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jeudi, 26 mai 2016

La grève, c'est notre 49.3 à nous.

J’en entends râler contre les grèves qui les dérangent.
Faut vous dire quand même que la grève qui ne dérange pas ne dérange que le gréviste.
Et est donc inefficace...
Puisque le Front Populaire a quatre-vingts ans aujourd’hui, rappelons nous tous, tant que nous sommes que si nous pouvons râler après le prix de l’essence quand nous allons à Saint Raphaël nous faire escroquer pendant quatre semaines par un marchand de frites, c’est grâce à tous ceux qui ont oser poser les outils pour profiter un peu des richesses qu’ils créaient.
Et puisque mai 2016 traîne en longueur, profitons-en pour paraphraser un des slogans de celui de 1968.
Vous souvenez-vous de « La publicité vous prend pour des cons, la publicité vous rend con ! » ?
Cette jolie et clairvoyante maxime, je l’ai lue à l’époque sur les murs du métro République.
Elle reste étonnamment vraie et tout aussi perspicace si l’on remplace le mot «publicité» par « majorité gouvernementale».
Il suffit de lire «La majorité gouvernementale vous prend pour des cons, la majorité gouvernementale vous rend con ! » et hop ! Ca vous a tout de suite un air impertinent qui vous donne envie de jouer à mai 2016.
Rappelons-nous qu’à l’époque, on s’ennuyait ferme, coincés que nous étions.
Les filles, on n’avait le droit que de les siffler et encore, c’était mal vu, on s’arrangeait, mais quand même...
Donc, Françaises, Français, jeunes gens si mal traités par une société qui vous reproche d’être fainéant mais ne veut vous employer qu’en stages gratos, si vous voulez voir la plage, va falloir rappeler certaines choses à nos gouvernants et à vos parents, si prompts à se dire « otage » dès qu’ils ne peuvent plus prendre leur bagnole ou leur train.
Rappelez leur la Sécu qui a si bien soigné eux et vous quand vous étiez petits.
Rappelez leur la Caisse d’Allocations Familiales qui a si bien aidé vos grands-parents et vos parents à atteindre la fin du mois.
Rappelez leur la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse qui a si bien aidé vos grands-parents à aider vos parents et vous aider vous aussi.
Rappelez leur la Société Nationale des Chemins de Fer Français qui a transporté vos parents et grands-parents alors qu’aujourd’hui elle vous roule.
Rappelez leur aussi la Caisse Nationale d’Épargne et La Poste, qui ont si bien aidé les générations précédentes à ne pas vivre dans la rue.
Tous ces trucs qui ont existé grâce à la ténacité de vos arrière-grands-parents et grands-parents.
Tous ces trucs qui ont été conquis de haute lutte vont disparaître faute d’être défendus.
Si vous n’y prenez garde, tout ça va disparaître.
Vous allez payer extrêmement cher pour n’être pas ou mal soignés.
Vous allez payer extrêmement cher pour être logés dans des galetas.
Vous allez payer extrêmement cher pour permettre à ceux qui ont tout d’avoir encore plus.
Vous allez payer extrêmement cher pour que vos enfants soient mal instruits dans des écoles poubelles.
Vous allez payer extrêmement cher des écoles où les enseignants seront traités comme des mineurs au XIXème siècle.
Bref, n’oubliez pas qu’on n’a jamais que ce que l’on prend.
Défendez âprement ce qui reste et allez reconquérir courageusement ce qu’on vous a pris.
Sinon, d’ici quelques décennies on dira de la France que c’est un pays qui est passé directement de la civilisation à la barbarie sans même passer par la décadence.

mercredi, 25 mai 2016

Étudiant en droit, étudiant en vers…

J’écoutais la télé, une émission sur les prostitués, filles et garçons.
A écouter une réplique, une explication, je ne sais pourquoi je me suis rappelé un truc de Baudelaire, lu dans les « Fleurs du mal ».
Puis ça m’est revenu.
« Sarah », de Reggiani.
Plus exactement le prélude, quelques strophes de « Je nai pas pour maîtresse une lionne illustre. »
Mais si, lectrices chéries, rappelez vous :

Si vous la rencontrez, bizarrement parée,
Se faufilant, au coin d’une rue égarée,
Et la tête et l’œil bas, comme un pigeon blessé,
Traînant dans les ruisseaux un talon déchaussé,

Messieurs, ne crachez pas de jurons ni d’ordure
Au visage fardé de cette pauvre impure
Que déesse Famine a, par un soir d’hiver,
Contrainte à relever ses jupons en plein air.

