mardi, 26 février 2019
Les uns et les autres se cachent, mirent...
Je ne le referai plus, promis, j'ai honte...
J’écoutais la radio.
Celle du matin.
Celle qui me donne parfois des informations que je n’entendrai plus de la journée.
Celle qui le reste du temps, m’intéresse avec des émissions variées, sur les sciences, humaines ou physiques.
Celle qui m’amuse à d’autres moments avec des émissions politiques.
Celle qui me pousse parfois à réfléchir quand un philosophe me dit ce qu’est le monde.
Celle qui me fait remarquer après coup que dès qu’il s’agit de sciences physiques, tout le monde est à peu près d’accord sur le peu qu’on sait des règles qui régissent l’univers.
Celle qui, alors me pousse à me demander comment des philosophes, censément connaisseurs des mouvements de nos cœurs et de nos cervelles, sont si peu d’accord entre eux.
Un peu comme les économistes qui sont des philosophes du pognon.
Il n’y en a pas deux d’accord sur le sujet et néanmoins ils nous expliquent que c’est une science.
Mais ce n’est pas de ça que je voulais vous parler.
Je voulais vous parler d’une publicité.
La publicité d’une marque de chaussettes.
On me propose alors un choix intéressant.
Parmi toutes ces chaussettes qui ne demandent qu’à être dépareillées dès la première lessive hebdomadaire, un alinéa me frappe : « chaussettes en cachemire ».
Mon écoute devient moins attentive, je me mets à rêvasser et dis enfin à Heure-Bleue :
- Tiens, je n’ai jamais eu de chaussettes en cachemire…
- Quand j’ai voulu t’en acheter, tu n’en as pas voulu, Minou…
Je ne suis pas un « regretteur » mais je dois dire que je me dis que j’ai eu tort de refuser ces chaussettes.
Aaahhh… Que j’aurais aimé pouvoir téléphoner à la boîte un lundi et expliquer à la dame du standard que je ne pourrais pas venir de la semaine.
Cloué au lit, abattu par une miette de croissant.
Au beurre le croissant, faut pas déconner non plus.
Quand même, quelle idée séduisante…
Mis sur le flanc pour huit jours, le pied crevé par une miette de croissant dans ma chaussette en cachemire.
Le pied, quoi…
Autrement grave et angoissant que tout ce dont m’abreuve ma radio ce matin.
09:20 | Commentaires (8)
lundi, 25 février 2019
On ne fait pas d'omelette sans casser les vieux...
J’aime bien l’idée de mettre un peu d’animation dans une blogosphère somnolente…
« Mon dieu ! » pensa Clémence V.
Cinquième du nom, la grand’ mère regarda droit devant elle et pesta intérieurement contre toutes les bêtises qu’elle avait entendues.
Elle repensa que cette conférence « Un nouveau regard sur les contes de fées » n’avait eu manifestement pour but que dénigrer les contes de fées.
La péronnelle, toisant l’assistance du haut de son estrade, lui avait prouvé qu’elle n’avait rien compris à « Blanche-Neige »…
Clémence V se dit, car elle avait son franc-parler « Cette conne a dû voir en douce, avant la fermeture du Cléry ou du Beverley « Blanche-Neige et les sept mains », non mais quelle conne ! »
Clémence VI, fille de Clémence V, qui avait assisté avec sa mère et sa fille Clémence VII, à la réunion, en avait retiré une impression similaire.
Il fallait avoir l’entendement sacrément brouillé pour ne pas voir que « Peau d’âne » était une leçon sur le tabou de l’inceste et une mise en garde contre les confusions de l’amour, entre ceux qu’on aime et qu’on épouse et ceux qu’on aime mais qu’on n’épouse pas.
Clémence VI avait retiré de la réunion que l’ardeur militante est la méthode la plus efficace pour tuer l’idée qu’on veut faire partager.
Pas mieux élevée que sa mère, Clémence VI s’était dit « cette imbécile voit dans tout père un satyre qui ne veut que sauter sa fille ! »
Elle réfléchit un peu plus longtemps et se dit « On ne peut nier qu’il y a des pères assez malsains pour se livrer à ce genre de crime mais de là à affirmer que « c’est la norme dans notre société patriarcale », faut être particulièrement doué pour la généralisation hâtive… »
Clémence VII, septième du nom, fille de Clémence VI et petite-fille de Clémence V, malgré son air calme était dans une rage folle.
