mercredi, 02 décembre 2015
La coupe des vices est pleine…
Je viens d’éteindre la radio.
Je suis triste parce que je viens de me faire engueuler par Julien Dray.
Ce type, qui n’est pourtant pas né de la dernière pluie, vient de découvrir avec stupeur que la démocratie serait tellement mieux si on n’était pas emmerdé par le peuple.
Nous sommes de dangereux enfants capricieux qui nous jetons sans faire attention dans les bras du FN.
Chaque auditeur qui a eu la chance de pouvoir poser une question à Juju s’est vu rembarrer sèchement ou opposer le discours parfaitement rôdé de celui qui a l’habitude de répondre hors sujet...
A l’un d’eux qui lui avait dit que depuis qu’il votait, il n’avait pas remarqué de changement dans sa vie, notre Juju a rétorqué « On a quand même supprimé la peine de mort ! »
C’est vrai, et c’est un grand pas vers la civilisation que s’apercevoir brutalement que la société civilisée punit les criminels en coupant en deux un homme vivant et abandonner la méthode.
Cela dit, comme nous ne sommes ni en Chine ni en Arabie saoudite, ça concerne assez peu de monde.
Beaucoup moins en tout cas que le chômage ou l’état d’urgence qu’un autre nabot hargneux voudrait déjà voir prolongé de trois mois alors qu’il y a deux semaines il était déjà passé de deux semaines à trois mois.
Si on ne voulait pas voir le FN arriver en tête, je voyais bien au moins deux méthodes.
La première consistait à faire comme Marcellin : Alors que le mouvement où le papy borgne s’agitait n’était encore connu que comme « Ordre Nouveau », il fut interdit.
Son rejeton politique, le FN, se cantonna à 1,3% en 1973.
S’effondra à 0,29% en 1978 et à 0,18% en 1981.
Grâce à Tonton, qui nous grugea efficacement et dont le souci principal était de diviser la droite, ce même FN passa d’un coup à 9,66% en 1986 soit 5300% de hausse en cinq ans...
Bref, Juju m’a engueulé en me disant que tout ça c’était ma faute et que le plus important n’était pas mon sort mais d’éviter que le Front National ne parvienne au pouvoir.
A son ton, j’ai bien compris que ce qui l’inquiétait le plus c’était que lui n’y soit plus…
Je ne voterai pas pour un Le Pen, que ce soit le papy, sa fille ou sa petite fille.
Je sais que les extrêmes sont l’expression des protestations des citoyens qui oublient régulièrement que les extrêmes, de quelque bord qu’ils soient, traînent toujours leur cortège d’arrestations arbitraires, de détention sans jugement, de délits d’opinion, de discriminations ethniques et religieuses.
Et ça finit chaque fois par la création de milices qui « bavurent » tranquillement pour assurer « la sécurité du bon Français face aux traîtres du parti de l’étranger ».
Une dame éminente, juriste internationalement reconnue pour sa vision et professeur au Collège de France, madame Mireille Delmas-Marty, remarquait il y a peu, en réponse au souhait d’extension de l’état d’urgence « Le risque est, au motif des défendre nos valeurs humanistes, de les mettre en danger. » et ajoutait « Je crains que l’état d’urgence, d’exceptionnel, ne devienne la règle. »
Et tout ça ne me dit pas pour qui voter ce mois ci.
Des escrocs, des menteurs ou des barbares ?
10:31 | Commentaires (9)
mardi, 01 décembre 2015
Aaaahhh... Se remplumer quand ton époux l’est.
Vous savez toutes, lectrices chéries, que je passe mes jours auprès de celle qui éclaire mon chemin le jour et me fiche des coups de pieds la nuit.
Les jours passent et ne se ressemblent pas.
Enfin, pas souvent.
C’est ce qui en fait le charme.
La lumière de mes jours, justement rend mes journées variées.
Parfois de façon surprenante alors que le point soulevé ne date pas d’hier.
Pour son dîner, j’avais concocté une fondue de poireaux, que j’avais tentée avec succès à la fois fondante, goûteuse et sans crème fraîche.
