lundi, 30 novembre 2015
Petite musique d'ennui...
Célestine a laissé il y a quelques jours un commentaire, gentil certes, mais pas si fondé que ça.
Oui, elle a écrit, à propos de soupe et de gâteau aux pommes « C’est simple, le bonheur… »
Ah tu crois ça, Célestine !?
Eh ben non !
Faut avoir des dispositions !
Ça ne tombe pas tout cuit !
Même à thermostat 8 avec des pommes et tout ça.
Non, non, non, Célestine !
Le bonheur, c’est un boulot de Romain !
D’abord faut y croire quand même un peu.
Et rien qu’à regarder autour de soi, c’est pas gagné d’avance.
Madame Louise de Vilmorin qui était du genre à plaisanter avec les mots et peu branchée choses sérieuses s’était pour une fois mêlée d’un sujet particulièrement ardu et controversé.
Justement, le bonheur…
Un jour où j’étais disposé à écouter autre chose que France Musique à la radio, j’avais écouté cette vieille dame avec intérêt.
Oui, quand on a moins de vingt ans, tout le monde est vieux à partir de vingt-sept ans.
Bien évidemment j’en avais déduit qu’elle ne savait pas de quoi elle parlait.
Que la vieillesse n’arrangeait personne et que si ça pouvait arriver le plus tard possible ce serait parfait.
Histoire de mourir jeune et plein d’allant mais avec plein d’années au compteur…
Elle donc, qui avançait dans la vie la jambe légère et le porte-monnaie lourd avait affirmé crûment que « le bonheur n’est pas tant une question de fortune qu’une disposition de l’âme ».
Avec l’innocence mais surtout les poches plates de mes dix-huit ans, j’avais bougonné « on voit bien que t’as pas de crises de nerf de la guerre, pffff ! »
Des années plus tard et persuadé qu’avec ça j’étais devenu expérimenté, je me suis dit que la question de fortune se pose surtout quand on manque d’argent mais que le bonheur pouvait ne tenir qu’à peu de choses.
Et je fais bien.
Parce qu’avec ce que ma retraite est devenue après la brillante idée de Balladur pour en diminuer le coût et les modifications législatives qui ont suivi, je fais aussi bien de m’accommoder de la pensée de madame Louise de Vilmorin…
Je sais, je parle d’argent.
Comme d’autres parlent d’amour ou d’honneur.
Que voulez-vous, lectrices chéries, comme disait Surcouf « Chacun se bat pour ce qui lui manque… »
10:22 | Commentaires (9)
dimanche, 29 novembre 2015
De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace !
Vous allez voir, lectrices chéries, que Danton savait sûrement que votre serviteur ferait avancer la cause du féminisme et de la maternité dans les siècles futurs.
Pour remonter un moral défaillant après toutes ces morts et le prix désolant des funérailles, j’ai pensé ce matin aux petits enfants.
Si adorables et parfois si chiants.
C’est d’ailleurs ce dernier aspect qui m’a donné le sujet de ma note…
P’tite Sœur, vous le savez maintenant, a été équipée depuis peu d’un pot de chambre.
Aussi fainéante que son grand-père, elle préfère déféquer dans les doigts de Manou plutôt que dans le pot.
Elle s’y assoit un moment puis passe à autre chose, le laissant vide et attendant d'être de nouveau dans une couche pour s’y soulager.
Un appel de l’Ours, qui m’a passé P’tite Sœur qui aime beaucoup faire bisquer Heure-Bleue en lui disant « Papyyyy !!! » plutôt que « Mamiiiiie !!! » m’a donné une idée.
De ces cogitations intenses est enfin sortie l’idée, que dis-je, la lumière qui illuminera désormais les yeux de toutes les mères au jour de la diffusion de ce joyau de la pensée.
Je ne vole pas ici au secours de la veuve qui normalement, suivant en cela les canons de la morale judéo-chrétienne, n’est pas censée procréer, ni de l’orphelin qui n’est, par essence, pas en position d’emmerder sa mère.
Non, je viens ici soulager la peine, l’exaspération - et parfois l’envie d’utiliser la batte de base-ball - qui peuvent saisir chaque mère ouvrant la couche du petit et tremblant à l’idée d’y découvrir le truc épouvantable, qui sent mauvais et qui, par la faute de Newton, a une fâcheuse tendance à s’étaler sur la moquette gris clair avant d’avoir atteint le réceptacle adéquat.
Eh bien mesdames, mes neurones, une intense réflexion et quelques décennies de mariage hétérosexuel m’ont donné une idée assez précise de la solution.
Au lieu d’emmailloter cruellement ces bébés et il suffisait d’y penser, pourquoi ne pas adapter la célèbre invention du docteur Haas en 1931 ?
L’utilisation ? Extrêmement simple ! Je vous laisse imaginer l’installation du dispositif et ne m’attacherai qu’à démontrer l’efficacité de la chose dans son aspect le plus pratique.