De l’explication de « Cendrillon », elle n’avait vu que les regards des invités du bal.
Pas plus la reconnaissance de la gentillesse de Cendrillon qu’elle prenait pour une niaiserie coupable, que sa timidité et son courage.
Elle n’avait retenu que ce frimeur de prince qui avait jeté son dévolu sur Cendrillon et dont elle avait décidé que ce mec n’était guidé que par sa…
Clémence VII, du haut de son ignorance de la vie et des frustrations qui allaient souvent avec, avait retiré de cette réunion que la conférencière –dont elle ignorait tout de la vie- avait raison sur tout.
L’anathème s’échappa bruyamment de la bouche de Clément VII « Tuez les tous ! Dieu reconnaîtra les siens ! »
Clémence V et Clémence VI, remises de leur sursaut lui dirent :
- Tss, tss… Clémence, il faut d’abord s’instruire et s’informer auprès de plusieurs sources et réfléchir avant de prendre des décisions graves et irréversibles…
Et Clémence VII de répondre, avec la fougue de la jeunesse car elle n'avait pas tout compris des idées de Schön « Pfff... La réflexion entrave l’action ! »
10:11 | Commentaires (14)
samedi, 23 février 2019
Le grand café du bruit…
Ouais mais bon, ce sont les vacances scolaires…
Hier nous avions rendez-vous avec une amie au « Café Madeleine », place de la Madeleine.
Outre l’impression habituelle que dès que nous allons quelque part, tout le monde va là où on va, une autre impression se fait jour.
Alors que le mastroquet parisien avait la réputation d’un patron de bistrot plutôt affable quoique bourru, le garçon de café parisien entretenait savamment une réputation solidement établie d’ours mal léché.
Souvent, la femme du premier, trônait derrière la caisse tandis que lui tenait salon derrière son comptoir, papotant avec ses habitués.
Quand je voyais la femme du mastroquet, me venaient immédiatement les paroles de « La caissière du grand café »…
Les garçons restaient sourds à toute sollicitation, ne daignant bouger que lorsque le client disait à haute voix « Tiens, aujourd’hui c’est gratuit ! »
En foi de quoi, nous pouvions, nous autres pauvres clients, rester à converser en buvant un café ou autre chose.
Hélas, la marche du monde nous impose d’autres contraintes.
Jusqu’il y a peu, la tâche la plus difficile à mener à bien était d’attirer l’attention du serveur.
De nos jours, au « Café Madeleine », on doit faire face à quelque chose que je n’avais connu que du côté de Marseille, sur les quais, là où des hordes de restaurateurs faisaient une « retape » éhontée, tentant de vous persuader que la bouillabaisse en boîte qu’il vous servait était meilleure que celle de son concurrent immédiat, le restaurateur voisin qui ouvrait les même boîtes.
Imaginez la surprise de votre Goût préféré !
Il y eut pire, évidemment.
Ce café, que je connais depuis des lustres s’est « modernisé ».
Entendez par là que la salle en était calme et que la terrasse n’était troublée que par la circulation.
Eh bien, la mode du bruit à tout prix est adoptée ici aussi.
On peine à accorder toute l’attention voulue à la conversation.
La vue est sollicitée ad nauseam par un écran qui montre des poissons aux couleurs issues du nuancier « Stabilo boss » évoluant paresseusement dans un lagon bleu fluorescent.
L’ouïe est quant à elle saturée par un… Par une… Bref par un bruit rythmique, le même que celui qui a envahi toutes les boutiques de fringues.
Nous avons passé un moment agréable avec notre amie.
Il eut été bien plus agréable si nous avions choisi un autre café.
J’avoue à ma grande honte que je fus le type malavisé qui choisit ce bistrot de mince.
Je présente donc mes excuses à la dame qui nous a tenu compagnie en faisant bonne figure…
La prochaine fois, ce sera un vendredi et ce sera au « Grand Comptoir d’Anvers ».
