mercredi, 21 octobre 2015
Si c’est le cas, rions…
Lectrices chéries !
Aujourd’hui, c’est ethnologie de comptoir !
Vous avez, j’en suis sûr, entendu parler du concept de « vieux con », cette idée fourre-tout où l’âge n’a que peu d’importance.
C’est en entendant monsieur Bayrou ce matin qu’un souvenir m’est revenu qui mit en branle cette mécanique étrange qu’est la cervelle de votre serviteur.
Un déclic bizarre qui m’a ramené en juillet 1962, à la colo du mois précédent celui qui m’a fait connaître le goût des vrais baisers.
Mais ce n’est pas de cela que je veux vous parler.
Dans cette colo, celle des marches forcées qui nous laissaient en pleine forme avec des moniteurs au bord de la syncope, il y avait parfois des moments de distraction.
Les rares journées que nous passions « à la base » de cette colonie, servaient plus à reposer les « monos » que nous.
La radio fonctionnait du matin au soir dans un réfectoire assez grand pour abriter la cinquantaine de « colons » que nous étions, répartis en cinq équipes de gamins.
Le souvenir a soudain surgi quand la voix de monsieur Bayrou est sortie de mon poste.
De son ton de prof habituel, docte à souhait, sont tombés les mots habituels des vieux marmonneurs « depuis le temps que je le dis, il y avait auparavant… Etc. »
Je me suis retrouvé d’un coup devant le poste de radio de la colo, dont seul l’intérieur m’intéressait et dont je me demandais comment pouvait fonctionner la réception dans cet endroit paumé au milieu des forêts de l’Allier.
Le haut-parleur crachait « Eeeet voici maintenaaaaant, chers auditeuuuuurs …« Rock around the clock ! » avec Bill Haley and his Comets !!!! »
Je suis resté à côté du poste avec un « copain de tente » dans mes âges.
J’aimais bien ça, « Rock around the clock »…
Puis, le « spiqueur » a continué « et voici maintenant « Etoile des neiges » par notre grande Liiiine Renauuuud !!! »
Et c’est là que je suis resté stupéfait, que dis-je, estourbi.
Mon « copain de tente » a pris un air ravi et dit « aaahhh… Ouaiiiis... C’est quand même aut’chose que ces chansons de yéyés… »
Vous vous rendez compte, lectrices chéries ? Un gamin de mon âge, treize ans !
Treize piges, le môme et déjà on aurait dit ma mère !
Imaginez un peu l’effet que peut faire sur un gamin courant, un gamin curieux, une sortie du genre « c’était mieux avant ! » dans la bouche d’un gamin de mon âge.
C’est là je crois que j’ai découvert « le concept du vieux con ».
Celui que vient de me rappeler le discours de Bayrou.
Bayrou qui, lui, m’a fait découvrir ce qu’est le vrai centriste : Un type qui tient un discours de gauche mais vote à droite…
10:42 | Commentaires (11)
mardi, 20 octobre 2015
Et nous prendrons du temps à trouver cette bête, qui voyage beaucoup...
Je vous raconterai plus tard notre visite au Grand Palais avec Berthoise, experte, très experte.
Mais non… Pas ça, lectrices chéries ! Pfff…
C’est juste que c’est une aficionada de Louise-Elisabeth Vigée Le Brun qui la branche depuis l’enfance.
J’ai suivi avec délices ce cours aussi passionnant que magistralement et classieusement dispensé.
Même moi je me suis tu et l’ai écoutée religieusement, c’est dire !
Revenus à la maison, le dîner préparé, j’ai servi la lumière de mes jours.
Elle mange habituellement dans une vieille assiette de faïence de Lunéville chinée sur une brocante.
Elle a poussé de sa fourchette un petit morceau de saumon, comme pour l’éloigner de quelque chose à éviter.
Je l’ai regardée.
Elle m’a dit :
- C’est cette petite bête, là, je crois chaque fois que c’est une vraie.
Près du bord de l’assiette est peinte une petite araignée saisissante de réalité.
- Ah… Toi aussi tu plonges dans cette affaire…
Que je vous dise, lectrices chéries, c’est là que je me suis aperçu que les hommes avaient des plaisirs simples.
Pas que la bagnole, les flingues ou les appareils-photo.
J’ai compris brusquement pourquoi les femmes nous regardaient avec l’indulgence qu’on accorde aux petits enfants qui trouvent un intérêt palpitant à des choses étranges.
Sauf que chez nous, ça dure…
La lumière de mes jours m’a regardé à son tour, interrogative :
- Et ?
- Tu sais ? A Saint-Lazare, des fois je passe aux toilettes.
