vendredi, 11 septembre 2015
La vie en pente douce.
Hier Heure-Bleue et moi avions rendez-vous avec une blogueuse devant une gargotte turque de l’avenue de Clichy.
Comme chaque fois que nous voyons cette blogueuse, il nous est impossible de nous séparer sans avoir passé plus de cinq ou six heures ensemble.
Nous avons pris tout notre temps pour manger notre döner. J’ai regardé avec attention notre amie.
C’est une experte, elle n’a pas décoré son chemisier des ces petits morceaux de viande délicieux. Bon, honnêtement nous non plus car il est bien plus facile de manger ce mets, plutôt risqué pour les chemises, sur un plateau que sur un banc de square.
Nous sommes sortis juste bien. Ce repas très simple est extraordinaire, non seulement il ne vous met pas sur la paille mais il ne vous met pas sur le flanc. Vous en sortez aussi sans cette petite sensation d’inachevé qui arrive souvent avec les repas « raisonnables ».
Nous avons failli prendre la direction de la Place de Clichy mais Heure-Bleue et M.M. ont dit « Non ! Sinon on va entrer à la Librairie de Paris et on ne va pas résister ! On a déjà des piles à lire ! »
Alors nous sommes partis dans l’autre sens. Il vint à l’idée de ces deux là d’aller vers le Parc Monceau où elles ont toutes deux des souvenirs familiaux en pagaille.
Je les ai donc menées, d’abord par la rue Hélène, une petite rue remarquablement inintéressante mais où Heure-Bleue et moi avions rencontré une chanteuse yiddish en promenant Merveille en poussette, puis nous avons descendu ce flanc de la colline de Montmartre jusqu’à la rue Brochant.
J’allais écrire « C’est extraordinaire, nous avons passé un après-midi entier à papoter, à marcher, à regarder sans dire du mal de quiconque. »
Mais à dire vrai, nous avons dit du mal de quelqu’un.
Nous nous sommes arrêtés à la terrasse d’un café tenu par un couple d’Italiens.
Nous avons demandé nos cafés habituels, un « espresso », un « espresso longo » et un « espresso ristretto ».
Et là je n’ai pu m’empêcher de penser « Ils l’ont viré ! Ils l’ont chassé d’Italie ! C’est un réfugié ! »
Je ne l’ai pas dit, je suis devenu prudent sur le sujet…
J’ai attendu un instant que mes commensales aient tâté de ce breuvage.
La réaction a été unanime, « mon dieu que ce café est mauvais ! »
Nous sommes alors repartis vers le parc Monceau. J’ai eu droit à en passant vers Wagram à « ma tante, mais quelle garce celle-là, a habité là. » disait l’une.
« Je passais par la rue Fortuny pour aller voir… » disait l’autre.
« Ma grand’ mère a vécu là, mon arrière-grand’ mère habitait près de là où la rue Fortuny devient la rue Médéric. »
Nous sommes enfin parvenus à nous asseoir sur un banc du parc Monceau. Nous avons admiré les gens. Elles les jeunes hommes. Moi les jeunes femmes.
Je me demande si la prochaine fois je ne vais pas les emmener « péleriner » dans mon ex-coin.
Ça devrait les changer de ça, que j’ai justement pris en photo hier :
Je leur montrerais le passage Kracher, par exemple, ou la rue du Roi d’Alger, la fin de la rue Duhesme, tout ça.
Quoique que ce coin ait beaucoup changé depuis les années 60, la Porte de Clignancourt a gardé son côté « mélangé » et vaguement inquiétant pour le petit-bourgeois, de ceux qui craignent toujours, qui pour son portefeuille, qui pour son sac-à-main, qui d’avoir un voisin pas comme lui...
09:51 | Commentaires (10)
jeudi, 10 septembre 2015
Les vieux s’attrapent, les rats passent…
Bon, en vrai je n’avais rien de particulier à écrire sur la journée délicieuse que nous avons passée avec Merveille.
Du coup, pour être à la mode, moi aussi je me suis réfugié.
Mais dans les lignes qui suivent afin d’en finir avec cette histoire…
Une commentatrice de dernière minute, qui s’est évidemment bien gardée de donner l’accès à son blog, est venue dire tout le mal qu’elle pense de celui qui a osé contredire sa copine.
Ce n’est pas bien grave mais elle aurait pu éviter de donner la preuve qu’elle n’a pas lu la note qu’elle qualifie de « bave du crapaud ».
Ou pire, qu’elle ne l’a pas comprise…
Voyons Poulette...
Mais je n’ai pas fait de « guéguerre » !
J’y ai mis les formes.
Je n’ai insulté personne.
J’ai seulement dit que je n’étais pas d’accord avec ce que j’ai souligné des propos de Juliette.
Et j’ai dit pourquoi je n’étais pas d’accord.
J’ai donné des exemples.
Bilan ?
Juliette s’est vexée.
Elle s’est « monté le bourrichon » toute seule.
Elle a incendié mes commentatrices.
