vendredi, 17 mai 2019
Joli mois de mai.
La proximité du 18 mai me plonge toujours dans une humeur étrange.
Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien.
Je dois avoir un mauvais souvenir coincé qui refuse de sortir.
Il agit seulement sur mon « ambiance intérieure ».
Ce matin, par exemple, j’avais en tête deux poèmes comme je les aime quand le ciel est bleu comme il l’est ce matin quand je regarde à la fenêtre de la cuisine.
Oui lectrices chéries, c’est comme ça, la plus belle lumière de l’appartement est dans la cuisine.
Toujours.
Le matin, quand je me lève et qu’il fait beau, ce sont les ciels quasiment grecs d’Alma-Tadema qui s’invitent chez moi.
Les fins d’après-midi de printemps, c’est la lumière de Monet qui éclaire la plaque de cuisson…
Ça me rend heureux mais pas le bonheur qui pousse à danser, non.
Un vague bonheur avec le petit quelque chose qui pique à l’endroit du cœur.
Comme s’il fallait toujours un petit nuage pour faire toucher du regard la beauté du bleu du ciel.
Alors me revient en mémoire « Le premier oui qui sort de lèvres bienaimées » et qui, de fil en aiguille m’amène là.
Puis, en préparant le café, je me récite ça, car j’aime vraiment beaucoup Théophile Gautier.
Puis, pour finir, je me mets à chantonner en pensée
Et
Si si, je vous assure, et les choses s’arrangent.
09:41 | Commentaires (5)
mercredi, 15 mai 2019
Cinquante nuances de gris...
Nous sommes enfin allés voir l’exposition « Hammershøi » au musée Jacquemart-André.
Hé bé…
J’en ai retiré une impression d’austérité qui a failli éteindre le soleil qui brillait dehors de tous ses rayons.
Franchement, il ne m’a pas donné pas envie d’être danois.
Néanmoins je n’ai pu que m’émerveiller parce que l’on est pris par l’ambiance de ces tableaux.
Si je ne sais pas ce qu’Hammershøi a voulu montrer il l’a fait avec génie.
Une chose m’a frappé, j’ai retiré de nombre de ses toiles l’impression qu’Hammershøi n’a regardé les femmes qu’à la dérobée.
Elles sont présentes dans quasiment toutes ses toiles mais dans la plupart d’entre elles, elles sont vues de dos et toujours sans couleur.
Hormis quelques nus qui donnent l’impression qu’il a surpris des femmes au sortir de cachots du KGB, toiles d’une précision clinique mais sans visage et toujours dans cette ambiance qui a fait frémir Heure-Bleue, cette « ambiance noir & blanc » qui rappelle inévitablement « la douche » vue par le IIIème Reich.
Comme a dit Heure-Bleue « Pfiouu… Z’ont pas l’air de kiffer la vie ces femmes… »
Heureusement, on sait qu’Hammershøi n’est pas le peintre déprimé qu’on pourrait penser.
Certaines toiles font presque sourire tant elles apportent le printemps dans cet univers plutôt sombre.
J’aime énormément cette toile où le soleil semble entrer par effraction dans une pièce austère autrement promise à la grisaille et l’obscurité des salons inoccupés.
Pour nous réconcilier avec la lumière, nous sommes passés par le salon de thé du musée.
À ma gauche, la table était occupée par deux femmes dont j’ai pensé qu’il s’agissait d’un entretien d’embauche comme il devient courant ces temps ci de les faire passer dans les bars d’hôtel de luxe ou les salons de thé de musée.
Hélas, la table à ma droite était occupée par deux dames dont les problèmes de domesticité rétive accentués par « les taxes » et « les charges » les acculaient au RSA socle.
À les écouter, je me demandais si ceux dont la fin du mois arrivait irrémédiablement le 18 du mois avaient vraiment de quoi se plaindre au regard des malheurs de ces deux là…
Nous avons constaté une fois de plus que lorsque ces gens emploient quelqu’un, il ne travaille jamais assez, jamais assez vite, jamais assez bien, jamais assez longtemps mais toujours pour trop cher.
De même, lorsqu’ils ont quelques biens ils sont obligés de les défendre contre des hordes de pauvres et de fonctionnaires qui font rien qu’à vouloir les dépouiller.
On ne dira jamais assez la misère de la bourgeoisie…
Nous nous sommes levés et partis avant que la lumière de mes jours ne leur tartine leur gâteau sur la figure et ne piétine leur veste Chanel.
Il y a des jours, comme ça où on se dit que la Révolution n’a pas vraiment atteint son but…
09:37 | Commentaires (9)
mardi, 14 mai 2019
Les ados les sentent…
Hier soir, je devais aller chez une dame.
Seul.
Meuh non… Heure-Bleue ne voulait pas venir, c’est tout.
J’allais chez cette dame l’aider à paramétrer un filtre dit « contrôle parental » pour éviter que son fils, un adolescent, ne se renseigne de la mauvaise manière de faire connaissance avec le corps des adolescentes.
