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vendredi, 02 octobre 2015

Émois, et mois et moi…

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Imaginer, qui doit venir déjeuner à la maison avec un Chéri que Colette ne connaissait pas, m’a demandé comment s’y prendre pour arriver chez Heure-Bleue et votre serviteur.
Une pensée s’est aventurée dans le désert ma cervelle.
La route qui mène de la cambuse d’Imaginer à la gare Saint-Lazare m’est revenue, intacte malgré les années.
J’ai donc recommandé un petit voyage en bus qui partirait de la place Jules Joffrin, la mairie du XVIIIème, pour l’amener devant la pharmacie Raspail de la rue de Rome, face à l’entrée de côté de la gare.
Las ! Ses souvenirs n’étant pas les miens, elle a suggéré un voyage sombre et peu enrichissant en métro.
Si le chemin en surface emprunté par le métro est passionnant, les sept stations qui mènent à Saint-Lazare sont tristes à mourir.
Aller de la mairie du XVIIIème à la gare Saint-Lazare en prenant le 80 est autrement intéressant.
On remonte quelques dizaines de mètres de la rue Hermel jusqu’à la rue Ramey.
On commence par passer devant une bijouterie que je connais depuis mon enfance, étonnamment toujours là et achalandée puis on entre dans la rue Ramey, plus propre qu’en 1960 mais peu changée en profondeur.
Évidemment, le marchand de partitions chez qui ma sœur cadette a acheté des cordes de guitare pour une passade qui avait plus à voir avec un garçon du coin qu’avec la musique a disparu.
Le 80 sort de la rue Ramey pour remonter la rue Custine.
Là, « les impôts » où ma mère allait régulièrement expliquer pourquoi il était malvenu de lui demander des sous, ont été remplacés sans surprise par une banque.
Le 80 quitte ensuite la rue Custine pour la rue Caulaincourt où mon palpitant a semé quelques brisures à l’adolescence. Le bistrot est toujours là, pas loin de la rue Saint-Vincent.
Il passe ensuite sur le pont qui enjambe le cimetière de Montmartre où j’ai quelques souvenirs et arrive place de Clichy, là où il y eut le « Gaumont Palace », le plus grand écran d’Europe. J’y vis plein de films dont « Ben Hur » de William Wyler.
Je ne sais pas si Charlton Heston avait bien sa montre au poignet pendant la course de chars. J’étais bien trop pris par le film.
Si on prend le métro, on ne voit pas le Wepler, salle gigantesque où on a réussi à caser douze salles aujourd’hui.
On ne voit pas non plus, en regardant en face, le lycée Jules Ferry.
Du 80, en se penchant un peu, on pouvait voir « la Taverne du Régent » dans la rue de Douai, lieu de rendez-vous censément secrets dans les années soixante.
Au moins trois lycées entiers connaissaient ce café qui a disparu lui aussi...
En métro, on rate encore le restaurant de l’écailleur Charlot. Chef- d’œuvre architectural de la période « clinquant » qui éclaire la place a giorno dès six heures du soir en hiver.
Bref, Imaginer, tu rates pleins de choses en prenant le métro.
Surtout que tu as le temps, tu ne pars pas au travail ni « à la gym », tu viens déjeuner à la maison.

jeudi, 01 octobre 2015

La compagnie saprophyte…

Je viens d’entendre une publicité pour une compagnie d’assurance.
Rien d’exceptionnel me direz vous.
Eh bien si. Du moins sur un détail.
Il s’agit d’une assurance dite « habitation », courante.
Mais alors ? Vous entends vous exclamer, lectrices chéries.
Eh bien, voilà.
Ce qui a attiré mon attention, c’est comme toujours un détail dans l’approche du discours.
Une compagnie fait appel à l’aspect impitoyable des statistiques et en tire une tarification qui leur permet de vivre et d’assumer les risques qu’elle est censée prendre en vous garantissant contre les éléments qui peuvent –ou non- vous frapper.
Du malfaisant qui fracture votre porte au voisin qui lave votre plafond à grande eau.
Rien que de très normal donc.
Là où ça me semble curieux, c’est ce que propose cette publicité :
«  Si vous n’avez pas de sinistre pendant trois ans, vous bénéficierez d’une réduction de 10% de votre prime »
La réduction augmente –un peu- si le nombre d’années sans incident croît.
J’ai écouté attentivement le speech du type.
Qu’en ai-je retiré ?
Ça : Vous payez votre prime. Si vous ne coûtez absolument rien à la compagnie, elle veut bien vous prendre moins de sous. Un peu moins. Très peu.
Tentez de faire ça auprès d’un mastroquet !
Ou il vous fout un coup de fusil ou vous plongez pour racket !
Bon, honnêtement –si si- je suis un peu de mauvaise foi.
Mais que voulez vous, il faut bien que je m’entraîne régulièrement au sophisme.
C’est mon péché mignon…

mardi, 29 septembre 2015

Minou troué !

