mercredi, 28 novembre 2018
Elle nous a fait des yeux brouillés…
Vous avez raison lectrices chéries, ça ne vaut pas un clou mais je l’aime bien celui-là...
Cette nuit donc, on m’a secoué.
J’ai ouvert les yeux pour rien car il faisait nuit et j’ai entendu cette phrase que je connais depuis des lustres :
- Minou, je peux te réveiller ?
Si je sais ce qui la motive, je me demande toujours si la lumière de mes jours a saisi le côté étrange de la tournure…
Comme je lui pardonne tout, sauf d’avoir bouffé le placage de mes enceintes à force d’arroser les plantes trop généreusement, j’ai acquiescé d’un sobre :
- Bien sûr ma Mine…
C’est à ce moment là que j’ai trouvé le corps médical bien léger et le radiologue plutôt lourd…
Parce que, tout de même, appeler pour dire « on voudrait examiner quelque chose sur une machine IRM plus puissante, je vous appelle demain ou lundi. » Et laisser dans l’expectative une patiente qui se demande si c’est du lard ou du cochon me paraît malvenu.
Surtout quand la patiente est Heure-Bleue, donc ne l’est pas tant que ça et dotée d’une imagination qui la voit déjà emportée par un mal horrible après des mois de souffrances laissant les opioïdes impuissants.
Surtout que je la connais, elle ne les prendrait pas de peur d’un choc anaphylactique improbable.
Ce matin, j’en voulais à leur légèreté mais étais tout de même conscient que les spécialistes ne passaient pas leurs journées à jouer au flipper.
Et là, alors que je pestais intérieurement après ces médicastres inconscients des dégâts qu’ils causent au sommeil des camarades de jeux de leurs patients, j’ai ouvert ma « boîte aux lettres numérique ».
Oui, je trouve que « boîte aux lettres numérique » ça fait mieux que « boîte-mail ».
Et qu’y trouvé-je ? Hmmm ?
Un poulet de l’ophtalmologue envoyé à 23H41 !
Elle fait de sacrées journées mini-ophtalmo…
La lumière de mes jours, qui m’a réveillé cette nuit pour cause de crainte irraisonnée a donc été exaucée ce matin.
Mini-ophtalmo a donné rendez-vous vendredi après-midi.
Elle se montre extrêmement rassurante, nous assurant qu’il n’y a aucune urgence neurologique et qu’elle va se livrer à une mesure du « champ visuel » d’Heure-Bleue.
Non seulement elle a des yeux magnifiques mais assez grands pour qu’y puisse prendre place un champ.
La lumière de mes jours est un propriétaire foncier et je ne le savais pas…
10:20 | Commentaires (11)
mardi, 27 novembre 2018
C’est la poule qui philosophe…
N’insistez pas, lectrices chéries, je sais…
N’empêche, c’est mon coin de rue, là où hier, en nous demandant ce qu’on pourrait faire en attendant l’appel du radiologue, qui s’est évidemment bien gardé de rappeler, nous avons déambulé jusqu’au « mini-market » de la place en haut de la rue Lamarck.
On trouve sur cette place, le boulanger, celui qui nous vend un « pain variable ».
Le « pain variable » est un pain particulier, une baguette qui, selon les jours voit une mie aérée et est un délice qui reste frais jusqu’au petit déjeuner du lendemain ou bien est une sorte de caoutchouc dont la mie a quelque chose de la mousse de polyuréthane qui remplit les matelas bas de gamme.
Cette dernière est alors une sorte de pneu qui se transforme en bûche la moitié de la nuit à peine écoulée…
Mais ses crêpes sont si bonnes… Elles font les délices de la lumière de mes jours.
La « baguette variable » est donc un risque assumé.
En sortant nous avons traversé la place et sommes entrés au « mini-market », là où ils ont une « caissière-ingénieure » rebeu qui, faute de créer les automatismes qui sont sa spécialité, pèse mes légumes et compte mes achats.
En sortant, nous sommes passés devant l’hôpital Bretonneau, ce coin de la rue Joseph de Maistre.
Comme j’ai toujours le regard qui traîne, j’ai regardé la plaque de rue.
C’est là que je me suis rappelé que Joseph de Maistre était un éminent philosophe qui souhaitait que « le peuple marche à grands pas vers l'égalité civile » mais était absolument contre le fait que cette marche soit source de désordre.
Il voyait donc les évènements en philosophe calme et pondéré.
Hélas, comme tout homme préservé des dures réalités de la vie, il déplorait les excès des révolutions en évitant, comme tous ceux qui ne manquent de rien, de se demander pourquoi tout est fait pour que soient réunies aussi régulièrement les conditions qui font exploser la cocotte…
Ça m’a fait penser à cette histoire de taxe sur le gazole, censément prévue pour améliorer le sort de la planète, hélas en esquintant le sort du conducteur coincé par l’obligation d’user de sa voiture.
