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lundi, 21 mars 2016

Sur un air de Lakevio...

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Sur le dernier accord de la coda j’ai posé ma guitare sur la desserte et bu une gorgée de café.
C’est en reposant ma tasse que j’ai entendu le claquement des talons sur le trottoir.
J’ai regardé par la fenêtre.
C’est bien elle.
C’est bien son pas que j’ai reconnu.
Je le reconnaîtrais entre mille, depuis le temps que je l’entends.
Tous les soirs, quand je travaille à ma chanson, je suis distrait par son arrivée.
Je l’ai déjà vue souvent mais je n’ose pas l’aborder.
Pas encore.
Ce soir elle est cachée par un parapluie mais je vois bien son sac.
Je le pense trop lourd pour une épaule que j’ai toujours supputée délicate sous son vêtement.
L’éclairage crépusculaire de l’entrée de l’immeuble la fait sembler plus gracile encore.
Sa silhouette a quelque chose de Tippi Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie ».
La pluie accentue cette impression.
Je regarde encore un instant le balancement de ses hanches.
Qu’il est tentant…
Tant pis, je serai trempé mais c’est trop tentant je ne sais pas encore comment je vais faire mais je sens que cette fois ci, c’est elle.
Je ramasse mes clefs et me précipite.
C’est elle, ce sera elle.
La dernière, la vraie, la seule, j’en suis sûr.

dimanche, 20 mars 2016

Aujourd’hui, je ne fais pas le devoir de Lakevio.

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C’est en lisant une remarque d’une blogueuse qui passa au métro Anvers pour faire ce que fait souvent une autre blogueuse : Aller au Marché Saint-Pierre acheter de quoi coudre que m’est revenu quelque chose.
Ma mère m’y traînait aussi quand les blouses de mes sœurs avaient été retournées si souvent qu’elles tombaient en ruines.
En réalité, c'est quand mes sœurs commençaient à faire un peu trop souvent le faux mouvement qui arrachait une manche ou quand la perte d’un bouton occasionnait un tel accroc qu’il était urgent de faire quelque chose.
Ma mère donc, m’y traînait pour diverses raisons dont deux sont avérées.
La première était que pendant qu’elle me tenait par la main je ne faisais pas de bêtises.
La seconde était que je n’étais intéressé que par des choses dont nous savions elle et moi qu’il était hors de question qu’elle me les achetât.
Genre un vieux poste de radio, un autre « Petit chimiste » ou un vieux moteur électrique chez un réparateur de machines à coudre.
Le quartier, dès qu’on avait dépassé la place du Delta, lui semblait du dernier chic.
Tout semblait à ma mère « du dernier chic » dès qu’on n’y voyait presque plus « d’Arabes ».
Elle allait donc assez volontiers, quand il faisait beau et que l’envie, chez elle assez rare, de sortir la prenait, chercher du tissu au Marché Saint-Pierre.
Mieux, il lui arrivait même de se promener certains de ces dimanches avec nous et mon père.
Immanquablement, nous remontions les boulevards Ornano et Barbès, traversions le boulevard en arrivant au « Louxor Pathé » et allions en direction du Trianon.
Ces dimanches là, c’était parfait.
Au cas où une femme en mal d’enfant m’aurait enlevé, ma mère me tenait solidement tandis que mon père tenait ma sœur cadette et que ma grande sœur tentait de retenir la benjamine, toujours prompte à la fuite.
Un de ces dimanches, mon père décida de dérider ma mère, ce qui était une entreprise hasardeuse.
Elle en était encore à la détestation des « Arabes », pas encore à celle de « ces Noirs » qui la prendrait plus tard.
Ces derniers ne la dérangeaient donc pas outre mesure, d’autant qu’il y en avait peu dans notre quartier.
Ils venaient souvent le dimanche faire quelques achats sur le trottoir entre le métro Barbès-Rochechouart et la rue de Clignancourt.
Je me rappelle que ce dimanche là, mon père, qui avait selon le mot de Lakevio « le regard balayant » s’arrêta et dit à ma mère « regarde celui-là, ma poule ».
Un Noir grand comme un basketteur et épais comme un sandwich SNCF, choisissait un pantalon. Il en saisissait un, regardait où il tombait, en choisissait un autre.
Mon père dit :
- Tu vas voir, il va en vouloir deux et prendre le plus long.
- Mais non voyons !
- Si si, si les deux sont au même prix, il ne va prendre que le plus grand.
Il a eu raison.
Il n’aurait peut-être pas dû ajouter :
- C’est normal, ils reviennent de vacances…
- Et comment tu le sais ?
- Ben, ils sont bronzés et n’ont plus de sous !
- Rhooo ! Lemmy ! Ces pauvres gens tu exagères !
Elle ne pouvait s’empêcher d’ajouter
- Ce ne sont pas des Arabes quand même !

vendredi, 18 mars 2016

Voyage en terre inconnue.

