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lundi, 11 avril 2016

Quand refleuriront, les lilas blancs...

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Non Lakevio, je ne veux pas parler de ton bouquet.
Je ne parlerai pas de ce foutu lilas mauve.
Celui qui me valut des homélies grand-maternelles quasiment chaque vacances de Pâques.
Je ne veux rien dire de ces arbrisseaux qui meublaient l’allée qui longeait sa maison entre la porte d’entrée et le jardin.
C’était une longue plate bande plantée de narcisses, de pensées et de giroflées et, de façon anarchique, de pieds de lilas.
Le haut des arbustes toujours entortillé d’une treille qui courait sur le faîte du mur.
J’ai dit que je ne parlerai pas de ce foutu lilas.
C’est râpé !
Évidemment que j’en parle. Bien obligé, d’abord c’est le devoir de ce lundi.
Mais je n’aime pas.
Chaque fois c’était la même chose.
Je sortais de chez mes fous pour aller chez ma grand’ mère.
Je dis ma grand’ mère alors qu’il y avait aussi le grand-père mais il causait peu, il faisait attention que je ne lui pique pas des outils pendant qu’il tissait ses « araignées », celles qu’il vendait aux pêcheurs braconniers du coin.
Un fois là-bas, j’attendais le dimanche de Pâques.
C’est le seul dimanche de l’année où la messe est obligatoire.
C’était le seul dimanche de l’année où on ne m’obligeait pas à aller à la messe.
Mais ce lilas…
Ce fut toujours la même histoire pendant quelques années.
Je cherchais dans les fleurs de cette plate-bande les petits sachets d’œufs de sucre multicolores, quand j’en avais trouvé suffisamment, je sortais le nez des giroflées rouges et de leur parfum à la fois capiteux et acidulé pour sentir le lilas qui explosait en une efflorescence  mauve et d’odeur délicate.
C’est là que ça se gâtait, je tentais d’en arracher quelques branches et ça finissait toujours par une engueulade.
J’arrivais avec une poignée de brindilles décorées de ces petites fleurs mauves en forme de croix, les jambes pleines de griffures, peu protégées qu’elles étaient par une culotte courte.
Je tendais ce misérable bouquet à ma grand’ mère.
Elle m’embrassait.
Ma mère me collait une claque sur les cuisses parce que « je-t’ai-déjà-dit-mille-fois-de-ne-pas-cueillir-de-fleurs-dans-le-jardin-tu-vas-te-défigurer-en-tombant-de-l’arbre ! » puis m’embrassait à son tour parce que « tu-es-quand-même-un-gentil-petit-garçon-mon-chéri ».
Voilà pourquoi je ne veux pas parler de ce foutu lilas, Lakevio.

dimanche, 10 avril 2016

La maldonne des sleepings…

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Je viens de lire un articulet sur le « mea culpa » de David Cameron.
Comme souvent dans tous ces cas où le « mea culpa » de l’homme politique se révèle nécessaire, je reste pantois.
Même en y regardant de très près, je ne trouve pas trace de « confiteor » dans ces affaires.
Seulement l’ombre d’un regret de s’être fait serrer en flag’ …
Il est question, dans ce dernier cas, d’un « geste fort » du British Premier.
Il est même osé un :
« David Cameron a reconnu samedi qu’il aurait dû mieux gérer les révélations sur les arrangements fiscaux de sa famille. »
Ces façons de faire sont de plus en plus répandues.
Faisant sans doute confiance à l’inefficacité de l’enseignement dispensé dans les écoles, les ministres ont pris la mauvaise habitude penser, souvent hélas à juste titre, que les citoyens des pays qu’ils gouvernent se satisferont de techniques issues d’écoles de « force de vente » pour avaler les couleuvres qu’on leur sert.
Il y a peu, et assez souventes fois même, sous les gouvernements de MM Sarkozy et Hollande, on nous a servi à chaque bévue trop voyante des couplets comme :
- « Nous avons manqué de pédagogie. »
- « Nous aurions dû faire un effort de communication plus soutenu. »
- « Nous n’avons pas su bien expliquer aux Français que… »
Et autres billevesées trop souvent entendues.
Ils ne se rendent pas même compte que leurs explications font trop penser aux excuses inventées par les petits voyous pour expliquer pourquoi ils avaient en main le portefeuille de leur voisin de bus.
Du genre « J’ai eu peur que quelqu’un lui vole alors je l’ai pris pour le mettre à l’abri ! Je vous jure m’sieur l’agent ! »
Quant à moi les voir se débattre dans leurs explications fumeuses, ça me fait plutôt penser à ces types animés de mauvaises intentions qui pensent « m… ! Je voulais les b… en douce mais j’ai oublié la vaseline à la maison ! »
C’est là tout le problème des « experts en communication » quand on leur confie trop de pouvoir.
Ils savent faire de la publicité, mais pas les produits…
J’en viens à me dire « Mais quelle chance on a d’être pauvres !
Quand on voit tous les emmerdements qu’on récolte à être riche, on se demande quel intérêt ça peut présenter d’être fortuné… »
Quoique…
Je ne citerai pas de nom pour ne pas faire de peine à certains mais j’en vois tant qui n’ont de la fortune que l’argent.
Les pauvres, si riches dargent et si pauvres du reste…