Hier, c’était dentiste pour Heure-Bleue.
Dentiste pour Heure-Bleue, ça veut dire Merveille et P’tite Sœur.
J’ai été très fier, quand je suis sorti de la salle de bains, de voir P’tite Sœur me tendre les bras depuis son lit.
C’est rare, ces temps ci qu’une fille me tende les bras.
Au moins une qui ne s’est pas encore aperçue que j’étais devenu vieux…
Non, j’exagère, Merveille fait semblant de ne pas s’en apercevoir.
Après que Manou eut changé P’tite Sœur, nous sommes partis chercher Merveille à l’école et, ô surprise, nous avons pu emmener P’tite Sœur dans sa poussette.
Nous avons vu tout le monde, chose rare, peu après notre retour.
JJF est belle et moins fatiguée mais malade. Elle souffre d’un truc dont je n’aurais jamais soupçonné l’existence.
Une infection pulmonaire l’a contrainte à tousser si fort qu’elle s’est fait une entorse à une côte !
Une entorse d’une côte ! Oui, elle a ça, JJF. Si une affection ne fait pas sérieux, c’est bien ça…
Je n’ai pas osé rire, mais quand même.
En revenant, nous sommes passés par le Monop’ et rentrés à pied à la maison.
J’ai préparé le dîner et, à table nous avons, papoté, comme toujours.
Comme toujours aussi, Heure-Bleue m’a époustouflé.
C’est ma faute car j’avais commencé :
- Tu sais quoi ? On dirait que l’on découvre que les mecs regardent les filles dans la rue.
- Ben c’est vrai ! Tu crois que je ne te vois pas ?
Assez maladroitement, j’ai dit :
- Moi ???? Je fais ça, moi ???
- Oui, tu fais ça. Tu fais ça depuis que je te connais…
Après un silence :
- Et probablement avant, tu ne changeras plus maintenant, Minou…
- Et les filles alors ?
- Ben non !
- Alors les filles ne regardent pas les mecs dans la rue ?
- Pas du tout !
- Et pourquoi ça ?
- Non, mais tu as vu ? Ils ne sont pas beaux…
Elle m’a troué !
Que voulez vous répondre à ça, lectrices chéries ?

lundi, 28 septembre 2015

Une histoire pas encore nette…

Mab m’a administré enfin la preuve indubitable que l’Arabie Saoudite a raison.
Dans sa grande sagesse, le royaume, sans doute sur la foi du dicton colonial « Femme au volant, la mort au tournant » a décidé d’entrée d’interdire aux femmes de conduire des voitures.
On pourrait croire qu’il s’agit du sexisme le plus vil.
Pas du tout ! Il ne s’agit là que de protéger ces faibles moineaux des entreprises douteuses de ces prédateurs que sont les garagistes.
 Mab  elle-même en convient dans son commentaire obligeamment laissé chez moi.
Entre parenthèses, elle a oublié de s’extasier sur un titre fantastique que j’avais concocté exprès pour elle mais bon…
Que me dit donc cette blogueuse dotée d’un talent inouï pour l’éphéméride ?
Oui, Mab fait des notes fantastiques de brièveté qui me font penser à l’éphéméride qu’un patron dispendieux avait fait poser sur mon bureau et que je ne me suis mis à regarder que le jour où je me suis aperçu que chaque jour une petite phrase soulignait quelque fait mineur.
Je ne m’étais rendu compte de la chose que le jour ou un collègue a remarqué, vers Noël, que mon éphéméride indiquait encore « 1er Septembre »…
Bref, Mab  souligne dans son commentaire la perfidie d’une profession envers les femmes. Celle des garagistes.
Elle parle même « d’arnaque suprême, une femme seule dans un garage. »
Elle m’a rappelé une historiette qui date du temps où certaines circulaient en « deuche ».
Il s’agissait, me souviens-je, de deux « bonnes sœurs » poussant leur « deuche » en panne jusqu’au garage du village.
Le garagiste leur demande de lui laisser la voiture et donne un délai d’environ une semaine.
La semaine écoulée, les deux « bonnes sœurs » reviennent au garage, le garagiste leur indique l’emplacement de leur voiture, prend leurs sous et retourne vaquer à ses occupations.
Plus d’une heure s’écoule, le garagiste lève la tête de son moteur et voit les deux « bonnes sœurs » debout, à côté de leur « deuche », silencieuses et patientes.
Il va les voir et demande « Mais que faites vous là, mes sœurs ? »
Et les sœurs de répondre « Au village on nous a dit « Si vous allez là, vous êtes sûres de vous faire baiser », alors on attend… »