Oui, Heure-Bleue à l’estomac moins neuf que l’esprit, esquinté qu’il est par des médications corrosives.
Pour accompagner cette fondue de poireaux, j’avais préparé des ailes de poulet légèrement revenues avec un oignon puis le tout déglacé avec un verre d’eau et touillé à feu doux pour dégager les sucs qui permettent de tirer de ce mets assez simple la sauce à la fois bonne et digeste qui accompagnera les poireaux et les ailes.
Je m’étais quant à moi contenté de me préparer des « torti » cuites « al dente », que je comptais bien agrémenter d’une bête tranche de jambon.
Il y a des jours, comme ça, où je suis d’humeur frugale.
La lumière de mes jours et moi papotions pendant que je faisais le service de hors d’œuvre.
Je lui servis une petite tranche de saumon fumé et pendant que je me servais la mienne, je vis arriver dans mon assiette un petit triangle grisâtre.
C’est évidemment juste après l’atterrissage que j’entendis :
- Minou, tu veux bien ? J’aime pas le truc noir du saumon…
Qu’aurais-je pu dire ?
Surtout après avoir entendu tous les malheurs qui pendaient au nez des Mauriciens qui jusqu’aujourd’hui étaient ravis d’avoir la mer sur leur pas de porte…
J’ai donc acquiescé et écouté ma douce moitié dire, avalant le dernier petit morceau de saumon :
- Tu sais, j’y pensais…
- Hon hon…
- Il n’y a pas que la cortisone, quand même…
Je lui ai servi la fondue de poireaux, deux ailes de moineau –c’était vraiment un tout petit poulet…- et agrémenté le tout de la sauce.
- Oui ma Mine ?
- Bon, Minou…
A-t-elle commencé alors que je levais la cuiller pour me servir de pâtes.
- Oui, Minou, en fait, il n’y a pas que la cortisone, tu sais, pour la pétasse de l’autre jour.
La chose m’était sortie de l’esprit alors j’attendis.
C’est là que j’ai failli tomber de ma chaise et verser les pâtes à côté de la table.
- Oui, Minou, en fait je crois que je n’ai jamais eu un caractère très facile…
Je n’ai pas pensé, sur le coup à répondre « Tu peux me l’écrire, ça ? »
Et j’ai bien fait.
Oui, lectrices chéries, on avait eu pendant les plus de quarante années précédentes suffisamment d’accrochages pour ne pas en essuyer un autre…
09:52 | Commentaires (10)
lundi, 30 novembre 2015
Petite musique d'ennui...
Célestine a laissé il y a quelques jours un commentaire, gentil certes, mais pas si fondé que ça.
Oui, elle a écrit, à propos de soupe et de gâteau aux pommes « C’est simple, le bonheur… »
Ah tu crois ça, Célestine !?
Eh ben non !
Faut avoir des dispositions !
Ça ne tombe pas tout cuit !
Même à thermostat 8 avec des pommes et tout ça.
Non, non, non, Célestine !
Le bonheur, c’est un boulot de Romain !
D’abord faut y croire quand même un peu.
Et rien qu’à regarder autour de soi, c’est pas gagné d’avance.
Madame Louise de Vilmorin qui était du genre à plaisanter avec les mots et peu branchée choses sérieuses s’était pour une fois mêlée d’un sujet particulièrement ardu et controversé.
Justement, le bonheur…
Un jour où j’étais disposé à écouter autre chose que France Musique à la radio, j’avais écouté cette vieille dame avec intérêt.
Oui, quand on a moins de vingt ans, tout le monde est vieux à partir de vingt-sept ans.
Bien évidemment j’en avais déduit qu’elle ne savait pas de quoi elle parlait.
Que la vieillesse n’arrangeait personne et que si ça pouvait arriver le plus tard possible ce serait parfait.
Histoire de mourir jeune et plein d’allant mais avec plein d’années au compteur…
Elle donc, qui avançait dans la vie la jambe légère et le porte-monnaie lourd avait affirmé crûment que « le bonheur n’est pas tant une question de fortune qu’une disposition de l’âme ».
