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vendredi, 29 avril 2016

Elles ont fleuri mais rougissent.

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Un vague articulet, lu ce matin sur un de ces sites sans intérêt qui me sautent à la figure dès que j’ouvre mon navigateur, me parle d’un « must » qui vient de tomber dans l’oubli et dont je pensais tout ignorer : Le « duck face ».
Ce qui m’a éclairé d’un coup sur une saynète admirée il y a peu par votre Goût adoré.
Il y a quelque temps, Heure-Bleue et moi étions dans un McDo.
Oui lectrices chéries, la lumière de mes jours, poussée par une envie de « Sundae », nous y avait menés.
Elle s’assit, regarda dehors pendant que j’allai à la borne commander les fameux « Sundae ».
Un au caramel avec la sciure –je ne vois pas d’autre mot- de cacahuètes pour moi.
Un au chocolat mais sans la sciure pour elle.
Près des bornes, du moins près de la plus éloignée du comptoir, une table.
A la table, trois jeunes filles, plus exactement trois gamines.
Toutes trois avec un « smartphone ».
L’une d’entre elles, sous le regard admiratif des deux autres, se lançait dans le peaufinage d’un « selfie ».
Je trouvais la mimique assez idiote, d’autant plus idiote que la « selfieuse » semblait mettre un soin jaloux à l’améliorer.
La « selfieuse » avançait les lèvres d’une manière particulièrement inélégante.
Les deux autres de dire « un peu plus, vas-y ! »
Quand tout fut à leur goût le « smartphone » fit son petit bruit d’appareil photo des années cinquante et l’appareil présenta l’œuvre à l’assemblée.
Et à moi du même coup.
Je vis une fille enlaidie par l’expression d’une « bouche en cul de poule » outrageusement exagérée.
La coupable annonça, rouge de fierté  « alors ? C’est super hein ! »
Ses camarades firent de même et rougirent de fierté à leur tour à la vision du résultat.
Du coup, depuis ce matin, je sais que « bouche en cul de poule » ça se dit « duck face » en anglais…
Mais il ne me serait jamais venu à l’esprit qu’on pût se flatter d’être prise en photo affublée d’une telle grimace…

mercredi, 27 avril 2016

Hier je me suis califié.

Hier j’ai eu interro sur mes compétences papyesques.
Pour vérifier que ma formation de papy était encore à jour, on a commencé par me traîner dans la pluie, le froid et le vent jusque chez l’Ours & JJF.
Sans doute histoire d’être sûr que le papy obéissait encore correctement au cahier des charges en matière de respect des contraintes climatiques.
Puis, P’tite Sœur, pour une fois retirée à la surveillance jalouse de l’œil paternel, est allée avec Heure-Bleue et son alter ego dans un jardin.
Oui ! On a eu le droit de sortir seuls avec P’tite Sœur !
Je l’ai gardée à l’entrée du jardin  pendant qu’Heure-Bleue refaisait le chemin en sens inverse pour retrouver les pains au chocolat du « quatre heures » tombés de la poussette.
On est arrivé au toboggan pile-poil pour la douche.
Une fois à l’abri, P’tite Sœur a marché, couru, est grimpée sur un banc, tout ça, heureuse de n’avoir pas à faire preuve d’une prudence maladive.
Je n’ai rien dit à propos de « prudence maladive » pour éviter de me voir jeter un truc du genre « avec ton œil et tout ce que tu t’es cassé, t’es mal venu de parler de prudence… »
La pluie passée, on est retourné au toboggan et la petite sœur de Merveille a grimpé d’abord les marches qui y mènent.
Puis a failli abandonner l’idée d’escalader l’échelle à mi-chemin mais je lui ai dit où s’agripper et elle y est arrivée, fière comme Edmund Hillary sur son Annapurna.
Puis, après quelques courses nous sommes retournés chez les enfants.
Le test sur la validité de ma formation s’est poursuivi avec le test de câlin.
Puis, hélas, le test du caca.
P’tite Sœur est extrêmement attentive lorsqu’elle joue.
Il est donc toujours un poil trop tard lorsqu’elle dit « Papy ! Pipi ! »
On a beau courir jusqu’aux toilettes, la culotte est au mieux, un peu mouillée.
Elle le fut hier.
Elle fut aussi hélas, un peu plus tard « repeinte »…
La technique de nettoyage de cul de bébé n’a pas changé et, comme le vélo, ne s’oublie pas.
JJF étant quasi invalide, j’ai donné la preuve de mon savoir faire assez efficacement –fruit d’années de nettoyage de Merveille- pour que P’tite Sœur elle-même me fasse des câlins et me donne la main.
Même pour aller de la chambre à la cuisine.
C’est dire…
Je ne suis pas encore calife à la place du calife, mais je suis second calife…

