lundi, 09 janvier 2023
Devoir de Lakevio du Goût N°148
Auriez-vous une idée de ce qui peut donner à cette jeune fille un air aussi niais ?
J’ai regardé attentivement la toile de Monsieur Pierre-Auguste Renoir.
Une idée m’est venue.
Et si vous disiez lundi laquelle vous est venue.
Mon dieu que ce garçon est bête…
Comme si je ne le voyais pas venir.
Oh, ça il a de belles chaussures, bien cirées mais je le vois venir avec ses gros sabots.
Et il est indiscret !
J’essaie bien de le repousser de la main droite mais déjà sa main gauche s’avance vers le bas de ma robe.
Quant à sa main droite, j’ai beau faire semblant de rien, je la sens avancer doucement sur le bas de mon dos.
Pendant que je me demande comment me débarrasser de toutes ses mains, il en a bien une douzaine, il continue insidieusement à avancer.
Je sais bien ce qu’il veut, d’ailleurs ma mère m’avait prévenue « Ils veulent tout « ça », tous, ma fille ! »
Elle avait bien ajouté « Méfie-toi de leurs mains ! Si tu savais tout ce qu’elles peuvent t’amener à accepter… »
Elle avait dit ça dans un soupir.
C’est d’ailleurs cette phrase qui m’est revenue quand sa main s’est enhardie dans mon dos.
Le bas de mon dos, à dire vrai.
Je ne connais pas encore les détails de la chose mais j’ai l’impression que ça ne va pas tarder car il commence à avoir le souffle un peu plus court.
Pourvu que dans ce bois dont le calme n’est troublé que par mes molles protestations on ne soit pas dérangé par un garde-champêtre trop zélé.
J’ai évidemment tenté l’incontournable « Voyons, soyez sage mon ami ! » dont je ne crois pas un instant à l’efficacité.
Mais… Il a la main indiscrète mais si douce…
Le printemps a des effets que je ne soupçonnais pas sur moi, plutôt prude.
Honnêtement, vous vous attendiez à quelque chose comme ça de votre Goût adoré, non ?
10:11 | Commentaires (13)
samedi, 07 janvier 2023
Pourquoi je n’aime pas le Viandox.
Hier, j’accompagnais la lumière de mes jours chez le médecin, histoire d’approfondir le « trou de la Sécu ».
Nous étions avec un ami avec qui j’ai attendu Heure-Bleue dans le café face à l’immeuble du médecin.
C’est là qu’il eut l’attention attirée par une vieille publicité « Viandox ».
- J’aimais bien le « Viandox »…
- Moi pas…
- Ben pourquoi ?
Je le lui ai dit.
Jusqu’à près de dix-sept ans, comme je vous l’ai sans doute déjà dit, j’habitais près de la Porte de Clignancourt.
Lieu de perdition bien connu où on trouvait « ces voyous de la Porte de Clignancourt », ces salauds qui savaient tout des filles.
On y trouvait aussi « ces filles de la Porte de Clignancourt », tare épouvantable qui guettait mes sœurs si elles parlaient avec « un accent faubourien ».
Bref, d’après ma mère, nous eussions dû traverser le quartier en état d’apesanteur et de cécité totale pour éviter une contamination qui conduisait immanquablement les garçons au bagne et les filles au trottoir.
Pour en revenir au « Viandox », il vous faut savoir que du coin de réprouvés où nous habitions à l’usine qui le fabriquait la distance n’excédait pas trois kilomètres à vol d’oiseau.
On livrait dans cette usine des wagons entiers d’os et de restes de viandes venus des abattoirs.
Ça avait un inconvénient manifeste en été.
Quand le vent soufflait dans la mauvaise direction, c’est-à-dire vers chez nous, tout le quartier était envahi par une odeur de charogne, comme si nous vivions dans un charnier.
Mon père disait « Tiens, ils ont livré chez Viandox… »
Heureusement, aujourd’hui, il n’est pas question de livrer bêtement des os couverts de déchets de viande quasi gratuitement.
Des machines savent gratter jusqu’au dernier milligramme de viande sur les squelettes.
C’est vendu sous le nom de « minerai » à des entreprises de plats préparés qui en feront des lasagnes…
Bref, je n’aime pas le « Viandox ».
Ni les lasagnes…
09:19 | Commentaires (15)
vendredi, 06 janvier 2023
148ème Devoir de Lakevio du Goût.
08:05 | Commentaires (10)
jeudi, 05 janvier 2023
L’insoutenable légèreté de l’autre.
Ben ouais... C’est pas juste !
Hier, nous sommes allés attendre Merveille.
Nous allions déjeuner avec elle près de son lycée.
Ce lycée est au bout d’une ligne de bus qui va du pont Alexandre III au Mont Valérien.
Bref, ce fichu lycée est « au diable » et dans un bled au moins aussi pentu que Montmartre mais en moins chouette, beaucoup moins chouette.
Le temps était évidemment « un temps à se jeter dans le canal ».
Heureusement, elle est arrivée, un poil plus belle que le jour et nous l’avons emmenée au restaurant.
Comme souvent maintenant, je suis hyper fier de me balader avec une « bombe » mais j’aimerais que la bombe marchât un peu moins vite que Jazy.
Pour un peu, Merveille eût réussi à éclipser Heure-Bleue, c’est dire…
La discussion porta sur le bled où Merveille étudie et cette dernière me laissa pantois.
Elle me semble étonnamment mûre pour son âge.
Et non, je ne dirai pas « mature », pas plus que je n’emploie « pas entendable » pour « inaudible » ou « inatteignable » pour « inaccessible », je ne suis pas politicien ou journaliste, que diable !