Le paramétrage de cette protection fut simple.
Atteindre la rue Burq fut en revanche plus difficile.
J’avais prévu d’attraper le 95 au vol pour qu’il me monte jusqu’au pont qui surplombe le cimetière de Montmartre, une station, une seule.
Le bus est arrivé.
Je suis monté entre deux contrôleurs attentifs et m’assis à côté d’un troisième en train de pomper sur la carte Visa d’un imprudent.
Ça mit fin illico à une idée idiote et j’ai oblitéré mon ticket…
Le plus difficile ne fut pas là.
Me souvenant de la visite de Paul Newman et Joan Woodward à Paris, j’ai voulu rejoindre la rue Burq par la rue Tholozé.
Mais si, vous savez bien, c’est la rue qui mène au « Moulin de la Galette ». J’avais presqu’oublié comme cette rue est plus en pente qu’un gosier d’ivrogne.
C’est dans ces moments là qu’on se dit « mais quelle idée d’aller habiter dans ce coin ! »
J’avais seulement oublié que si les pentes se montent facilement dans les souvenirs, il n’en va pas de même avec les genoux.
Ma visite fut finalement assez brève et le chemin du retour bien plus aisé que l’aller.
Je suis revenu à pied, descendant jusqu’à la maison.
À l’heure adéquate pour préparer la « tchoutchouka » qui évite de jeter les légumes qui restent et que quelques œufs agrémentent facilement.
C’était bon…
07:48 | Commentaires (8)
lundi, 13 mai 2019
Losange

La poésie du losange
Un
chat noir
fatigué
se reposait
sur un doux coussin
quand la souris
chatouilla
son nez
fin.
(Pauline, CE1)
Sur ce modèle, créez un poème en losange
en vous inspirant du tableau proposé.
( mais jusqu'à dix pieds pour la ligne du milieu,
car nous ne sommes plus au cours élémentaire !)
Elle.
Elle veut…
Pas elle veut bien.
Ô non, non, elle veut vraiment.
Je la sais très bien la différence entre
Les deux, entre elle veut et elle veut bien.
Si elle veut bien, là j’abandonne tout de suite,
Car je la sens très bien cette différence là.
Je le sais bien que ce n’est pas pareil.
Quand elle dit qu’elle veut bien.
Ou qu'elle dit elle veut.
Pas du tout.
Elle…
07:06 | Commentaires (11)
samedi, 11 mai 2019
Manque d appétit, histoire sans faim…
Il fait vraiment un temps « de mince » aujourd’hui.
Un temps d’une tristesse à se jeter dans la Seine.
On dirait un dimanche d’hiver de quand j’étais petit…
Heureusement, jeudi nous avons réussi à rencontrer une blogueuse avec qui nous avions eu du mal à mettre au point le rendez-vous.
Non que ce soit une gamine mais elle a des obligations professionnelles, elle…
Nous nous sommes reconnus tous trois dès l’entrée dans le café où nous avions rendez-vous.
Exceptionnellement nous étions arrivés à l’heure prévue.
Passées les premières minutes d’observation, celles où on se demande quoi dire, quelles questions poser qui donneraient une idée de ce qu’est l’autre sans être indiscret.
C’est la qu’on s’aperçoit que la rencontre est toute une technique, comme celle du chat qui se voit dans un miroir pour la première fois.
Ça lui plaît et l’inquiète un peu à la fois.
Ça nous a plu.
Au point qu’arrivés à quatorze heures trente, Heure-Bleue et moi avons raccompagné notre nouvelle connaissance vers dix-huit heures.
Nous n’avions pas vu passer l’après-midi !
Comme nous, elle habite le XVIIIème.
Pas le même que nous, plutôt celui « de quand j’étais petit », un peu plus haut.
À mi-chemin de mon très vieux chez-moi à Barbès-Rochechouart.
Mon ancien quartier n’a pas vraiment changé.
C’est toujours « un quartier d’étrangers » mais les étrangers ont changé.
Quand j’étais petit, c’était, au grand dam de ma mère « un quartier d’Arabes » et vous connaissez l’opinion de ma mère sur « les Arabes ».
C’est devenu un quartier à forte population africaine.
Ce que ma mère aurait appelé « un quartier de Nègres »…
Elle prêtait aux premiers de mauvaises intentions et les imaginait avec des rasoirs plein les poches acharnés à vouloir enlever ses enfants.
Elle avait envers les seconds la méfiance de ceux dont parle Montesquieu qui dans les « Lettres persanes » affirmait « On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir ! »
Ayant depuis longtemps abandonné les préjugés de ma mère grâce à de nombreuses tribulations dans des pays pleins d’étrangers, la nouvelle population de mon quartier d’enfance m’a surtout conforté, dès l’entrée dans le « Carrouf » du boulevard Barbès, qu’il suffit de donner un poil d’autorité à un vigile quelconque pour qu’aussitôt il devienne un « chef », chef de rien mais chef…
10:07 | Commentaires (7)