- Hon hon…
- Tu ne sais pas ? Dans les urinoirs, il y a aussi une mouche parfaitement peinte, pas toujours au même endroit selon l’urinoir.
- Je ne vais jamais aux urinoirs, tu sais…
- Eh bien, c’est plus fort que moi, j’essaie toujours d’envoyer la mouche dans le siphon en faisant pipi dessus.
- C’est bien, Minou, t’es grand…
- Et tu sais quoi ? J’ai regardé les autres.
- Et alors ?
- Ben ils font pareil, je le sais, j’ai le même équipement alors je sais bien comment on fait pour diriger le jet.
- Pfff…
- Ouais ben ils font comme moi, ils essaient tous d’envoyer la mouche dans le siphon.
La lumière de mes jours a secoué la tête.
Je suis sûr qu’elle ne croit pas un instant qu’on est adulte.
Alors que, hein…
11:26 | Commentaires (9)
lundi, 19 octobre 2015
Paris mutuel urbain…
J’ai repris la lecture du bouquin de Modiano.
J’avais abandonné « Dans le café de la jeunesse perdue » le temps de lire trois autres livres.
Ben oui, lectrices chéries, je fais parfois ce genre de chose.
Entamer un bouquin, m’accrocher pendant deux ou trois chapitres et ne pas parvenir à ce nirvana de la lecture : Vivre le bouquin.
Vous êtes même mieux que l’auteur, vous êtes plus que l’auteur, vous êtes celui qui vit le livre.
Vous vous arrêtez comme le personnage, vous rêvassez ce qu’il rêvasse, vous le savez qu’il rêvasse, même si ce n’est pas écrit. Vous êtes lui.
Hier soir, réchauffé de la hanche par la lumière de mes jours qui s’acharne à me frigorifier les cuisses avec ses pieds, j’ai donc repris mon livre.
Alors que chaque matin, je la saoule en lui parlant alors qu’elle souhaite lire tranquillement, chaque soir elle me parle alors que j’aimerais lire tranquillement.
Hier soir, étonnamment, alors qu’elle lisait je l’ai distraite.
- Ma Mine, écoute ça !
- Pfff… Quoi donc, Minou ?
Alors je lui ai lu le passage qui m’avait frappé.
« A la hauteur de la place Blanche, le cœur me battait un peu et je me sentais ému et même intimidé. Je n’avais pas connu cela depuis longtemps. Je continuais d’avancer sur le terre-plein d’un pas de plus en plus rapide. J’aurais pu marcher en fermant les yeux dans ce quartier familier : Le Moulin Rouge, Le Sanglier Bleu… Qui sait ? J’avais croisé cette Jacqueline Delanque il y avait longtemps, sur le trottoir de droite quand elle allait retrouver sa mère au Moulin Rouge, ou sur le trottoir de gauche à l’heure de la sortie du lycée Jules Ferry. Voilà, j’étais arrivé. »
- Non mais t’as vu ça ma Mine ?
- C’est normal Minou, ce sont les mêmes souvenirs. Vous avez presque le même âge, vous connaissez le même coin.
- Ouais mais quand même…
- Tu marches dans ses pas ou il marche dans les tiens, voilà…
Elle a sans doute raison, mais quand même, c’est mon coin.
Mon coin à moi, celui plein de poésie et de cette légère sensation dont on ne sait si c’est de la peine ou la résurgence d’émotions qu’on croyait définitivement enfuies.
Là je suis entré dans le bouquin pour de bon.
Je me suis rappelé cet été, oui celui qui vient de disparaître.
On s’était baladé par là, Heure-Bleue, une blogueuse et moi.
Du coup, à y repenser ce matin, je crois bien qu’hier soir j’ai même senti sur la langue le goût des « diabolos fraise » que j’y avais bu.
C’est normal, à le lire j’ai fait les mêmes pas, regardé les mêmes endroits.
Non, non lectrices chéries, pas vu, re-gar-dé !
J’en ai lu des bouquins qui parlent de Paris.
Même si Calet et d’autres en causent bien, le seul qui semble connaître vraiment le Paris des années soixante reste à mes yeux Modiano.
Mais bon, c’est peut-être parce qu’on connaît le même…
10:02 | Commentaires (10)
dimanche, 18 octobre 2015
Avec le temps, va, tout s'en va…
Hier, je suis allé déjeuner avec mon ami, oui, celui là.
On se connaît depuis quinze ans maintenant, on n’est d’accord sur rien mais on aime quand même être ensemble à s’engueuler.
Nous avions rendez-vous vers la Maison de Radio France pour le déjeuner suivi d’une visite au Salon du Son à l’hôtel Nikko devenu Novotel.
Nous y avons rencontré quelques copains de forum mais surtout on a été frappé par une absence d’idée, de nouveauté et de qualité confondantes.