samedi, 09 avril 2016

Nus à jeux...

Comme je vous en avais averti hier, lectrices chéries, Heure-Bleue et moi sommes allés voir l’expo « L’atelier de plein air. Les impressionnistes en Normandie ».
J’aime les impressionnistes, je vous l’ai sans doute déjà dit.
D’abord parce qu’ils sont d’un naturel optimiste.
Oui, lectrices chéries, avouez qu’il faut avoir l’optimiste chevillé au corps pour ne voir et peindre la Normandie qu’ensoleillée.
Malgré tout, j’ai trouvé l’expo assez décevante. Sans doute parce que nous avions déjà vu ces œuvres ailleurs et souvent.
Heureusement, ce musée est plein de charme et d’œuvres que nous voyons, revoyons et apprécions avec un plaisir chaque fois renouvelé.
C’est un peu comme les câlins, vous voyez ?
Ça doit être le printemps…
Comme chaque fois, j’ai voulu emporter ces petits bronzes de Vénus, Amour et Apollon.
pendant que mon Heure-Bleue regardait le Grand Canal, jai admiré « Le sommeil de Vénus » de Boucher, sur le mur à côté.
Comme chaque fois, elle a souhaité embarquer un des deux Canaletto, a repoussé une porte qui la gênait.
Elle a regardé en détail, toujours émerveillée par le Vénitien et m’a dit :
- Aaahhh… Minou… Celui là, je tuerais pour l’avoir. Je le veux ! Je vais le voler !
Elle a hésité une seconde, s’est encore approchée du tableau représentant le Grand Canal » et le pont du Rialto.
Alors la protection a « couiné ».
La lumière de mes jours s’est exclamée :
- Ah mais j’ai pas fait ! J’ai juste dit !
Nous sommes repassés par le Grand Salon, une pièce que j’adore avec son avancée en oriel sur une terrasse qui domine le boulevard Haussmann.
Je me suis fait la réflexion qu’un des aspects les plus embêtants de la pauvreté n’est pas tant le manque d’argent que l’impossibilité de profiter et de vivre dans de tels lieux.
Heure-Bleue a vigoureusement acquiescé car nous avons tout de même quelques goûts en commun.
Alors pour nous remonter le moral nous sommes passés au salon de thé.
Là aussi, nous avons succombé à des trucs qu’on met des minutes à apprécier et qui mettent des semaines à se faire oublier par la balance…
Nous sommes revenus vers Saint-Lazare puis, nous ravisant, sommes repartis vers la Madeleine en flânant.
Ce fut une chouette promenade.
Une journée délicieuse, en somme.

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vendredi, 08 avril 2016

Quand il voit des belles, il perd ses phones.

