez là ! » lui a répondu Heure-Bleue qui n’aime pas qu’on lui parle comme à un chien, surtout si on veut lui demander de l’argent.
Comme souvent à Paris et surtout dans ce quartier qui était merveilleux avant de devenir un « cluster de petits bourgeois qui se la pètent », les brocantes sont le rassemblement de rapaces qui ont « débarrassé » des greniers de ferme pour dix €uros et tentent d’en revendre le contenu à raison de dix ou cent €uros chaque pièce.
J’ai néanmoins surpris un étalage qui montre que la « drague lourde » n’est pas ne vue de l’esprit.
J’ai surpris sur cet étalage une scène édifiante.
« L’incroyable Hulk » tentant de « pécho » une Vénus de bronze, particulièrement tentante il faut l’avouer.
Son regard ne laissait aucun doute sur ses intentions et la finesse du tissu qui déshabillait superbement cette Vénus le rendait manifestement prêt à sauter, non seulement Vénus mais aussi les étapes normales qui conduisent à la couche d’icelle.
Même le coq « cocoriquait » à plein bec de faïence pour avertir la belle !
Sur la route qui nous menait jusqu’à la rue des Martyrs, j’ai appris aussi d’un vieil envieux qu’en fait, c’était Françoise Hardy qui avait « jeté » Jean-Marie Périer et que le photographe avait été viré parce que son « vrai père était un Noir, même que c’était Henri Salvador ! »
Nous avons descendu ensuite la rue des Martyrs jusqu’au boulevard de Rochechouart et marché jusqu’au bus nous amènerait chez nous…
Ce fut une journée agréable et riche d’enseignements.

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lundi, 05 juin 2023

Devoir de Lakevio du Goût N°164

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Encore un tableau de Jackie Knott.
Si vous avez déjà vu ici cette œuvre, mille excuses.
Mais que voulez-vous, elle me plaît, alors hein…
Cette Américaine qui fit plein de choses n’ayant rien à voir avec la peinture, « l’US Air Force » n’ayant que peu de rapport avec l’art pictural, est passé par ici.
Elle s’est promenée à Montmartre.
Elle y a vu quelqu’un dans ce jardin assez connu, même des Chinois.
Mais ce quelqu’un, qui est-il ?
À quoi pense-t-il ?
On verra bien lundi ce que vous en pensez…

Arrivé en haut de la rue Muller je me suis arrêté puis j’ai poussé la grille du jardin de Sacré Cœur.
Je suis entré, ai regardé vaguement la rue Ronsard sur ma gauche et ai repris en soufflant un peu l’allée qui monte vers la basilique.
Les deux bancs étaient là, puis le réverbère et le troisième banc.
Pourtant les choses avaient changé
Pas vieilli, non, simplement changé.
Depuis plusieurs années, l’habitude avait été prise « en haut lieu » de « protéger ».
Mais quoi ? Qui ? Et de quoi ?
Alors qu’on pouvait se cacher dans les buissons en grimpant sur les faux rochers de ciment, c’était devenu difficile.
« On » avait mis partout ces petites barrières de grillage pour empêcher de grimper sur ces faux rochers.
Hélas, les pelouses où le panneau « Pelouse interdite » suffisait à les protéger était maintenant autorisées au piétinement.
J’ai avancé de quelques pas et ai regardé plus attentivement autour de moi.
Je type qui lisait le journal n’était pas là, le journal non plus.
Pourtant j’étais passé là hier il me semble.
Non, ce n’était pas hier, il faut plus d’une nuit pour faire toutes ces modifications !
Pourtant le réverbère est toujours là, à côté du banc.
Je m’assied sur le banc et sors mon « Libé ».
Un pas léger me fait relever la tête et je le vois arriver.
C’est un gamin, probablement en sixième.
Mon cœur fait un bond.
Y aurait-il ici, à cet endroit précis, une « déchirure de la trame de l’univers » ?
Un de ces « replis du temps » dont sont riches les « space opera » des années soixante ?
Mais non, il n’a pas de gros cartable, seulement un sac à dos qui me semble bien léger, il ne regarde même pas les piafs dans les buissons et se fout des grilles qui l’empêcheraient de grimper.
Il a l’œil fixé sur un « smartphone »…
Je sais que ce n’était pas mieux avant, ne serait-ce que parce qu’il a le pas plus léger sans ce fichu Gaffiot qui pesait un âne mort…