dimanche, 15 novembre 2015
Le beur fondu est mauvais pour la santé.
Heure-Bleue et moi avons eu du mal, non avec les transports qui se sont révélés particulièrement confortables et rapides, mais avec le but à atteindre.
Ça roulait super bien, s’il n’y avait eu la température, on se serait cru un 15 août…
J’ai fini par appeler Imaginer qui avait prévu d’aller dans un cinéma qui venait de fermer.
Comme nous avions prévu d’aller dans un magasin qui venait de fermer, ça allait.
Nous avons papoté quelques heures.
Oui, quand nous rencontrons des gens, je ne sais pourquoi, ça dure des heures.
Pensez un peu, si en plus je pouvais en placer une…
Quand notre café fut froid et son Coca tiède, nous sommes allés à la Fnac en face.
Imaginer a trouvé ses embout Apple et trois bouquins.
Heure-Bleue a trouvé trois bouquins.
Je n’ai trouvé ni mon bouquin ni le temps long.
J’ai incidemment appris qu’Heure-Bleue n’avait pas été plus sage que moi et que la prochaine fois qu’elle me jetterait un truc à la figure, je lui enverrai un truc aussi.
En sortant, j’ai traversé la rue pour trouver les sardines, le beurre et le pain.
Je n’ai trouvé que des ersatz…
Le « pain rustique » de Kaiser est bon mais, grillé il ne vaut pas la baguette Huré.
Les sardines venaient de Ré mais ne valent pas « La Guildive ».
Le beurre demi-sel était bon mais ne valait pas le beurre Bordier.
Monoprix, même celui de la place des Ternes, n’est pas « La Grande Epicerie »…
Nous rentrés lentement en passant avenue Niel.
J’en ai profité pour acheter deux éclairs.
Ils étaient rassis.
Arrivés Porte de Champerret, le bus nous attendait, quasiment vide.
Deux Arabes étaient assis, à leurs pieds deux paquets.
Chaque fois que quelqu’un montait, les deux hommes n’étaient pas rassurés…
La circulation était si fluide que nous sommes arrivés à la maison pile poil à l’heure de préparer le dîner.
J’ai fait griller du pain.
Je l’ai laissé refroidir avant d’y étaler une couche de beurre demi-sel.
Puis, après avoir égoutté les sardines, en ai posé une sur une tranche de pain que j’ai tendue à Heure-Bleue.
J’ai eu droit à un regard plein de reconnaissance.
Un de ces regards qu’habituellement ce n’est pas à table qu’on croise…
Ce fut une journée qui prouve qu’il ne faut pas se laisser abattre par l’adversité.
Sinon, autant sortir du berceau pour aller s’allonger dans un cercueil.
Ils peuvent me tuer mais sûrement pas m’empêcher de vivre…
Même si je vois là le résultat de décennies de mépris, de discrimination, de ghettoïsation, de rejet de gens qui étaient venus travailler à notre demande, qu’on a insultés et dont on a rejeté les enfants.
Quelqu’un devrait peut-être leur expliquer l’autre sens de « se faire sauter », je suis sûr qu’ils y gagneraient en joie de vivre...
10:31 | Commentaires (13)
samedi, 14 novembre 2015
Paris sera toujours Paris.
Heure-Bleue et moi allons quand même à Paris.
N’oublions pas que ceux qui mettent la charia avant les bœufs ne nous ont pas attaqués pour ce que nous faisons ici ou là.
Ils nous ont attaqués pour ce que nous sommes.
Laïcs, démocrates et moqueurs.
Alors on ne va quand même pas se laisser priver de sardines, de beurre et de pain par des sauvages.
Mais bon, avec tout ça, les prix vont peut-être enfin baisser à Paris, sait on jamais…
J’espère seulement que le rebeu qui rentrera de son chantier ce soir ne va pas se faire lyncher par une foule imbécile et apeurée...
09:34 | Commentaires (14)
vendredi, 13 novembre 2015
Close Encounters of the Third Kind.
Justement, je n’avais pas d’idée ce matin.
Alors je ne remercierai jamais assez Coumarine de m’avoir donné le sujet de ma note.
Pour lire ses commentaires, je sais qu’elle fait partie de mes lectrices chéries et c’est toujours ça de pris.