On nous avait fait l’article pour un magasin, mon fils et quelqu’un d’autre sans compter les caddies qui empêchent de monter dans le bus tellement qu’y en a.
Un magasin paraît-il super-extra-midable pour les produits frais.
Avec des prix à coller une attaque à l’habitué de Monop’ tellement qu’y sont bas.
On a donc pris le bus pour aller dans une contrée au-delà de la Seine.
Pour tout dire, on a même changé de département.
Un département que c’est quasiment la province.
La province, c’est la banlieue de la banlieue…
On est arrivé dans un coin qui m’a rappelé mes jeunes années.
Le genre de coin qui fait dire à Ettore Scola « Le Christ s’est arrêté à éboulis. »
Le bled que tas par moment limpression que la deuxième guerre ne sest pas arrêtée il y a soixante dix ans mais il y a une semaine.
A peine descendu du bus, la lumière de mes jours à repéré un « Bar Café Tabac Presse » et m’a dit :
- Minou, tu vas me prendre Télérama ? S’il te plaît Minou…
Je ne résiste jamais quand c’est demandé comme ça.
J’ai eu l’impression qu’elle craignait d’entrer dans « un bistrot de voyous ».
J’ai donc obtempéré.
Si la clientèle était effectivement arabe –oui, je sait, on dit « d’origine magrébine »- le tenancier était lui issu de la blanche Cathay.
Quand j’ai demandé :
- Vous avez Télérama, s’il vous plaît ?
Il m’a semblé qu’en fait ils étaient tous de la Lune ou de Mars…
Le tenancier m’a regardé d’un air de dire « mais c’est pas une pharmacie, ici, mon gars ! »
Je suis donc ressorti, ai tendu le bras à Heure-Bleue et nous sommes repartis vers la contrée des produits frais de Cocagne.
Ça a commencé moyennement bien.
Si le temps était printanier à l’extérieur, il était polaire à l’intérieur.
Voyez vous, lectrices chéries, c’est le genre de boutique inverse du Monop’.
Au Monop’ tu entres froid, tu ressors chaud et interdit bancaire.
Là, tu entres chaud, tu ressors froid et ils ne prennent pas les chèques…
Bref, tu viens chercher des tomates, tu sors avec une pneumonie.
Après avoir parcouru des kilomètres d’allées dans un climat sibérien, on a vu que les prix étaient effectivement plus bas qu’ailleurs.
Et pour cause. Je m’étonne qu’ils vendent aux particuliers.
Si tu veux des ailes de poulets, c’est au minimum le carton de quarante-huit ailes.
Quoi que tu veuilles, c’est pour une famille genre ma grand’mère.
Elle avait fait neuf gosses dont ma mère.
Le directeur doit être chinois car on y trouve même du lard halal…
Bref, ce fut un voyage en terre inconnue, quasiment exotique.
La lumière de mes jours, habituée à ses coins de bourges, se demande encore si elle n’aurait pas dû se faire vacciner avant d’aller chercher nos courgettes…
Mais la promenade nous a bien plu quand même…

jeudi, 17 mars 2016

Et dire que les oiseaux vous les dites piafs…

De rien, Mab...
Vous avez vu ça, lectrices chéries ?
Il fait un temps splendide !
Il manque à peine une vingtaine de degrés pour que je puisse sortir habillé normalement.
Habillé normalement c’est tout simplement se sentir assez à l’aise pour penser à autre chose que rentrer la tête dans le col relevé d’un blouson doublé de « polaire » pour garder un peu de chaleur.
Ne plus être concentré si sérieusement sur la sensation de froid qui empêche de voir ce qu’il y a enfin d’intéressant quand le printemps arrive.
Vous savez ce qu’il y a d’intéressant quand le printemps arrive ?
Les arbres s’habillent et les filles se  déshabillent.
Bon, pas entièrement évidemment, les feuilles des arbres commencent à peine à apparaître et les habits à disparaître.
Mais c’est chouette.
J’attends avec impatience le moment où dans les jardins de Paris je pourrai de nouveau traîner.
Idiot que je suis j’allais écrire « arpenter » comme si j’allais me presser…
Oui, j’irai traîner dans ces squares dont Paris est si riche.
Je suis sûr que je retrouverai cette sensation délicieuse, assis sur un banc, abrité du soleil par des frondaisons largement trouées.
Quasiment avachi comme un môme de moins de vingt ans, les yeux mi-clos, regardant le bleu du ciel.
Mais si lectrices chéries, rappelez vous comme c’est. Imaginez vous assises sur votre banc, les jambes allongées, les talons dans le sable de l’allée, le trou dans le feuillage vous laisse voir le bleu du ciel, un nuage passe.
Vous fermez les yeux et attendez.
Quand le nuage disparaît, une vaguelette d’air tiède vient vous caresser le visage, un peu comme une main douce.
C’est super.
Enfin j’aime.
Et puis, Lilas m’a ramené ce matin à ces printemps plus anciens.
Ceux où parfois, assis dans un de ces jardins, j’ai eu le nez dérangé par l’odeur forte du haschich.
Mon instant de bonheur gâché par un fumeur idiot, le pire, celui qui croit masquer l’odeur du « chichon » à grand renfort de patchouli.
Cette odeur de patchouli qui attire le pandore comme le CRS attire le pavé…
Je ne sais pourquoi, aujourd’hui comme hier, mes pérégrinations me ramènent toujours dans ce coin de Paris, quadrilatère bizarre délimité par les stations Strasbourg-Saint-Denis, Barbès Rochechouart, Opéra et Lamarck-Caulaincourt.
Heure-Bleue prétend qu’il n’y a de verdure que dans le XVIIème.
Je sais bien que non, j’ai erré dans tous les squares de mon coin.
Et celui-ci est mon préféré :

