jeudi, 21 avril 2016
Mère d’alors…
Je viens de lire le billet de Coumarine.
Coumarine se débat dans des querelles de maître-queux « viande ou pas viande ».
Elle n’aime plus la viande.
Elle me rappelle d’un coup les chamailleries que j’avais avec ma mère à propos de viande.
Depuis très longtemps, avant même que l’Ours n’aille à la maternelle, j’avais été dégoûté de la viande rouge pour un long moment à cause de tournedos trop tendres.
Je ne me suis résolu à en remanger que sous la forme « Rossini ».
Ce qui ne peut se faire quotidiennement sans mettre un budget en danger…
Depuis, je vous donne donc une nouvelle dont vous vous foutez éperdument :
Oui lectrices chéries, je n’aime que la volaille, le veau et le filet mignon.
D’où de nombreuses escarmouches avec ma mère qui eut jusqu’à sa mort un goût marqué pour le bœuf.
Elle ne l’aimait pas saignant, encore moins « bleu » mais si sa cuisson préférée, entre semelle et carton, aurait fait hurler un boucher, pour elle des choses comme le poulet ou l’escalope de veau c’était « de la viande de fillette ».
Des décennies dans le Marais lui avaient fait éviter des locutions mettant en cause les préférences amoureuses de son prochain.
Elle assortissait ses recommandations de ces dictons idiots comme « c’est la viande qui nourrit la viande ! »
Bref, des âneries…
Elle se faisait chaque fois piéger par un fils qui a toujours eu un tempérament d’emmerdeur.
- Maman, et les bœufs ? Ils font comment ? C’est de la viande qui mange de l’herbe !
- Aahh… Tu m’énerves, t’es bien comme ton père, toujours à chercher la petite bête !
- Il l’a trouvée…
- Oh mon fils ! Tu n’as pas honte ?
Il me faut vous dire que ma mère n’excédait pas un mètre cinquante.
La maison a toujours été animée et je ne sais toujours pas si c’est parce que mon père avait la langue pointue ou parce que ma mère avait la dent dure…
08:41 | Commentaires (11)
mercredi, 20 avril 2016
Tels Guillaume, les petits suisses…
Hier, j’avais fait des efforts.
J’avais commencé par un désaccord avec la lumière de mes jours.
Oh, rien de grave, une histoire de petits suisses.
Il y en avait, j’en étais sûr, deux dans le réfrigérateur.
Je le sais, je les avais gardé pour les mettre dans le poulet afin qu’il gardât le moelleux espéré.
Ces foutus petits suisses avaient disparus, emportés j’en suis sûr par les lutins ou les Martiens.
Mais si, vous savez bien, lectrices chéries, ces farceurs qui vous piquent votre gomme et qui la remettent sous vos yeux quand vous en avez déballé une neuve…
Heure-Bleue, qui s’était éblouie toute seule de se lever si tôt, alla jusqu’à proposer d’aller acheter les petits suisses disparus.
J’ai failli tomber à la renverse.
J’ai regardé l’heure.
Elle partit à la salle de bain.
J’ai craint un moment que les petits suisses n’arrivassent trop tard au point de fondre dans un poulet déjà cuit.
Mais non !
J’ai préparé une mayonnaise avec un peu de paprika, mis les pommes de terre dans le plat, rincé et réservé les haricots verts, décortiqué les crevettes, épluché la mâche qui les habillerait.
Puis j’ai attendu pour préparer les avocats.
J’avais la hantise la veille qu’ils fussent aussi durs que des procureurs, mais non…
Évidemment, l’un des quatre était un avocat marron.
Il finira dans mon assiette.
Nos invités sont arrivés.
J’aime beaucoup nos invités.
J’ai vérifié que la moitié femme de nos invités avait toujours les yeux verts que je lui connais depuis l’été 2007.
J’ai constaté une fois de plus qu’il est inutile de faire la conversation.
Lui et moi avons échangé quelques mots mais surtout écouté.
Nous avons bu un vin blanc à deux points de permis.
Puis un vin rouge à au moins quatre points.
Le cru le plus répandu a été délaissé.
J’ai noté le peu de succès de la Volvic…
09:35 | Commentaires (10)
mardi, 19 avril 2016
L'alibi d'eau de ma muse m'amuse...
Dimanche dernier, j’ai lu ton billet, Berthoise.
Cette hyène d’Heure-Bleue est allée directement te dire qu’on avait, toi et moi, le soupir facile.
En réalité, elle frime, je vis avec depuis assez longtemps pour savoir qu’elle n’a pas le cœur desséché d’Ebenezer Scrooge mais elle aime se donner de temps à autre un côté pragmatique qu’elle met hélas assez peu en pratique.
Enfin… Ça lui donne un air sérieux.
Sérieux dont nous avons bien besoin, elle et moi.
Je te disais donc, Berthoise que l’on m’avait quasiment dicté mon billet d’aujourd’hui.
Et tu vas voir, Heure-Bleue, je vais t’en donner, moi, du soupir !
Faites confiance à un spécialiste de la guimauve.
Donc disais-je, ce dimanche, j’ai reçu un mail de Blogspirit m’avisant que « Sophie » dont je sais qu’elle ne s’appelle pas Sophie et n’a pas de blog, ce que je regrette, « Sophie » donc, m’avait laissé un commentaire.
Une de ses réminiscences a attiré mon attention :
« Il n'y a pas si longtemps, je me souvenais d'un flirt de mes 17 ans, et j'ai comme un annuaire qui s'est déclenché : je me souviens de son nom, mais également de son adresse avec une précision complète. Bizarre non ? »
Sophie, je dois te dire que non.