dimanche, 27 septembre 2015

L’élan beau de ma vie...

Vendredi, je suis allé seul à Paris retrouver un ami.
Nous avions rendez-vous car il avait des tas de choses à me raconter et nous devions allez voir une expo photo à la Maison Européenne de la Photographie après déjeuner.
« Rien de bien passionnant » vous entends-je soupirer, lectrices chéries.
L’aller a commencé par une saynète intéressante sur le quai de la gare.
Quai en plein vent, sous un soleil radieux et un temps assez frais où une femme est arrivée tenant en son bec un… mégot.
Une autre, assise sur un banc, est illico arrivée pour lui signifier d’un ton aigre « il est interdit de fumer, madame ! »
La fumeuse lui a jeté un regard noir et a continué à téter sa cigarette.
La râleuse a insisté, lui expliquant qu’elle aussi avait fumé et que patati et patata…
Le regard de la clopeuse est devenu carrément tueur et la repentie du tabac s’est écrasée, est repartie vers son banc en maugréant.
C’est là que je me suis fait la réflexion que les pires non-fumeurs sont ceux qui ont cessé de fumer.
Chaque fois ça me fait penser à ces filles de joie à la retraite qui sombrent dans la bondieuserie.
Avec l'ardeur du néophyte, toujours prompt à la fatwa, ces ex-fumeurs condamneraient volontiers à mort ceux qui se font serrer à cloper dans les couloirs du métro.
Arrivé à Saint Lazare, j’ai pris le 29 pour aller vers la Rue Vieille du Temple proche de mon rendez-vous rue des Mauvais Garçons.
Oui, il y a des rues qui s’appellent comme ça dans ma ville préférée.
Nous avons déjeuné, mon ami et moi, en approfondissant nos désaccords habituels puis nous sommes allés à une boutique où on vend des appareils photos « de gosses ».
Des répliques en « plastique pleine fleur » d’appareils argentiques disparus.
J’en ai vu un, blanc et doré de partout, un faux Pentax des années soixante, un véritable chef d’œuvre de l’art pied noir…
Mon copain avait un problème avec une copie de « Lomo ».
Ça s’est heureusement bien terminé sinon la boutique aurait perdu au moins trois clients.
Alors que j’avais été plutôt gentil, mon ami m’a dit que j’avais fais « une remarque désagréable à ce pauvre commerçant ».
Après avoir expliqué au « pauvre commerçant » que son appareil avait flingué trois pellicules –33 € le bout quand même…- ledit « pauvre commerçant » a pris l’appareil. A pris deux photos. La troisième fois que le déclencheur à fonctionné, mon ami, embêté a dit « bon.. Mais je vous assure… »
Le « pauvre commerçant » a commencé « vous voyez, c’est pas sorcier quand même, c’est que vous… »
J’ai dit à ce moment là :
- Continuez, sinon ça va faire comme ma chasse d’eau…
- Ah ?
- Oui, elle se coince assez souvent, le plombier est venu…
- Et alors ?
- Il a fait comme vous, ça a marché trois fois et c’est tout juste s’il ne nous avait pas expliqué qu’on ne savait pas pisser. A notre âge…
- Ah…
Il a tenté de prendre une quatrième photo.
Coincé. Une cinquième. Re-coincé.
Il a pris un appareil neuf et l’a tendu à mon ami.
Je lui ai jeté un regard explicite.
Il a sorti l’appareil, l’a essayé, l’a remballé et rendu à mon copain.
Qui n’a pas osé lui réclamer les trois pellicules…
Ce fut un bel après midi qui se solda par la réparation de la fibre optique qu’avait cassée le type de chez l’agrume venu connecter notre voisin.