Là ou l’affaire devient ubuesque, c’est qu’au moment où le moins loti doit choisir entre ne pas manger pour payer le gazole ou ne pas travailler pour l’économiser, les banques lançent des investissements lourds dans le charbon, le gaz et le pétrole…
Allez comprendre, lectrices chéries…
14:50 | Commentaires (6)
lundi, 26 novembre 2018
Sale défaite…
Ouais, c’est nul mais j’ai d’autres choses à penser…
J’allais sortir.
J’ai oublié le pain, j’allais pester quand je me suis dit que ma foi, aller faire un tour jusqu’à la boulangerie ne me fera pas de mal.
Et même du bien !
Je n’étais pas sortie depuis plusieurs jours.
Il y eut même un moment où je me suis demandé si je n’allais sortir juste pour me jeter sous le métro.
Je ne me suis pas mise à pleurer au réveil sur mon amour perdu.
J’ai pleuré toute la semaine et en ouvrant les yeux je sanglotais « Il est reparti chez lui ! Plus personne ne m’aimera jamais ! ».
Ce matin j’ai pensé en ouvrant les yeux « Non mais ce salaud m’a plaquée sans préavis ! Non mais quelle ordure ! »
C’est là que j’ai compris que j’allais mieux ce matin.
J’ai décroché la clef de son clou et l’ai posée sur la table pour passer mon gilet.
J’allais remonter la fermeture Eclair quand j’ai entendu des voix sur le palier.
Des voix inconnues qui, me sembla-t-il allaient chez l’autre pétasse du troisième.
Deux voix d’homme.
- Elle est comment ?
- Elle est peintre…
- Qu’est-ce que j’ai à voir là dedans ?
- Elle t’a vu dans les escaliers…
- Et alors ?
- Tu lui as tapé dans l’œil !
Je me suis approchée de la porte, ai plaqué mon oreille contre pour mieux entendre.
- C’est sympa, elle est mignonne ?
- Elle est riche…
- C’est toujours ça de pris !
C’est là que j’ai reconnu la voix.
Sa voix !
L’ordure ! Il me plaque pour aller sauter cette s… du troisième !
Attends un peu quand tu vas redescendre mon p’tit gars !
Ce n’est pas une baguette que je vais acheter, c’est une pelle.
Une vraie pelle de terrassier, l’outil qui te coupe la tête du premier coup !
Quand j’ai entendu la porte de l’artiste de la galipette claquer, je suis descendue acheter mon pain d’un pas léger.
Je savais ce que j’allais faire comme tour pendable à cette vieille peau et à son gigolo.
Demain matin je sonnerai chez elle et quand elle demandera de sa voix de vieille nymphette « huiii qu’est-ce que cééé ? » je lui dirai « vous savez pourquoi j’ai rompu avec Tristan ? »
Elle ouvrira en disant « naaannn ! Diiites moi çaaaa… »
Je vois le dialogue d’ici.
Je lui dirai avec mon air angélique :
- Il était un peu dans la dèche, alors il m’a dit…
- Quoi ? Il vous a dit quoi ?
- J’ose pas…
- Allez, faites pas votre mijaurée !
- Il m’a dit « paraît qu’ya une vieille au troisième qu’est prête à payer pour s’faire sauter ! »
Elle a pris une voix normale pour cracher :
- Non !
- J’ai eu beau dire que non, vous n’aviez pas le genre à avoir un gigolo, il a insisté.
- Et qu’est-ce qu’il a répondu ?
- T’en fais pas ma chérie, tu verras comme on sera heureux avec son pognon !
- Le salaud !
- Vous voyez bien pourquoi je l’ai plaqué…
Elle s’est mise à pleurer alors je l’ai embrassée sur la joue en me disant « ça va être chouette demain quand il va se pointer… »
07:28 | Commentaires (12)
vendredi, 23 novembre 2018
Un vieux parle à un œuf…
Ouais, je sais mais c’est la fin de l’année...
- N’empêche, ils n’ont toujours rien compris à mon cerveau !
M’assène Heure-Bleue après avoir entendu je ne sais quoi à la radio.
Ces temps ci, elle est un peu obnubilée par le prochain examen à subir.
Ça l’agace mais elle craint ne pouvoir y échapper.
Elle est tombée dans le même piège que celui où je suis tombé il y a une bonne douzaine d’années.
Le piège du spécialiste.
Le spécialiste en médecine.
Ce type qui ne voit en vous qu’une machine prévue pour lui apporter l’organe dont il est spécialiste.
Chez Heure-Bleue, le premier organe concerné est l’œil.
Nous courûmes donc chez l’ophtalmologiste.
Qui conclut illico à un fonctionnement parfait de la mirette de la lumière de mes jours.
Se souvenant que l’œil a une connexion privilégiée au cerveau, elle la dirigea vers un radiologue afin de se décharger du problème avec une « IRM ».
