jeudi, 16 mars 2023
Ce n'est pas un cash hectique...
Nom de dieu ! Cent-quarante-cinq briques !
Et dire que pour 2027, avec leur réforme des retraites, j’hésitais entre Méluche et Marine !
Non mais quel couillon !
Bon, l’idée d’aller au charbon deux piges de plus, ça ne me branchait pas, déjà que j’ai le dos cassé…
Mais là, cent-quarante-cinq briques !
Mais qu’est-ce que je vais faire de tout ce pognon ?
D’abord je vais me tirer de ce coin pourri.
Et toutes ces années passées à pousser mon « fenwick » dans le Monop’ du boulevard Malesherbes en me disant « Qu’est-ce que j’aimerais habiter là… »
Et maintenant je peux.
Bon, tout seul parce que ma femme m’a plaqué, elle est partie avec les deux gosses.
Au moins ces deux-là, je pourrai maintenant les emmener ailleurs qu’au McDo un week-end sur deux…
Des fois même, j’essayais d’échapper au McDo parce les quinze ou seize balles ça faisait un sacré trou dans ma semaine…
Là, avec cent-quarante-cinq briques c’est pas pareil…
Je peux même les emmener dans un vrai restau et même acheter le restau si ça se trouve.
Peut-être que finalement j’aurais voté Macron parce qu’avec les deux autres, je me serais retrouvé sans un en deux coups les gros…
Je me vois déjà dans un appartement boulevard Saint-Germain ou boulevard Raspail.
Il y aura un escalier avec un tapis sur les marches, le truc avec les barres de laiton à chaque marche pour qu’on se casse pas la gueule quand on monte avec son caddy…
Que je suis bête… Il y aura un ascenseur, pas un truc en tôle avec les boutons cassés plein de graffiti sur les parois comme chez moi.
Non, un vrai, une espèce de petite boîte en bois verni, tout propre, avec des petits carreaux impeccables, le truc que j’ai déjà vu dans les films de bourges.
Un ascenseur où on voit défiler des paliers, pas un où on est dans un cercueil jusqu’au dixième étage et qui est en panne neuf mois sur douze.
Je pourrai prendre les gosses plus souvent.
Et puis aussi, boulevard Saint-Germain ou vers Saint Sulpice, si tu veux pas qu’on te regarde comme un moins que rien, Éléonore et Raphaël, c’est bien.
Faudra aller voir un juge pour que les miens ne s’appellent plus Steve et Brenda.
Qu’est-ce qu’on a été bête, ma femme et moi de les appeler comme ça !
On croyait qu’ils allaient vivre comme dans une série télé si on les appelait pareil…
Bon, maintenant faut quand même que je l’appelle et je suis toujours embêté au téléphone.
- Mimine ?
- Je vous la passe…
Encore sa mère…
- Quoi encore ?
- Tu voudrais pas habiter boulevard Saint Germain ou Raspail ?
La rive gauche quoi, quitter cette banlieue de m… ?
- T’as encore picolé, c’est ça ?
- Mais non…
- T’as trouvé un autre boulot ?
- Mieux que ça !
- Toi t’as fait une connerie, manquerait plus qu’au lieu d’aller au McDo, les gosses aillent te voir à Fleury…
C’était mal embringué mais ça allait s’arranger j’en suis sûr, elle n’a jamais pu résister à un bouquet…
Tout ça pour vous dire, lectrices et lecteurs chéris, qu’un joueur a gagné et ce n’est pas moi.
11:41 | Commentaires (10)
mercredi, 15 mars 2023
Aujourd'hui, c'est printemps !
Aujourd’hui, il fait beau et il est probable qu’avec Heure-Bleue nous allions flâner dans un parc alentour.
Ce matin, je vais vous parler d’un autre jardin.
Malgré le désert désolant des blogs, objets de désaffection générale, je vais vous parler du Jardin des Tuileries.
Oh, bien sûr, vous y êtes allées, lectrices chéries, du moins celles qui ont Sali leurs escarpins à Paris.
Même si vous n’y êtes pas allées, vous l’avez vu souventes fois à la télévision ou au cinéma.
Vous avez peut-être pesté en faisant la queue en plein soleil ou sous la pluie pour aller voir « Les nymphéas » à l’Orangerie ou autre chose à la galerie du Jeu de Paume.