Mieux que « non », plutôt « Ah mais non ! Ce n'est pas bizarre du tout ! »
Et j’espère bien que tu te rappelles bien d’autres choses que son nom et son adresse.
Du coup tu ravives mon goût pour l’anaphore, cet artifice rhétorique qui, outre qu’il souligne bien les choses, permet de faire d’un tout petit billet une longue tartine…
Rappelle toi tes dix-sept ans Sophie.
Rappelle toi ses dix-sept ans Sophie.
Rappelle toi son regard, Sophie.
Rappelle toi son souffle, Sophie.
Rappelle toi sa voix, Sophie.
Rappelle toi son pas,Sophie, auquel tu accordais le tien.
Rappelle toi, Sophie, ses doigts entrelaçant les tiens le long des rues.
Rappelle toi l’air du temps, Sophie.
Dix-sept ans…
Pour ce que je me rappelle…
Vous, les filles aviez la peau tellement douce.
Nous, les garçons avions la barbe tellement dure.
Et nous avions tant de rêves…
Et nous passions tant de temps à tenter de les transformer en réalité.
Il est même arrivé que « ça marche ».
Tu vois pourquoi on s’en souvient avec tant d’acuité ?
Dix-sept ans…
Bientôt pour la quatrième fois.
Et chaque printemps, j’ai l’impression que c’est la première fois.
Bon, assez soupiré pour aujourd’hui, j’ai un poulet à préparer…
07:54 | Commentaires (15)
lundi, 18 avril 2016
Aaah, Lakevio, si tu savais…
Il faisait beau ce dimanche là.
Tout le monde était là, les enfants, les parents, les tantes et les oncles.
Quand je suis entré, les hommes ont détourné le regard, comme si je n’étais pas là.
Grand’mère n’a pas haussé un sourcil, elle.
Les femmes et les filles, en revanche m’ont regardé.
Je dirais même mieux.
Elle ont fixé un regard curieux sur moi dès mon arrivée.
Je me suis arrêté, interdit devant tant d’attention.
Mais qu’ont-elles donc à me regarder comme ça !
Le silence est devenu pesant.
Grand-père est le seul qui m’a regardé.
Il y avait dans son regard qui s’abaissait un reproche léger.
J’ai considéré ma mise avec un peu plus d’attention.
J’ai tourné le dos et suis retourné dans le couloir qui mène à la véranda.
J’ai vérifié que personne ne pouvait me voir puis j’ai refermé ma braguette…
06:24 | Commentaires (13)
samedi, 16 avril 2016
Dès que le printemps revient.
Rassurez vous, je ne mettrai pas en lien Hugues Aufray qui chante si mal une chanson si chiante et de si mièvre façon.
Est-ce que je vous ai déjà parlé de la rue d’Orchampt, lectrices chéries ?
Je crois que oui, à propos du film « L’auberge espagnole » qui est passé à la télé il ya plusieurs mois.
C’est vers la fin du film qu’Heure-Bleue avait regardé ma tête et dit « toi, tu as la tête de quelqu’un qui connaît la rue d’Orchampt… »
De fait, je la connais.
Même bien.
Il m’est arrivé de l’emprunter pour rejoindre la rue Lepic en 1962.
Je vous ai aussi parlé de 1962…
A l’automne 1962, je montais donc jusqu’à la rue d’Orchampt, si étroite qu’on était obligé de se coller contre les murs quand une voiture, optimiste quant à ses chances d’arriver au bout, s’y engageait.
Ça faisait un bon bout de chemin supplémentaire mais il fallait absolument que je le fasse au cas où…
Je dévalais ensuite la rue Lepic qui sinuait à flanc de Montmartre jusqu’à la rue Burq.
Pourquoi diable attendre la rue Burq pour emprunter la rue Caulaincourt et rentrer chez moi en passant par la rue du Mont-Cenis ?
Eh bien, comme toujours je faisais des kilomètres pour tenter de croiser une fille.
Celle qui, dans ma « colo de curés », m’avait appris le goût des baisers.
Celle là même, la blonde aux yeux bleus, celle à l’accent pied-noir prononcé.
Eh bien, cette I. habitait rue Burq, d’où mes pérégrinations dans un espoir de la revoir qui se révéla vain pendant plusieurs mois.
Un peu plus tard, je l’ai croisée et je m’aperçus qu’une fois les vacances passées, nous n’avions pas plus de choses à nous dire que de baisers à échanger.
Le bord de mer a des effets curieux…
Après ça, je pris des chemins beaucoup plus directs pour revenir à la maison.
J’ai souvent emprunté la rue Caulaincourt et j’y ai des souvenirs mais je passais souvent par là car il y avait une boutique où une dame vendait des chaînes haute-fidélité et était d’une patience d’ange avec le jeune garçon que j’étais, ébloui par ce que j’entendais.
Elle a fermé un jour mais chaque fois que le 80 passe par là, je pense à cette dame et à sa boutique.
C’était une époque où l’on n’achetait pas de quoi écouter de la musique dans les supermarchés et où ceux qui vendaient le matériel parlaient plus de musique que de watts.
J’ai d’autres souvenirs dans cette rue, d’autres encore rue Ronsard, au côté du jardin du Sacré-Cœur.
Certains plus tenaces encore vers la rue d’Orsel.
Et je ne vous parle pas de la rue Condorcet, là où elle croise la rue de Rochechouart et la rue Turgot.
Vous avez remarqué, lectrices chéries, que je vous parle de tout ça dès que le printemps revient ?
C’est le seul coin de Paris qui me retire cinquante ans de la tête sans retirer un an de mon genou.
Quand le printemps cesse-t-il de faire cet effet de rajeunissement de l’âme ?
Malgré ce p… de genou droit qui persiste à vieillir…
13:52 | Commentaires (10)