lundi, 25 avril 2016

Au clair de l’une, l’autre sombre…

Sacrée Lakevio, comme ça, toi aussi tu nous fais bosser le dimanche !

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La lune gibbeuse donnait à la plage une teinte légèrement rousse.
J’ai entendu chantonner dans l’obscurité.
Le bruit du ressac couvrait parfois la voix douce qui chantait.
Jai été attiré par le chant.
Il ne pouvait venir que de la gorge d’une sirène j’en étais sûr.
Alors je me suis approché du rivage et je lai vue...
Elle avait deux petits seins absolument magnifiques et était semble-t-il assise dans l’eau.
Dans la lumière dispensée parcimonieusement par la blanche Séléné, j’ai cru remarquer qu’elle avait des yeux bleus.
Elle avait aussi des cheveux presque clairs et bouclés qui habillaient délicieusement ses épaules pâles.
Alors, malgré ma frilosité congénitale j’ai avancé dans l’eau.
Elle s’est élevée jusqu’à laisser entrevoir un bassin que je supputais accueillant et m’a tendu les bras.
Un détail m’a chiffonné sans que je puisse dire quoi sur l’instant.
Elle  m’a tendu les bras.
Puis m’a attiré en me tendant ses lèvres et j’ai su qu’il était trop tard.
D’un coup ça m’est revenu.
Elle n’avait pas de nombril.
Et elle m’entraînait au fond de l’eau.
Elle navait pas de jambes.
Elle avait des tentacules dont je ne pouvais pas me dépêtrer !
Quand mes dernières bulles ont crevé la surface, j’ai eu juste le temps de penser « Ah la salope ! »
Puis il y a eu ce voile noir…

samedi, 23 avril 2016

Mai moire ma mémoire

Un jour je repasserai rue Turgot.
C’est obligé.
Je suis sûr que j’ai raté quelque chose.
A priori il n’y a rien d’extraordinaire dans cette rue plutôt courte qui relie l’avenue Trudaine à la rue Condorcet et la rue de Rochechouart.
Elle part du square d’Anvers et va jusqu’à la petite place triangulaire formée par la conjonction de ces trois rues.
Je l’empruntais souvent pour aller prendre le 85 qui me ramènerait chez moi.
Je repense à cette rue dès que le mois de mai approche.
J’ai failli écrire « le moi de mai », vous vous rendez compte lectrices chéries ?
Cette rue donc, a quelque chose, j’en suis sûr.
Je ne sais quoi.
Tout ce que je sais c’est que je l’ai raté.
J’ai dû apercevoir ou entendre quelque chose qui m’a profondément marqué.
Ou quelqu’un…
Cette rue n’a pourtant rien de particulier, elle descend en pente douce le flanc de la colline de Montmartre et, pour ce que je me rappelle, à part un grand bureau des PTT et un d’EDF, il n’y avait rien d’autre qu’une école primaire et quelques jolis immeubles.
Ah si ! Il y avait aussi une « maison de ville », je frémis aujourd’hui au prix qu’il faudrait payer pour l’habiter.
Mais non, ce n’est pas ça.
J’ai peut-être croisé quelqu’un que je connais, ou connaissais, et qui m’a marqué.
Quelqu’un que je n’ai pas revu depuis très longtemps.
On croise tant de gens dans une vie.
Une chose est sûre, pour que ça ressurgisse en un souvenir flou dès que le mois de mai approche, ça m’a marqué.
C’est peut-être une nouvelle triste, allez savoir.
Peut-être que quelqu’un que je connaissais vivait dans ce coin et est mort au mois de mai.
Ça doit être ça parce qu’habituellement, ce sont plutôt des souvenirs agréables qui me viennent quand je pense à ce coin.
J’y retournerai.
Je descendrai à Pont Cardinet, je remonterai la rue Cardinet jusqu’à l’avenue de Clichy, je m’arrêterai peut-être chez Ladess pour manger un döner.
Puis je prendrai le 54 qui s’arrête un peu plus loin après le restaurant et j’irai jusqu’à Anvers.
Je traverserai le square d’Anvers et, à la sortie de l’autre bout, je n’aurai qu’à traverser l’avenue pour être rue Turgot.
Je l’arpenterai plusieurs fois, de haut en bas, puis de bas en haut.
J’examinerai chaque immeuble, la maison, pas l’école ni la Poste ni EDF.
J’examinerai presque tout.
Je m’arrêterai au café où j’attendais le 85 et qui a changé de nom.
Oui, celui qui est sur la photo.
Maintenant, sans doute à cause de l’école toute proche, il s'appelle « Jolis mômes ».
Puis je remonterai la rue.
Je finirai pas me rappeler.
Il est impossible qu’il en aille autrement.
Je ne peux pas laisser cette griffure sur ma mémoire se réveiller chaque approche du mois de mai.