C’est calme. Le service est agréable.
Et puis, le vendredi il y a, contre le square d’Anvers, le marché où on sait trouver de bons produits.
Nous rentrerons ensuite tranquillement à pied, le long de ces boulevards si chouettes qui forment la frontière entre le IXème et le XVIIIème.
10:31 | Commentaires (10)
vendredi, 22 février 2019
Le « pain-pont ».
Ouais bon... Mais on n’est pas loin de la caserne, alors…
Hier soir, à la fin du dîner.
Ensemble, Heure-Bleue et moi avons levé les yeux de notre assiette.
Chacun tenait dans la main un morceau de pain et l’a tendu à l’autre.
Heure-Bleue a dit :
- Tiens, je l’ai gardé pour que tu puisses en manger encore.
J’ai dit à Heure-Bleue :
- Tiens je l’ai gardé pour que tu en aies assez demain matin.
Elle a dit :
- Je…
Puis a secoué la tête.
J’ai haussé les épaules, un peu gêné.
Nous nous sommes regardés.
Je crois même qu’il y eut un peu de gentillesse dans cet échange de regards.
Il y a des soirs, comme ça où le mariage va de soi...
Alors j’ai débarrassé la table…
09:30 | Commentaires (9)
jeudi, 21 février 2019
La loi des reins…
Avec celle là, je me fais rire, c’est déjà ça…
Hier nous sommes donc passés par la place de la République.
Que je vous dise, lectrices chéries : Pour y circuler à pied, c’est plus délicat aujourd’hui que pour la traverser en voiture en 1965.
Bertrand Delanoë a voulu la rendre aux piétons.
Ce fut fait en 2013.
Je suis sûr que son idée n’était pas de la transformer en une piste de « skateboard » de trois hectares…
J’aimais bien la place de la République d’avant.
Les voitures étaient au moins équipées de freins.
On ne peut en dire autant des « skateboards »…
Et puis j’aimais beaucoup les deux fontaines de part et d’autre de ce tronçon qui permettait à la rue du Temple de devenir la rue du Faubourg du temple.
Cette place, qui servait comme aujourd’hui de lieu de manifestation, avait un autre avantage : De part et d’autre des fontaines, il y avait des pelouses arborées entourées de clôtures et devant les clôtures, des bancs publics.
Tous regardant les fontaines.
L’étroitesse relative des allées et des trottoirs ne permettait pas l’installation de ces stands pleins de friture qui fleurissent le long des boulevards.
Le promeneur d’alors se contentait de respirer un air plein de vapeurs d’essence, pas de graillon.
J’ai l’impression qu’aujourd’hui les grandes artères de Paris ont l’odeur des grandes artères new-yorkaises des années quatre-vingt…
J’en suis même à me demander si la haine des Latinos qui suinte des discours de Donald Trump n’est pas due à l’odeur des « burritos » qui pourrit les grands boulevards de la place de la République à la place de l’Opéra.
Heureusement, tout le long de ces boulevards, au moins jusqu’à l’entrée du Boulevard des Italiens et du Boulevard Haussmann, la « gentrification » n’a fonctionné qu’en surface.
Malgré les efforts désespérés de la municipalité et des agents immobiliers, on n’a toujours pas réussi à évincer cette couche dérangeante de la population, celle qui n’est ni très pauvre ni très riche.
Cette couche de la population qui nuit aux appétits immobiliers des uns et à l’envie de transformer la ville en musée et en centre commercial pour touriste.
Cette couche qui fait que Paris est attachante et la rend si vivante, si belle et si diverse…
Ils ont beau gratter, c’est comme le riz brûlé, il en reste toujours au fond de la casserole…
Finalement, cette balade d’hier après-midi jusqu’à la station du 20 fut très chouette.
Rien que savoir qu’Heure-Bleue allait bien, j’allais bien aussi.
Même si j’ai récupéré à mon tour des analyses à faire avant d’aller me faire « scanneriser » du sol au plafond, comme tous les deux ans.
C’est ce qu’on appelle « la loi des reins » ?
10:46 | Commentaires (6)