Je l’ai rencontrée une fois à Paris, il y a quelques années.
Elle présentait, dans le chouette bâtiment de la mairie du XIème, les livres qu’elle avait écrits.
Je dois avouer que, poussés par la faim, nous avions abandonné la visite, Heure-Bleue, Mab, Lakevio et moi.
Je n’avais remarqué chez Coumarine ni ses bouquins ni sa tenue mais ses yeux.
J’ai souvenir d’yeux gris-bleu qui m’avaient frappé.
Oui lectrices chéries, je sais…
J’aime les yeux clairs et peu de ceux que j’ai croisés se sont échappés de ma mémoire.
Non, non, même les tiens y ont leur place, Berthoise, accrochés à côté de ceux de Lakevio.
Mais ce n’était pas pour vous parler de la collection d’yeux clairs qui tapissent les murs de ma mémoire que je voulais vous parler , lectrices chéries.
Il s’agit d’une grave question, quasiment métaphysique, soulevée par Coumarine hier matin dans sa note quotidienne dite « des cent mots ».
Il y était question de « voir en vrai » ou non d’autres blogueurs.
Du risque de déception après avoir lu ses notes et s’être senti en harmonie avec quelqu’un.
C’est à mon sens oublier un peu vite que la vie n’est guère faite que de ça et que si on craint la déception qui pourrait poindre à chaque rencontre, on a de bonnes chances de finir comme Simon le Stylite…
Il faut oser ! Ne serait-ce que parce qu’il n’y a pas grand’ chose de plus intéressant que les gens.
Il arrive que « ça marche ».
Il nous est arrivé, à Heure-Bleue et moi, que « ça ne marche pas ».
A part le coup de couteau du blogueur psychopathe, on ne risque guère qu’un moment d’ennui qui passe assez bien avec un peu d’éducation.
Dans le cas « ça ne marche pas », ce serait plutôt un peu comme un plat qui te semble tentant dans la vitrine et n’a pas la saveur attendue quand on le goûte.
Mais on ne peut dire qu’on est déçu, non.
On ne peut pas jurer qu’on n’a pas déçu, on n’en sait rien.
On peut aussi se faire détester rapidement sans même avoir une idée du pourquoi.
On ne sait jamais ce qu’une parole dite sans malice peut avoir comme résultat.
Heure-Bleue et moi avons constaté par deux fois que ce qui nous dérange le plus ce ne sont pas les gens avec qui on n’est pas d’accord mais les gens mal élevés et qui en plus t’en veulent d’être bien élevé.
Mais bon, normalement ça n’empêche pas de dormir.
Alors, Coumarine, toi qui sembles craindre la déception, je te rassure, tu ne risques rien d’autre que goûter un plat joliment coloré mais hélas insipide.
Un moment d’ennui en somme…
09:47 | Commentaires (13)
jeudi, 12 novembre 2015
La réalité dépasse l'affliction...
Heure-Bleue et moi avons décidé que donner un temps pareil à une salle de cinéma était un crime.
Nous nous sommes donc précipités, lentement faute de souffle, vers le train puis vers Paris.
Une vieille rame essoufflée, censément réformée depuis le début de l’année, nous à emmenés à Pont-Cardinet.
Nous avions dans l’idée de déjeuner légèrement dans le quartier alors nous avons traversé lentement le square des Batignolles et remonté la rue du même nom.
Nous sommes entrés dans la rue des Dames, pas trop bien nommée sauf à appeler « dames » celles qui font commerce de ce qui différencie les dames des messieurs.
Nous avons tranquillement avancé vers l’avenue de Clichy.
Nous nous sommes arrêtés devant tous les restaurants, peu nous plaisaient.
Un nous a laissés indécis, un pied dans l’ébahissement devant un tel culot, l’autre dans le fou-rire devant la nunucherie de ceux qui allaient sans aucun doute succomber à un accès de branchitude.
Il y en a qui plongent, histoire de « faire bobo parisien » l’espace d’un repas.
Profitant de l’inattention courante du type qui a une idée derrière la tête en invitant une fille au restaurant, le mastroquet avait réussi une performance époustouflante.
Admirez un peu ce menu, lectrices chéries.