 

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vendredi, 22 avril 2016

La dame de piques.

Hier j’ai écouté Noémie Delattre défendre avec conviction la condition de la femme et combattre avec sa pugnacité coutumière toute forme de sexisme.
Je suis généralement totalement d’accord avec elle, notamment quand elle se demande « Si les femmes sont concernées par les droits de l’Homme, à quoi bon une journée du droit des femmes ? »
Hélas, ce matin là, elle avait enfourché son destrier avec tant d’élan qu’elle a vidé les étriers avant même que d’être en selle.
Il était question de « Babycook » ce petit engin cher et remarquablement pratique pour nourrir les bébés.
Elle s’est illico élevée avec véhémence contre la publicité de l’engin dont elle a probablement fait l’acquisition pour mettre le petit à l’engrais.
Oui, les mamans, croyantes ou athées, sont toutes des mères juives en la matière.
Ça se résume grossièrement quand c’est un garçon à :
« Il a bien mangé, c’est bien, regardez comme il est beau, ah la la, les filles elles vont tomber raides ! Comme sa maman, hein mon bébé chéri !  »
Bref, elle entame d’entrée l’éducation qui en fera un macho accompli…
Noémie n’a pas saisi l’ironie de la situation.
Elle n’a remarqué qu’une chose :
« Avec Babycook, les mamans vont découvrir le plaisir de, etc. »
Outre que j’espère que les mamans auront découvert le plaisir avant d’acheter un Babycook, je dois dire qu’elle s’est plus attachée à la façon maladroite de présenter l’outil qu’à son utilité.
C’est à ce moment que me revient qu’à près de trente-huit ans elle a donné naissance à un bébé il y a peu.
Et, j’ai repensé à la façon dont la lumière de mes jours a usé de moi.
Pour fabriquer la chair de sa chair, d’abord.
Pour s’en occuper ensuite.
Je me suis alors aperçu que j’avais trente ans de plus que Noémie Delattre et sans aucun doute changé des bébés bien plus souvent qu’elle.
Et pendant bien plus longtemps, vu l’âge du sien…
Même mon père né en 1921 a plus souvent changé des bébés que Noémie Delattre.
Aaah… Lectrices chéries ! Si vous saviez !
Si vous saviez tout de cet arrangement conclu entre Heure-Bleue et moi.
Aaaahhh... Le coup du « Mon Minou, la nuit un biberon sur deux c’est moi, un sur deux c’est toi »
Oui, à cette époque aussi lointaine que bénie, j’étais « Mon Minouuuuu… », pas « Minou ! »
Le genre d’arrangement qui démarre dès la première nuit par « Mon Minou, c’est ton tour ! »
Le suivant, ça se gâte et j’ai droit à « Mon Minou, tu veux pas prendre mon tour ? Minou… »
Avec yeux qui papillotent et moue qui donne illico envie d’entamer la fabrication du suivant.
Envie réfrénée aussitôt par un regard qui dit « n’y songe même pas ! Si tu t’approches je t’émascule d’un coup de dents ! »
Donc, lectrices chéries, n’allez pas prendre au premier degré et pour argent comptant ce que dit Noémie Delattre avec un talent d’escroc de haut vol.
Elle vous défend avec conviction.
Comme si vous ne le faisiez pas depuis longtemps.