Cette bohême-là, c’est mon tout, ma richesse,
Ma perle, mon bijou, ma reine, ma duchesse,
Celle qui m’a bercé sur son giron vainqueur,
Et qui dans ses deux mains a réchauffé mon cœur.

Je me suis rappelé alors que Baudelaire avait prévu avec près de vingt-cinq ans d’avance une épitaphe finalement prémonitoire.
Le truc pas trop facile à faire inscrire par ses enfants sur sa tombe si on veut que les beaux-parents des uns et des autres les reçoivent à leur table :

«  Ci-gît qui, pour avoir trop aimé les gaupes,
descendit jeune encore au royaume des taupes. »

Compte tenu de ce que j’avais lu précédemment, j’avais bien un idée mais plutôt imprécise.
Milky elle-même, qui compte sur mon vocabulaire et mon orthographe en fût restée immobile devant son écran.
Mais que diable peuvent bien être ces « gaupes » dont parle Baudelaire.
Ce ne fut pas si simple à découvrir.
Il m’a fallu fouiller.
J’ai trouvé.
Une « gaupe » est une dame qui guérit sa misère matérielle en soignant la misère affective de ses congénères…

mardi, 24 mai 2016

Quand les conquêtes ne donnent rien...

De rien, Mab, de rien...
Le huit février, mon blog a eu dix ans.
Personne ne l’a remarqué.
Même pas moi.
Comme moi, tout le monde s’en fiche…
Ça fait dix ans que je conte à des inconnus ce qui me passe par la tête.
Les réflexions qui me viennent en écoutant la radio.
Comme par exemple cette merveille langagière entendue vendredi dernier :

« les Auxiliaires scolaires ont été supprimés et seront désormais remplacés par les Accompagnants scolaires d’élèves en situation de handicap. »

Ce qui prouve bien que, contrairement à ce qu’on entend, les ministres ne glandent pas.
Non, ils déjantent…
Je vous raconte aussi les souvenirs qui me viennent lorsque que je traîne dans Paris.
Les sensations qui me viennent quand certains parfums me viennent du dehors.
Que des choses qui ne devraient intéresser personne et que je devrais donc garder pour moi.
Ce matin, il me vient autre chose.
Ce matin je subodore…
La lumière de mes jours m’a demandé d’annuler le rendez-vous chez le dentiste.
J’ai dit « bon… »
Puis elle m’a dit « Minou, qu’est-ce que j’ai là ? J’ai mal à la gencive. »
J’ai regardé, ce qui n’est jamais facile car la lumière de mes jours se met souvent à contrejour et j’ai vu.
« Ma Mine, tu as un abcès au collet… Faut aller chez le dentiste. »
Alors je n’ai pas annulé le rendez-vous.
Heure-Bleue m’a dit « Tu sais, je vais changer de dentiste, celui qui est en face de chez nous est bien, Sylvie L. me l’a dit… »
J’en ai déduit que si le dentiste qui est en face de la maison est bien, c’est que nous allons déménager bientôt.
Déjà, en revenant d’Israël, nous avions ouvert un compte près de chez nous.
Nous avions déménagé pour habiter dans le XXème alors que la banque était dans le IVème.
Nous avons changé de banque quand elle a fermé pour une autre dans le IIIème.
Nous sommes donc partis en proche banlieue.
Nous allons probablement changer de dentiste pour un plus jeune, plus efficace et plus près de chez nous.
Nous allons donc déménager.
Je ne sais jamais si nous déménageons pour un endroit qui nous plaît plus ou pour le plaisir d’utiliser les transports pour nous rendre dans des endroits où nous allons régulièrement.
Histoire d’avoir des choses à vous raconter…

lundi, 23 mai 2016

Maquignonnage...

demande ou rupture.jpg

Je l’écoute.
Mais il est en train d’essayer de se vendre cet idiot !
Ou de m’acheter…
Il me vante tout ce qu’on aurait si je veux l’épouser.
Je fais un gros effort pour lui sembler attentive mais je ne vais pas pouvoir tenir longtemps.
Franchement, ce type échappé d’un chromo de cuisine prétend me mettre dans son lit !
Comme si je ne le connaissais pas.
Je sais qu’il a quelques terres de l’autre côté du pont mais rien d’intéressant.
Moins que les miennes, en tous cas.
Les siennes sont inondées tous les ans et on a du mal a en tirer l’avoine du cheval qui les laboure.
Et puis, ce qui me dérange, ce n’est pas qu’il veuille me faire des enfants.
Là il rêve ! Il ne me les fera pas, je ne le laisserai pas s’approcher de moi et encore moins me toucher.
Non, ce qui me dérange, et même me vexe, c’est qu’il me prenne pour une imbécile.
Avec son air de maquignon !
Avec les doigts qui miment les billets qu’on compte !
À voir le geste je me demande s’il me prend pour une oie ou pour une grue…
Je garde l’air sérieux quand même, je le regarde avec intérêt.
Juste pour voir jusqu’où il est prêt à aller.
J’aimerais bien qu’il me propose quelque chose d’inconvenant maintenant, là tout de suite car la plus mauvaise langue du département arrive sur le pont.
Juste pour le gifler en le traitant de malotru devant quelqu’un qui répandra la nouvelle dans le bourg avant ce soir.
Oui, ça me plairait bien.
Mon regard se fait de plus en plus intéressé.
Je vais l’adoucir encore.
Tel je le connais ça devrait marcher.
Je sens déjà mes doigts picoter...