Vous auriez pensé, lectrices chéries qu’on aurait osé me proposer pour un prix « robuchonesque » de m’amener une boîte de sardines à partager avec la lumière de mes jours.
Après avoir ri un instant, nous avons continué notre ascension de cette rue décidément très pentue…
C’est en voyant au loin, un peu au-delà de l’avenue de Clichy, les frondaisons du cimetière de Montmartre que je me suis fait la réflexion que l’absence était quelque chose qui meublait beaucoup nos existences…
Il nous manquait toujours quelque chose.
Nous avons grignoté quelque chose dans une gargote et avons repris notre chemin.
Le Cinéma des Cinéastes nous proposait des films qui nous poussaient à nous promener, alors nous avons continué.
Nous sommes repartis vers le centre de Paris, doucement, tranquillement, d’un vrai pas de promeneur, admirant des immeubles superbes où nous aurions volontiers établi nos pénates.
Nous avions décidément tout pour être riche, ne nous manquait que la fortune…
Nous avons fini notre chemin, je ne sais s’il faut parler de pérégrination ou de pèlerinage, au café caché dans le passage Vivienne.
Heure-Bleue a admiré une longue veste délicatement tricotée et prévue pour estourbir le flâneur imprudent.
Je me suis contenté d’aller chez « Legrand fille et fils » acheter le vin de notre dîner.
Il était délicieux.
J’avais laissé tomber l’idée d’un magnum de Château Gruaud Larose pourtant bien tentant.
10:57 | Commentaires (15)
mardi, 10 novembre 2015
Balto, la cigarette des vraies tumeurs
Et ne me faites pas remarquer que je suis en retard pour la « Fête des morts ».
C’est donc à la mort de mon père que j’ai pu constater pour la première fois que si nous sommes tous égaux devant la mort, il n’en va pas de même pour l’agonie.
Je vous ai pas déjà parlé de mon père ?
Bon, malgré une quantité phénoménale de clopes, la couche de goudron qui lui tapissait les éponges n’a pas été suffisamment épaisse pour les protéger de l’amiante.
Mon père a mis trois mois à mourir, de façon particulièrement désagréable.
Heureusement que cinquante trois mois de campagnes lui avaient donné une idée de l’enfer…
Ma mère, elle, est morte plus tard dans des conditions qui peuvent sembler idéales :
- Petit déjeuner tout juste avalé.
- Infirmière engueulée pour rien (juste pour le plaisir, je suis sûr).
- Toilette pas encore faite.
- Endormissement d’après collation.
Elle s’est contentée de ne pas se réveiller de sa sieste matinale…
Mon oncle, le petit frère de mon père, est mort encore plus tôt que mon père.
Cinquante-huit ans.
De trop de « lever de coude », de trop de bagarres, de trop de plâtre respiré mais surtout de trop de « Balto ».
Il avait commencé à fumer ces « Balto » en piquant celles de mon père qui n’a jamais pu se faire aux « brunes », sauf en matière de femmes.
Mon oncle était un type infernal, très différent de mon père qui avait bien du mal à « tenir » son petit frère.
Le petit frère était fort comme un taureau, il « jouait à Hercule » avec nous quand on était petit, plaisait aux filles et avait malheureusement l’art de mal tomber.
Ça lui valut de se marier deux fois et de finir avec une troisième qu’il eut la sagesse, ou pas, va savoir, de ne pas épouser…
Hélas, le régime « cigarettes, whisky et p’tites pépées » ne réussit pas à tout le monde.
Les « Balto » en trop grande quantité l’envoyèrent « ad patres » avant l’heure convenue.
Et ce ne fut pas drôle.
Je ne l’ai pas vu mais ma tante, celle soignait des bébés morts à Monte Cassino, la folle décorée comme le maréchal Vlassov, morte il y a deux mois à quatre-vingt-treize ans, a dû enterrer son petit frère de cinquante-huit ans.
Elle était née en 1922, lui en 1930…
L’ordre naturel des choses n’est vraiment pas respecté ici-bas.
Et comme il n’y a pas d’ailleurs, je me demande s’il y a un ordre naturel des choses…
Allez, encore une petite dernière, « une toute cousue » pour la dernière étape...
C'est fou comme les rangs s’éclaircissent quand on vieillit...
10:35 | Commentaires (9)