Le radiologue constatant que la cervelle d’Heure-Bleue était en parfait état, ce qui ne m’apparaît pas toujours avec la clarté souhaitée, se débarrassa à son tour du problème en l’envoyant chez un autre spécialiste afin que ce dernier examinât avec attention le système vasculaire qui arrosait l’entendement de la femme qui partage ma vie.
La radio de ma cuisine elle-même se posait hier de graves questions à propos de discernement.
D’où cette remarque de la lumière de mes jours :
- N’empêche, ils n’ont toujours rien compris à mon cerveau !
Ce à quoi je répondis platement
- Comment veux tu qu’en deux clichés ils comprennent quoi que ce soit à ton cerveau ?
- Et pourquoi pas ?
- Ça fait près d’un demi-siècle que je regarde, t’écoute, t’admire et je ne te connais toujours pas…
- Oui mais ça, j’ai l’habitude, depuis le temps mais eux ! Ils sont jeunes, des petits génies…
- Bon…
Comme aurait pu dire César « Tu quoque uxor… »
09:49 | Commentaires (10)
jeudi, 22 novembre 2018
Avant de m’occuper de Vénus, je me suis occupé de mercure.
Ouais, je sais...
Mais avouez que c’est l’ordre naturel des choses, quand même…
Liv fourmi, que j’adore, manque néanmoins du savoir minimum en matière de curiosité des petits garçons.
Pas que pour ce qui concerne « le camp d’en face », non.
Ça, tout le monde le sait. Surtout les filles…
En revanche, pour ce qui touche la curiosité maladive dont ils font preuve dès qu’il s’agit de choses risquées, voire dangereuses, Liv Fourmi ignore tout…
Enfin presque tout car je suppose qu’ayant un camarade de jeux à domicile et des enfants elle doit bien avoir quelques lumières sur le sujet.
Pour ce que je me rappelle, elle m’a un jour dit « j’ai fait une expérience de chimie un jour ! J’ai mis un bonbon Mentos dans du Coca-Cola ! »
Bon, d’accord, ça mousse…
En plus si on boit le résultat, on ne meurt pas empoisonné mais on va faire un sprint vers les toilettes.
Car l’effet secondaire inattendu des bonbons Mentos, justement, eh bien c’est… Bref, c’est ça.
Pour en revenir à ton conseil, Liv Fourmi, lectrice chérie, tu me dis « Si tu voulais jouer avec du mercure, il te suffisait de casser un thermomètre.... Pfff il faut tout te dire... »
Un thermomètre… Pfff… Tu n’y connais rien !
Dans un thermomètre, il n’y a quasiment pas de mercure.
Et quand tu as retiré les petits bouts de verre, il en reste encore moins.
En prime tu te fais disputer, voire maltraiter car les parents des années cinquante ou du début des années soixante étaient des clients sérieux.
Pas des « parents ouverts au dialogue et prêts à discuter avec les enfants qui sont de « petites personnes » à qui il faut expliquer plutôt que sévir et dont il faut tenir compte des désirs ».
Non, Liv, les « parents façon Dolto » étaient rares dans les années cinquante.
Non non Liv, si j’avais cassé le thermomètre, j’aurais pris une taloche pour m’apprendre des choses comme « ton père se saigne aux quatre veines pour que tu aies à manger et que tu sois soigné et toi, mon garçon, qu’est-ce que tu fais ? Hmmm ? »
Là, il y aurait un silence réprobateur, le calme qui précède la tempête, je parle d’expérience.
Ma mère aurait repris son souffle et hurlé « ET TOI TU CASSES LE THERMOMETRE ! » à un niveau qui ferait passer Lara Fabian pour Carla Bruni.
Oui Liv, je crois t’avoir déjà dit que ma mère me faisait peur car elle criait encore plus fort que Lara Fabian.
Pour revenir à mon mouton, à mon mercure, cet « Altimètre à mercure » m’en avait fourni, après un ramassage difficile, près d’un demi-verre à moutarde.
Il faut avouer que l’époque n’avait pas, sauf pour le travailleur, encore cette maladie des économies.
S’il fallait un verre de mercure, eh bien on mettait un verre de mercure, on ne mégotait pas.
Il n’empêche que j’ai drôlement bien joué avec ce mercure.
Je l’ai fait chauffer dans une casserole quand j’ai été tout seul à la maison.
J’ai flingué une bague de ma grande sœur, en plaqué or, la bague pas ma grande sœur.
Bon c’était un bijou en toc qu’elle avait eu avec une boule de chewing-gum dans un bocal où elle avait mis une pièce.
J’ai fait un court-circuit avec une pile toute neuve, celle de la « lampe électrique », celle qui servait à aller chercher le charbon quand ma mère a trouvé que c’était mieux que la bougie.
Bref, ce mercure m’a bien profité.
Un jour j’ai renversé la boîte…
Alors un thermomètre. Je vous demande un peu…
09:09 | Commentaires (10)