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dimanche, 06 décembre 2015

La Cour des Contes.

C’est rien que pour faire mentir Mab, qui nous traite de bavards impénitents.
Alors qu’en vrai, seule Heure-Bleue est intarissable.
Bon, aujourd’hui je n’ai rien à vous dire, lectrices chéries.
Ça vous la coupe, hein ?
Je me suis usé la langue à parler pendant des années.
Oui oui oui ! Et même des décennies !
N’allez pas croire que le boulot d’ingénieur soit un job de muet !
Faut dabord faire son boulot.
Là on parle souvent tout seul.
Puis convaincre les autres que c’est bien ça qu’il fallait faire.
Puis donner les cours qui vont permettre à ceux qui vont le faire de le bien faire et savoir comment sy prendre...
Oui, car s’il a deux mains gauche et est  incapable de le faire, l’ingénieur sait très bien expliquer aux autres comment faire le boulot.
Et je ne vous parle pas du travail de Romain pour faire en sorte que ceux qui vont faire le travail arrivent ensemble au bout sans que l’un ne se soit battu avec un autre.
Aller expliquer au directeur financier que oui, ce serait bien s’il faisait un prêt d’honneur à machin qui connaît super bien son taf mais a le moral dans les chaussettes parce qu’un ATD du fisc vient de lui rappeler qu’il a sournoisement joué aux courses les sous qu’il aurait dû donner aux impôts.
Convaincre ceux qui vont payer le système de sortir leur sous et essayer de leur prouver que ce n’est pas en pure perte.
Expliquer à la lumière de ses jours que non, non, non ce n’est pas pour le plaisir de s’éloigner d’elle qu’on s’en va à huit ou dix heures de décalage pendant des semaines ou des mois et que non, ce n'est pas pour le plaisir de bosser quatorze heures par jour.
Expliquer à l’arrivée de ces huit ou dix heures de décalage que non, ça ne marche pas encore mais je vous assure Monsieur Le Client que ça ne saurait tarder et que les sous que vous avez sortis nont pas été jetés par les fenêtres.

Puis le plus dur, convaincre Monsieur Le Client d’en sortir encore, alors qu’il n’a encore rien vu de concret, pour arriver au bout qui est tout près avant que son ministère ne hurle au gaspillage des deniers publics ce qui est très mauvais pour les prochaines élections.
 Puis passer encore des heures dans des salles, avec plein de gens qui globalement attendent surtout l’heure du café ou du repas à expliquer que ce que vous leur avez concocté c’est super bien et que « vous verrez, c’est facile d’en comprendre le fonctionnement et pis en plus, de toute façon ça tombe pas en panne !  »
Bref, depuis l’école, où je n’étais silencieux que quand j’étais appelé le premier au tableau, je ne me suis jamais tu.
Causer a été une part essentielle de mon activité.
Pfiouuu… Qu’est-ce que j’ai dû en saouler, des gens…
Alors aujourd’hui je n’ai rien à dire.
Donc je me tais.
Et vous avez vu combien de mots ça me prend de me taire ?
Après on  dira que je suis bavard !
Pfff...
 

samedi, 05 décembre 2015

L'émotion de censure...

« Et ma question est : après plus de huit heures d'affilée, qu'ont ils encore de nouveau à se dire ????????? »

Voyons, Liliplume ! Mais nous avons toujours un nouveau sujet de discussion ou un sujet de désaccord à régler !
Nous ne papotons pas !
Et d’abord, ce n’est pas huit heures d’affilée mais ça fera quarante-cinq ans d’affilée dans cinq mois que nous refaisons le monde.
Quarante cinq ans bientôt qu’Heure-Bleue et moi ne sommes pas d’accord sur notre meilleur des mondes et que chacun essaie de convaincre l’autre que c’est le sien le meilleur.
Les variations sur un thème aussi mince que la vision du monde étant comme les « Variations Diabelli », quasiment infinies, ça nous occupe depuis un moment.
Et encore, on n’a pas fait que ça.
Pas que « ça » non plus.
Il nous est arrivé de cesser de parler.
Parfois même pendant de longs moments car j’ai passé beaucoup de temps très loin de chez moi.
Quand on se jette des trucs à la figure, on se dit que c’est probablement grâce à toutes ces séparations que notre liaison a duré si longtemps.
Oui, il me plaît de penser que c’est une liaison, pas « une relation » ou « un ménage ».
De temps à autre nous en parlons pour arriver à la conclusion que nous ne sommes pas d’accord.
Et nous nous chamaillons…
Nous sommes en désaccord sur tant de sujets que nos chamailleries ne cesseront qu’avec la mort de l’un de nous.
Il me faut vous dire, lectrices chéries, qu’aucun de nous ne lâche l’affaire tant qu’un argument, aussi spécieux soit-il, vient à l’esprit du « pas d’accord ».
Il faut reconnaître qu’avoir toujours raison, c’est bien.
Surtout quand c’est vrai et qu’un seul des deux a raison.
Principalement quand c’est moi.
Mais quand les deux ont toujours raison, par principe donc, l’un est dans l’erreur.
Là où ça se gâte, c’est quand le rôle est alternativement tenu par l’une ou l’autre.
C’est là qu’on s’aperçoit que la réalité est cruelle, surtout quand les faits sont irréfutables.
Donc, Liliplume, tu vois que nous avons encore de longues heures de discussion devant nous.