En effet, au moment délicat du change, toujours riche en surprise, au lieu de mettre un nourrisson piaillant sur une tablette en plastique froid qui fait tressauter le bébé, suivre la démarche suivante :
- Prendre le bébé.
- Le présenter, fesses en avant, au dessus du siège des toilettes.
- Tirer la ficelle qui sort des fesses.
- Presser fermement le ventre du bébé pour le vider.
- Nettoyer.
Hop ! C’est fini.
N’est-ce pas une belle utilisation du Tampax ?
Bon, je ne sens pas l’acceptation franche et massive du dispositif.
Oui, l’innovation est toujours considérée avec suspicion voire carrément vue d’un sale œil en matière de puériculture...
J’attendrai que les unes et les autres soient partis de la maison pour essayer.
Si ça marche, je pourrais toujours me vanter.
Sinon, je me tais et profite lâchement que P’Tite Sœur n’est pas toujours compréhensible.
Sauf par Merveille, dont la notion du secret est plutôt lâche, qu’il me faudra donc dûment chapitrer…
10:17 | Commentaires (13)
samedi, 28 novembre 2015
Les bignoles de l’info.
Hier, nous avons entendu notre Président, ému, rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre.
Nous l’avons entendu environ neuf fois.
Pleine d’à propos, Heure-Bleue m’a fait remarquer, vers la septième fois car la neuvième fois nous étions à table :
- Minou, faut pas laisser aux enfants l’addition de notre enterrement !
- Eh ! On n’est pas mort !
- Oui mais quand même…
- Tu sais que si on croise des fondus de la kalach’ ou de la ceinture d’explosifs, on n’a pas à s’en faire.
- Ah tu trouves ?
- Ben oui, là c’est l’Etat qui prend en charge les frais…
Mais elle a insisté.
On a papoté sur la meilleure façon de finir, à part être immortels, et avons conclu que brûlés et nos cendres dispersées sur la Seine depuis le pont de l’Archevêché, ce serait parfait.
Pas d’enterrement, pas de risque de finir dans un aspirateur un jour de grand ménage, tout ça.
Bref, impeccable.
Alors j’ai cherché sur le Web.
Et il en va du commerce comme du Français de base, celui qui montrera plus volontiers ses fesses que sa feuille de paie.
Pas moyen d’avoir un prix. Alors j’ai ouvert un mail de circonstance et rempli, sans illusion aucune, un formulaire..
Sur lequel, la seule chose exacte rapportée était la commune de résidence.
Je me suis appelé Dupont et ai donné un numéro de téléphone bidon.
Je ne suis pas un malade du secret mais pour m’être fait avoir par moult mutuelles qui m’ont assailli de coups de téléphone pour essayer de me vendre des souscriptions qui ne rembourseraient pas grand-chose mais avec d’excellentes raisons pour me prendre des sous, je suis devenu prudent.
Ce matin, j’ai donc reçu une réponse qui m’avertissait que le numéro communiqué était vraisemblablement erroné et que ça empêchait de me donner les renseignements demandés.
Comme la Camille qui avait signé le mail savait écrire, je me suis demandé si par hasard elle ne se foutait pas de moi.
Alors j’ai répondu à son mail le plus civilement du monde.
« Salut Camille,
Ce n’est pas une erreur.
C’est ce que je fais depuis que j’ai constaté qu’il est impossible, contrairement à ce qui est prétendu sur les sites proposant des services tels les vôtres, d’obtenir ne serait-ce qu’un ordre d’idée du prix d’un enterrement.
Chaque fois que j’ai communiqué mon numéro, j’ai été assailli de coups de téléphone qui n’étaient que d’ordre commercial, tout juste si on ne m’enjoignait pas de mourir sur le champ pour toucher plus vite le prix du cercueil.
Vous comprendrez donc que si je remplis un formulaire qui commence par « comparez maintenant » je sois devenu prudent.
Sinon je vais devoir recharger mon portable quatre fois par jour.
S’il vous est difficile de me dire combien coûtent :
- La mise en bière d’un corps de 75 kg, hors prix de l’emplacement alors que vous connaissez la commune où il doit reposer en paix.
- D’ajouter les prix des différents services que vous proposez.
Alors je suis inquiet, légitimement inquiet.
J’ai bien peur de finir dans un sac poubelle et jeté dans une décharge sauvage.
Ça ne me dérangerait pas plus que ça mais c’est l’idée que vous factureriez à mes enfants le prix d’un enterrement pour ça qui me chagrine un peu.
Je suis sûr, Camille, que vous me comprenez.
Cordialement
Le Goût. »
J’adore commencer une journée comme ça, avec quelque chose à faire.
Comme embêter mon prochain.
09:36 | Commentaires (22)
vendredi, 27 novembre 2015
La minute de licence.
