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mercredi, 14 octobre 2015

La force des choses…

Hier, c’était dentiste.
Après, nous sommes allés chez les enfants pour attendre que Merveille revienne de l’école.
En l’attendant, « on » m’a appelé sur le chemin de la salle de bains.
P’tite Sœur avait décidé que la sieste avait assez duré et tendait les bras avec patience, espérant que quelqu’un passerait devant la chambre qu’elle partage avec Merveille.
Je suis passé…
Puis Merveille est arrivée et a jeté un regard noir à Heure-Bleue et moi.
Cette enfant déteste l’idée même qu’on puisse s’intéresser à quelqu’un d’autre qu’elle.
Ses parents, c’est limite mais elle conçoit bien que nous sommes les parents de son père et que donc…
Mais tout juste.
Elle a fin par me tirer par la manche.
- Papy ?
- Merveille ?
- C’est Ewan…
- Explique toi, Merveille…
- C’est Ewan, eh ben…
- Eh bien !
- Eh bien, Ewan, voilà…
- Oui ?
- C’est ça l’amour ?
J’avais fini mon café, ça m’a évité de le recracher sur la table d’une seule quinte de toux.
- Ahemmm… Que veux tu dire exactement, Merveille ?
- Alors voilà, Ewan, quand il est là, il m’agace, mais il m’agace…
- Et…
- Et quand il n’est pas là, il me manque…
- Peut-être bien Merveille,  mais je ne suis pas sûr.
- Ah… Et aussi.
- Aussi ?
- Eh bien c’est le meilleur des amis quand il n’est pas là.
- Mais quand il est avec toi, il…
- Oui, il m’énerve, tu peux pas savoir…
- Alors je ne peux rien dire de précis, Merveille, je ne suis pas toi, je n’ai pas ton cœur.
- Finalement, papy, tu ne sais pas ce que c’est que l’amour, alors…
J'ai soupiré...
Que voulez vous répondre à ça, lectrices chéries ?
Alors je l’ai embrassée en me disant qu’il y en avait un qui n’allait pas s’amuser tous les jours.
Et elle n’a que huit ans…
Heureusement, aujourd’hui je l’emmène à une expo au Palais de la Découverte.
Une expo qu’elle tient absolument à voir.
J’ai toutes mes chances, elle est branchée par les dinosaures…
J’attends de voir Merveille « préparer le bac ».
Enfin, j’attends surtout de voir son père…

mardi, 13 octobre 2015

Ascenseur pour les fachos.

J’ai entendu ce matin un type qui m’a passionné.
Bertrand Badie, prof à « Science Po » qui nous parle des conflits dans le monde, qui suppute les buts des uns et des autres, que ce soit au Moyen Orient ou ailleurs.
Et il a clos son intervention sur une remarque à propos de la diplomatie qui a attiré mon attention qui pour une fois n’était pas défaillante.
Il constatait que parmi les problèmes qui frappent notre jolie planète, il y a cette cécité bien-pensante qui veut qu’il « y a des gens avec qui on ne parle pas ».
Ils font partie des « gens pas bien ».
Il a continué en disant « si on poursuit dans cette voie, avec cette façon de faire, on ne parle qu’avec ses amis, on ne discute qu’avec des gens qui sont d’accord avec soi. »
Il a conclu par « La diplomatie, ce n’est pas ça. La diplomatie c’est d’abord oser parler avec ceux qui ne sont pas d’accord ! Essayer de faire valoir sa vision des choses. De montrer qu’on peut porter sur les choses un autre regard. »
C’est là que je me suis aperçu qu’il en allait ainsi dans toutes les sphères de la société.
Si on n’y prête pas attention on ne parle qu’avec ses amis.
On refuse d’adresser la parole, voire simplement de répondre à ceux avec qui on n’est pas d’accord.
Bon, c’est vrai, il est tellement plus facile de les détester qu’essayer de comprendre ce qu’ils disent ou simplement accepter de discuter.
Il est vrai que la démocratie, c’est d’abord « l’organisation de la discorde » mais j’en lis tant qui semblent trouver que la démocratie serait tellement mieux préservée si on n’était pas emmerdé par le peuple.
A lire ou écouter ceux qui sont justement chargés de conduire ou simplement –si l’on peut dire- aider « le peuple », j’ai la peur au ventre qu’un jour ils s’occupent de moi.
Rien qu’à sentir le mépris, la condescendance et la détestation qui sourd de leur discours, j’ai peur d’avoir un jour besoin de ceux dont la mission est d’aider leur prochain à se sortir de la panade…

dimanche, 11 octobre 2015

J'ai perdu des pièces de l'ego...

Lectrices chéries et adorées, cette note est courte parce que j’ai encore un gâteau à faire et du riz à faire cuire.
Heureusement que je me peux me rendre ridicule une fois par jour.
Ça m’aide à rester modeste…
Ouais, je sais.
N’insistez pas lectrices chéries…
Hier donc, pour rester dans cette heureuse veine, j’ai profité de l’occasion qui m’a été offerte.
Pour essayer de satisfaire nos convives d’aujourd’hui, je suis allé chez le caviste du coin.
J’avais une idée assez précise de ce que je voulais comme vin rouge et aucune à propos du vin blanc que je supputais coller parfaitement avec les supions que j’avais cuisinés.
Quand je suis arrivé dans la boutique, je n’ai vu que le caviste en grande conversation avec un client et prêté aucune attention au reste de la boutique.
Je me suis contenté de vérifier rapidement que le vin des Côtes du Rhône visé était bien là, bio et bon.
Oui, à la maison on sombre dans l’alcoolisme mais à défaut d’épargner notre foie nous prenons soin des autres organes.
Puis j’ai attendu.
Le client que j’avais remarqué en entrant a payé et est parti.
J’ai ouvert la bouche quand un type est arrivé à la caisse.
Il a posé deux bouteilles sur le petit comptoir et a dit :
- Finalement j’ai trouvé tout seul. Je me suis servi.
- Bien. Ça fait quinze €uros quatre-vingts.
A dit le marchand.
Le type a payé, a pris ses bouteilles et, quand il a atteint la porte, j’ai dit :
- Monsieur, s’il vous plaît !
- Oui ?
- Si vous m’aviez dit que vous étiez pressé, je vous aurais volontiers cédé la place mais…
Et l’un de dire :
- Mais j’étais là avant vous !
Et l’autre, en même temps :
- Mais il était là avant vous !
Je me suis excusé platement…
Ridicule, je vous dis, lectrices chéries…

samedi, 10 octobre 2015

La grâce mâtinée…

Vous avez remarqué, lectrices chéries ?
Et ça m’a frappé.
Oui, comme ça…
Il y a quelques jours, nous avons croisé une voisine au rez-de-chaussée.
Tout à fait charmante la voisine.
Ne me demandez pas comment elle est pour que je la trouve charmante.
Devinez son teint et la couleur de ses yeux...
D’autant plus charmante, donc, que c’est elle qui m’a alpagué en me disant qu’elle avait apprécié mon style épistolaire pour apostropher « le bringueur du quatrième ».
Ma gorgée de petit lait avalée, Heure-Bleue et moi avons papoté un moment avec la voisine jusqu’à ce que je rappelle que si nous voulions dîner d’autre chose que de « créquouis » il nous fallait aller acheter quelques vivres.
Je vous dirai un autre jour ce que c’est que cette histoire de « créquouis ».
Ce soir là était le soir où Heure-Bleue « a eu envie de cochonneries ».
Hier, j’ai reçu un mail de la voisine.
Elle nous convie « Ce serait agréable de se faire un apéro un soir plutôt que de discuter sur le trottoir si cela vous dit.»
L’idée de picoler gratos et servi par quelqu’un d’autre m’a aussitôt comblé alors j’ai usé de mon meilleur langage de faux-cul « garçon bien élevé » pour lui dire que ce serait un plaisir « mais que nous ne voudrions pas etc… »
Cette voisine a répondu peu après et là où j’ai tiqué, c’est sur la fin de la proposition.
Rien d’insane, rassurez vous, lectrices chéries.
Seulement sur « le vendredi 6 novembre ou le vendredi 13 novembre à votre convenance, vers 19H ».
Nous sommes tous occupés, bien sûr.
Quand nous travaillons, il n’est pas rare, selon son travail d’avoir des occupations planifiées sur des semaines, des mois, voire des années.
Là où je suis de plus en plus surpris, c’est de voir ces agendas remplis à ras bord dans les heures consacrées à la vie privée.
Heure-Bleue et moi, vous aussi lectrices chéries je l’espère, avons connu l’heureux temps où pour convier une connaissance « à un apéro » il suffisait de dire « vendredi, en fin d’après-midi ou en début de soirée, ça vous va ? »
J’ai l’impression que par les temps qui courent, alors que le chômage galope et qu’on nous saoule avec « les trente-cinq heures qui tuent la compétitivité », ceux qui ont un boulot se tapent le leur et celui des cinq millions de chômeurs…
Invitez n’importe qui à un repas ou simplement un goûter et vous le voyez consulter son smartphone afin de vous caser dans ce qui ressemble à un agenda d’ophtalmo.
Oui, l’agenda d’ophtalmo est bien plus rempli que celui d’un ministre.
Sommes nous donc si occupés ou avons-nous si peur de rater quelque évènement que nous sommes contraints de remplir d’avance nos heure au point d’en retirer tout risque de surprise ?
La nouveauté ne devrait elle advenir qu’à travers un écran et un haut-parleur ?
Jamais d’une rencontre sauf à ce qu’elle soit dûment planifiée ?

mercredi, 07 octobre 2015

Je ne boirai pas de tonneau…

Hier, je suis allé déjeuner avec un copain.
Il m’avait invité pour me raconter quelque chose.
Des trucs de mec que les meufs peuvent pas piger vu que ce sont des meufs et qu’on est des mecs.
Comme c’est un homme très occupé par son boulot d’ingénieur dans l’industrie pharmaceutique, je n’ai pu lui consacrer que deux heures.
Ne dites rien, lectrices chéries, je sais bien ce que peut avoir de bizarre la tournure de la phrase.
C’est pourtant exactement ça.
Quoiqu’à mon âge, je doive éviter de gaspiller le mien, c’est parce que son temps est précieux que je n’ai pu lui consacrer que deux heures et quart exactement.
Comme avec l’ami que je rencontre à Paris, l’essentiel, à part nos désaccords perpétuels, est le repas que nous partageons.
Il y a, près de son gagne-pain, un restaurant agréable où une serveuse, agréable elle aussi, vous accueille avec un sourire charmant.
Mais il y a mieux. La cuisine.
Mieux encore. Le vin.
Mon copain, très en cour dans ce qui est devenu sa cantine, m’a fait apprécier le talent avec lequel le mastroquet choisit ses vins.
Il avait décidé que ce serait un « repas blanc », à peine un demi hors d’œuvre pour deux et un plat.
Bon, le mulet grillé accompagné de carottes émincées était bon mais était surtout l’excuse rêvée au Puligny Montrachet qui l’accompagnait.
Que je vous dise, lectrices chéries.
Ce vin, rien qu’à le sentir, m’a ramené plus de cinquante ans en arrière.
J’ai raconté à mon copain, qui devient sentimental dès qu’il s’agit de pinard, ce qu’a rappelé l’odeur de ce cru de Bourgogne. Il y fut très sensible.
Dès que j’ai plongé le nez dans mon verre, j’ai été transporté en Bourgogne, dans la cave du café  de ma tante Olga.
C’était encore l’époque où on livrait le vin en barrique dans les cafés du coin.
Quand il fallait encore remplir les tonneaux « au cul du camion » à partir « d’une pièce », le truc de quatre cents litres.
Vous ne croyiez tout de même pas, lectrices chéries, que nous étions devenus champions du monde de l’alcoolisme à coups de « mignonettes » genre « vol en classe éco », non ?
Il fallait alors commencer par préparer les tonneaux. Ma tante prenait un grand fil de fer, accrochait à un bout un morceau de coton imbibé d’alcool de fruit, y mettait le feu et le promenait à l’intérieur du tonneau.
Ensuite, elle prenait une petite coupelle suspendue à un autre fil de fer, y mettait un peu de soufre qu’elle enflammait et l’accrochait dans le tonneau.
Quand le vigneron arrivait avec son vieux GMC, elle surveillait le remplissage des quelques tonneaux qu’il emmènerait à la cave avec l’aide de mon oncle Fernand. Oui, celui de mes vacances.
Après quelques jours, de repos. A la demande du client, elle remplirait les bouteilles et les « chopines » avec un entonnoir tapissé de coton pour retenir « la fleur » du vin.
Voilà ce que tout ce que j’ai senti et revu quand j’ai promené mon nez sur le verre de Puligny Montrachet.
Voilà ce que j’ai dit à mon copain.
Il m’a dit « t’as du pot, toi, d’avoir vu des choses comme ça. »
Je me suis dit que oui…
On se le dit toujours un peu tard.