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mercredi, 16 mars 2016

Certains l’aiment show…

I love Nanard.jpg

Lundi, j’ai suivi la lumière de mes jours au cinéma.
On a vu « Merci patron ».
C’était assez drôle.
Il y a évidemment ces séquences qui vont à l’encontre du but visé et tuent dans l’œuf ce qu’on pouvait admettre au départ.
Je suis navré, lectrices chéries, mais c’est le genre de choses que je remarque.
C’est comme ça.
Notamment, une séquence ou le pauvre homme réduit à la misère par les décisions de Nanard est dans une telle dèche qu’il se laisse aller à dire, poussé par les crampes d’estomac,
 « le mec qu’arrive pas à s’en tirer avec quinze cents €uros par mois, j’y fous un pain, quand j’pense qu’y en a qui s’plaignent avec des trois mille €uros par mois… »
Ça, si ce n’est pas encourager les chefs d’entreprises à limiter les salaires à un RMI et demi pour quarante heures hebdomadaires, histoire d’apprendre au salarié les qualités de la frugalité…
Comme dit Heure-Bleue, c’est « un film militant ».
Il atteint quand même son but.
Il l’atteint même plus que prévu car, en admettant que le film soit réalisé quelle que soit l’issue du combat, Nanard sort perdant.
J’en ai retiré néanmoins l’impression que l’on ne se pose pas les bonnes questions quand on est « sévèrement thuné ».
Quand on y réfléchit un peu, c’est vrai que dans l’esprit du riche, le pauvre est c…
La preuve, tu lui donnes du pognon, au pauvre, il le dépense.
Et c’est la qu’on voit que le riche n’a pas plus de jugeote que le pauvre.
Soit il est malade et fait partie de ceux qui ont un rapport toxicomaniaque au pognon et là, c’est comme un cheval qui s’est cassé une patte, faut l’abattre.
Parce que là, le riche, il en est resté à ce fameux « stade anal », assez mal nommé en somme puisqu’au bout du compte, c’est le pauvre qui l’a dans le cul.
Ou bien le riche est simplement c… parce qu’il aurait pu se rendre compte que si les pauvres dépensent l’argent dès qu’ils en ont, ce blé retourne donc illico dans la poche du riche.
À moins bien sûr que le riche ne soit le cul entre deux chaises, partagé qu’il est entre l’appât du gain et la peur de perdre des sous.
Car n’oublions pas qu’il y a un risque.
Celui que l’argent difficilement lâché par un riche n’arrive dans la poche d’un autre riche.
Celui avec lequel il se bat pour gagner une place dans le classement Forbes.
Nous sommes menés par des gamins nerveux, paniquards et irresponsables qui mènent des guerres de cour de maternelle avec de gros moyens intellectuels et financiers.
Le pire, je vais vous dire, lectrices chéries, c’est qu’il est vrai que pour embaucher, les entreprises doivent avoir des commandes.
Manque de pot, pour avoir des commandes, il faut des clients.
Et pour que les gens soient des clients, il faut qu’ils aient de la thune.
Et les gens ont de la thune quand ils ont un boulot et que les entreprises les paient.
Il est désolant de constater que la « tantine » dont parlait Berthoise ici avait raison de dire « on en arrive à importer des produits fabriqués par des esclaves pour les vendre à des chômeurs ».
Bref, comme disait Ionesco :
«  Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux »…