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samedi, 26 septembre 2015

Comment, si petit, peut-on ?

Je m’en remets souvent au jugement d’Heure-Bleue.
Et je m’en porte bien.
Ce n’est pas tant qu’elle ait toujours raison, elle se trompe aussi souvent que moi.
C’est seulement que quand elle a tort, ce n’est pas moi qui ait tort, c’est juste affaire de confort.
C’est bien pratique, je me retrouve dans la position du soldat.
L’alternative est simple : Tuer ou mourir et surtout ne pas discuter.
L’avantage de la position est évident : Pas de responsabilité.
Vous imaginez, lectrices chéries, combien est reposante la position ?
« Pas de responsabilité » égale « pas de culpabilité ». Le pied, quoi…
Le général peut faire de même.
Il fait d’ailleurs de même. « Pas assez d’hommes ! », « pas assez d’armes ! » et « de toute façon j’obéis au pouvoir. »
Ce n’est donc pas sa faute.
D’ailleurs ce sera la faute des politiques qui l’ont contraint à se lancer dans un combat perdu d’avance.
Je vous raconte tout ça parce que justement je viens d’entendre à la radio une personnalité politique m’expliquer qu’elle n’est pour rien dans ce qui nous frappe, que « c’est la faute de »…
Donc, heureusement pour eux, comme ça va merd… et qu’ils le savent, les politiques se plaindront que « seules les circonstances indépendantes de leur volonté les ont poussés à »…
Comme ça aura à coup sûr mal tourné, ils se retrouveront, sous la poussée de la rue, traînés devant des juges dont le métier est justement de trouver des coupables, ceux dont « c’est la faute ».
Lesquels juges condamneront.
Le pied ! Ils auront trouvé des coupables sans même qu’on leur ait demandé de trouver une solution !
Finalement, nous faisons des choses et heureusement c’est toujours « la faute de » si ça tourne mal.
Jamais la nôtre, ce qui est bien pratique.
Malgré une farouche tendance à me mêler de ce qui ne me regarde pas, ce que me permet justement cette histoire de « c’est la faute de », je trouve très bien de m’en remettre au jugement d’Heure-Bleue.
Je n’ai même pas besoin de lui reprocher quoi que ce soit quand ça déconne.
Dès qu’elle sent que ça ne va pas se passer comme prévu, elle commence à me dire « oui mais… Et d’ailleurs si tu… »
C’est pas extraordinaire, ça ?
Bon, ça a un côté dérangeant.
Je trouve même qu’il est franchement gênant de constater que tous, du cantonnier au Secrétaire Général de l’ONU, nous faisons les choses en nous considérant totalement irresponsables de ce qui en découlera.
Limite ça me fait peur.
Pas à vous lectrices chéries ?

jeudi, 24 septembre 2015

La tireuse d'épine.

449px-La_tireuse_d'épine_Musée_Jacquemart_André.jpg

Bon, quand on connaît le coin...
Ben oui Mab, « La tireuse d’épine » est une statue de Jean-Baptiste Pigalle. Pfff...
Ah… Lectrices chéries…
Je dois avouer, à ma grande honte car, bien ce soit fréquent, je déteste me tromper, que j’ai « enduit d’erreur » un certain nombre d’entre vous.
Il s’agit d’une citation que j’aime beaucoup parce qu’elle est souvent appropriée aux évènements qui nous arrivent.
Je la prêtais à Goethe et je la lui avais fait écrire dans Faust..
Elle est de Schiller qui l’a écrite dans « La Pucelle d’Orléans ».
C’est Clodoweg qui me l’a rapporté.
Il s’agit de « Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain. »
Mais je l’aime bien quand même, elle tombe si souvent juste.
Bon, je secoue ma tête pleine de cendres et m’en vais rassurer Emilia-Celina qui semble catastrophée par ma note d’hier.
Rassure-toi, Emilia-Celina, ne vois nulle désillusion dans ma description du quartier de mon enfance puis de ma jeunesse.
Ce coin, comme beaucoup, reprend petit à petit les teintes et ce côté « passé » du Paris du début des années cinquante.
De ce quartier, l’avenue de Clichy seule n’a quasiment pas changé depuis. Elle a toujours été assez sale, vaguement triste et dévolue à certains marchands de « sapes » d’un mauvais goût très sûr.
Tu vois, Emilia-Celina, si tu avais connu les boulevards de Clichy, de Rochechouart et de Bonne-Nouvelle ces années là, malgré la croissance de l’époque, tu aurais vu qu’ils étaient sales, leurs immeubles noirs et qu’ils semblaient dans la débine.
Ces artères étaient aussi « crades » que celui où j’habitais.
Quand les « sixties » sont arrivées, l’espoir était dans l’air et Malraux avait exigé qu’on nettoyât ces façades noires.
Petit à petit, l’opulence du pays rejaillit sur ces quartiers mais jamais avec le lustre qui a fait les quais de la Seine.
Les années quatre-vingt, dites « années fric » les vit repeints et, pour les boulevards dont je te parle, rendus clinquants.
Les boulevards, le long des stations Place Clichy, Blanche, Pigalle et Anvers se sentirent obligés de ressembler au « Vesterbrö » de Copenhague, au « Sankt Pauli » de Hambourg ou au « De Wallen » d’Amsterdam.
A l’époque où les copains et moi faisions le trajet qui nous menait du lycée Jacques Decour au lycée Jules Ferry, il y avait de vraies péripatéticiennes sur les trottoirs et pratiquement pas de boutiques de « jouets et accessoires » afférents au métier de ces dames.
Plus tard, avec l’élévation du niveau de vie et la fréquentation accrue des touristes, ces dames furent priées d’aller exercer leurs talents ailleurs et les boutiques de « jouets et accessoires » se firent alors nombreuses et brillantes de mille feux.
Seule la portion de boulevard entre Pigalle et Anvers resta dévolue aux marchands d’instruments de musique. Moins « selects » que les luthiers du triangle Europe-Saint Lazare-Rome, mais « bien » quand même.
Puis, la fameuse « crise » survint, et en quelques années, ce quartier de ma jeunesse a repris les teintes un peu tristes et sales qu’il avait dans les années cinquante et soixante.
Une chose est restée des années fastes, une foule nombreuse qui se presse sans cesse sur les trottoirs.
Mais un peu de soleil rajeunit ce quartier d’une cinquantaine d’années en un instant.
Heure-Bleue le déteste, allez donc savoir pourquoi, mais j’aime ce quartier.
Il est à mes yeux toujours aussi chouette.
Oui, chouette car on ne peut pas dire beau mais j’y reste accroché par les lambeaux de mes souvenirs.

mercredi, 23 septembre 2015

Place Pigalle il y a une fontaine, au bord d’elle j’allais méditer…

Au fait, lectrices chéries, je ne vous ai pas raconté !
Lundi, Heure-Bleue et moi sommes allés à Paris.
Bon, beaucoup d’entre vous s’en fichent.
Mais quand même…
Celle qui ravit mes jours et enchante mes nuits avait trouvé une occupation pour votre serviteur.
Non, pas ça mais une sombre histoire de coussin.
Elle m’entraîna donc au Marché Saint Pierre, au pied sud de Montmartre.
Nous avions prévu un circuit qui conciliait promenade, déjeuner et achats.
Nous sommes donc partis, le nez au vent et les chaussures affutées place de Clichy pour y déjeuner d’un döner, notre monomanie ces temps ci.
Celui-ci avalé, nous avons quitté l’avenue de Clichy pour le boulevard de Clichy.
Notre route était tracée, elle allait de la place de Clichy au square d’Anvers.
Du métro « Place Clichy » au métro « Anvers ».
Le temps et mon humeur du moment ne se prêtaient pas à la rêverie vaguement nostalgique qui me prend souvent quand je passe vers Montmartre.
Alors j’ai vu les rues et les boutiques telles qu’elles sont et non telles qu’elles étaient.
Déshabillé de mes souvenirs, je me suis aperçu que ce quartier tombait peu à peu dans la débine.
Toutes les boutiques qui fournissaient l’équipement des métiers de la fesse étaient, à cause de la crise, encore plus tristes que d’habitude.
Les vitrines en étaient poussiéreuses et peu engageantes.
Même le Musée de l’érotisme, rebaptisé « Erotic Museum » pour des raisons commerciales, aurait coupé l’envie de câlin à prisonnier libéré du jour même.
D’un coup, place Pigalle je me suis fait la réflexion que ça faisait longtemps que je n’avais pas vu la fontaine pleine d’eau.
Le Monop’, où je suis entré acheter quelques vivres,  a gardé ce côté « pas net » que je lui ai toujours connu.
J’ai bien aimé quand même traverser la rue des Martyrs.
Le Mikado, le vrai, a disparu de l’angle de la rue Lallier. Il n’en reste qu’une vague discothèque tandis qu’un restaurant a pris la place du dancing où un censeur est allé un jour chercher ses élèves. 
Des choses ont changé tout de même en mieux, le Trianon, ce cinéma qui nous a accueillis, mes copains et moi, est entièrement refait et a repris son job de théâtre. Il est superbe, vraiment.
En revanche, « l’Élysée Montmartre », qui accueillait des matches de catch vers la même époque, est devenu pour moitié un chantier déserté et pour moitié une boutique de fripe dont je me demande si elle ne squatte pas tout bonnement les lieux…
Pour cette affaire de coussin, c’est râpé, tout est fermé, Kippour est proche…
Alors nous avons traversé le boulevard. J’ai emmené Heure-Bleue où elle voulait, le café au coin de la rue Gérando et de l’avenue Trudaine.
Je lui ai décrit l’appartement d’un copain chez qui j’étais allé et qui était venu une fois chez moi.
J’avais été ébloui par son immeuble, en pierre de taille, un appartement immense, bien décoré et bien rangé.
Il avait été ébloui chez moi par un minuscule logement ou le bazar régnait, où on pouvait fouiller partout et faire de sacrées trouvailles…
Mais ce lundi, j’ai surtout été scandalisé par l’état lamentable de « mon » lycée, dont la pierre de taille s’écaille, des morceaux s’effritent et j’ai repensé aux « économies » qui sont dépensées dans des inutilités dispendieuses alors que « mon » lycée va finir en ruines…

mardi, 22 septembre 2015

La parole est à la défonce…

Dimanche, nous avons « fait » trois brocantes !
Oui lectrices chéries, trois !
Dont une toute petite, avec un seul exposant.
Exceptionnellement nous ne sommes pas partis vers dix-huit heures.
Oui, d’habitude nous faisons ça, ça nous permet de soupirer devant les stands en disant « vraiment, cette années ils n’ont pas grand’ chose à proposer… » et de rentrer à la maison, fiers de notre mauvaise foi.
Cela dit, la première brocante était si maigrelette que nous sommes allés à la brocante de la ville voisine.
Comme chaque fois que nous décidons de prendre le train le dimanche dans ce bled, il y a un panneau qui dit « le samedi la circulation des trains est celle du dimanche ».
Le panneau ne précise pas, hélas que « le dimanche, la circulation des trains est celle des grèves surprises ».
Mais il y a quand même des bus pour faire le travail.
C’est super bien parce que là, c’est entièrement gratuit. Nous avons dépensé nos sous mais pas pour les transports…
Cette brocante de la ville voisine était plutôt importante, il y avait trop de professionnels à mon avis, de ces gens qui arrivent très tôt et achètent un €uro le matin ce qu’ils tentent de vendre trente €uros l’après-midi…
Comme toujours, ce qui est le plus intéressant n’est pas tant ce qu’il y a sur les étalages que ceux qui sont derrière ou devant.
Il y avait quelques « bobos », quelques « mochemoche » aussi mais l’ambiance était celle d’une fête foraine avec ses odeurs de merguez, de « moules-frites », une fête d’été…
Le temps était beau et chaud, accompagné de son effet secondaire habituel. La soif.
Cette soif avait à son tour un effet secondaire embêtant quand on choisit de se désaltérer à grands coups de rosé.
L’envie de faire pipi qui tenaille Heure-Bleue dès qu’elle pressent qu’il n’y aura pas seul café ouvert l’a saisie devant un café sympa et ouvert.
Il y avait foule à la terrasse et la seule table libre était voisine d’une autre occupée par quatre publicités sur les dégâts sociaux de l’alcoolisme. .
Deux femmes, le verbe haut et les idées lubriques, apostrophaient les connaissances qui passaient par là.
Elles semblaient connaître énormément de monde…
L’une des deux, du fond d’une cuite monumentale, regardait un type.
Elle avait, comme on dit « les yeux qui parlent ».
Manque de pot, elle avait les yeux qui parlaient argot.
Affublée en outre d’une voix brisée à coups de « mêlé-cass’ » épouvantable, elle se mit à haranguer une jeune femme qui passait là, portant un nourrisson.
Cette pauvre jeune femme était rouge de honte à entendre l’autre, tendant le doigt vers le bébé, lui dire d’une voix forte à l’accent grasseyant  « Ah ça ! Elle peut pas dire qu’elle a pas fauté celle- là ! »
Si j’avais parlé avec cet accent, Heure-Bleue ne m’aurais jamais répondu et il n’y aurait jamais eu d’Ours. De toute façon, ma mère m’aurait tué.
Il y a des jours comme ça où on est heureux de ne pas avoir de tels voisins.
Nous avons repris notre « transport de substitution » gratuit pour revenir à la maison. Nous sommes passés devant une grille ouverte sur un jardin où une dame d’un certain âge avait ouvert sa brocante perso.
Heure-Bleue à acheté des choses pour les filles et moi un saladier pour préparer des desserts aux filles.
C’était bien, comme dit la lumière de mes jours…

lundi, 21 septembre 2015

L’effet maire est bref…

Vous avez remarqué, lectrices chéries, comme certains lieux ne changent jamais ?
Heure-Bleue et moi discutions à bâtons rompus de notre promenade de vendredi dans Paris.
Comme nous étions dans le XVIIème, la lumière de mes jours, me parlait de certaines boutiques et cafés de son quartier d’enfance.
Notamment d’un bistrot qui n’était pas « un café fréquentable » où sa mère, ses sœurs et elles n’avaient donc jamais mis les pieds.
Elle m’a rappelé alors un bistrot mal famé de mon enfance, le « Saïgon Bar ».
Un oncle mien, le petit frère de mon père, était venu passer quelque temps à la maison pour trouver un travail à Paris.
L’appartement, de surpeuplé qu’il était, devint avec l’arrivée d’un jeune homme de vingt-quatre ans, bondé…
Il y eut des accrochages, évidemment. Mon oncle, qui jouait à « être Hercule » avec nous et il en avait la carrure et les muscles, s’était déjà disputé avec mon père.
Mon père avait trente-trois ans et ne trouvait pas l’idée de tonton d’aller faire la guerre en Indochine au moment de Dien-Bien-Phu si géniale…
Un soir tonton il revint chez nous, avec « des semelles sphériques », le truc instable par excellence et ça se gâta.
C’est à cause de cet épisode que je me rappelle le « Saïgon Bar ». Tonton, donc, était tombé dans une sorte d’embuscade, de celles qui laissent un homme normalement constitué à plat ventre dans le caniveau de la rue Championnet.
Mon père, peu sérieux mais bien élevé et assez collet monté disputa son petit frère.
« Caco ! Quand on est garçon « bien », on ne va pas au Saïgon Bar ! »
Petit frère râla mais s’écrasa quand mon père lui dit « Tu veux que je le dise à maman ? »
Le souvenir de ce bar mal famé m’a conduit à aller voir sur « Google Maps » ce qu’il était devenu depuis le milieu des années cinquante puisque ce quartier m’est interdit de visite par Heure-Bleue.
Elle doit avoir peur qu’on lui pique son sac à main…
Eh bien lectrices chéries, ce bar qui a dû changer cent fois de propriétaire depuis 1954 est resté ce qu’il était.
C’est toujours un bar de voyous, il a gardé l’air mal famé qu’il avait déjà quand je suis entré chez mes fondus du bon dieu !
Plus de soixante ans ont passé et le lieu n’a pas changé d’allure.
Heure-Bleue et moi avons continué à papoter sur ces lieux que les ans n’arrivent jamais à changer. De la boucherie qui n’a « jamais marché » au « bistrot mal famé » en passant par la boutique de vêtements dont on se demande ce qu’on peut tirer comme subsistance d’une échoppe perpétuellement vide…
Vendredi, déjà nous avions constaté pour la millième fois que la « bobotisation » de certains quartiers n’était qu’un vernis qui ne demandait qu’à s’écailler au premier soubresaut du marché de l’immobilier.
Le coin du XVIIème où nous étions hier ne demande qu’à redevenir le Paris des « fortifs » grâce à une technique éprouvée.
Oui, lectrices chéries, malgré la preuve évidente que « l’architecture clapier », ce genre  typique des « sixties » est un échec, eh bien  l’immense terrain, préempté par la Ville à la SNCF en 2012 et prévu pour y créer le village olympique, est en train de se couvrir d’une cité du style « banlieue 60’s »
La création de ghetto ayant toujours les mêmes effets, Heure-Bleue et moi sentons la « bobotitude » du coin s’évanouir rapidement…