Vous avez râlé en arpentant en plein été ces allées poussiéreuses qui salissaient vos escarpins.
Mais qu’en connaissez-vous vraiment, de ces Tuileries ?
Avez-vous arpenté ces petits chemins qui permettent de passer de l’Allée de Diane à l’Allée de Castiglione ?
Avez-vous repéré ce bassin perpétuellement vide, qui n’est pas un bassin mais un « exèdre » où plus personne ne discourt plus depuis des siècles, et où quelques chaises, perpétuellement vides elles aussi, vous appellent ?
Vous êtes-vous assises dans ces coins inconnus des passants
Ces endroits ombreux ou vous pouvez remuer vos souvenirs, assis, dans un silence troublé seulement par le bruissement du vent dans les feuilles ?
Et certains autres de ces bassins, aux abords peu fréquentés où ce sera l’écoulement de l’eau qui vous charmera ?
Ces recoins qui vous amènent à rêver, tranquillement assis à l’abri des regards ?
Ces endroits calmes, où l’on n’entend rien des bruits de l’allée centrale, pas plus que le ronronnement de la circulation sur le quai, protégé que l’on est du bruit de la ville par la Terrasse du Bord de l’Eau ?
Ces abris qui n’attendent que vous ?
Si, si, vous verrez ! Je vous assure !
Essayez donc d’y faire un tour. Là on peut vraiment flâner.
Même vivre un moment une nouvelle version des « rêveries d’un promeneur solitaire » (ouais, bon...).
Essayez, je vous l’assure, lectrices chéries, vous verrez les Tuileries sous un jour différent de celui auquel vous êtes habituées, cet aspect des Tuileries où « le bruit et la fureur » (encore ? ! ) vous semblent la marque de ce jardin.
Évidemment, si vous y avez des souvenirs, vous constaterez qu’ils y seront encore plus vivaces...
Ne vous y laissez pas trop prendre tout de même.
Sinon vous y passeriez votre vie et vous oublieriez qu’il y a, j’en suis sûr, des tas d’autres jardins où vous pourriez rêver d’autres rêves, revivre d’autres souvenirs, entendre d’autres soupirs.
Alors sortez en, dînez tranquillement et allez demain en voir un autre...
09:52 | Commentaires (7)
lundi, 13 mars 2023
Devoir de Lakevio du Goût N°155
Que peuvent se dire cette jeune femme et ce chat dans la toile d’Auguste Renoir ?
Je suis sûr qu’il y a une histoire à raconter.
Une histoire qui commencerait, comme beaucoup de contes de fée, par « Déjà petite elle savait qu’elle allait se marier avec un prince. »
Et si elle se terminait sur « Elle sourit alors à la pensée qui la traversa. »
À Lundi j’espère…
Déjà petite elle était sûre qu’elle allait se marier avec un prince.
Un vrai, un comme ceux des contes de fée.
Un qui serait beau, avec une peau mate et des cheveux bouclés d’un noir de jais. Exactement, ce garçon à deux rangs d’elle dans sa classe quand elle était encore en terminale.
Elle était sûre qu’un jour son prince viendrait…
Elle en avait essayé, des trucs.
Bon, il y avait bien cette histoire de grenouille mais la seule fois où elle avait réussi à en attraper une, le contact visqueux de la peau de la bestiole l’avait dissuadée d’y poser les lèvres.
Et puis il y avait aussi ces histoires de chats soudain affectueux, qu’une caresse ou un frôlement de lèvres aimantes sur le bout du museau transformait illico en Apollon qui tombait raide dingue de la fille qui lui avait fait le bisou magique.
En grandissant, elle avait remarqué évidemment que les princes en circulation n’étaient pas facilement accessibles.
Elle avait surtout été frappée par le fait que si un seul de ceux dont elle avait vu les images dans les pages des journaux dits « people » l’approchait, elle aurait porté plainte !
Ces princes gras à lard, de ceux qui font la fortune de la presse à scandale, de « ceux qui se font serrer à pécho des gamines » ne la tentaient pas du tout.
En plus elle leur trouvait l’air ennuyeux et libidineux, l’horreur quoi…
Elle regarda son greffier et déposa « Le Bisou » sur le museau de son greffier.
Évidemment rien ne se passa…
Malgré tout, elle gardait espoir et un gros un faible pour le prince du livre d’images de son enfance.