samedi, 21 mai 2016

Mieux vaut une bougie intelligente que deux concierges…

Je vous ai déjà parlé de mon père ?
Ce héros au sourire si doux.
Et à la dent si dure…
Cousine adorée m’a envoyé une photo de mon père.
J’ai cru au premier regard sur mon téléphone qu’il portait cet imperméable gris que je connais bien.
Cet imperméable qu’il portait quand il est rentré un soir.
Ce treize juillet 1956 où il est arrivé tanguant puis vomissant sur le lino de la chambre.
C’était la veille du dernier défilé où j’ai vu des spahis sur des chameaux.
Le lendemain il nous avait emmené, ma sœur cadette et moi au défilé, silencieux et un peu « péteux ».
Le coup du « Ma poule, c’est ce foutu Claquesin qui m’a rendu malade » avait marché moyen.
De fait ça n’avait pas marché du tout…
J’ai encore dans les yeux cet imperméable gris assez épais et plutôt rêche.
Alors j’ai eu un doute, j’ai agrandi la photo noir et blanc et j’ai vu que ce n’était pas cet imperméable qu’il portait mais un manteau.
Un manteau jaune assez épais.
Pas jaune poussin mais pas non plus ocre.
Entre les deux.
C’était un manteau en poil de chameau qu’il portait l’hiver en pestant qu’il pesait une tonne.
Mais il était doux, ce manteau.
Et puis il allait bien à mon père.
Mon père avait plein de qualités et quelques défauts.
Ces quelques défauts, dont celui de préférer perdre un ami plutôt que rater un bon mot, lui valait régulièrement des engueulades de ma mère.
Il avait aussi de grandes mains et avait un talent qui m’éblouissait : Il pouvait plier la dernière phalange de chaque doigt et garder la main à plat devant lui.
Je n’ai jamais réussi.
Ce manteau le faisait plus large qu’il n’était et personne ne l’embêtait.
Même pas le fils de la concierge.
Un soir, ma mère a eu l’attention attirée par des vociférations venant du bougnat du rez-de-chaussée et a dit à mon père qui venait d’entrer « Lemmy, va donc voir ce qui se passe, je crois bien avoir entendu le père M. crier comme si on allait le battre. »
Mon père est redescendu, je l’ai suivi avant que ma mère n’ait le temps de crier « Non non non ! Tu restes là, toi ! »
Arrivés au rez-de-chaussée, le fils de la concierge s’était mis en tête d’empêcher monsieur M., le voisin du dessous, de sortir son vélo de la courette et menaçait de confisquer le vélo.
Monsieur M. était un homme petit maigrelet avec une mini-moustache qui n’osait pas dire grand’ chose.
Il a soupiré de soulagement en voyant arriver mon père.
Mon père a demandé ce qui se passait et a dit
- Le vélo, il me l’a donné, il est à moi maintenant. 
Le fils de la concierge à dit :
- Vous n’avez pas le droit de le mettre dans ma cour.
J’attendais Zorro, ce fut John Wayne.
- Ben je l’ai mis et je vais le reprendre et je le remettrai tout à l’heure… La cour ne vous appartient pas.
- Ah mais si !
- Bon je vais chercher le vélo.
- Vous ne sortirez pas ce vélo de MA cour !
A crié le fils de la concierge.
Mon père, qui était encore un peu vif de caractère à l’époque a dit doucement entre ses dents :
- Vous pariez combien que vous sortez avant le vélo ?
J’ai eu un peu peur parce que les grands quand ils se battent ils se font mal mais le fils du concierge a dit :
- Bon mais normalement on n’a pas le droit…
Mon père a rendu le vélo à monsieur M. et a dit au fils du concierge :
- Bon, on va boire un jus chez le père C. ?
Ça sert vachement un manteau qui vous élargit…