Et qu’a donc dit Merveille pour que je sois « estourbifié » par sa maturité ?
Eh bien elle asséna avec la sureté de soi de ceux qui ne sont sûrs de rien « Oui, c’est joli comme coin mais quand tu auras la quarantaine et deux enfants jeunes, tu auras du mal à trouver des occupations intéressantes alors qu’à Paris… »
Ça alors !
Elle a bientôt seize ans et, alors que je me rappelle parfaitement qu’au même âge, on ne se demandait pas comment on allait se débrouiller à quarante ans avec deux enfants mais plutôt comment on va s’y prendre pour les commencer, ces enfants.
En plus on disait souvent avec aplomb « Je me tuerai à trente ans « passqu’àprès » on est vieux et moche. »
C’est dire comme on était avisé…
Je ne sens donc pas Merveille, contrairement à P’tite Sœur, très portée sur la romance.
Mais bon, personne n’est parfait…
Ce fut une excellente journée qui nous laissa moulus et douloureux de partout.
Au moment de m’endormir, il m’est arrivé une chose rare et inquiétante.
Alors que d’habitude je m’enfonce dans le sommeil en rêvassant à des choses à écrire, à dire, à faire, à étudier, un sommeil actif en somme.
Mais là, rien.
En plein sommeil j’ai soudain rêvé que je m’apercevais que je n’avais rien à mettre dans mes rêves.
Alors j’ai su ce qu’était « dormir comme une brute ».
10:08 | Commentaires (6)
samedi, 31 décembre 2022
Quand le sort ça charme...
Ouais, je sais mais bon, c’est la fin de l’année...
Je vous raconte des souvenirs comme ça parce qu’avec le recul de l’âge je les trouve, comme les chats de FB, plutôt « mignons » et surtout il faut bien que j’écrive.
Il y en a d’autres qui me reviennent parfois et me poussent à me dire « Mon pauvre garçon, qu’est-ce tu as pu être c… par moment ! »
Il me faut bien vous avouer que, comme presque tous les garçons, j’ai essayé des tas de trucs pour intéresser les filles.
Inutile de dire que très souvent « ça marchait moyen »…
Je me suis essayé à « la frime » genre aventurier, le mec qui « roule des mécaniques ».
Ça m’a passé assez vite, non que je me défendais mal mais parce que je n’ai pas grandi depuis l’âge de quatorze ans et jusqu’à ce que mon dos se tasse je mesurais 1,78 m.
Là-dessus, ma cervelle a pointé le doigt de la réflexion sur un détail.
Si la période « frime » a donné des résultats, ils furent tous décevants.
J’ai constaté avec surprise d’abord, puis déception, que les filles que séduisait « l’approche frime » ne m’intéressaient pas…
J’ai donc laissé faire mon côté curieux, rêvasseur et patient faire son boulot normal.
Et bien m’en prit.
Emilia-Celina se demande si je n’étais pas un « cœur d’artichaut ».
C’est possible mais je doute.
C’est que je me laisse simplement emporter facilement par le côté attachant des gens et des choses.
Je me revois par exemple, sortant de l’étude et je passe et je repasse devant l’immeuble où elle habite.
Chaque fois que j’ai le temps, arrivé au bout de la rue du Chevalier de la Barre, je descends les escaliers du passage Cottin.
J’espère toujours la croiser.
Je sais qu’elle habite dans le passage.
Ce n’est pas le chemin le plus court pour revenir à la maison mais ces temps-ci, c’est celui que je prends, celui qui me permettra peut-être de la croiser une fois encore.
On s’est croisé le mois dernier, dans la rue Ronsard, le fermoir de son cartable avait cédé, le rabat s’était ouvert.
En un ressac étrange une vague de livres et de cahiers s’était écoulée sur le trottoir.
Elle regardait ce désastre d’un air si malheureux que je n’ai même pas songé à rire.
Alors que d’habitude…
Mais comment rire du malheur de quelqu’un avec de tels cheveux et un regard si triste ?
Alors j’ai posé mon cartable, me suis accroupi et ai commencé à ramasser les cahiers…
Elle a fini par s’accroupir à côté de moi et a commencé à ramasser les livres.
Quand j’ai pris le dernier crayon dans le caniveau, elle m’a dit « non, laisse-le il est tout trempé… »
J’ai dit « mais il suffit de l’essuyer ! »
Je n’avais pas l’habitude de jeter un crayon tout neuf parce qu’il est mouillé.
Elle a eu encore ce regard désolé qui me chavirait « Mais c’est sale ! Si ça se trouve il est plein de pipi de chien ! »
J’ai haussé les épaules et remis à regret le crayon dans le caniveau.
Je l’aurais bien gardé mais j’ai eu un peu honte de ramasser quelque chose qu’elle jetait.
En vrai, c’était bête parce qu’il suffisait de le rincer et de l’essuyer mais bon…
J’ai essayé de réparer le fermoir de son cartable mais ça n’a pas marché alors elle a pris le mien, j’ai tenu le sien dans mes bras et je l’ai suivie.
C’est comme ça que j’ai su qu’elle habitait passage Cottin et que ce n’était pas si facile de descendre un escalier avec un cartable plein et ouvert dans les bras sans que les livres et les cahiers ne tombassent.
Ce passage est moins sale que le mien et plus long mais les immeubles y sont aussi décrépits et noirs que dans le mien.
Elle m’a rendu mon cartable, a pris le sien et m’a remercié du plus beau sourire que j’aie jamais vu.
Étourdi par ce sourire, je n’ai pas pensé un instant à lui demander « Comment tu t’appelles ? »
Tu vois, Emilia-Celina que je n’ai pas un cœur d’artichaut, juste un grand cœur…
10:55 | Commentaires (10)