jeudi, 03 décembre 2015

Je suis digne d’un don…

Hier, Heure-Bleue et moi sommes allés à Paris.
Nous sommes allés à la banque demander la suppression de services dont nous étions censés ne pas avoir besoin mais coûteux.
La banquière a tout fait bien.
Presque. C’est évidemment à la fin que je me suis aperçu que nous avions besoin d’un des services supprimés…
Enfin, on a la chance que l’agence soit à côté de cette boutique de produits d’Auvergne qui nous vend une « saucisse au couteau » si bonne et dont le goût n’est pas dû à une overdose de sel.
La boutique était fermée, « comme dans le temps », comme à l’époque où les commerces de bouche fermaient vers  midi et demie ou une heure pour revivre vers quatre heures, quatre heures et demie.
Alors nous sommes passés au BHV.
Nous avons constaté avec plaisir que toutes les tentatives de chasser « les vieux » de la cafeteria avaient échoué.
En face, « La poupée Merveilleuse » qui existait déjà depuis longtemps quand je suis arrivé dans le quartier, affichait un Père Noël « normal » et une « Mère Noël » à l’air déluré accoutrée comme une péripatéticienne de fantaisie.

PC021507.JPG

Puis, après avoir trouvé quelques petits cadeaux pour les enfants nous sommes repartis vers la rue Rambuteau.
En réalité, nous sommes repartis vers la « saucisse au couteau »…
Arrivés aux produits d’Auvergne, j’ai demandé où était passée la jeune fille qui me servait quand je suis arrivé dans le quartier.
J’ai appris avec stupeur qu’elle était partie à la retraite après avoir formé sa remplaçante…
Vous vous rendez compte, lectrices chéries ?
Vous achetez une tranche de jambon, vous repassez acheter de la saucisse au couteau et paf ! La jeune fille est déjà retraitée !
Nous avons croisé dans la boutique un couple qui, comme nous a commis l’erreur de quitter Paris et qui en est « tricard » pour cause de loyers exorbitants.
J’ai échangé avec la dame des informations sur la meilleure façon de préparer cette saucisse, que ce soit avec du chou ou des lentilles.
J’en ai retiré des idées intéressantes.
La lumière de mes jours, elle, conversait avec la moitié de la dame.
Non, pas le côté gauche de la dame, le mari de la dame.
De Paris, de lieux, tels qu’ils étaient à « l’époque ».
Puis nous sommes tranquillement allés prendre le 29 à côté du Quartier de l’Horloge pour aller à Saint Lazare.
J’ai croisé des gens, certains vieux qui m’ont jeté un œil noir.
J’ai bien aimé, j’adore être plus jeune que ceux que je croise.
Il me viens parfois l’idée agréable quand ils me regardent bizarrement qu’ils pensent « sale jeune ! » ou « jeune con ! »
Je sais que les plus jeunes pensent « vieux con » alors je n’en parle pas…
C’est en arrivant à la maison qu’en préparant le dîner j’ai vu que le chou chinois que j’allais préparer à la lumière de mes jours était deux fois plus gros que ceux que j’achète habituellement.
En regardant ce chou énorme, je me suis d’abord dit « ça va prendre deux fois plus de temps à préparer et à cuire… »
Puis, poussé par mon optimisme habituel, j’ai pensé « Ouais mais le temps de l’apéro va durer deux fois plus longtemps ! »
Oui, le soir, Heure-Bleue et moi buvons un petit verre de vin en discutant pendant que je prépare le dîner, ça nous sert d’apéro.
Du coup, ce fut super.
L’apéro et le dîner…