Avec l’innocence mais surtout les poches plates de mes dix-huit ans, j’avais bougonné « on voit bien que t’as pas de crises de nerf de la guerre, pffff ! »
Des années plus tard et persuadé qu’avec ça j’étais devenu expérimenté, je me suis dit que la question de fortune se pose surtout quand on manque d’argent mais que le bonheur pouvait ne tenir qu’à peu de choses.
Et je fais bien.
Parce qu’avec ce que ma retraite est devenue après la brillante idée de Balladur pour en diminuer le coût et les modifications législatives qui ont suivi, je fais aussi bien de m’accommoder de la pensée de madame Louise de Vilmorin…
Je sais, je parle d’argent.
Comme d’autres parlent d’amour ou d’honneur.
Que voulez-vous, lectrices chéries, comme disait Surcouf « Chacun se bat pour ce qui lui manque… »
10:22 | Commentaires (9)
dimanche, 29 novembre 2015
De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace !
Vous allez voir, lectrices chéries, que Danton savait sûrement que votre serviteur ferait avancer la cause du féminisme et de la maternité dans les siècles futurs.
Pour remonter un moral défaillant après toutes ces morts et le prix désolant des funérailles, j’ai pensé ce matin aux petits enfants.
Si adorables et parfois si chiants.
C’est d’ailleurs ce dernier aspect qui m’a donné le sujet de ma note…
P’tite Sœur, vous le savez maintenant, a été équipée depuis peu d’un pot de chambre.
Aussi fainéante que son grand-père, elle préfère déféquer dans les doigts de Manou plutôt que dans le pot.
Elle s’y assoit un moment puis passe à autre chose, le laissant vide et attendant d'être de nouveau dans une couche pour s’y soulager.
Un appel de l’Ours, qui m’a passé P’tite Sœur qui aime beaucoup faire bisquer Heure-Bleue en lui disant « Papyyyy !!! » plutôt que « Mamiiiiie !!! » m’a donné une idée.
De ces cogitations intenses est enfin sortie l’idée, que dis-je, la lumière qui illuminera désormais les yeux de toutes les mères au jour de la diffusion de ce joyau de la pensée.
Je ne vole pas ici au secours de la veuve qui normalement, suivant en cela les canons de la morale judéo-chrétienne, n’est pas censée procréer, ni de l’orphelin qui n’est, par essence, pas en position d’emmerder sa mère.
Non, je viens ici soulager la peine, l’exaspération - et parfois l’envie d’utiliser la batte de base-ball - qui peuvent saisir chaque mère ouvrant la couche du petit et tremblant à l’idée d’y découvrir le truc épouvantable, qui sent mauvais et qui, par la faute de Newton, a une fâcheuse tendance à s’étaler sur la moquette gris clair avant d’avoir atteint le réceptacle adéquat.
Eh bien mesdames, mes neurones, une intense réflexion et quelques décennies de mariage hétérosexuel m’ont donné une idée assez précise de la solution.
Au lieu d’emmailloter cruellement ces bébés et il suffisait d’y penser, pourquoi ne pas adapter la célèbre invention du docteur Haas en 1931 ?
L’utilisation ? Extrêmement simple ! Je vous laisse imaginer l’installation du dispositif et ne m’attacherai qu’à démontrer l’efficacité de la chose dans son aspect le plus pratique.
En effet, au moment délicat du change, toujours riche en surprise, au lieu de mettre un nourrisson piaillant sur une tablette en plastique froid qui fait tressauter le bébé, suivre la démarche suivante :
- Prendre le bébé.
- Le présenter, fesses en avant, au dessus du siège des toilettes.
- Tirer la ficelle qui sort des fesses.
- Presser fermement le ventre du bébé pour le vider.
- Nettoyer.
Hop ! C’est fini.
N’est-ce pas une belle utilisation du Tampax ?
Bon, je ne sens pas l’acceptation franche et massive du dispositif.
Oui, l’innovation est toujours considérée avec suspicion voire carrément vue d’un sale œil en matière de puériculture...