Aujourd’hui, elle se disait toutefois en repensant à « La Belle au bois dormant » qu’elle aurait dit à ce prince à l’air assez cruche une réflexion bien sentie.
Du genre « Décide toi bon sang ! Ça vient ce baiser ? Tu vois bien que je ne dors pas vraiment puisque je souris ! »
Elle pesta in petto.
Les princes, c’est décidément plus ce que c’était.
Et que ça joue les rosières, et que ça fait des manières genre « Je ne suis pas celui que vous croyez, non mais ! »
Eux qui, à l’époque, en prenaient à leur aise avec les filles, nous piquent carrément cette affaire de consentement.
Franchement gonflés, les princes !
Elle se dit quelle glisserait à l’oreille du prince « Tu sais que j’ai déjà couché avec sept nains ? Oui mon vieux ! Ça te la coupe, hein ? »
Elle sourit alors à la pensée qui la traversa.
08:06 | Commentaires (30)
vendredi, 10 mars 2023
155ème de Lakevio du Goût N°155
Que peuvent se dire cette jeune femme et ce chat dans la toile d’Auguste Renoir ?
Je suis sûr qu’il y a une histoire à raconter.
Une histoire qui commencerait, comme beaucoup de contes de fée, par « Déjà petite elle savait qu’elle allait se marier avec un prince. »
Et si elle se terminait sur « Elle sourit alors à la pensée qui la traversa. »
À Lundi j’espère…
07:51 | Commentaires (12)
mercredi, 08 mars 2023
L’amante n’est pas religieuse...
En ce jour de la « Journée internationale de la Femme », je tiens à vous réaffirmer mon total respect et une admiration sans bornes pour une patience vis-à-vis des hommes qui me laisse pantois.
Vous devez effectivement nous aimer beaucoup pour nous supporter.
Bon, pas autant que je le souhaite par moments mais personne n’est parfait.
Cela dit, je dois vous avouer quelque chose : Quand j’étais petit, et même quand j’étais à l’école maternelle, cet endroit merveilleux où j’ai vu pour la première fois des yeux autres que marrons, j’avais quelque chose.
Bon, quelque chose qui ne tournait pas rond, comme tout le monde mais pas que.
Oui, autre chose.
Autre chose élastique, avec une robe bleue qui finit décolorée, et une coiffure genre « casque mode Dallas » rouge et des chaussures noires au bout de jambes rose pâle.
J’avais une poupée !
Oui, une poupée, elle était en caoutchouc et elle s’appelait Martine.
Plus exactement je l’appelais Martine.
J’en pris grand soin et je la gardais près de moi autant que faire se pouvait.
Elle m’a plaqué un jour.
Je ne sais pourquoi.
Elle a disparu, sans doute froissée que ma mère me mette en pension chez des fous pour qui la chair n’était qu’un piège qui menait direct en enfer.
Je ne l’ai jamais revue mais ne l’ai jamais oubliée.
Ce fut la première de celles qui m’ont plaqué.
Le nombre de celles qui me firent connaître le goût du râteau avant celui de la pelle est bien plus élevé…
Tout cela pour vous dire que je vous ai toujours admirées et si rarement comprises.
Ce n’est pourtant pas faute de vous écouter, je vous assure.
Reste ce polysémique « Oui mais non » qui semble votre expression favorite.
Cette expression si pleine de promesse à son début et si frustrante à sa fin.
Ah… Ce début, ce « Oui » plein de promesse, ce « Oui » qui est déjà un cadeau en soi.
Ce cadeau à peine offert que déjà retenu par ce « Mais » régulièrement accolé à la promesse.
Et cette déception qui s’empare de moi dès ce « Non » qui clôt l’expression.
Je vous le dis, mes chéries, mes amours, le « parler fille » est peut-être bien l’origine réelle du mot « cruauté »…
Je sais qu’hélas pour beaucoup, dans tous les cas pour trop, c’est leur fête tous les jours mais je vous souhaite une vraie fête.
Et pas que le 8 mars mais toute votre vie.
Et n’écoutez pas les récriminations d’Heure-Bleue, je suis un homme par-fait ! Point !
Bon, un peu chiant par moment, mais c’est ça la vraie perfection, c’est quand il reste un petit quelque chose à améliorer, sinon la perfection serait ennuyeuse donc imparfaite…
11:33 | Commentaires (19)