mercredi, 02 décembre 2015

La coupe des vices est pleine…

Je viens d’éteindre la radio.
Je suis triste parce que je viens de me faire engueuler par Julien Dray.
Ce type, qui n’est pourtant pas né de la dernière pluie, vient de découvrir avec stupeur que la démocratie serait tellement mieux si on n’était pas emmerdé par le peuple.
Nous sommes de dangereux enfants capricieux qui nous jetons sans faire attention dans les bras du FN.
Chaque auditeur qui a eu la chance de pouvoir poser une question à Juju s’est vu rembarrer sèchement ou opposer le discours parfaitement rôdé de celui qui a l’habitude de répondre hors sujet...
A l’un d’eux qui lui avait dit que depuis qu’il votait, il n’avait pas remarqué de changement dans sa vie, notre Juju a rétorqué « On a quand même supprimé la peine de mort ! »
C’est vrai, et c’est un grand pas vers la civilisation que s’apercevoir brutalement que la société civilisée punit les criminels en coupant en deux un homme vivant et abandonner la méthode.
Cela dit, comme nous ne sommes ni en Chine ni en Arabie saoudite, ça concerne assez peu de monde.
Beaucoup moins en tout cas que le chômage ou l’état d’urgence qu’un autre nabot hargneux voudrait déjà voir prolongé de trois mois alors qu’il y a deux semaines il était déjà passé de deux semaines à trois mois.
Si on ne voulait pas voir le FN arriver en tête, je voyais bien au moins deux méthodes.
La première consistait à faire comme Marcellin : Alors que le mouvement où le papy borgne s’agitait n’était encore connu que comme « Ordre Nouveau », il fut interdit.
Son rejeton politique, le FN, se cantonna à 1,3% en 1973.
S’effondra à 0,29% en 1978 et à 0,18% en 1981.
Grâce à Tonton, qui nous grugea efficacement et dont le souci principal était de diviser la droite, ce même FN passa d’un coup à 9,66% en 1986 soit 5300% de hausse en cinq ans...
Bref, Juju m’a engueulé en me disant que tout ça c’était ma faute et que le plus important n’était pas  mon sort mais d’éviter que le Front National ne parvienne au pouvoir.
A son ton, j’ai bien compris que ce qui l’inquiétait le plus c’était que lui n’y soit plus…
Je ne voterai pas pour un Le Pen, que ce soit le papy, sa fille ou sa petite fille.
Je sais que les extrêmes sont l’expression des protestations des citoyens qui oublient régulièrement que les extrêmes, de quelque bord qu’ils soient, traînent toujours leur cortège d’arrestations arbitraires, de détention sans jugement, de délits d’opinion, de discriminations ethniques et religieuses.
Et ça finit chaque fois par la création de milices qui « bavurent » tranquillement pour assurer « la sécurité du bon Français face aux traîtres du parti de létranger ».
Une dame éminente, juriste internationalement reconnue pour sa vision et professeur au Collège de France, madame Mireille Delmas-Marty, remarquait il y a peu, en réponse au souhait d’extension de l’état d’urgence « Le risque est, au motif des défendre nos valeurs humanistes, de les mettre en danger. » et ajoutait « Je crains que l’état d’urgence, d’exceptionnel, ne devienne la règle. »
Et tout ça ne me dit pas pour qui voter ce mois ci.
Des escrocs, des menteurs ou des barbares ?

mardi, 01 décembre 2015

Aaaahhh... Se remplumer quand ton époux l’est.

Vous savez toutes, lectrices chéries, que je passe mes jours auprès de celle qui éclaire mon chemin le jour et me fiche des coups de pieds la nuit.
Les jours passent et ne se ressemblent pas.
Enfin, pas souvent.
C’est ce qui en fait le charme.
La lumière de mes jours, justement rend mes journées variées.
Parfois de façon surprenante alors que le point soulevé ne date pas d’hier.
Pour son dîner, j’avais concocté une fondue de poireaux, que j’avais tentée avec succès à la fois fondante, goûteuse et sans crème fraîche.
Oui, Heure-Bleue à l’estomac moins neuf que l’esprit, esquinté qu’il est par des médications corrosives.
Pour accompagner cette fondue de poireaux, j’avais préparé des ailes de poulet légèrement revenues avec un oignon puis le tout déglacé avec un verre d’eau et touillé à feu doux pour dégager les sucs qui permettent de tirer de ce mets assez simple la sauce à la fois bonne et digeste qui accompagnera les poireaux et les ailes.
Je m’étais quant à moi contenté de me préparer des « torti » cuites « al dente », que je comptais bien agrémenter d’une bête tranche de jambon.
Il y a des jours, comme ça, où je suis d’humeur frugale.
La lumière de mes jours et moi papotions pendant que je faisais le service de hors d’œuvre.
Je lui servis une petite tranche de saumon fumé et pendant que je me servais la mienne, je vis arriver dans mon assiette un petit triangle grisâtre.
C’est évidemment juste après l’atterrissage que j’entendis :
- Minou, tu veux bien ? J’aime pas le truc noir du saumon…
Qu’aurais-je pu dire ?
Surtout après avoir entendu tous les malheurs qui pendaient au nez des Mauriciens qui jusqu’aujourd’hui étaient ravis d’avoir la mer sur leur pas de porte…
J’ai donc acquiescé et écouté ma douce moitié dire, avalant le dernier petit morceau de saumon  :
- Tu sais, j’y pensais…
- Hon hon…
- Il n’y a pas que la cortisone, quand même…
Je lui ai servi la fondue de poireaux, deux ailes de moineau –c’était vraiment un tout petit poulet…- et agrémenté le tout de la sauce.
- Oui ma Mine ?
- Bon, Minou…
A-t-elle commencé alors que je levais la cuiller pour me servir de pâtes.
- Oui, Minou, en fait, il n’y a pas que la cortisone, tu sais, pour la pétasse de l’autre jour.
La chose m’était sortie de l’esprit alors j’attendis.
C’est là que j’ai failli tomber de ma chaise et verser les pâtes à côté de la table.
- Oui, Minou, en fait je crois que je n’ai jamais eu un caractère très facile…
Je n’ai pas pensé, sur le coup à répondre « Tu peux me l’écrire, ça ? »
Et j’ai bien fait.
Oui, lectrices chéries, on avait eu pendant les plus de quarante années précédentes suffisamment d’accrochages pour ne pas en essuyer un autre…