Malgré les fautes d'orthographe, je trouve la question du grafitti assez fondée...
Et non non non, lectrices chéries, je ne vais pas vous raconter de cochoncetés.
Pas du tout, bien trop bégueule pour aborder crûment le sujet.
Chuis délicat, moi…
Donc, ce matin, j’ai pensé à quelque chose.
Oui, je suis comme ça, j’ouvre les yeux vers six heures et demie et je pense à des choses.
Bon, en fait je pense surtout à aller faire pipi et j’hésite à sortir du lit.
Heure-Bleue me colle car elle ouvre les fenêtres le soir et elle n’a pas très chaud le matin alors j’en profite.
Je sais que quand je me glisserai hors du lit je vais peler de froid mais comme je n’ai plus de couches Pampers depuis longtemps et pas de couches Confiance avant longtemps j’espère, hein…
Je pensais donc à des trucs en hésitant longuement.
Et quels trucs...
La journée de deuil aux Invalides prévue aujourd'hui m’a traversé l’esprit.
Et le doute s’est instillé doucement dans mon esprit.
Sur les motivations réelles de la gent politique, depuis quelques jours elle semble manifestement plus inquiète de son avenir électoral que du soutien à apporter aux survivants endeuillés.
Sur l’intelligence toute relative de gens qui disent ne pas aimer la vie, la liberté, le plaisir et autres petites choses qui rendent le monde agréable.
Plein de cette sagesse qui fait le charme de celui qui a certes la tête dans les nuages mais les pieds sur terre, je me suis dit, dans un de ces élans philosophiques qui me prennent avant d’aller aux toilettes « mais bon sang ! S’ils n’aiment pas la vie, qu’ils se tuent et qu’on n’en parle plus ! »
Et c’est là qu’on repère deux choses qui me semblent importantes.
D’abord que ces faux dévots sont quand même de fieffés hypocrites, qui se gardent bien de mourir eux-mêmes mais envoient des idiots malheureux et anencéphales mourir à leur place.
Pire, ils sont même sacrilèges car le meurtre n’est pas une activité franchement autorisée et supprimer l’œuvre de dieu n’est pas encouragé par les Écritures.
Pas plus que le suicide de ceux censés les respecter au pied de la lettre.
Du coup, dans un de ces accès de lucidité qui m’assaillent parfois je me dis, mal élevé que je suis « P… ! Si dieu existait, moi, à sa place, je serais plutôt vexé d’être adoré, loué et révéré par des gens aussi cons ! »
Vous ne croyez pas, lectrices chéries ?
10:16 | Commentaires (12)
jeudi, 26 novembre 2015
Je ferai du beau avec du lait.
Ça faisait deux jours.
Le suspense devenait insupportable.
Chaque repas me voyait inquiet, attendant que se produise l’évènement qui confirmerait l’inéluctable.
L’évènement qui prouverait que, malgré la mode « complotiste » qui remet ces temps-ci en cause les choses les plus établies, il en est d’irréfutables.
Ce soir enfin, l’attendu se produisit.
Lectrices chéries, vous ai-je déjà parlé d’un pull bleu layette ?
Mais si, rappelez vous.
Ce pull qu’Heure-Bleue adore mais ne peut habituellement porter plus de deux heures.
Eh bien, malgré les louvoiements du sort.
Malgré la prudence d’Heure-Bleue.
L’attendu autant que prévisible s’est produit.
Rond.
Un cercle presque parfait.
La marque de la destinée inéluctable.
Sa texture ?
Douce, soyeuse.
Sa composition ?
Du beurre.
Du vrai, du fondu, du qui adoucit la soupe déjà somptueuse de la lumière de mes jours.
Et placé… Holààà… Pfiouuu… Une merveille.
Ce pull bleu layette, dit « pull à taches » est un pull à col « en V ».
Où donc croyez vous lectrices chéries, qu’atterrit cette gouttelette ?
Pile sous la pointe du col.
On eut dit une broderie, faite toute exprès pour souligner la vocation du pull.
Que dis-je, la vocation, son destin irrévocable.
Tout de même, les fondements d’un univers que je pensais stable, gouverné par des lois de la physique que je pensais inébranlables, viennent de trembler.
C’est la première fois depuis des années que je vois ce pull rester immaculé plus de deux heures.
Au soir du troisième jour, le fait nous ramenant à la normalité se produisit enfin.
Mais trois jours, lectrices chéries, trois jours...
Si les vérités les plus solidement établies font défaut, je vous le dis, les temps sont venus.
Moi qui pensais que l’eschatologie était un truc de gogos lancé par Saint Jean un jour où il avait le moral dans les chaussettes…
Je vais devoir me plonger dans la lecture de ses exégètes.
Oh pis non ! J’ai quand même un gâteau à faire pour Marie-Madeleine.
09:26 | Commentaires (12)