Ne dites rien Berthoise et Mab, surtout ne dites rien…
Oui, la beauté me rend muet.
Aujourd’hui nous allons au musée Jacquemart-André.
C’est chouette.
On va voir l’expo sur les impressionnistes.
Comme toujours, Heure-Bleue voudra voler les deux Canaletto des collections permanentes.
J’en profiterai, comme chaque fois, pour m’extasier sur la peau de Madame Vénus.
Elle est si craquante dans le tableau de Boucher « Le sommeil de Vénus ».
Chaque fois que je la vois j’ai envie de la réveiller…
Je serai impressionné par « Les pèlerins d’Emmaüs » de Rembrandt.
Si on s’écoutait, viendrait avec un camion et des déménageurs.
Mais comme on repartirait avec un fourgon et des pandores…
On ira ensuite prendre un café au salon de thé du musée et on se fera une fois de plus la réflexion que la fresque de Tiepolo ne va pas durer aussi longtemps que les impôts, entre le souffle des clients et les vapeurs des cuisines.
Et puis, comme toujours quand je viens là, je me ferai agonir d’injures par la lumière de mes jours parce que je ne résisterai pas à un mauvais jeu de mots devant la porte du salon de thé.
Là où est placée la statue de Pigalle « La tireuse d’épine ».
Celle qui prend son pied.
Entre ses doigts pour en retirer une écharde…
Il va bientôt être temps qu’on passe à autre chose, sinon nous allons devenir des gens d’habitudes.
Et ça, c’est mauvais.
Ça sent l’immobilisme.
Et à nos âges, cette affaire d’immobilisme me rappelle des histoires où on finit avec des fleurs sur le ventre…

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mercredi, 06 avril 2016

Mieux vaut lâcher rond qu’être en fer…

Hier, on est allé chercher Merveille à l’école.
À écouter les élèves apprenants du collège et du lycée qui font face à l’école élémentaire nous avons été effrayés.
Ce n’était hélas que le début somme toute véniel de notre effroi.
L’école de Merveille s’est ouverte.
Je suis partisan de remplacer le « Liberté Égalité Fraternité » du fronton de la porte 
de l’école par le « Vous qui entrez ici, laissez toute espérance » du fronton de la porte de l’Enfer.
Des gamins pas plus sourds que vous et moi s’égaillent en tous sens, ce qui serait charmant s’ils ne hurlaient pas comme s’ils venaient d’échapper à un attentat.
Je n’ai pu m’empêcher de dire « mais comment peut on être pédophile ! »
Si vous les aviez vus et surtout entendus, lectrices chéries, comme moi vous auriez davantage aimé les passer au lance-flamme plutôt qu’à la casserole !
Nous sommes revenus plus calmement chez l’Ours en écoutant Merveille qui nous racontait la naissance de Pégase, liée aux démêlés de Poséidon et Athéna qui avait assez mal pris que Poséidon viole Méduse dans son temple.
Heure-Bleue est du coup inquiète de la mémoire infaillible de Merveille et commence à craindre une petite-fille aussi cinglée que feu son beau-père,  son époux et son fils…
Arrivés chez l’Ours, il nous a appris que la maîtresse lui avait dit que « Merveille est le moteur de la classe » puis  j’ai admiré le travail de mon fils qui s’est mis au bricolage.
Avec un certains talent je dois dire.
Lui qui me laissait craindre une visite à l’hôpital quand je le voyais avec un tournevis se débrouille sur le tard plutôt bien.
Comme son père préféré, alors qu’il se servait de sa cervelle mieux que de ses mains, il s’est mis au plaisir de voir quelque chose fait de ses mains.
Merveille m’a entraîné dans sa chambre pour m’apprendre plein de choses.
D’abord qu’elle était allée à Paris au Petit Palais.
Puis, déjà vaguement vexée que Mamie et Papy connaissent mieux qu’elle les dieux et déesses de la mythologie grecque, elle s’est mise en tête de m’apprendre la géométrie.
Alors que jusqu’ici j’avais droit à ses regards pleins d’amour, de malice, d’affection ou de désespoir selon ce que je disais ou faisais, j’ai eu pour la première fois un regard emprunt de respect.
Elle avait laissé tomber la mythologie pour être « maîtresse d’école ».
Et moi élève évidemment.
Elle m’a « appris » les figures géométriques.
Les quadrilatères d’abord. Heureuse que je lui en apprenne deux de plus dont le trapèze qui, selon elle « est très bien que j’aime beaucoup parce qu’on dirait une jupe » et le parallélogramme.
Puis les triangles.
- Là papy, c’est un triangle rectangle.
- Hmmm…
- Ça c’est un triangle isocèle, il a deux côtés égaux.
- Ouiii…
- Ça c’est un triangle équilatéral, il a…
- Trois côtés égaux.
- C’est bien papy, et ça c’est un triangle quelconque…
- Hmmm…
- La maîtresse a dit un autre mot aussi mais qu’on nous l’apprendrait plus tard.
- Scalène, un triangle scalène, Merveille.
- C’est ça !
Et là pour la première fois Merveille m’a regardé comme un être humain doté d’un cerveau.
J’ai été flatté…