Comme toi, que je ne connais pas, elle m’a insulté, m’a traîné dans la boue.
Faute de pouvoir supprimer le mien, elle a fini par fermer son blog.
Elle aurait dû savoir que quand on se lance dans ce truc là, il faut se relire attentivement, assumer ce qu’on écrit et accepter que d’autres disent pourquoi ils ne sont pas d’accord.
Sinon c’est une démocratie façon Bachar el Assad.
Je sais, ça se pratique beaucoup ces temps ci...
09:44 | Commentaires (16)
mercredi, 09 septembre 2015
Après avoir forcé sur le Rom, on fait si peu, si rien…
On a regardé, plutôt écouté, les informations.
Il y était évidemment question de tous ces gens qui tentaient de venir chez nous pour échapper à un sort funeste.
Nous nous sommes quand même fait la réflexion que quand un Français allait ailleurs pour travailler, c’était « un expat’ » pas « un migrant ».
Bon, c’est plutôt quand il revenait qu’il était considéré par sa boîte comme un immigré…
Un moment notre « mini-présentateur » nous dit « Plus de vingt mille migrants s’entassent désormais sur l’île de Lesbos. »
Évidemment, une ânerie me vient aussitôt à l’esprit…
- À tous les coups, c’est que des « migrantes »…
La lumière de mes jours lève les yeux au ciel, au premier abord désespérée.
Puis, hypocrite qu’elle est, elle prend un air songeur, genre « j’ai la mémoire qui flanche » et me dit :
- Tiens, au fait !
- Hmmm ?
- J’ai jamais essayé « ça » avec une fille…
- Moi si… Plusieurs fois…
- Pfff… Idiot…
Puis, toujours pensive :
- J’ai pas eu de Chinois non plus…
- Moi non plus !
Heure-Bleue a haussé les épaules, au risque de s’envoyer sa fourchette de flageolets sur les genoux.
Oui, j’avais préparé du collier d’agneau assaisonné au « ras el hanout » avec des flageolets.
- Tu n’as jamais eu de Chinoise ?
- Ben non, il n’y en pas beaucoup de rousses aux yeux clairs, pourtant j’ai bien regardé…
- Ah bon ? Mais…
- Je suis monomaniaque, tu sais bien.
- Finalement, un Chinois, je…
- Ce serait bien que tu évites de tenter le Chinois, maintenant…
- Oh, tu sais ! Je n’en vois pas beaucoup se précipiter sur une vieille…
- Je ne vois pas non plus de rousses se précipiter sur moi.
- Oui… C’est dommage, hein ?
Il a dû nous venir la même image à l’esprit car ça nous collé le fou rire de la soirée.
Du coup on a raté la suite des infos.
On prend soin de notre santé comme ça, nous…
09:34 | Commentaires (12)
lundi, 07 septembre 2015
Le fond de l’air effraie…
Je vais perdre aujourd’hui une lectrice chérie.
Pas parce qu’elle est venue dans ma cour se chamailler avec une autre lectrice chérie, non, ça j’ai l’habitude.
Je vais la perdre parce qu’elle a écrit chez moi quelque chose avec quoi je ne suis pas d’accord, que je lui dis pourquoi, qu’elle n’aime pas qu’on ne soit pas d’accord avec elle et qu’elle a un caractère de m...ince, hein, bon...
Elle a écrit :
« Dans quelques temps, qu’en sera t-il de notre pitié quand ils viendront manger notre pain, quand ils toucheront des allocs en tous genres, quand ils auront droit aux soins gratos ? »
Et je ne suis pas du tout d’accord avec ce qui est, je crois une méconnaissance profonde de ce qui pousse les gens à abandonner leur pays.
Contrairement à ce que tu crois, lectrice chérie, personne ne fuit son pays pour toucher les allocs ou se faire soigner gratos.
Tu fuirais la France pour aller toucher le Minimex en Belgique ? Pour te faire soigner les dents en Espagne ? Pour aller manger les pitas des Grecs ?
Non, tu resterais chez toi, dans ton pays, avec des gens que tu connais, des gens que tu comprends, qui mangent comme toi, qui parlent comme toi, qui souvent pensent comme toi, tu resterais dans les paysages qui t’ont vu grandir.
En revanche, si on bombardait ton bled, si tu étais poursuivie par des fondus qui veulent t’étriper parce que tu ne penses pas comme eux, des gens qui tuent tout ce qui bouge, eh bien tu ferais comme eux.
Ils fuient la mort et les bombes, et crois moi, ça leur coûte beaucoup plus cher qu’un billet sur un charter quelconque.
Ils ne viennent pas non plus manger ton pain. Ils l’achèteront. Et avec leur argent, celui qu’ils auront gagné.
Que ferais-tu si tu étais contrainte de faire comme eux et qu’à ton arrivée un type te dise ce que tu viens d’écrire ?
Je te sens un peu effarée si on te servait ce discours.