J’attendrai que les unes et les autres soient partis de la maison pour essayer.
Si ça marche, je pourrais toujours me vanter.
Sinon, je me tais et profite lâchement que P’Tite Sœur n’est pas toujours compréhensible.
Sauf par Merveille, dont la notion du secret est plutôt lâche, qu’il me faudra donc dûment chapitrer…
10:17 | Commentaires (13)
samedi, 28 novembre 2015
Les bignoles de l’info.
Hier, nous avons entendu notre Président, ému, rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre.
Nous l’avons entendu environ neuf fois.
Pleine d’à propos, Heure-Bleue m’a fait remarquer, vers la septième fois car la neuvième fois nous étions à table :
- Minou, faut pas laisser aux enfants l’addition de notre enterrement !
- Eh ! On n’est pas mort !
- Oui mais quand même…
- Tu sais que si on croise des fondus de la kalach’ ou de la ceinture d’explosifs, on n’a pas à s’en faire.
- Ah tu trouves ?
- Ben oui, là c’est l’Etat qui prend en charge les frais…
Mais elle a insisté.
On a papoté sur la meilleure façon de finir, à part être immortels, et avons conclu que brûlés et nos cendres dispersées sur la Seine depuis le pont de l’Archevêché, ce serait parfait.
Pas d’enterrement, pas de risque de finir dans un aspirateur un jour de grand ménage, tout ça.
Bref, impeccable.
Alors j’ai cherché sur le Web.
Et il en va du commerce comme du Français de base, celui qui montrera plus volontiers ses fesses que sa feuille de paie.
Pas moyen d’avoir un prix. Alors j’ai ouvert un mail de circonstance et rempli, sans illusion aucune, un formulaire..
Sur lequel, la seule chose exacte rapportée était la commune de résidence.
Je me suis appelé Dupont et ai donné un numéro de téléphone bidon.
Je ne suis pas un malade du secret mais pour m’être fait avoir par moult mutuelles qui m’ont assailli de coups de téléphone pour essayer de me vendre des souscriptions qui ne rembourseraient pas grand-chose mais avec d’excellentes raisons pour me prendre des sous, je suis devenu prudent.
Ce matin, j’ai donc reçu une réponse qui m’avertissait que le numéro communiqué était vraisemblablement erroné et que ça empêchait de me donner les renseignements demandés.
Comme la Camille qui avait signé le mail savait écrire, je me suis demandé si par hasard elle ne se foutait pas de moi.
Alors j’ai répondu à son mail le plus civilement du monde.
« Salut Camille,
Ce n’est pas une erreur.
C’est ce que je fais depuis que j’ai constaté qu’il est impossible, contrairement à ce qui est prétendu sur les sites proposant des services tels les vôtres, d’obtenir ne serait-ce qu’un ordre d’idée du prix d’un enterrement.
Chaque fois que j’ai communiqué mon numéro, j’ai été assailli de coups de téléphone qui n’étaient que d’ordre commercial, tout juste si on ne m’enjoignait pas de mourir sur le champ pour toucher plus vite le prix du cercueil.
Vous comprendrez donc que si je remplis un formulaire qui commence par « comparez maintenant » je sois devenu prudent.
Sinon je vais devoir recharger mon portable quatre fois par jour.
S’il vous est difficile de me dire combien coûtent :
- La mise en bière d’un corps de 75 kg, hors prix de l’emplacement alors que vous connaissez la commune où il doit reposer en paix.
- D’ajouter les prix des différents services que vous proposez.
Alors je suis inquiet, légitimement inquiet.
J’ai bien peur de finir dans un sac poubelle et jeté dans une décharge sauvage.
Ça ne me dérangerait pas plus que ça mais c’est l’idée que vous factureriez à mes enfants le prix d’un enterrement pour ça qui me chagrine un peu.
Je suis sûr, Camille, que vous me comprenez.
Cordialement
Le Goût. »
J’adore commencer une journée comme ça, avec quelque chose à faire.
Comme embêter mon prochain.
09:36 | Commentaires (22)