Rien de nouveau en la matière si ce n’est le peaufinage des techniques de marketing.
Une boîte de « fondus au noir » nous a bien fait rire avec un amplificateur pour casque à tubes.
Et pas n’importe quel tube de puissance : La KT88, le truc qui, en montage « push-pull », vous sort 70 ou 100 W comme de le dire. Inutile de vous dire qu’avec un machin comme ça, le moindre pépin dans le réglage de volume vous colle les tympans l’un à l’autre en traversant la tête.
Bref, à part ce truc dingue, on n’a rien vu.
On est sorti, on a rebu un café et j’ai traversé la moitié de Paris en moto comme passager de mon copain.
C’était très sympa, j’ai vu le passage d’un quartier extrêmement ennuyeux genre « luxe m’as-tu-vu sixties », suffit de voir les immeubles dit « Front de Seine » pour avoir une idée du coin à un quai nettement plus « beau ».
Et surtout plus animé parce que je ne sais pourquoi le côté Grenelle m’a toujours paru triste.
Nous nous sommes contenté de suivre le quai rive gauche de la Seine jusqu’au pont de la Concorde où il m’a lâché à l’arrêt du bus qui m’emmène à Saint-Lazare en passant par la place de la Concorde et la Madeleine…
Regardez comme c’est beau ! Je sais, lectrices chéries, je prends toujours la même photo quand je passe là. Je ne peux résister.
Une de mes lectrices chéries m’écrivait il y a quelque temps « Je connais pas Paris, je ne connais pas ton Paris ! ». Avec même une pointe de regret semble-t-il.
Il faut quand même que je la prévienne : Personne ne connais le Paris de quiconque !
Quoiqu’en y réfléchissant ce ne soit pas si vrai.
Il y a toujours deux personnes qui connaissent le même Paris.
Et encore, ce n’est jamais deux fois le même couple, d’amoureux de collègues ou d’amis.
A y réfléchir un poil plus intensément, mais pas trop car c’est quand même le matin, c’est ce qu’il y a de merveilleux dans les lieux.
Oui lectrices chéries, je suis sûr que vous l’avez remarqué.
Les lieux changent au gré de ceux qui les arpentent.
Mieux encore, selon que vous les arpentez avec l’une ou l’autre, ils changent même à vos yeux.
Selon que vous les parcourez avec un ami, une aimée ou un patron, ce ne sont pas du tout les mêmes.
Ils ne vous font pas du tout le même effet.
Ça peut aller de l’impression de ruade à celle de quiétude et de calme en passant par cette bizarre sensation de boule dans la gorge, mais si, vous savez bien, cette pomme de terre de deux kilos enveloppée de barbelé.
Oui, ça dépend vraiment de ceux avec qui vous parcourez les lieux et des souvenirs qui y sont attachés…
13:23 | Commentaires (8)
jeudi, 15 octobre 2015
Lézards et les Arts...
Merveille est une romantico-scientifique.
Elle a adoré l’exposition sur les dinosaures du Palais de la Découverte.
C’était la seconde fois que nous l’emmenions au Palais de la Découverte.
La prochaine fois est déjà prévue, elle brûle d’envie de visiter les salles d’astronomie et d’astrophysique.
S’il y a de la place, le planétarium est prévu.
J’aime bien emmener Merveille dans des endroits comme ça. Elle est passionnée, elle pose des milliards de questions, et donne des millions d’informations sur des choses dont on ignorait qu’elle put même en connaître l’existence.
Quand nous sommes sortis, après qu’elle eut choisi un livre et une balle, elle a dansé dehors puis pris un pas de promeneuse d’automne.
Reconnaissez, lectrices chéries, que le « Jardin de la Nouvelle France » est une pure merveille, qui a permis à Alain-Fournier de draguer Yvonne de Quièvrecourt.
Le genre de rêve éveillé qui l’a amené à créer Yvonne de Galais.
Mais si, lectrices chéries, vous savez bien, c’est cette blondinette qui a fait baver le Grand Meaulnes toute sa vie.
Bref, Merveille a regardé la beauté des alentours du Grand Palais, les bosquets qui décorent les environs du Théâtre du Rond-Point.
Je ne sais pas à quoi elle rêvasse en traînant les pieds dans les feuilles mortes.
Mais là elle biche parce qu’Heure-Bleue lui a dit « Pour l’amour, tu as tout trouvé, Merveille. »
Heureusement que j’ai pris la défense des garçons.
Ce qui l’a scandalisée…
J’ai dû dire quelque chose comme « Alors imagine un peu, Merveille, ce que doivent supporter les garçons… »
15:02 | Commentaires (14)