Je t’entends penser d’ici « Quels bande de sans-cœur ! Non mais quelle bande de fumiers ! Nous laisser comme ça, on aurait travaillé, on aurait gagné notre pain ! »
Et tu ajoutes :
« C’est facile d’avoir pitié derrière un clavier, c’est facile d’avoir pitié quand on est bien au chaud chez soi, dans son appart. »
Eh bien, lectrice chérie, c’est justement la remarque qui montre bien la différence entre celui qui ne peut pas faire quelque chose de concret autre que donner, ne serait-ce que des vêtements inutilisés ou un peu d’argent, et celui qui ne veut surtout pas donner, celui qui déteste l’idée même que l’argent de ses impôts puisse servir à aider un étranger en danger de mort.
En plus, j’ai souvent remarqué que celui qui répugne le plus à partager n’est non seulement pas celui qui manque le plus mais celui qui compte le plus mal.
Celui qui n’a même pas pensé que soixante sept mille réfugiés, ça veut dire qu'il croiserait mille personnes avant d’en croiser un, que ses soins seraient financés par les cotisations de mille personnes.
Prêcher contre l’accueil c’est plus brandir son égoïsme comme un étendard que faire des économies.
Imagine un peu que la Sécu, à la recherche d’économies ces temps ci, fasse comme toi et décide que soigner certaines affections coûte plus cher que ne rapporte le malade…
13:57 | Commentaires (27)
dimanche, 06 septembre 2015
La confusion des sentiments…
J’ai l’impression, en lisant les commentaires sur la note du dernier amour de ma vie, qu’il subsiste un malentendu.
Léger, certes, mais tout de même.
Bien sûr que nous aimons les animaux, le problème n’est pas là.
J’aime les chats.
Le chat c’est pourtant une bestiole carnivore, jamais rencontré de chat végan. D’ailleurs quand il condescend à être brièvement végétarien c’est à titre de purge….
J’ai aussi un gros penchant pour le porc.
Pas celui que je croise dans le métro ou au hasard de mes pérégrinations parisiennes, non.
Celui qui gambade dans les forêts de la campagne madrilène.
Je le connais bien, surtout sous sa forme dite « pata negra », là je l’adore…
En dehors de ça j’ai, comme beaucoup de gens de mes âges, peu de goût pour la viande rouge, ce qui me rend du coup innocent du sort réservé aux bovins, aux ovins et aux porcins.
Comme ces militants intégristes de L214, je suis scandalisé par le sort réservé à certains animaux qui, une fois cuits se révèlent absolument délicieux.
Mais bon, si je me suis chamaillé avec le type de la Gare Saint-Lazare, ce n’est pas tant parce que je ne partage pas son amour des bêtes que par le fait que la cause qu’il défend lui ôte tout jugement un peu distancié et que les arguments qu’il a avancés sont débiles.
Comme si on ne savait pas qu’égorger un mouton ça lui fait mal.
Mais surtout comme si lui ne savait pas que le pire n’est pas la façon de les tuer mais la façon dont on pratique l’élevage industriel, digne des meilleurs camps de la mort des diverses dictatures.
Son discours à la remarque d’Heure-Bleue m’a agacé.
« En ce moment, il y a des choix à faire en matière de souffrance et ce n’est peut-être pas celui de la souffrance des vaches le plus judicieux » lui avait dit en substance la lumière de mes jours.
Évidemment, cette andouille a cru bon de répondre « alors allez plutôt voir Médecins sans Frontières, moi c’est les animaux ! »
Le genre occupé à couper les pommes de terre en frites et à rester impavide devant le collègue qui vient de s’envoyer la bassine d’huile bouillante sur le pantalon…
« Moi, mon job, c’est la coupe des pommes de terre, je ne suis pas le SAMU », en somme…
Je suis scandalisé par la façon dont l’Europe s’éblouit de son humanité en exigeant que la surface d’ébat s’une poule atteigne désormais celle d’une feuille A4.
Scandalisé aussi par la réaction de certains éleveurs qui semblent trouver qu’accorder un format A4 à un poulet, c’est les obliger à transformer leurs batteries en hôtels cinq étoiles.
Mais je dois dire que je suis encore plus scandalisé et, disons le, totalement désarmé faute de moyen d’action, par le malheur de pauvres gens qui fuient leur pays et qu’on accuse avant même qu’ils n’arrivent de venir sous des prétextes fallacieux.
Tout semble bon pour les rejeter à la mer.
Personne ne semble avoir pensé un instant à ce que serait notre réaction si nous étions nous-mêmes victimes d’exactions de ce genre et condamnés à fuir.
J’imagine la réaction de tous nos beaux esprits se trouvant face à des gens qui leur servent le même discours.
Zweig, dans « Le monde d’hier. Souvenir d’un Européen » écrivait, ce n’est pas verbatim mais l’idée est bien là, « Les malheurs qui nous accablent nous arrivent parce que la liberté n’est plus un but sacré mais est devenue une habitude ».
On a vu dans la suite ce qu’est devenue « la Liberté » en question…
09:41 | Commentaires (11)